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Nationalisation des hydrocarbures , 48 ans après : Quel bilan retenir et aussi quelles perspectives ?

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  • Nationalisation des hydrocarbures , 48 ans après : Quel bilan retenir et aussi quelles perspectives ?

    24 FÉVRIER 2019

    Neuf ans après l’indépendance, une des glorieuses pages de l’histoire écrites avec le sang d’un million et demi de martyrs, le 24 février 1971, feu le président Houari Boumediène, qui participait au siège de la centrale syndicale au 15e anniversaire de la création de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), le 24 février 1956, annonce la décision historique au peuple algérien et aux travailleurs et cadres de la nation que le moment est venu de prendre ses responsabilités.

    Ainsi, «Kararna ta’emine el mahroukate» (Nous avons décidé la nationalisation des hydrocarbures), avons-nous décidé, aujourd’hui, de porter la Révolution dans le secteur du pétrole et de concrétiser les options fondamentales de notre pays en ce domaine.» La volonté de l’Algérie de se développer économiquement pour accéder à son indépendance économique devait passer de grandes décisions historiques. Cette décision, à la fois capitale et historique, intervenait dans un contexte international hostile et dans une Algérie où tout était à inventer.

    Elle est considérée comme l’une des grandes œuvres au lendemain de l’indépendance du pays et une date marquante dans notre histoire à redécouvrir, notamment une occasion de rappeler la politique des nationalisations en Algérie qui a été mise en œuvre à cette époque pour la récupération des richesses nationales touchant l’ensemble des secteurs, surtout celle des hydrocarbures, un facteur d’indépendance économique du pays.

    C’est aussi poser la question : quel bilan retenir ? Le débat en est là aujourd’hui où chaque idée ou solution est plus importante que l’argent ou le prix du baril de pétrole dans cette élection présidentielle d’avril 2019.

    Il s’agit là d’une échéance politique capitale pour l’avenir économique du pays. En 1970, le PIB de l’Algérie était légèrement supérieur à celui de la Corée du Sud. En 2018, alors que notre PIB se situait autour de 200 milliards de dollars, celui de la Corée frôlait les 1800 milliards de dollars.

    Le rôle historique tenu par le président Houari Boumediène dans la mise en œuvre de la politique des nationalisations des richesses nationales s’inscrivait dans le cadre d’une vision claire quant à la place et au rôle de l’Algérie dans le monde et d’une stratégie d’exploitation d’utilisation de ses ressources pour l’instauration d’une économie diversifiée et forte pour donner de solides fondements à notre indépendance économique. Il est bien évident qu’à ce titre, l’indépendance est une condition pour une nation, un pays, un Etat dans lequel les citoyens et la population exercent l’auto- gouvernance, et une souveraineté totale sur le territoire.

    Ainsi, la souveraineté de l’Algérie sur le Sahara et ses richesses naturelles pour lesquelles hier nos martyrs se sont sacrifiés pour libérer le pays était un choix réfléchi et intellectuellement construit afin de consolider son indépendance politique et qui a permis d’ailleurs de faire du pétrole un enjeu mondial et une date des plus fécondes qui offre ses fruits et ses bienfaits aux Algériens dans la mesure où les hydrocarbures constituent le moteur de l’économie nationale et contribuent à ce jour pour 98% des exportations du pays et près de 50% dans le PIB. Ainsi, une Algérie qui marche sur les deux pieds.

    Par cette décision à la fois capitale et historique, Boumediène annonçait au monde que l’Algérie tenait en main son destin énergétique et l’instauration d’une véritable justice sociale dont nous héritons encore de quelques bienfaits, la médecine gratuite, la scolarisation gratuite, la terre à celui qui la travaille, le droit au logement, le soutien des prix de première nécessité. Comme aussi ce leader du Tiers-Monde qui, pour la première fois, à la tribune des Nations unies (ONU), a lancé l’idée pour un nouvel ordre économique mondial, reposant sur la nécessité de donner tout son sens au principe du droit des peuples de disposer de leurs ressources naturelles, où les matières premières seraient payées à un prix juste. Et enfin, la Palestine a été une constante de la diplomatie algérienne.

    Le président Boumediène a laissé sa célèbre phrase : «L’Algérie est avec la Palestine à tort ou à raison» ; l’Algérie, à travers son pétrole, avait mené la guerre contre l’Occident pour son soutien à l’Etat d’Israël.

