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Djamila Bouhired à la jeunesse algérienne : "Ne les laissez pas voler votre victoire !"

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  • Djamila Bouhired à la jeunesse algérienne : "Ne les laissez pas voler votre victoire !"

    FIL D'ARIANE
    ACCUEIL | POLITIQUE |
    Mercredi 13 mars 2019 - 15:10
    APPEL
    Djamila Bouhired à la jeunesse algérienne : "Ne les laissez pas voler votre victoire !"

    Mes chers enfants et petits enfants.
    Je voudrais d'abord vous dire tout mon bonheur d'être parmi vous, pour reprendre ma place de citoyenne dans ce combat de la dignité, dans une communion fraternelle.
    Je voudrais vous dire toute ma gratitude pour m'avoir permis de vivre la résurrection de l'Algérie combattante, que d'aucuns avaient enterrée trop vite.

    Je voudrais vous dire toute ma joie, toute ma fierté de vous voir reprendre le flambeau de vos ainés. Ils ont libéré l'Algérie de la domination coloniale ; vous êtes en train de rendre aux Algériens leurs libertés et leur fierté spoliées depuis l'indépendance.

    Alors que les Algériens pleuraient leurs chers disparus dans la liesse et la dignité retrouvée, les planqués de l'extérieur avaient déclaré une nouvelle guerre au peuple et à ses libérateurs pour s'installer au pouvoir.


    Au nom d'une légitimité historique usurpée, une coalition hétéroclite formée autour du clan d'Oujda, avec l'armée des frontières encadrée par des officiers de l'armée française, et le soutien des "combattants" du 19 mars, a pris le pays en otage.

    Au nom d'une légitimité historique usurpée, ils ont traqué les survivants du combat libérateur, et pourchassé, exilé, assassiné nos héros qui avaient défié la puissance coloniale avec des moyens dérisoires, armés de leur seul courage et de leur seule détermination.

    Plus d'un demi-siècle après la victoire sur la domination coloniale et l'accession du pays à l'indépendance, le système politique installé par la force en 1962 tente de survivre par la ruse, pour continuer à opprimer les Algériens, détourner nos richesses, et prolonger la tutelle néocoloniale de la France pour bénéficier encore de la protection de ses dirigeants.

    Ceux qui, au nom d'un patriotisme de bazar, exigeaient la "repentance" de la France, ont fini par tomber les masques. Combien de dirigeants, à la retraite ou encore en activité, combien de ministres, combien de hauts fonctionnaires, combien d'officiers supérieurs de l'armée, combien de chefs de partis, se sont repliés sur l'hexagone, leur patrie de rechange, le refuge du fruit de leurs rapines ?

    Dernier signe révélateur de ces liens pervers de domination néocoloniale, le soutien du président français au coup d'Etat programmé de son homologue algérien est une agression contre le peuple algérien, contre ses aspirations à la liberté et à la dignité.

    Au nom de quelle conception bien singulière de la démocratie, au nom de quelles valeurs universelles peut-on voler au secours d'un régime autoritaire, pour prolonger, hors de toute base légale, le pouvoir d'un autocrate, de sa famille, de son clan et de leurs clientèles, massivement rejetés par la volonté du peuple algérien ?

    Dans son long combat libérateur, le peuple algérien ne s'est jamais trompé de cible. Si notre génération a combattu le système colonial, elle a su apprécier à sa juste valeur la solidarité active du peuple français, notamment de son avant-garde progressiste.

    Mes chers enfants et petits enfants.

    Par ce rappel historique, je voudrais attirer votre attention, vous la jeunesse algérienne en lutte, sur les dérives qui menacent votre combat.

    En renouant le fil de l'histoire interrompu en juillet 1962, vous avez repris le flambeau qui va éclairer le chemin de notre beau pays vers son émancipation, dans la dignité retrouvée et dans les libertés à reconquérir. Là où ils se trouvent, je suis convaincue que nos martyrs, qui avaient votre âge lorsqu'ils avaient offert leur vie pour que vive l'Algérie, ont, enfin, retrouvé la paix de l'âme.

    Par votre engagement pacifique qui a désarmé la répression, par votre civisme qui a suscité l'admiration dans le monde, par cette communion fraternelle tapie dans nos cœurs et qui resurgit chaque fois que la patrie est en danger, vous avez ressuscité l'espoir, vous avez réinventé le rêve, vous nous avez permis de croire de nouveau à cette Algérie digne du sacrifice de ses martyrs et des aspirations étouffées de son peuple.

