Par Hakim Ould Mohamed - 14 février 2019
La Bank of America a livré, hier, une perspective glaçante sur les difficultés qui attendent l’Opep dans les prochaines années. Selon cette influente institution financière américaine, même si l’Organisation des pays exportateurs réussit dans une certaine mesure à sortir d’un autre ralentissement du marché pétrolier, à moyen terme elle fera face à des risques beaucoup plus graves.
«Les perspectives de croissance de la production de l’Opep à moyen terme restent assombries par les sanctions en cours, les risques géopolitiques, l’offre concurrentielle hors de l’Opep, les bas prix du pétrole et les inquiétudes liées à la demande», écrit Bank of America dans un nouveau rapport consacré aux perspectives du marché pétrolier qui, de prime abord, s’annoncent sombres et moins rassurantes pour les membres de l’Opep. Selon la Bank of America, l’évolution à vive allure de l’offre américaine de brut est la première difficulté à laquelle est confrontée l’Opep. La hausse de l’offre américaine a contraint l’Opep de réduire sa production afin de faire face à la chute des prix, qui est très préjudiciable pour l’économie des pays membres. Cependant, dans les années à venir, l’Opep continuera à résister et se défendre, estiment les prévisionnistes de la banque américaine. Les pays membres de l’Organisation pourraient ne pas mettre sur le marché une quantité considérable de nouvelles capacités, ce qui pourrait éroder leur position, estiment-t-ils. «À notre avis, les capacités supplémentaires de l’Opep au cours des six dernières années dépasseront celles des six prochaines années», ont écrit les analystes de Bank of America. Selon les estimations de cette banque, entre 2013 et 2018, les membres de l’Opep ont ajouté environ 7 millions de barils par jour (Mb/j) de nouvelle capacité. Les projets ont été mis en ligne dans divers pays, notamment en Iraq, Iran, Afrique occidentale et dans les États du Golfe. L’Irak, en particulier, a ajouté d’énormes volumes de nouveaux stocks, qui se sont redressés après des années de guerre. La production irakienne a plus que doublé depuis 2010 et a récemment atteint 4,7 Mb/j. Mais les futurs projets irakiens, qui promettaient d’augmenter considérablement la production même au-dessus des niveaux actuels, ont été gelés au cours des dernières années, après l’invasion du pays par le groupe État islamique en 2014. Au cours des six prochaines années, les nouveaux ajouts seront probablement moins importants et concentrés dans moins de pays. Mais il n’y a pas que la croissance de la capacité qui va ralentir dans les prochaines années, la production de l’Opep devrait également marquer le pas, passant de 31,9 mb /j en 2018 à seulement 29 mb/j en 2024. Une projection qui, si elle venait à se confirmer, devrait se traduire une érosion des parts de marché de l’Opep sur l’échiquier pétrolier mondial. La demande commence déjà à ralentir et la croissance ralentira dans les années à venir, laissant peu de place à une nouvelle offre. Aux États-Unis, on s’attend à ce que le schiste ajoute des barils sur le marché, de sorte que l’Opep sera forcée de maintenir des restrictions de l’offre afin d’éviter que les prix ne s’effondrent. L’autre difficulté à laquelle devrait faire face l’Organisation dans les prochaines années porte sur l’éventualité d’une implosion en interne sur fond de sanctions dont sont victimes certains de ses membres. Les risques géopolitiques devraient en rajouter une couche, estime la Bank of America. L’Irak a souffert de violences et de crises politiques récurrentes, alors que l’Iran pourrait faire l’objet de sanctions américaines pendant de nombreuses années encore. Ensuite, il y a bien sûr le Venezuela, qui possède les plus grandes réserves de pétrole au monde. Un changement de régime pourrait amener un nouveau gouvernement, qui serait probablement plus souple pour les multinationales du pétrole. Mais même avec un nouveau gouvernement, la reconstruction du secteur pétrolier décrépit du pays prendrait des années et nécessiterait des dizaines de milliards de dollars.
Si les événements géopolitiques restreignent l’offre, le ralentissement spectaculaire de la demande prévu dans les années à venir est une menace encore plus grave pour l’Opep. La Bank of America a récemment prédit que la demande mondiale de pétrole sera la plus forte d’ici 2030. La demande ralentira considérablement en cours de route, la croissance étant divisée par deux en 2024 (0,6 mb/j) par rapport à 2019 (1,2 mb/j). «La baisse de la croissance de la demande et la forte croissance de l’offre hors de l’Opep laissent peu de place aux barils supplémentaires de l’Opep», conclut la Bank of America.
