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Les traumatismes de la violence coloniale en débat

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    “MÉMOIRES DE LA GUERRE D’ALGÉRIE” À L’ENS DE PARIS

    Les traumatismes de la violence coloniale en débat


    L’école normale supérieure de Paris a organisé, du 21 au 23 février, un évènement consacré aux Mémoires de la guerre d’Algérie, qui a été ponctué de diverses activités, notamment des conférences, projections et expositions.

    Le département histoire et théorie des arts de l’École normale supérieure de Paris (5e arrondissement) a organisé, du 21 au 23 février, un évènement consacré aux Mémoires de la guerre d’Algérie. L’évènement a été ponctué de diverses activités entre conférences, interventions d’artistes, réalisateurs, acteurs et metteurs en scène, autour de ce conflit, dont “la résurgence est aujourd’hui manifeste dans la recherche et dans les arts”.

    Le public ne doit pas s’attendre à une “rétrospective historienne” sur la guerre de libération, mais à “une entrée en matière s’adressant à ceux qui veulent un dialogue avec ces artistes algériens, français, franco-algériens, descendants de combattants des deux bords ou simplement de ces peuples, ces gens, qui ont vécu et subi la guerre”.
    Programme varié, avec par exemple cette pièce de théâtre J’ai la douceur du peuple effrayante au fond du crâne, basée sur des textes de Kateb Yacine, Édouard Glissant, Jérôme Lindon et Assia Djebar. Le public d’universitaires a assisté à la projection du film L’autre côté de la mer, de Dominique Cabrera, avec Claude Brasseur, Roschdy Zem… Histoire d’un industriel pied-noir resté en Algérie après l’indépendance et qui revient en France pour une intervention chirurgicale. Il se lie d’amitié avec son médecin, un Beur qui a coupé les liens avec son pays d’origine.

    Des espaces de l’ENS ont reçu des expositions de peintures, dessins et photographies qui montrent des images de la guerre d’Algérie dont le dénominateur commun est la violence physique et morale. La conférence de Raphaëlle Branche, de l’université de Rouen (Normandie), intitulée “La mémoire qui brûle : la violence pendant la guerre d’Algérie, les silences et les traumatismes”, a retenu l’attention du public. Professeure d’histoire, spécialiste des violences en situation coloniale, elle a publié en 2001 La torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie (Gallimard). Elle a axé sa conférence sur son livre intitulé L’embuscade de Palestro-Algérie 1956, édité chez Gallimard en 2010 et qui a été porté à l’écran en documentaire coproduit par Arte et réalisé par Rémi Lainé sous le titre Palestro, histoire d’une embuscade. L’oratrice affirme qu’elle possède une vision ouverte sur l’Histoire et que son souci reste l’obligation de vérité. C’est dans cet esprit qu’elle aborde le récit de cette fameuse embuscade de Palestro où une section de soldats français avait été anéantie par les combattants du Commando Ali Khodja en 1956. Avec Rémi Lainé, elle va recueillir des témoignages sur cette embuscade qui avait traumatisé l’armée française à l’époque. Elle s’appuie sur trois parties : des anciens de l’ALN, des civils témoins de l’évènement et d’anciens soldats français.
    Elle reconstitue le puzzle de l’embuscade, confirmant tel ou tel témoignage, réfutant tel autre et mettant en évidence les nuances et parfois les contradictions qui émaillent les récits de guerre. Elle évoque les manipulations de la presse qui avaient montré des images de soldats français morts durant l’embuscade, alors que les enquêtes postérieures ont révélé qu’il n’y avait aucun photographe sur place.
    Les témoins évoquent les horreurs de la guerre, mais certaines n’ont pas été retenues par Raphaëlle Branche parce qu’elle y voit des contradictions et un manque de rigueur dans les témoignages. À travers ces exemples, elle a voulu mettre en évidence la difficulté pour un chercheur de parvenir à la vérité. Quant à la “gestion” des traumatismes, il appartient à chaque société de le faire. En Algérie, la psychanalyste Karima Lazali a tenté, dans son livre Le trauma colonial (La découverte, 2018), d’apporter sa contribution : “Mon livre parle des conséquences psychiques de la colonisation française. On a eu des destructions graves qui se manifestent par le sentiment de hogra, d’immobilisme, d’accablement, de difficulté à se sentir maître de sa vie, à être citoyen. J’essaie de montrer comment c’est relié à l’histoire coloniale. L’indépendance a été importante, mais il nous reste un énorme travail de libération intérieure.”


    A. B
    L’une des conférences données lors de cet évènement © A. Bedrici/Liberté
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