Annonce

Réduire
Aucune annonce.

En Kabylie, le soulagement de voir l’ensemble de la nation se rebeller contre un « pouvoir assassin »

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • En Kabylie, le soulagement de voir l’ensemble de la nation se rebeller contre un « pouvoir assassin »

    La région, traditionnellement frondeuse, se réjouit de voir ses revendications historiques reprises partout en Algérie.

    Par Ali Ezhar

    Manifestations d’étudiants à Béjaïa (Kabylie) contre lecinquième mandat du président Bouteflika, le 26 février.
    Manifestations d’étudiants à Béjaïa (Kabylie) contre lecinquième mandat du président Bouteflika, le 26 février. Sofiane Bakouri /Hans Lucas
    Comme toujours, la marche de la « dignité » est partie de la « Centrale », la bibliothèque de l’université Mouloud-Mammeri, symbole de toutes les luttes berbères. Mardi 5 mars, sous un soleil clément qui illumine Tizi-Ouzou, des centaines d’étudiants sont redescendues dans les rues – tout aussi esquintées que leur quotidien – pour dénoncer « le système Bouteflika ». Mais lorsqu’elle est arrivée devant l’hôpital Nedir-Mohamed, cette jeune foule a soudainement mis ses chants de souffrance en sourdine. « C’est pour ne pas déranger les malades, c’est une tradition chez nous lorsqu’on manifeste », sourit Akcil, un étudiant en mathématique, âgé de 25 ans.

    Lire aussi En Algérie, le front du « cinquième mandat » se fissure
    Une fois le dispensaire dépassé, cette jeunesse a repris en chœur les slogans antipouvoir en arabe, en français et en tamazigh, tout en agitant des bannières à la gloire de la JSK, le mythique club de foot de la ville, et de Matoub Lounès, l’icône de la musique kabyle, assassiné en 1998. Et cette jeunesse devait sortir, une nouvelle fois, en masse, vendredi 8 mars, pour dénoncer le cinquième mandat que souhaite briguer le président « Boutef ».

    Depuis le vendredi 22 février, date de la première mobilisation des Algériens, des centaines de milliers de Kabyles sont « aussi » sortis dans les rues de « Tizi », de Béjaïa ou de Bouira. Dans un modeste local associatif de défense des droits de l’homme, de jeunes universitaires se retrouvent pour fabriquer les pancartes de la prochaine marche. Et pour débattre de l’avenir de leur pays.

    Eternelle région frondeuse
    Dans la « ville des genêts », surnom de « Tizi », baptisée ainsi en l’honneur de cet arbuste jaunâtre qui couvre les environs, la contestation inédite de l’Algérie n’a rien de réellement surprenant. « Nous avions déjà manifesté, en 2014, contre le quatrième mandat de Bouteflika », rappelle Omar, 33 ans, qui milite pour une ONG. « Pour une fois, ce n’est pas la Kabylie qui est à l’origine de la contestation, et heureusement, sinon le pouvoir en aurait profité pour dire “regardez, ce sont encore les Kabyles. Ils sont contre nous”. Le mouvement aurait été négativement connoté et pas pris au sérieux », assure Salah Brahimi, le bâtonnier de l’ordre des avocats de Tizi-Ouzou. Ce mardi-là, calé dans un imposant fauteuil en similicuir, ce quinqua longiligne semble un peu troublé. Et pour cause, il est en train de parafer un communiqué enjoignant au Conseil constitutionnel de prendre « ses responsabilités devant le peuple et l’histoire » afin d’invalider la candidature d’Abdelaziz Bouteflika.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Plate-forme d'El-Kseur explicitée
    Le 31 octobre 2001, les coordinations de villages de Kabylie ont approfondi leur plate-forme de revendications
    jeudi 9 octobre 2003
    par Masin
    Suite au conclave de Larbaa n’At Yiraten, une texte intitulé "Plate-forme d’El-Kseur explicitée" est rendu public.
    COORDINATION INTERWILAYAS DES AARCHS, DAIRAS ET COMMUNES

