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Khoulkhal Aouicha ..... le bracelet de chevilles

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  • Khoulkhal Aouicha ..... le bracelet de chevilles

    Khoulkhal Aouicha ou le bracelet de chevilles du poète Al-Jilali M’tired

    Les histoires fantastiques, apanage des poètes du melhoun qui nous livrent à chaque fois de séduisants contes tissés de l’imaginaire, nous transportent dans un décor à l’aspect méditatif, conférant à tout un chacun sa façon d’interpréter le sens de la qacida qu’il soit clair ou délibérément voilé.
    Parmi les poésies à l’allure sensationnelle, nous citons ici la fameuse qacida intitulée Khoulkhal Aouicha, ou le bracelet de cheville, du poète Al-Jilali M’tired qui a vécu entre le XVIIème et le XVIIIe siècle. D’autres, par contre, l’attribuent à Al-Jilali Lahlou ou à Al-Jilali Lahqiqi, c’est selon. Et c’est ce bracelet qui va concéder du fil à retordre au poète aux fins de donner libre cours à son imagination. Dès lors, une kyrielle d’aventures, qui sont loin de laisser l’auditeur indifférent, vont être exposées tout au long de la qacida. Dès l’entame, le poète s’adresse à un auditoire connaisseur et non moins éprouvé par les flammes de la passion car sensiblement affaibli par les crève-cœurs causés par les déceptions répétitives, celui-ci saura être compatissant à l’égard du jeune premier, ou celui par qui le malheur arrive. Pour cela, il dira :
    Ya men hûwa fel hîjra frid tayeh chaki baki hmim meqrûh bhâli
    (Ô toi qui est loin et solitaire, perdu en larmes et malheureux
    Comme moi, tu es blessé)
    Sachant d’emblée que la suite de l’aventure est revêche, le poète ne s’empêchera pas de le mettre en garde, l’appelant à préparer son esprit à ce qui va lui raconter.
    Hadher bâlek liya wekûn ‘âyeq fayeq we sgha ne’îdlek chayen jrali
    (Ouvre ton esprit, sois perspicace et tout ouïe, je te raconterai ce qui m'est arrivé).
    L’auditeur, averti de la suite de l’aventure, le poète commence l’histoire.
    Et l’histoire est celle d’un jeune homme épris d’une belle fille dont la passion a possédé tout son être, le poussant à confier, par la voix du poète, qu’il ne pouvait se séparer d’elle. Il s’exclamera ainsi :
    ândi khenâr hwa ghramha sken li ledkhal
    (J'ai une bien-aimée dont la passion a possédé mes entrailles)
    Toutefois, cette dernière l’avait boudé un certain temps mais par un enchantement divin, elle revint à de meilleurs sentiments et va lui rendre visite.
    Hadhi mouda we rym hadjrâni men ghir sbeb mersmi menha khâli, wel youm hdâhâ rafa’â sma lejlil Al-mût’âl
    (Depuis quelque temps, elle m'a abandonné me laissant le vide au foyer.
    Mais aujourd'hui, le Tout Puissant l’a guidée vers moi).
    Néanmoins, cette visite va mettre notre protagoniste dans une situation inextricable du fait que la belle-aimée lui confiera son khoulkhal ou le bracelet de cheville, le chargeant de le garder soigneusement jusqu’à son retour. Mal lui en a pris, le khoulkhal disparait soudainement alors qu’il avait bien pris le soin de le mettre dans sa poche.
    Youm twâda’ât m’â leghzal medet liya khoulkhal
    (Le jour où je me suis séparé de ma gazelle, elle me tendit son khoulkhal)
    C’est à ce moment là que les malheurs commencent et l’épris ne sait plus où donner de la tête d’autant qu’elle l’avait mis en garde d’en prendre soin jusqu’au jour où elle reviendra récupérer son bien.
    Hâdhi amana ya ‘âchiq qalet sounou wa hdhih djibou youm wsâli, fi mektoubi dertou tahli wadertou we nchâl
    (Je te le confie, ô épris, prends en soin me dit-elle et rapporte-le, le jour de nos retrouvailles
    Dans ma poche, je l’ai mis et il a disparu).
    Ne l’ayant pas trouvé, l’épris va se turlupiner et se poser tant de questions : comment va-t-il faire lorsque sa dulcinée sera de retour. Que va-t-il lui dire ? Quelle justification lui trouvera-t-il ? Surtout que le khoulkhal est une pièce unique, n’ayant point de pareil.
