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Indepa

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  • Indepa

    Cette fois-ci
    Ils ne danseront pas
    Les pieds pétris
    Dans la terre latérite
    Paumes luisantes de bouse, D’innocence,
    Et d’effluves d’eucalyptus
    Levées hautes vers
    Un champ de milles et une promesses
    Cette fois-ci
    Ils ne chanteront pas
    Leurs nez mosaïques
    Ivres de fierté Et...d’Indépendance
    Mot aux intonations sensuelles Et mystérieuses
    De plaisirs sans fin

    Cette fois ci
    Leurs yeux ne brilleront pas
    Illuminés par l’or de l’inconnu
    Leurs enfants ne courront pas par milliers, Chemises ballonnées d’Espérance
    Et de jeune gloire
    Vers la place des grands hommes
    Vers la crête où se sacrent tous rêves
    Où libations offrent les chants purs
    Des petites gens

    Cette fois ci
    Ils ne pleureront pas
    Les larmes sèches d’indifférence
    Les pieds incrustés des mêmes chiques Que leurs grands pères
    Ils garderont leurs regards
    Figés
    Sur la terre latérite
    Et ils se garderont surtout
    De lever leurs yeux
    De peur de les bruler
    Dans la fournaise d’un ciel sans rêves

    En ce jour pompeux de fastes
    Et d’insolence
    Ils continueront
    A faire l’amour a leur tendre Et fidele terreIls lui apporteront de l’eau claire
    Du fond des rivières fuyantes
    Et ce n’est qu’en elle qu’ils planteront Comme hier
    Comme demain
    Comme il y a cinquante ans
    Leur plus précieuse graine

    Le vent soufflera ce matin là
    Dans le creux des vallées
    Sur la faîte des montagnes
    Et dans les oreilles des prophètes
    Et les voleurs de rêves diront
    Que ce fut : ‘Un grand jour’
    ‘Un grand, grand jour’
    Leurs rires juste un peu plus hauts
    Un peu plus gauches que de coutume
    Ils se répèteront encore et encore
    De voleur de rêves a voleur de rêves
    Que : ‘Oui, c’est un grand jour’
    ‘Un grand, grand jour’
    Le ton juste un peu plus haut,
    Un peu plus gauche que de coutume.

    Seuls les sages et les simples d’esprits
    Entendront dans les spirales effrénées du vent
    Les lamentations des vieux martyrs
    L’épouvante d’un ciel sans rêves
    Le grouillement des chiques
    Dans les talons gercés des paysans
    Et les berceuses de la vieille terre
    Aux enfants qui sommeillent
    Dans la quiétude des astres.

    Pendant qu’en bas
    Dans la cité
    On dansera
    Cha cha cha...
    Et on dira Indepa quoi ?
    Indepa moi,
    Indepa toi,
    Ha ha ha !
    Cha cha cha...

    Et le lendemain,
    Les ondes du lac
    Raconteront aux collines
    Et aux enfants des astres
    De bien curieuses choses :
    Que cette nuit la,
    Nuit d’Indépendance
    Le souffle d’un vent
    Etrangement violent
    Aura réveillé les enfants de la terre Et que des voleurs de rêves Auront couru,
    Couru,
    Couru
    Comme des fous
    Dans l’intimité de leurs jungles Après avoir entrevu,
    Dans l’ombre de la nuit,
    La lumière calme et blanche De deux grands yeux
    D’un vieux prince
    Se fixer
    Sur le silence de leurs fronts

    © Ketty Nivyabandi
    Extrait de: In-dépendance
    Burundi: Soma Editions, 2012
    dz(0000/1111)dz

  • #2
    Magnifique !!!!
    La patience n'a l'air de rien, c'est tout de même une énergie.

    Commentaire

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