    Plate-forme d’El-Kseur explicitée à Larbaa n’ath Yiraten

    PREAMBULE

    Du printemps noir 2001, ayant entraîné des dizaines de morts et des centaines de blessés, est né, dans la douleur, le mouvement citoyen. L’assassinat prémédité du jeune lycéen GUERMAH MASSINISSA dans l’enceinte de la brigade de gendarmerie de Beni Douala et l’enlèvement des collégiens d’Amizour, n’est que l’étincelle qui a ébranlé toute la société longtemps bafouée dans sa dignité et ses droits légitimes. Le régime totalitaire, avec sa gestion bureaucratique, a produit les frustrations de notre jeunesse marginalisée. Le déni identitaire et linguistique, le ras le bol généralisé, l’étouffement de toute les libertés, l’impunité et la hogra institutionnalisées, le chômage endémique, sont autant de facteurs ayant poussé la jeunesse à se soulever. Le pouvoir fidèle à ses pratiques machiavéliques depuis l’indépendance, s’est rendu encore une fois coupable des événements dramatiques du printemps noir 2001 de la Kabylie, assumera seul la pleine et entière responsabilité du drame. Le mouvement citoyen d’essence démocratique et résolument pacifique, mobilisateur et émanant des profondeurs de la société, trans-partisan, autonome se refusant à toute formes d’allégeance ou substitution au formations politiques et aux institutions de l’Etat, tirant les leçons du passé.

    Réaffirme son engagement et sa détermination à honorer le sang des martyrs et des victimes et à faire aboutir la plate forme de revendications d’El-Kseur. Afin de contrer l’interprétation fallacieuse, réductrice et tendancieuse de cette plate forme de revendications, et devant les tentatives vaines du pouvoir de travestir son esprit et sa portée, en la vidant de son sens par des procédés sournois, allant jusqu’à se trouver une pseudo délégation de "négociateurs" au service de leurs seuls intérêts... L’explicitation de la plate-forme d’El-Kseur qui suit, fait apparaître clairement la portée authentique à la hauteur des espérances de ses martyrs et des citoyens. Le sang de nos enfants ne fera l’objet d’aucun marchandage et le sacrifice suprême consenti ne sera pas vain. Face aux multiples actions locales et nationales entreprises pacifiquement par des millions de citoyens en vue de faire aboutir les revendications légitimes, le pouvoir a répondu par des répressions sanglantes et meurtrières, par l’usage de son arsenal de guère et de pratiques diaboliques allant jusqu’à vouloir dresser une partie du peuple Algérien contre une autre. Devant la forfaiture du pouvoir qui reste sourd aux revendications légitimes, le mouvement citoyen prend à témoin l’opinion publique nationale et internationale et exige une réponse officielle favorable urgente et publique à la plate forme de revendication d’El-Kseur adoptée le 11juin 2001 et explicitée à Larbâa Nath Irathen le 31 octobre 2001.

    CHAPITRE I : REPARARTIONS DUES AUX VICTIMES DU PRINTEMPS NOIR 2001

    (Réf. : 1 , 3 , 5 et 14)

    Exigeons de l’Etat la reconnaissance officielle et publique de ses responsabilités unilatérales, pleines et entières dans les événements du printemps noir 2001 par :

    1- l’obligation de réparations morale et matérielle vis-à-vis de toutes les victimes et ayants droit.

    2- le statut de martyr pour toutes les victimes ayant succombé durant et suite aux événements.

    3- le statut d’invalide ou mutilé pour toutes les victimes blessées dans leurs chairs meurtries ou traumatisées.

    4- une juste réparation pour tous les préjudices matériels et moraux subis par la population.

    5- Annulation de toutes poursuites à l’encontre des manifestants et prononciation d’un non lieu au profit de tous les manifestants mis en cause.

