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Situation politique explosive en Algérie : quel scénario pour la sortie de crise ?

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  • Situation politique explosive en Algérie : quel scénario pour la sortie de crise ?

    L’épique mobilisation citoyenne de vendredi, frappée du sceau du civisme et du pacifisme, marque indiscutablement un moment de bascule historique qui place à nouveau l’Algérie face à son destin. L’erreur fatale du pouvoir serait de faire une mauvaise lecture du message porté par ces centaines de milliers d’Algériens.

    Ce risque n’est pas à écarter malheureusement, quand on entend des ignares politiques comme ce Seddik Chihab, bras droit d’Ouyahia, droit dans ses bottes, soutenir mordicus encore : « nous respectons les manifestations, mais le peuple algérien dans sa majorité adhère à la candidature du président Bouteflika pour un cinquième mandat » (sic). Surréaliste, mais néanmoins compréhensible de la part d’un homme qui voit monter des nuages à son horizon.

    A quelques heures de l’expiration du délai de dépôt des candidatures, pour la présidentielle du 18 avril, désormais plus que jamais aléatoire et potentiellement dangereuse, trois scénarii, allant du plus vertueux au plus dantesque, sont possibles pour dépasser cette nouvelle situation.

    Le premier scénario est sans doute le plus idéal, c est que le président Bouteflika, puisse annoncer le retrait de sa candidature, en la justifiant par un avis défavorable de ses médecins. C’est d’autant plus envisageable qu’il se trouve justement à Genève, pour « des contrôles médicaux périodiques » Ce scénario a l’avantage de lui offrir une sortie de scène honorable.

    Sans la candidature de Bouteflika et en l’absence d’un plan « B » du régime, on voit mal cette élection du 18 avril se tenir, du moins dans les délais légaux avec des rigolos comme le Douktour Ali Zeghdoud ou encore le célèbre inconnu Abdelhakim Hamadi. C’est tout simplement impossible.

    D’autant plus que Louisa Hanoune , qui a toujours accompagné le pouvoir dans ses kermesses électorales, moyennant retour sur investissement, pour donner de l’épaisseur à l’illusion pluraliste des précédentes présidentielles, ne sera pas candidate. Décision prise par le comité central du PT, aujourd’hui. Révolutionnaire !

    Ali Benflis, vent debout contre le cinquième mandat, pourrait opter, lui aussi, pour le boycott ; on le voit mal, en effet s’embarquer dans une aventure électorale compromise. Il a tout à gagner en déclarant forfait, car les cartes pourraient être rebattues en sa faveur. Quid alors du candidat Ali Ghédiri, retranché derrière une posture énigmatique et mystérieuse.

    Ce qui nous amène alors au second scénario, à savoir la décision du président Bouteflika d’annoncer le report sine die de la présidentielle, en appuyant sa décision sur l’artilce 105 de la constitution.

    « En cas de nécessité impérieuse, le Haut Conseil de Sécurité réuni, le Président du Conseil de la Nation, le Président de l'Assemblée Populaire Nationale, le Premier ministre et le Président du Conseil constitutionnel consultés, le Président de la République décrète l'état d'urgence ou l'état de siège, pour une durée déterminée et prend toutes les mesures nécessaires au rétablissement de la situation. La durée de l'état d'urgence ou de l'état de siège ne peut être prorogée qu'après approbation du Parlement siégeant en chambres réunies. », stipule ce article.

    Ce scénario était déjà une des options posées sur la table avant que le clan des élections hic et nunc n’ait pu imposer « le respect des délais légaux », au nom d’un formalisme politique aveugle.

    C’était un peu le vœu de Said Bouteflika, éventé par Abderazak Makri, dans le document interne qu’il avait distribué aux membres du Madjliss Echoura du MSP. Dans ce document, on s’en rappelle, Makri avait fait état de rencontres successives avec le frère du président, lequel, était, selon lui, favorable à une prolongation du mandat présidentielle pour une période transitoire de deux ans.

    Un tel cas de figure est possible en cela qu’il permet de désamorcer provisoirement la tension politique ambiante, tout en offrant au président une sortie honorable. Et l’opposition, qui avait mis en garde contre ce choix, pourrait être amenée à y souscrire désormais, au vu de l’évolution de la situation.

    A la condition que le président Bouteflika accepte un gouvernement d’union nationale dirigée par une personnalité nationale indépendante. Mais pas que, car la revendication majeure de l’opposition reste la mise en place d’une commission électorale indépendante pour organiser et superviser en amont et en aval le processus électoral. Une commission autonome de l’Administration, pour de vrai, pour nous faire oublier « ce machin » folklorique de Derbal, cette instance qui n’est ni haute ni indépendante.

    A côté de ses mesures politiques, le président Bouteflika doit ( à l’impératif) nettoyer au Karcher son entourage, en se débarrassant de toutes les figures du paysage politique qui cristallisent aujourd’hui la rage éruptive des algériens. A commencer par son frère Said, puis Ahmed Ouyahia, Abdelmalek Sellal , Gaid Salah, Tayeb Louh, Ali Haddad, Sidi Said... Toute la Camarilla en somme. Faire rendre des comptes à tous ceux qui ont siphonné l’argent du pétrole, c’est à dire toute cette oligarchie insatiable qui gravite autour du pouvoir.

    Enfin, le troisième scénario : celui du pire, qu’à Dieu ne plaise ! Ce serait de voir le président Bouteflika, sur conseils de mauvais génies qui grouillent parmi ses courtisans, déposer normalement son dossier de candidature au Conseil constitutionnel.

    La réaction de Seddik Chihab, un proche d’Ouayhia, laisse supposer qu’au sein du pouvoir, il y en a bien qui sont tentés par le passage en force. Comme si de rien n’était. Comme si le peuple algérien n’a pas parlé vendredi. Ce serait alors une provocation XXL contre la volonté populaire. Les portes de l’enfer risquent de s’ouvrir à nouveau. Et après « Bonjour tristesse », comme dirait Françoise Sagan.

    Algérie 1
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