    La politique de la nationalisation des hydrocarbures qui a touché une quinzaine de sociétés françaises et américaines qui regroupaient plusieurs multinationales intervenant sur les sites de production pétro-gaziers et de distribution des produits pétroliers pour la circonstance devait voir son pétrole déclaré rouge et faire l’objet d’un boycott des trusts pétroliers internationaux, notamment des groupes pétroliers français, ce qui a ouvert une crise avec un contentieux où l’Algérie après avoir habilement défendu son dossier devant les instances judiciaires internationales obtient gain de cause après une terrible lutte, ce qui entraîna la levée de l’embargo.

    Au lendemain de ces mesures, les sociétés françaises qui occupaient les sites pétroliers et gaziers avaient décidé de libérer leurs cadres, ingénieurs et techniciens dans le but évident de paralyser la production des hydrocarbures. Suite à cela, les travailleurs et cadres de Sonatrach, ingénieurs et techniciens ont repris en main la situation et nous remarquons ainsi une politique judicieuse pour accroître la responsabilité des cadres et travailleurs algériens dans l’édification du pays.

    En effet, la période des années 1970 a été une étape charnière dans l’histoire du développement national durant laquelle l’Algérie avait réussi à récupérer la totalité de ses richesses, tâche qui fut des plus difficiles pendant les premières années de son indépendance. Le 8 mai 1966 fut décidée la nationalisation des mines, fer, phosphate, plomb, zinc et marbre. En 1967 fut décrétée la nationalisation des sociétés étrangères, y compris les banques, les transports, les assurances. En 1968, la dernière base militaire occupée par la France à Mers El Kebir (Oran) fut évacuée.

    A travers ces nationalisations réussies, l’Algérie apparaissait comme étant la voix du Tiers-Monde et le reste des pays producteurs de pétrole venaient de remporter une cinglante victoire.

    L’exemple algérien a fait tache d’huile et encouragé d’autres pays à récupérer les richesses de leur sous-sol et permettre ainsi à l’OPEP de jouer un rôle stratégique. Car, incontestablement, notre pays a mené une politique régionale de leadership, qui a conquis des espaces géopolitiques, notamment dans le monde arabe, en Afrique et dans le Tiers-Monde, où elle a lancé les grandes idées sur les matières premières pour un Nouvel ordre économique international (NOEI). L’Algérie, autrefois influente et écoutée au sein de l’OPEP, sera le leader et le pivot et apportera sa contribution active dans les réajustements successifs des prix survenus depuis la fin de 1973 et a favorisé par un renversement de la tendance du marché au profit des pays producteurs de pétrole.

    En effet, le prix du baril de pétrole passait de 2 dollars en 1970 à 12 dollars en 1974 pour atteindre 30 dollars fin 1978, puis 40 dollars en 1980 ; le nouvel ordre économique mondial sur les matières premières et l’énergie est en marche. Très vite, une série de nationalisations a été suivie dans plusieurs pays producteurs de pétrole dans le Tiers-Monde tels que la Libye, l’Irak, le Venezuela, entre autres. Loin d’être une simple donnée historique, la nationalisation des hydrocarbures, le 24 février 1971, est un des événements les plus déterminants dans l’histoire des pays producteurs de pétrole. Oui, le 24 février 1971 représente une date des plus fécondes qui a permis de faire du pétrole un enjeu mondial, et par conséquent de placer depuis l’Algérie au-devant de la scène politique internationale et de faire de Sonatrach un des leaders mondiaux du secteur pétrolier.

    En parallèle, trois super ministères de souveraineté sont créés le jour de la nationalisation des richesses nationales : le ministère de l’Energie et des Industries chimiques et pétrochimiques, le ministère de l’Industrie lourde, et le ministère de l’Industrie légère. Historiquement, l’évolution au plan de la politique des nationalisations a été jalonnée par nombre d’étapes qu’il est utile de rappeler afin de comprendre l’étendue et la dimension de l’effort de développement économique et social pour mesurer la finalité d’un combat des nationalisations des richesses nationales. Il s’agit en fait d’un projet politique et socio-économique qui est marqué par la nationalisation des secteurs-clés de l’économie porteur de grandes ambitions et de grandes décisions aux premières années de l’indépendance pour hisser l’Algérie au rang d’un pays développé et édifier un Etat fort et respectable dans le monde.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Le peuple algérien se souvient de cette époque qui ne peut s’effacer de sa mémoire, car chaque Algérienne et chaque Algérien qui ont vécu la période des années 1960 à 1970 enrichissaient leur pays avec un engagement patriotique. Un thème-clé dans l’évolution et l’histoire de l’Algérie qui, bien évidemment, mérite qu’on jette un regard sur les étapes du développement national dans un souci d’objectivité stratégique pour une Algérie que nous percevions en devenir, un pays développé dans l’histoire du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie.