    Et là, Al-Jilali Mtired, en bijoutier-joaillier connaisseur des moindres descriptions des pièces d’orfèvre, va le décrire avec beaucoup d’emphase et de grandiloquence.
    Khoulkhal ‘Aouicha maylou soum bech’aâ dhay nourou yakhtaf lejfân
    Khoulkhal betebrou rf’î meqyoum fi ghayet enhaya melou thaman
    Yeswa mel essoudane wa erroum we ettourk wel ‘îrak ou mel Al-Yaman (Khoulkah ‘Aouicha de valeur inestimable, ses rayons de lumière éblouissent le regard
    Un khoulkhal fait d’or et bien ciselé, n’ayant point de tel
    Il vaut bien tous les trésors du Soudan, des Romains, de Byzance, de l’Irak ou du Yémen)
    Sachant qu’il était dans l’impossibilité de lui en acheter un pareil car rare et unique et point de semblable chez le meilleur des orfèvres, il décida, coûte que coûte, de le reconquérir. Il s’attellera dès lors à le chercher dans sa ville dont les rues et venelles seront passées au peigne fin. Il interrogera tout être qu’il croise sur son chemin, ne lâchant personne.
    Perdu dans la mission qu’il s’est assignée, l’épris allait lâcher du lest quand il se trouva en face du mausolée de Sidi Ali Boughaleb, le saint vénéré de sa ville. Entièrement abandonné à lui-même et en quête d’une éventuelle baraka, il y pénétra pour se recueillir sur sa tombe.
    Dans la déférence qu’impose le lieu, son regard va croiser celui d’un fakih, posément assis dans un coin du sanctuaire. Vite, il va lui raconter son histoire. Le fakih, blanchi sous le harnais en talismans, n’hésitera pas un seul instant à mettre à son service ses compétences en la matière. Sans perdre de temps, il dessinera quelques signes sur une table astrologique et du coup un djinn surgit. «Va me ramener le khoulkhal de Aouicha», lui ordonna le fakih.
    Ghab el’âfrit sa’â ou djeb li khoulkhal oum dlel
    (Le djinn s’absente une heure et revint avec le khoulkhal de la plus choyée des femmes).
    Le khoulkhal retrouvé, l’épris est le plus heureux du monde. Pour savourer ces instants de bonheur, il part dans son jardin qu’il orna de toutes sortes de dentelles et de jolies carpettes qu’avivent les halos de lumière émanant des scintillantes bougies bariolées de multiples couleurs.
    Dans ce féerique décor, l’épris s’assied pour attendre le retour de sa bien-aimée qui ne tardera pas à apparaître. Il lui remis son khoulkhal et la fête commence.
    ‘âmelt ferdja bewsoulha ma bin essahba werhîq wa dhaw yelali
    Wel ghani yenched belcha’âr we rqâyeq koul sdjel
    (J'ai organisé un spectacle pour son retour. Boissons, nectars, jeux de lumières et un musicien chantant des poésies, des vers enchanteurs).
    Néanmoins, l’auteur avertit, en fin de poésie, que son œuvre a été brodée à la faveur d’une imagination échafaudée à partir de l’irrationnel dont le but au premier chef est de divertir les auditeurs qu’il nomme, à juste titre, «les gens sensés» car, à demi-mot, ils le comprennent au plus haut point. Il va sans dire que cette littérature haute en couleurs a l’air d’un scénario digne des grands films fantastiques. Et c’est là le génie du poète Al-Jilali M’tired qui nous a habitués à un lyrisme transcendant où la prééminence est donnée à l’affabulation comme trame d’imagination. Son autre poème Ya dhif Allâh rad ledjweb esghali (ô visiteur répond et écoute-moi), en est l’exemple parfait d’une histoire à l’aspect époustouflant.
    Ma dert ‘alâ tolba wala mchali ‘âmri khoulkhal.
    Illa bechtaret al-‘âqal we kmal esdjeyti we tertib chgali.
    Djoult fi hadhi el hella ‘âmelt’ha ferdha lel’ûqal.
    (jamais je n’ai été chez les tolbas et jamais je n’ai perdu de khoulkhal.
    Ce n’est qu’un échafaudage intellectuel dû à l’excellence de ma bonne humeur et à l’arrangement de mes œuvres.
    J’ai voyagé dans cette prosodie pour en faire une distraction aux gens sensés).
    Mohamed Belarbi


    dz(0000/1111)dz

  • #2
    Mohamed Essoussi

    dz(0000/1111)dz

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