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En Algérie, les retraités de l’armée empêchés de manifester une nouvelle fois

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  • En Algérie, les retraités de l’armée empêchés de manifester une nouvelle fois

    Anciens militaires, ils réclament de meilleures pensions et une reconnaissance de leur action antiterroriste durant la décennie noire des années 1990.

    Par Zahra Chenaoui Publié aujourd’hui



    Plusieurs dizaines de retraités de l’Armée nationale populaire (ANP) algérienne ont été stoppés aux abords de la capitale, dimanche 27 janvier, alors qu’ils tentaient de manifester. Les autorités avaient déployé un dispositif de sécurité inhabituel dans le centre d’Alger, pour empêcher les protestataires de l’atteindre.

    Depuis le début de l’année 2018, les tentatives de rassemblements des retraités de l’ANP ont à chaque fois provoqué une forte mobilisation des forces de l’ordre et d’immenses embouteillages. La manifestation la plus spectaculaire a eu lieu le 19 septembre 2018. Des milliers de protestataires sont alors restés bloqués, encerclés par les forces de l’ordre, dans le quartier de Haouch El-Makhfi, à l’entrée de la capitale, pendant cinq jours.


    Des centaines de gendarmes des brigades antiémeutes avaient été mobilisées pour tenter de déloger les manifestants au moyen de tirs de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc. Les images filmées par les habitants du quartier montraient des scènes de guérilla urbaine, chaque camp tentant de gagner du terrain, de jour comme de nuit. Selon les médias, les affrontements ont fait plusieurs dizaines de blessés au sein des forces de l’ordre et autant au sein des manifestants. Plusieurs riverains ont même dû être hospitalisés à cause de la fumée des gaz lacrymogènes.

    « Nous ne renoncerons pas »
    De tels affrontements, inhabituels, sont le signe d’un durcissement de ce conflit qui dure depuis des années et a connu un tournant il y a six ans. « En 2013, après plusieurs années de revendications, l’Etat a donné une réponse aux revendications financières, explique Akram Kharief, journaliste spécialiste des questions de défense. Les décrets ont été signés mais ils n’ont jamais été appliqués. Personne ne sait pourquoi. »


    Les manifestants ont servi au sein de l’ANP, avec différents statuts. Certains ont été employés comme supplétifs pour combattre les groupes terroristes dans les années 1990, puis mis à la retraite, d’autres ont quitté leur poste après de graves blessures les ayant laissés invalides, d’autres encore ont été employés après cette période, puis radiés. « J’ai travaillé quinze ans dans le contre-terrorisme et je touche 27 000 dinars de pension (200 euros). Ça ne suffit pas pour vivre, dénonce Nassim Hamecha, 37 ans, chargé de la coordination de la région Centre pour l’organisation des retraités de l’armée. Selon les textes militaires, mon salaire devrait être de 40 000 dinars (295 euros) et je devrais avoir droit à un logement. Comment des terroristes peuvent-ils avoir des droits et nous, non ? Nous ne renoncerons pas », explique-t-il.

    Trente-sept revendications
    Leurs 37 revendications visent une amélioration de leurs conditions de vie : une revalorisation de leur pension de retraite, une prise en charge médicale totale par les hôpitaux militaires, mais aussi l’octroi de licences de taxi ou de café, pour eux ou leurs ayants droit, de logements sociaux, de terrains ou de crédits bancaires à taux zéro, comme en ont bénéficié les anciens combattants de la guerre d’indépendance.


    Pour le ministère de la défense, qui s’exprimait en janvier 2018 après une manifestation, l’affaire est close. La majorité des dossiers des retraités ont été traités, et les protestations actuelles sont le fait de personnes « radiées des rangs de l’ANP pour des raisons disciplinaires et judiciaires ». Le 4 février 2018, le chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, a même appelé les retraités de l’armée à « ne pas se laisser manipuler ».


    Selon les autorités, depuis 2013, 100 000 dossiers ont été pris en charge. Mais cette approche du sujet ne satisfait pas les manifestants. « Les retraités de l’armée réclament un statut de vétéran de guerre, pour obtenir une réévaluation des salaires de l’époque. Or, cela implique de reconnaître qu’il s’agissait d’une guerre, et cela demande une refonte de la Charte de réconciliation nationale [adoptée après la décennie noire des années 1990], ce qui semble inacceptable par les autorités », analyse Akram Kharief.

    Zahra Chenaoui (Alger, correspondance)
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