    En effet, pour rappel, cette première expérience du développement national fut celle de tous les espoirs et cela par la mise en place d’une politique de développement national répondant aux impératifs majeurs de l’Algérie indépendante dans sept domaines fondamentaux : priorité à une industrialisation de transformation, indépendance économique, formation et emploi, valorisation des ressources, développement de l’agriculture, compétitivité internationale dans les technologies modernes, et enfin économie de devises en mettant en avant des programmes économiques et de construction afin de consolider l’indépendance politique. A cette politique de nationalisations furent engagés des plans de développement : triennal (1967 à 1969), quadriennaux (1970 à 1973 ; 1974 à 1977) et quinquennal (1980 à 1985), et enfin la valorisation des hydrocarbures dite «Plan Valhyd» pour développer une industrie pétrolière et gazière.

    On peut également rappeler, ici, entre autres, la réalisation de grands ensembles industriels et technologiques (production et transformation) couvrant l’ensemble du champ de l’activité de production, notamment l’énergie, la mécanique, la sidérurgie, l’électronique, la pétrochimie, ciment, plastique, agro-alimentaire, métallurgie, industrie pharmaceutique, pêche, mine, hydraulique.

    Comme nous avions mis en place également une économie locale diversifiée, ce qui devait constituer le poumon même des collectivités locales et par voie de conséquence une fiscalité locale qui couvrait la totalité des budgets de fonctionnement au profit des communes. Autrement dit, les Entreprises locales (EPL) en tant qu’entités économiques locales qui contribuaient en tant qu’instruments privilégiés dans la stratégie économique de l’Etat, subissant au milieu des années 1990 leur démantèlement ou leur privatisation, synonyme de liquidation. Le rythme des investissements dans l’industrie tombe de 56,5% en 1967-1973, à 30% en 1980-1984. Dans le domaine de l’économie, l’indicateur le plus révélateur est la part de l’industrie dans le PIB.

    Elle ne dépasse pas aujourd’hui 5% du PIB en Algérie, alors que ce taux oscillait entre 18 et 25% dans les années 1970, un taux d’intégration de près de 40% en moyenne, voire 80% dans le secteur mécanique. Le tourisme algérien était à la mode dans les années 1970, et rapportait environ 7% des revenus en devises fortes.

    La fiscalité ordinaire assurait les dépenses de fonctionnement en totalité, tandis que la fiscalité pétrolière est consacrée uniquement aux équipements. L’Université algérienne était classée parmi les plus performantes dans le monde et assurait la formation de cadres de haut niveau, voire même des cadres de la nation des Etats d’Afrique, du Maghreb, du monde arabe et de multiplier des effectifs dans toutes les spécialités pour notre développent national. L’on parlait alors de l’âge d’or, de la médecine algérienne où on accueillait des malades de l’Afrique, du Maghreb, voire même des responsables et chefs d’Etat d’Afrique.

    Elle a permis également d’éradiquer de manière définitive les maladies contagieuses et épidémiques, voire l’espérance de vie passant de 50 à 70 ans. Les hôpitaux universitaires (CHU) d’Alger, Oran et Constantine sont devenus de hauts lieux de formation et de recherche. L’équilibre régional était de ce fait une préoccupation constante où, faut-il rappeler au passage, des réunions du gouvernement se tenaient au niveau des régions, dont notamment les Aurès, le Titteri, l’Oasis, la Saoura, la Kabylie…

    L’Algérie a accru sa puissance régionale et son influence au point où elle est devenue l’une des puissances économiques les plus importantes de l’Afrique et du Tiers-Monde. En effet, Sonatrach s’identifiait déjà à l’Etat algérien. Autrement dit, Sonatrach, véritable Etat dans l’Etat où règne l’accélération de la renaissance d’une industrie pétrochimique aux valeurs technologiques hautement capitalistiques pour une Algérie que nous percevions qu’elle allait devenir un pays développé dans l’histoire du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie.

