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Un parfait coup d’État à l’africaine

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  • Un parfait coup d’État à l’africaine

    liberte algerie

    “Croit-on qu’à 67 ans, je vais commencer une carrière de dictateur ?”, s’écriait en mai 1958 le général De Gaulle que les Algériens ont toutes les raisons de ne pas aimer. Bouteflika, lui, vient de nous apprendre qu’il en va de l’amour du pouvoir comme de l’amour tout court : il n’a pas d’âge. Le voilà donc perpétrer un coup d’État, à l’entame de sa 83e année. Un dernier coup d’État pour la route, devrait-on dire, l’homme étant connu pour avoir inauguré son parcours politique par le putsch contre le GPRA, pour avoir pris une part active dans le renversement de Ben Bella en 1965 et pour avoir violé la Constitution en 2008 pour s’offrir un 3e mandat et s’ouvrir la voie de la Présidence à vie. Depuis ce 11 mars 2019, le compte est bon : l’homme aura fait autant de mandats qu’il a commis de coups d’État !

    Car nous assistons à un coup de force qui présente toutes les caractéristiques politiques, juridiques, diplomatiques et militaires d’un coup d’État à l’africaine. Empêché par une mobilisation populaire sans précédent de se faire réélire à l’algérienne, c’est-à-dire par la fraude, et de se donner un cinquième mandat d’affilée, il décide, unilatéralement et sans consultation aucune, d’annuler le scrutin et, comme si cela devait aller de soi, de prolonger son mandat actuel. Une prolongation qui va non seulement au-delà de la date de péremption légale de sa légitimité supposée, mais dont nul ne connaît la fin. Mieux, Bouteflika a déjà entamé le cinquième mandat en engageant l’installation d’un gouvernement qui aura à exécuter une feuille de route déjà arrêtée de plein droit, par lui-même, par lui seul.

    Lui seul ? Pas tout à fait, à vrai dire. En recevant le chef d’état-major de l’ANP à sa résidence médicalisée de Zéralda, le jour même où il a annoncé sa décision de prolonger son règne sans passer par les urnes, Bouteflika a, de fait, engagé l’Armée algérienne dans ce passage en force. L’image de Bouteflika recevant Gaïd Salah était visiblement destinée à “mouiller” l’Armée. C’est chose faite. Et, jusqu’à preuve du contraire, on peut considérer que le coup d’État est sponsorisé par le commandement de l’ANP.

    Mais, pour un parfait coup d’État à l’africaine, il fallait aussi la touche de Paris. Elle y est : les réactions immédiates et non moins enthousiastes de Jean-Yves Le Drian et d’Emmanuel Macron en attestent. Et le voyage éclair de Ramtane Lamamra dimanche à Paris achève d’en faire la démonstration.

    Mais pour que l’opération soit couronnée de succès, la résignation du peuple et de ses élites est indispensable. Le pari est encore loin d’être gagné.
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