REPORTERS.DZ
La Bank of America a livré, hier, une perspective glaçante sur les difficultés qui attendent l’Opep dans les prochaines années. Selon cette influente institution financière américaine, même si l’Organisation des pays exportateurs réussit dans une certaine mesure à sortir d’un autre ralentissement du marché pétrolier, à moyen terme elle fera face à des risques beaucoup plus graves.
«Les perspectives de croissance de la production de l’Opep à moyen terme restent assombries par les sanctions en cours, les risques géopolitiques, l’offre concurrentielle hors de l’Opep, les bas prix du pétrole et les inquiétudes liées à la demande», écrit Bank of America dans un nouveau rapport consacré aux perspectives du marché pétrolier qui, de prime abord, s’annoncent sombres et moins rassurantes pour les membres de l’Opep. Selon la Bank of America, l’évolution à vive allure de l’offre américaine de brut est la première difficulté à laquelle est confrontée l’Opep. La hausse de l’offre américaine a contraint l’Opep de réduire sa production afin de faire face à la chute des prix, qui est très préjudiciable pour l’économie des pays membres. Cependant, dans les années à venir, l’Opep continuera à résister et se défendre, estiment les prévisionnistes de la banque américaine. Les pays membres de l’Organisation pourraient ne pas mettre sur le marché une quantité considérable de nouvelles capacités, ce qui pourrait éroder leur position, estiment-t-ils. «À notre avis, les capacités supplémentaires de l’Opep au cours des six dernières années dépasseront celles des six prochaines années», ont écrit les analystes de Bank of America. Selon les estimations de cette banque, entre 2013 et 2018, les membres de l’Opep ont ajouté environ 7 millions de barils par jour (Mb/j) de nouvelle capacité. Les projets ont été mis en ligne dans divers pays, notamment en Iraq, Iran, Afrique occidentale et dans les États du Golfe. L’Irak, en particulier, a ajouté d’énormes volumes de nouveaux stocks, qui se sont redressés après des années de guerre. La production irakienne a plus que doublé depuis 2010 et a récemment atteint 4,7 Mb/j. Mais les futurs projets irakiens, qui promettaient d’augmenter considérablement la production même au-dessus des niveaux actuels, ont été gelés au cours des dernières années, après l’invasion du pays par le groupe État islamique en 2014. Au cours des six prochaines années, les nouveaux ajouts seront probablement moins importants et concentrés dans moins de pays. Mais il n’y a pas que la croissance de la capacité qui va ralentir dans les prochaines années, la production de l’Opep devrait également marquer le pas, passant de 31,9 mb /j en 2018 à seulement 29 mb/j en 2024. Une projection qui, si elle venait à se confirmer, devrait se traduire une érosion des parts de marché de l’Opep sur l’échiquier pétrolier mondial. La demande commence déjà à ralentir et la croissance ralentira dans les années à venir, laissant peu de place à une nouvelle offre. Aux États-Unis, on s’attend à ce que le schiste ajoute des barils sur le marché, de sorte que l’Opep sera forcée de maintenir des restrictions de l’offre afin d’éviter que les prix ne s’effondrent. L’autre difficulté à laquelle devrait faire face l’Organisation dans les prochaines années porte sur l’éventualité d’une implosion en interne sur fond de sanctions dont sont victimes certains de ses membres. Les risques géopolitiques devraient en rajouter une couche, estime la Bank of America. L’Irak a souffert de violences et de crises politiques récurrentes, alors que l’Iran pourrait faire l’objet de sanctions américaines pendant de nombreuses années encore. Ensuite, il y a bien sûr le Venezuela, qui possède les plus grandes réserves de pétrole au monde. Un changement de régime pourrait amener un nouveau gouvernement, qui serait probablement plus souple pour les multinationales du pétrole. Mais même avec un nouveau gouvernement, la reconstruction du secteur pétrolier décrépit du pays prendrait des années et nécessiterait des dizaines de milliards de dollars.
Si les événements géopolitiques restreignent l’offre, le ralentissement spectaculaire de la demande prévu dans les années à venir est une menace encore plus grave pour l’Opep. La Bank of America a récemment prédit que la demande mondiale de pétrole sera la plus forte d’ici 2030. La demande ralentira considérablement en cours de route, la croissance étant divisée par deux en 2024 (0,6 mb/j) par rapport à 2019 (1,2 mb/j). «La baisse de la croissance de la demande et la forte croissance de l’offre hors de l’Opep laissent peu de place aux barils supplémentaires de l’Opep», conclut la Bank of America.
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