    L’image de marque de l’Algérie qui accompagnait à l’étranger les responsables pétroliers des pays de l’OPEP, à l’époque où l’Algérie présidait les destinées de l’OPEP dans les années 1970 pendant plus de 15 ans, a mené toute une politique géostratégique qui a considérablement révolutionné le marché pétrolier dans le monde et relevé la part de marché à 55%, contre 30% aujourd’hui et les prix du baril ont augmenté de 3 dollars en 1968 à 40 dollars en 1978 au profit des pays producteurs de pétrole et des matières premières dans le réajustement des prix sur les marchés mondiaux.

    L’Algérie nouvellement indépendante pensait déjà à l’après-pétrole, un vaste plan de valorisation des hydrocarbures à travers le Plan Valhyd, mis en route et qui devait faire de notre pays un géant industriel à l’échelle africaine, outre les infrastructures et équipements mis en place, plusieurs réalisations d’oléoducs ou pipelines et ensuite pour en assurer l’exploitation à l’actif de Sonatrach.

    A l’époque, les enjeux économiques de l’Algérie tournaient autour de l’industrie industrialisante avec une technologie capitaliste, composée de diverses technologies, notamment allemande, française et américaine, alors que l’Algérie était à l’époque très loin de connaître l’aisance financière pétro-gazière dont allait bénéficier le pays en 1982, en 1984 et puis en 2000. Pour rappel, le premier baril vendu par Sonatrach en 1966 rapportait pour nos réserves de change 1,60 dollar. Il est regrettable de ne pas avoir profité de cette aisance financière pétro-gazière rentable pour l’Algérie durant ces trois dernières décennies (1980-2014) pour réindustrialiser le pays, comme ce fut dans les années 1970.

    En effet, en 14 ans, dans une Algérie où tout était à inventer, notre pays s’est développé avec une industrie diversifiée avec près de 60 zones industrielles à travers le pays, entre autres la création de plusieurs complexes industriels pétrochimiques et de transformation, dont ceux d’Arzew, Skikda, Annaba, Hassi Messaoud, Hassi R’mel, El Hadjar, etc., et d’un nombre impressionnant d’entreprises industrielles nationales et locales, commerciales, bancaires ont vu le jour, s’agrandissant jusqu’à se compter par milliers, avec notamment la multiplication des usines, d’entreprises locales (EPL), de leurs agences ou unités, leurs réseaux de distribution et de leurs bureaux d’études à travers tout le pays.

    Ce projet novateur et porteur d’espoir pour édifier l’Algérie rêvée par nos martyrs a été heurté et inachevé au début des années 1980, car l’économie algérienne est passée d’une économie sidérurgique, pétrochimique et industrielle aux secteurs de la finance, des services et du commerce (bazar), ce qui a exclu toute perspective de hisser l’Algérie au rang d’un pays développé.
    Et depuis, Sonatrach a cessé d’être un Etat dans l’Etat, après cette fameuse restructuration organique menée dans la précipitation en 1981, qui a abouti à son démembrement en plusieurs entreprises.

    Et puis vint l’avènement de milliers d’importateurs sur la base d’un simple registre de commerce aux dépens des règles et mécanismes de l’économie de marché, notamment l’introduction du fameux Programme anti-pénurie (PAP), pour concrétiser pleinement le slogan «Pour une vie meilleure». Ce qui a exclu toute perspective de développement industriel à l’amont et à l’aval, ce qui a valu la suppression du ministère du Plan et exclu toute perspective de développement industriel et de l’économie des entreprises dont on connaît depuis les répercussions négatives.

    Il va sans dire que l’avenir économique de l’Algérie se pose aujourd’hui avec acuité dans cette élection présidentielle d’avril 2019, car c’est Sonatrach qui nourrit à ce jour notre pays et on ne peut par conséquent qu’être inquiet pour son devenir, car nous devons être conscients des conséquences fâcheuses de l’après-pétrole, où l’actualité internationale braque ses feux actuellement sur une tendance des prix du pétrole à la baisse tel qu’il serait difficile de préserver au-dessus de 70 dollars le baril. Tout porte à croire que la tendance risque d’être durablement baissière, même si les prix ont augmenté ces derniers mois.