    6- Prise en charge médicale par l’Etat de toutes les victimes et remboursement des frais engagés au profit des familles et de la collectivité.

    7- La protection assortie de garanties publiques et juridiques de tous les témoins du drame.

    8- La prise en charge pédagogique et psychologique des élèves dont la scolarité est perturbée suite aux tragiques événements.

    CHAPITRE II : REPARATION PAR LE CHATIMENT ET LA SANCTION

    (Réf. 2 , 4 , 6 et 7 )

    1- Exigeons de l’Etat le châtiment de tous les coupables et responsables avérés à tous les niveaux de commandement dans les événements. Ils doivent être radiés de leurs corps respectifs et traduits devant les tribunaux civils. Les brigades de gendarmeries, de par leurs comportements hors la loi, à l’origine de tous les fléaux tels la corruption, le trafic de drogue, le racket, les intimidations et humiliations, vainement dénoncées, ont fini par se rendre coupables d’assassinats délibérés de jeunes innocents, provoquant ainsi une véritable révolte généralisée et légitime des populations. De ce fait, la présence de ce corps est devenue insupportable, au point d’être perçue et ressentie comme une agression intolérable aux yeux des citoyens.

    2- Le départ de la gendarmerie et des CRS, s’impose donc comme un impératif incontournable.

    3- Par ailleurs, toutes ses missions en relation avec la vie civile des citoyens, notamment celles du maintien de l’ordre et de police judiciaire, doivent être confiées à un corps civil de sécurité de remplacement. Nous exigeons une commission d’enquête composée de personnalités indépendantes, intègre et ayant l’aval des familles des victimes, des blessés et des représentants du mouvement citoyen, en remplacement des commissions initiées par le pouvoir. Mettre tous les moyens nécessaires, matériels et autres, et lever toutes entraves à l’éclosion de la vérité sur les assassinats et garantir la libre investigation dans les corps et les établissements concernés. Nous exigeons l’engagement officiel de l’Etat a respecter les conclusion de cette commission. Il est également exigé de cesser toute formes de provocations, représailles, harcèlement, de quelque nature que ce soit et à tous les niveaux, l’arrêt immédiat des assauts sauvages sur les populations ainsi que les intimidations, provocations et la cessation des violations Des domiciles et du saccage des biens privés.

    CHAPITRE III : REVENDICATIONS DEMOCRATIQUES ET HISTORIQUES


    (Réf. 8, 9, 11 et 13)

    - Consacrer officiellement les liens naturels et authentique du peuple algérien avec son histoire, et lui permettre de vivre dans un Etat démocratique et respectueux des valeurs universelles des droits de l’Homme.

    1- Satisfaction de la revendication amazigh dans toute ses démontions identitaire, civilisationnelle, linguistique et culturelles. Tamazight langue nationale et officielle.

    2- La consécration institutionnelle et constitutionnelle de Tamazight doit se traduire par un statut et des moyens identiques à ceux octroyés à la langue arabe. L’Etat doit s’engager à concrétiser cette revendication avant toute consultation électorale.

    3- Concrétisation et respect de toutes les libertés démocratiques énoncées par la déclaration universelle des droits de l’Homme et d’autres pactes y afférant.

    4- Le libre exercice des libertés démocratiques sans aucune entrave par l’application effective de toutes les résolutions de la déclaration universelle droits de l’Homme et la levée de toutes les réserves émises par l’Etat lors de sa ratification.

    5- La séparation effective des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire. Exigeons un plan de lutte contre la HOGRA, corruption, les passes droits et toute forme de discrimination et d’exclusion empêchant l’exercice des droits citoyens.

