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Maghreb : vivre avec Bouteflika, président à vie de l'Algérie

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  • Maghreb : vivre avec Bouteflika, président à vie de l'Algérie

    Via un communiqué officiel de l'Agence Presse Service, la présidence de la République algérienne a fait savoir vendredi que les électeurs étaient convoqués aux urnes le 18 avril, soit dans un délai de trois mois, comme le prévoit le règlement électoral. La guerre des clans qui fait rage à Alger depuis un an trouvera un aboutissement au soir du résultat. Abdelaziz Bouteflika n'a pas encore déposé sa candidature. Victime d'un AVC en 2013, l'homme n'apparaît plus en public. La télévision diffuse au compte-gouttes – une minute soigneusement peignée – certains de ses rendez-vous avec des chefs d'État en visite officielle. Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohamed ben Salmane, n'a pu le rencontrer en novembre. Officiellement, le président algérien souffrait d'une grippe. La chancelière Merkel avait subi un scénario similaire. Trente-deux intentions de candidature ont été comptabilisées à ce jour.

    Dans les allées d'un pouvoir politique statufié
    S'il ne fait guère de doute que l'actuel président, au sommet du pouvoir depuis vingt ans, sera candidat à sa succession, l'impact de cette décision sera multiple. Il a toujours été élu dès le premier tour : 73 % en 1999, 85 % en 2004, 90 % en 2009 et 81,5 % en 2014. Lors de cette dernière, son état de santé ne lui avait pas laissé latitude pour mener meetings. Les barons du FLN s'en étaient chargés. Ils faisaient campagne à sa place avec un portrait de lui sur scène. Si on assiste à une montée des contestations depuis dix-huit mois, des universitaires, quelques militaires et des politiques ont déclaré leur hostilité à ce scénario, le système a déroulé le tapis rouge pour un cinquième mandat. Milieux d'affaires et FLN ont multiplié les signaux favorables à cette réélection. Au sein d'un pouvoir figé, engoncé, « dévoyé » selon certains membres de l'opposition, la machine à réélire s'est remise à fonctionner. Et tourne à plein régime. Économiquement, le pays a payé comptant la chute du prix du pétrole dont les dividendes permettent d'acheter la « paix sociale ». Cette manne se tarit. Et les investisseurs étrangers ne sont pas rassurés par le clientélisme ambiant. Les abstentions record constatées ont de quoi engendrer la mélancolie démocratique. Et ne seront pas sans influences indirectes sur la Tunisie voisine.

    Nidaa Tounes choisit Béji Caïd Essebsi pour la présidentielle
    D'ailleurs, quarante-huit heures après l'annonce algérienne, le parti au pouvoir en Tunisie – victorieux aux législatives et présidentielle de 2014 – annonçait avoir choisi BCE pour les représenter à la présidentielle. L'homme a 92 ans. Côté Carthage, aucun commentaire n'a été fait. Le président de la République a rencontré samedi les dirigeants du parti. En conflit déclaré avec le chef du gouvernement, dont on évoque la candidature à la présidentielle sous la bannière du parti qu'il fondera le 27 janvier, BCE aurait-il la tentation de se présenter en recours ? Le scrutin demeure incertain. Il est prévu pour le 25 octobre pour les législatives et décembre pour la présidence de la république. L'ISIE, l'instance électorale, se débat depuis sept mois dans des conflits sans fin. L'instance indépendante n'a plus de président, celui-ci ayant démissionné et assurant l'intérim depuis. L'Assemblée des représentants du peuple s'avère incapable de trouver une majorité qualifiée (145 voix sur 217 sont nécessaires) pour élire un successeur. Les jeux politiques toxiques entre Nidaa Tounes (pro-BCE), le bloc de la coalition nationale (pro-Chahed) et Ennahda obèrent toute sortie de crise. Idem pour la Cour constitutionnelle qui demeure à l'état de projet depuis 2015. Les finances publiques étant dépendantes des bailleurs de fonds internationaux, il semble impensable que certains dirigeants tunisiens s'aventurent à reporter le double scrutin. Les élections municipales le furent à trois reprises.

    De la nécessité des médiations algériennes
    Le rôle du frère algérien est majeur pour l'équilibre du Maghreb. Puissance régionale, militaire, son équilibre est crucial pour celui de ses voisins. La décennie noire – affrontement entre le GIA et l'armée – l'a amplement prouvé. La politique du consensus qui prédomine en Tunisie depuis le « printemps arabe » a été validée par Alger. Elle est également à l'œuvre au Maroc. L'époque n'est plus à l'éradication des islamistes mais à l'intégration politique dans un jeu commun. On gouverne ensemble, directement (Tunisie, Maroc) ou plus discrètement. La guerre des clans qui fait rage à Alger provoque cependant une diminution des médiations algériennes. Et laisse plus de marges de manœuvre au binôme émirats-saoudiens. Tandem qui souhaite peser dans le devenir de la région. Si Riyad a gardé un canal de discussion avec les islamistes d'Ennahda, on ne peut pas en dire autant d'Abu Dhabi. L'Égypte du maréchal Sissi complétant cet axe anti-Frères musulmans (ou assimilés). Entre transition démocratique et retour à l'ordre ancien, celui de 2010 avant les révolutions, le conflit idéologique est biblique. Conflit qui doit être tranché dans les urnes et non dans le clair-obscur des pouvoirs.

    Un 5e mandat Bouteflika : trêve ou bombe à retardement ?
    Si l'élection venait à reconduire un président fantomatique, tel le père de Hamlet, quelles seraient les réactions ? Il est répété à l'infini que la mémoire de la guerre civile des années 90 (près de 100 000 morts) empêchera toute réaction populaire. Mais les lézardes se multiplient parmi les élites. Certains veulent retirer toutes les candidatures si Bouteflika se représente. Le laissant seul face au suffrage universel. Si l'Algérie venait à être fragilisée par la quasi-présidence à vie instituée autour de Bouteflika, façon Bourguiba à partir des années 70, c'est la stabilité régionale qui serait éprouvée. À suivre.
    Le Point Afrique
    Toutes les fleurs de l'avenir sont dans les semences d'aujourd'hui.
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