    Le temps de «l’influence de l’OPEP», qui contrôle 30% des marchés pétroliers, est en train de s’affaiblir dans une optique de mondialisation-globalisation qui se développe aujourd’hui dans les espaces géopolitique et géostratégique, ceci, d’une part, et, d’autre part, l’émergence des Etats-Unis d’Amérique dans la révolution de la production des hydrocarbures de schiste et des nations européennes dans la révolution des énergies renouvelables qui occupent le devant de la scène énergétique mondiale. Par contre, nous sommes très heureux de la conjoncture favorable du prix de pétrole, car notre pays en dépend presque totalement, cela nous fait gagner une masse d’argent en devises fortes supplémentaires.

    On observe aujourd’hui, 48 ans après la nationalisation des hydrocarbures, qu’économiquement l’Algérie ne doit son salut qu’à ses hydrocarbures, car les faits sont là, la vulnérabilité de l’économie algérienne apparaît lorsque le prix du pétrole s’effondre. Notre pays est dépendant de l’extérieur dans tous les secteurs : industrie, agriculture, santé, construction, tourisme, voire encore le sport (football).

    En effet, le pays crée peu de richesses, manque cruellement d’entreprises de taille intermédiaire. Il existe un peu plus de 1 000 000 de PME et PMI, dont 95% sont de petite taille (TPE). L’économie algérienne continue de dépendre des hydrocarbures qui représentent 98% des exportations et près 50% du PIB. Il va sans dire, l’Algérie fait face à de sérieuses crises qui impactent gravement son économie, dont la principale cause est cette forte dépendance aux hydrocarbures qui expose aujourd’hui l’Algérie à tous les risques financiers, où l’économie et la politique s’entredéchirent.

    En effet, l’Algérie de 2019 est devant l’urgence de transformer la société qui va avec les réformes structurelles et tout doit être analysé et défini par l’économie ; le pays est face à cinq défis cruciaux et énormes : le premier est le défi énergétique ; le second, la diversification de son économie et des sources de sa croissance ; le troisième défi, une monnaie qui n’est pas près de servir de monnaie d’échange commerciale et qui pèse fortement dans la détérioration de l’économie nationale et du pouvoir d’achat ; le quatrième défi, la création de 2 millions d’entreprises de taille PME/PMI et de pas moins de 600 000 emplois nouveaux par an pour maintenir le taux de chômage actuel estimé à 12% ; le cinquième défi, la sécurité alimentaire, alors que notre pays ne pourra désormais plus compter sur la rente pétro-gazière qui se présente comme la préoccupation urgente de l’heure, car elle a été érigée en mode de gouvernance.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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    • #3
      L’Algérie n’est nullement à l’abri de cette libéralité mondiale dont les socles sont ceux de la démocratie et le libéralisme économique. Pour cela, il est nécessaire de faire la distinction entre l’économie du commerce (bazar) et l’économie de marché qui se heurte encore à des obstacles. Car, contrairement à la première, cette dernière est constituée par le marché, l’investisseur et l’entreprise. Il va sans dire que l’activité gouvernementale et la démocratie fonctionneront mieux que lorsque la croissance économique est là.

      Quand la rente augmente régulièrement, l’élément de confiance est renforcé davantage. Mais cela pose toujours un problème d’idéologie de la pensée unique (socialiste) du fait que l’on vit dans une culture politique selon laquelle l’Etat, c’est l’économie, alors que créer de l’emploi, de la richesse et garantir les sources de financement du budget de la nation, c’est investir dans la diversification de l’économie.

      Ce qui a d’ailleurs impliqué l’idée de «houkouma» (beylik) dans la société algérienne qui continue à constituer l’assise du gouvernement pour faire fonctionner le pays.

      Est-ce cette Algérie-là que nous voulions dans la politique des nationalisations qui furent les plus difficiles pendant les premières années de l’Algérie indépendante ?

      En revanche, l’Etat a engagé, grâce à l’aisance financière de la rente pétro-gazière, d’ambitieux programmes de relance et d’appui à la croissance économique, a pris en charge les besoins sociaux des populations en intégrant chaque fois la dimension de développement humain comme composante essentielle. En effet, l’Algérie a franchi de grands pas durant ces dernières décennies dans les investissements collectifs et les infrastructures réalisés par l’Etat pour lesquels pas moins de 700 milliards de dollars ont été consacrés, en plus que notre pays a pratiquement remboursé toute sa dette extérieure. Mais, structurellement, notre économie n’a pas fondamentalement changé dans la mesure où elle demeure dépendante des hydrocarbures et véhicule encore les caractéristiques essentielles d’une économie de rente.