    6- Elaboration d’une charte citoyenne en collaboration avec le mouvement citoyen, apte à promouvoir de nouveaux rapports sociaux et assortis des textes juridiques d’application permettant le plein exercice de la citoyenneté. Les dramatiques évènements de la Kabylie ont démontré l’impuissance flagrante des élus et des responsables à tous les niveaux face à l’acharnement des gendarmes et au massacre des innocents. Devant un drame de cette nature, l’ensemble des institutions doivent se remettre en cause et revenir aux normes citoyennes. La toute puissance des corps de sécurité, l’impuissance des organes exécutif conjuguées à l’absence de tout pouvoir d’intervention des instances élues ont conduit fatalement au crime, à l’arbitraire et à l’impunité. L’instauration de la démocratie et d’une large décentralisation effective exige la prééminence des instances élues sur les instances exécutives et les services de sécurité. C’est à cette condition, et à cette seul condition que les organisations citoyennes peuvent pleinement participer à la vie de la cité, par un contrôle permanent des affaires publiques, pouvant aller jusqu’à la remise en cause de mandat électoral et l’organisation d’une nouvelle consultation populaire, consacrant ainsi la démocratie à la base.

    CHAPITRE IV : REVENDICATIONS SOCIO-ECONOMIQUES

    (Réf. 10 , 12 et 15)

    1- De larges pans de la société vivent aujourd’hui en dessous de seuil la pauvreté, résultat de l’échec total et reforme successives initiées depuis l’indépendance et expérimentées à contre courant de toutes les aspirations citoyennes.

    2- Le désespoir de la jeunesse, exaspérée, désenchantée, de part la faillite du système éducatif et de l’appareil économique, exacerbé par l’échec de tous les mythes entretenus à dessein pour servir des intérêts accules, ont plongé des générations entières dans la désolation et dans la précarité, entraînant ainsi la destruction de tissu social et des valeurs universelles. Les droits socio-économiques qui garantissent la préservation de la dignité humaine, une vie décente et digne pour tous les algériens. La refonte du système éducatif, résolument tournée vers la modernité, les valeurs universelles et républicaines, en substance, il faut revenir à l’enseignement des matières scientifiques dans la langue véhiculaire en vigueur, et bannir tout programme d’endoctrinement religieux. Cette refonte doit intégrer une politique de formation professionnelle et d’insertion socioprofessionnelle durable en mesure de protéger cette catégorie, particulièrement, vulnérable contre les fléaux sociaux. La réhabilitation de citoyen algérien passe par la connaissance de son histoire millénaire et authentique. La consécration d’un Etat de droit exige la séparation des pouvoirs, et une indépendance de la justice qui garanti l’égalité des citoyens devant la loi, sans aucune distinction, en particulier l’égalité entre l’homme et la femme dans tous les domaines. La relance économique capable d’ouvrir des horizons prometteurs pour la jeunesse doit répondre aux exigences des normes internationales tel que le week-end universel. Elle exige une juste répartition des richesses nationales orientée vers une politique économique créatrice de richesses et productive, assortie de mesures d’insertion telle la mise en place d’une allocation chômage et d’aide à la recherche de l’emploi à hauteur 50% du SNMG.

    3-La situation actuelle de la région appelle a un plan socio-économique d’urgence. Les perspectives de développement doivent être adaptées ou spécificités de la région, et privilégier les infrastructures de base jusque la délaissées et lever les entraves bureaucratiques et introduire des instruments juridiques concrétisant les investissements productives et créateurs d’emploi. Un plan de développement régional efficient implique la mise en place des mesures incitatives performantes, une politique fiscale appropriée.

    Après la satisfaction pleine et entière de la plate forme de revendication d’El-Kseur, la mise en œuvre des solutions doit avoir l’aval du mouvement des Aarchs, Daïras et communes, partie prenante dans les applications.

    ULAC SMAH ULAC

    LE COMBAT CONTINUE

    GLOIRE A NOS MARTYRS

    Larbaa-Nath-Irathen le 31/10/2001
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

    Commentaire

    Chargement...
    X