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POINT DE VUE. Algérie : « Ceux de ma génération, taisez-vous ! 

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  • POINT DE VUE. Algérie : « Ceux de ma génération, taisez-vous ! 

    Depuis quelques semaines, l’Algérie vit des moments exceptionnels de vitalité et de remise en cause du système politique en place depuis plusieurs décennies, depuis 1962 et le premier coup d’État contre le GPRA. Depuis, c’est une succession d’humiliations et de mépris.

    Qui parle ?
    Depuis quelques semaines, à l’initiative de mouvements jeunes - 45 % de la population algérienne a moins de 25 ans -, des Algériennes et des Algériens sont sortis dans les rues d’Alger, Constantine, Annaba, Oran et ailleurs pour dire leur ras-le-bol à une énième mascarade, celle de trop : offrir un cinquième mandat à un homme malade, diminué, qui n’a plus parlé à son peuple depuis 2013. Ces manifestations font tache d’huile, des pans entiers de la société algérienne sont mobilisés contre le pouvoir des momies.
    En Algérie, ce sont ceux de ma génération qui pérorent, bien heureux de l’opportunité de se faire, à défaut d’une virginité, une place dans l’éventuel espace qui se libérerait. OuestOuest
    Pourtant, cette génération dont je fais partie a échoué. Hormis les années 1970, où régnait un semblant de vie politique malgré la dictature de l’époque, qu’avez-vous fait, qu’avons-nous fait ? Nous avons courbé l’échine quand certains d’entre nous n’ont pas hésité à se soumettre en échange de privilèges. Qu’avons-nous transmis hormis le goût du compromis - quand ce n’était pas la compromission - et l’amertume de la défaite ?

    Octobre 1988 avait sonné le glas de notre génération. Ceux qui sont morts dans les rues d’Alger et ailleurs étaient des enfants. Aucun d’entre nous n’était avec eux.

    Ne vous accaparez pas le combat de la jeunesse algérienne, elle vaut mieux que cela. Ou alors, taisez-vous !

    Et qui parle en France ?
    Depuis le début des manifestations qui ont surpris tout le monde, même si des signes annonciateurs existaient, jactent experts autoproclamés et autres intellectuels médiatiques.

    Ils connaissent si peu de choses qu’ils se trompent sur tout et toujours. Rappelons-nous le printemps tunisien. Certains d’entre eux défilaient sur les écrans pour dire que le pouvoir tunisien - que dis-je, que Ben Ali - maîtrisait la situation. Nous savons ce que valaient leurs analyses. Ceux-là reviennent aujourd’hui sur les mêmes écrans expliquer le mouvement algérien de contestation, chacun allant de sa trouvaille : syndrome vénézuélien, syndrome leur destin. C’est un événement considérable, car personne ne croyait qu’ils parviendraient à relever la tête. Ils le font avec rage et enthousiasme. Ils bravent tous les interdits.

    Ne parlez pas à leur place, soyez à leur écoute, humblement. Sinon, taisez-vous !

    égyptien, ou pour s’exclamer « espoir ou inquiétude ? »

    Quelle impudence ! C’est un immense espoir qui se réalise et ces experts ne le voient pas, engoncés dans leurs certitudes.

    De grâce, taisez-vous !
    Vous qui êtes de ma génération, accompagner la jeunesse algérienne dans sa contestation du pouvoir algérien et son désir de vivre, est un devoir. Avec humilité, mettons-nous à leur service, mais ne parlons pas à leur place.

    Vous les experts, mettez-vous à l’écoute du monde sans parti pris ni préjugé. Ne pensez pas avec votre nombril, sortez des carcans qui emprisonnent votre réflexion, allez à la rencontre du monde, aujourd’hui à la rencontre des Algériennes et des Algériens qui se battent pour leur dignité et leur liberté. Ou alors, taisez-vous !

    À n’en pas douter, les rêves des Algériennes et des Algériens se réaliseront. Cela mettra du temps peut-être, ce sera douloureux certainement, ils le feront, ils ont commencé à inventer.
    Ouest France

  • #2
    C'est de la dignité

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