      La participation du secteur privé était quasiment nulle, en dehors de celle qui résultait d’une distribution de la rente. La liberté d’entreprendre était alors bien limitée du fait peut-être de l’omniprésence de l’Etat dans l’organisation et le mode de fonctionnement de l’économie. En outre, il faut à l’occasion rappeler avec fierté, dans ce contexte, l’histoire du mouvement ouvrier en Algérie et de rendre hommage aux militants syndicalistes, cadres algériens et simples travailleurs qui ont prêté main-forte au pays durant la guerre de Libération au lendemain de l’indépendance que l’honnêteté intellectuelle nous commande de corriger.

      D’emblée, l’histoire de la longue lutte de l’Union générale des travailleurs algériens, depuis sa création, il y a soixante-trois ans par le chahid Aïssat Idir, a été marquée par ceux qui l’ont écrite, militants syndicaux.

      Le peuple algérien salue la mémoire de ceux qui ont rendu les lettres de noblesse au pays dans l’histoire de la patrie, du devoir et de la démocratie dans la longue lutte ouvrière, comme ceux des militants syndicaux du Zaccar, Boucaïd, de l’Ouenza, ouvriers des forges, des dockers d’Alger ou des martyrs du devoir Aïssat Idir, Abdelhak Benhamouda, Kacemi Ahmed. Comme beaucoup d’autres militants, les syndicalistes ont connu l’emprisonnement, la torture au camp de concentration de Berrouaghia (w. Médéa), entre autres Tahar Gaïd, Madjid Ali Yahia, Kiouar Baroudi, Slimane Rebba, Rabah Djermane, Mogamed Abib, Attalah Benaïssa, Boualem Bourouiba, Mohamed Zioui, Amar Lamini, Mayouf Hanachi, Ali Boudjellal, Hassen Bourouiba et tant d’autres martyrs de la République, notamment des milliers de talents et d’élites de grande qualité qui ont donné leur vie, dont des docteurs, chercheurs, journalistes, ingénieurs, artistes, médecins, écrivains, professeurs, enseignants, cadres supérieurs, etc. On ne peut que leur rendre hommage aujourd’hui pour leur combat et leurs sacrifices pour sauver la République et l’Algérie à travers cette modeste contribution pour que nul n’oublie.

      Pour contrecarrer la CGT, une commission syndicale (ouvrière) avait été créée au sein du MTLD sous la présidence de l’ancien cégétiste et nationaliste Aïssat Idir, premier secrétaire de l’UGTA. Dans les années 1950, le mouvement syndical algérien a atteint le terme de son évolution avec la création, en 1954, de l’Union générale des syndicats algériens, UGSA, d’une part, et la création en 1956 de l’Union générale des travailleurs algériens UGTA. Les militants de l’UGTA ou même ceux de l’UGSA, contraints eux aussi à l’activité clandestine, vont connaître plus de répression. Beaucoup ont connu l’emprisonnement, la torture, et même la liquidation physique, comme cela a été le cas pour Aïssat Idir.

      C’était un fait marquant et témoin de l’engagement d’une génération de militants syndicalistes, de cadres et de travailleurs de combat très attachés aux repères patriotiques, par lesquels ils ont été au-devant de la scène de l’Algérie future, notamment au service réellement de l’Algérie indépendante qui ont empêché notamment la paralysie de l’Algérie après le départ massif des cadres européens. Les premiers travailleurs et cadres algériens ont été d’un apport indéniable au développement national, ils ont notamment su changer la donne et s’imposer comme acteurs-clés dans le processus de nationalisations et de développement national après avoir préservé et valorisé le patrimoine public.

      Ils ont apporté la preuve de leur sacrifice dans la douleur de leur jeunesse, se passant d’une vie meilleure en travaillant sans répit et dans des conditions des plus pénibles, une charge de travail insupportable par manque d’effectif et de qualification, sans pour autant demander davantage ou profiter de leurs postes. La norme de travail dépassait le plus souvent douze heures/jour pour des salaires mensuels dérisoires qui se situaient en moyenne entre 500 et 3000 DA.

      Certains travailleurs étaient même payés en nature en bons de semoule, de sucre, de café, d’huile, etc. C’est une vraie révolution du travail, cela ne leur a rien rapporté aujourd’hui. Mais presque tous ont terminé leur carrière dans la totale déception lorsqu’on constate que nos gouvernants oublient vite les sacrifices concédés. «Une nation qui oublie, qui marginalise et qui ne donne pas d’importance aux valeurs humaines n’a sûrement aucun avenir». Dans les pays démocratiques, les citoyens et les organisations syndicales et professionnelles jouissent généralement du droit à plus de libertés syndicales et d’expression, notamment de discuter et de critiquer le système social, économique et politique.

      Rien dans ces pays ne peut échapper au débat contradictoire. Cela n’empêche pas ces pays de demeurer stables et de vivre dans une harmonie économique et sociale apaisée. En revanche, si nous refusons le débat contradictoire et écartons les grèves dans le cadre de la Constitution ou que nous nous interdisons l’esprit critique, nous ne pourrons pas combler nos lacunes et corriger nos erreurs. En somme, cela permet aux sociétés de s’observer mutuellement et de vérifier si elles ont des lacunes, maladresses ou des défauts. L’une des règles d’or de ces pays aujourd’hui symboles de richesse c’est l’évolution et le progrès des sociétés dans le monde où les enjeux économiques seront davantage construits autour des ressources humaines et des intelligences. Il nous faut créer un socle des protections sociales attachées à la personne.

      Les syndicats se plaignent depuis bien des années et ont les mêmes revendications, dont entre autres : le pouvoir d’achat ; la retraite ; le code du travail ; les problèmes des œuvres sociales ; les libertés syndicales ; les salaires demeurent tirés vers le bas par l’érosion de la monnaie nationale et l’inflation ; la revalorisation des pensions de retraite jugées en inadéquation avec l’évolution du coût de la vie. En effet, la revalorisation annuelle des pensions de retraite, soit 5%, demeure insuffisante, d’où la nécessité de revoir les niveaux actuels en fonction de l’inflation réelle. Les retraités sont 2,2 millions à vivre dans la précarité.

      Ainsi, une personne ayant eu sa retraite en 1996 et une autre en 2011 et ayant assumé la même fonction dans la même entreprise n’ont pas la même pension puisque cette dernière est calculée sur la base du salaire touché par chacun ; la révision du Salaire national minimum garanti (SNMG), l’allègement de l’impôt sur le revenu global (IRG) pénalise lourdement les salariés au même titre que les retraités ; concernant l’IRG, il faut revoir le taux de perception pour les salariés et d’exempter les retraités de cette imposition. Sinon, jusqu’à quand cette solidarité peut-elle aller ?

      Comme aussi rendre le travailleur actionnaire dans son entreprise ou encore permettre à tous les Algériennes et Algériens à devenir des actionnaires dans le capital des entreprises publiques, les clubs sportifs professionnels en mettant sur le marché obligataire la vente de valeurs mobilières. L’objectif étant leur participation aux fruits du développement et au moment où 50% de la masse monétaire est dans les circuits de l’informel et les bas de laine.

      Tout cela doit apparaître comme le plus grand défi à relever et une grande priorité nationale du gouvernement pour mobiliser les forces vives du pays : les élites, la classe ouvrière et la classe moyenne en général qui sont partie prenante dans le processus de la construction du pays. Sinon, y a-t-il encore une classe ouvrière pour réindustrialiser le pays ?

      C’est tout l’enjeu de l’avenir de notre développement national harmonieux dans cette élection présidentielle d’avril 2019, une échéance politique capitale pour l’avenir économique du pays qui tarde à se concrétiser.





      Par M’hamed Abaci , Financier et auteur
      The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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      • #4
        Dans le bilan, on ne devrait pas oublier les nombreux gros pots de vin distribués et surtout pas celui qu'a pris le ministre de l'énergie en personne C, Khelil..
        Dans le bilan, beaucoup de népotisme
        beaucoup de hogra envers les gens du sud à qui on préfère ceux du nord dans les postes de travail.

        Sonatrach a aussi été la vache à lait des régimes successifs et surtout celui de Bouteflika, une belle cagnote de centaines de milliards de dollars. Une bonne partie gaspillée, voire détournée.

        Les perspectives. Pour le pétrole conventionnel, l'Algérie n'a plus que pour sa consommation locale. Le schiste sera l'avenir...noir.

        Le gaz, l'Algérie devrait développer au plus vite le nucléaire sinon elle ne se suffira plus

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