    Une Algérie libre et prospère, délivrée de l'autoritarisme et de la rapine. Une Algérie heureuse dans laquelle tous les citoyens et toutes les citoyennes auront les mêmes droits, les mêmes devoirs et les mêmes chances, et jouiront des mêmes libertés, sans discrimination aucune.

    Après des semaines d'une lutte pacifique, exemplaire dans l'histoire et de par le monde, votre mouvement est à la croisée des chemins ; sans votre vigilance, il risque de sombrer dans le catalogue des révolutions manquées.

    Tapis dans l'anonymat et la clandestinité, des manipulateurs déguisés en militants, des agents-provocateurs en service commandé, des serviteurs zélés du système fraîchement repentis, tentent de détourner votre combat, pour le mener vers une impasse, dans le but de donner un sursis aux usurpateurs et de maintenir le statu quo.

    Des listes de personnalités confectionnées dans des laboratoires occultes circulent depuis quelques jours pour imposer, dans votre dos et contre votre volonté, une direction fantoche à votre mouvement.

    Mes chers enfants et petits enfants.

    En quelques semaines, vous avez révélé au monde, surpris, ce que le peuple algérien avait de plus beau, de plus grand, malgré des décennies d'oppression pour vous imposer le silence.

    Il vous appartient à vous qui luttez dans les universités pour une formation de qualité, dans les entreprises pour imposer vos droits syndicaux, dans les tribunaux pour faire reculer l'arbitraire, dans les hôpitaux pour exiger des soins de qualité pour tous ; il vous appartient à vous les journalistes, qui traquez la vérité pour démasquer le mensonge et la manipulation, et dont certains d’entre vous l’ont payé de leur vie ; il vous appartient à vous les artistes, qui mettez de la lumière dans l'obscurité de notre quotidien, il vous appartient à vous qui résistez contre la déchéance pour imposer de l'éthique ; il vous appartient à vous tous de dessiner votre avenir, et de donner corps à vos rêves.

    Il vous appartient à vous, et à vous seuls qui luttez au quotidien, de désigner vos représentants par des voies démocratiques et dans une totale transparence.

    Notre génération a été trahie ; elle n'a pas su préserver son combat contre le coup de force des opportunistes, des usurpateurs et des maquisards de la 25e heure qui ont pris le pays en otage depuis 1962. Malgré la colère du peuple qui l'a rejeté, leur dernier représentant s'accroche encore au pouvoir, dans l'illégalité, le déshonneur et l'indignité.

    Ne laissez pas ses agents, camouflés dans des habits révolutionnaires, prendre le contrôle de votre mouvement de libération.

    Ne les laissez pas pervertir la noblesse de votre combat.

    Ne les laissez pas voler votre victoire…

    Auteur
    Djamila Bouhired

  • #2
    Une lettre historique

    Elle a bien fait de rappeler les origines de ce clan fantoche qui a gangrené le pays depuis 62, les racines du mal sont tres anciennes il faut les arracher pour ne pas faire vivre a nos enfants les memes péripeties

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    • #3
      Emouvante missive.

      Commentaire


      • #4
        Notre génération a été trahie ; elle n'a pas su préserver son combat contre le coup de force des opportunistes, des usurpateurs et des maquisards de la 25e heure qui ont pris le pays en otage depuis 1962. Malgré la colère du peuple qui l'a rejeté, leur dernier représentant s'accroche encore au pouvoir, dans l'illégalité, le déshonneur et l'indignité.

        Ne laissez pas ses agents, camouflés dans des habits révolutionnaires, prendre le contrôle de votre mouvement de libération.

        Ne les laissez pas pervertir la noblesse de votre combat.

        Ne les laissez pas voler votre victoire…
        J'en ai les larmes aux yeux en lisant ses propos !

        merci notre grande mère Djamila pour tes conseils et ton message plein de sagesse !

        Nous ferons tout pour ne pas rater encore cette occasion pour remettre le flambeau Algérie aux mains de tous les algériens qui lui veulent du bien, à ceux qui la remettent sur le chemin de l'émancipation, de la liberté d'initiative, de la démocratie et de la méritocratie.
        Lorsque vous changez votre manière de voir les choses, les choses que vous voyez changent !

        Ne cédez donc plus à la tentation de victimisation, si vous voulez êtes l’acteur principal de votre vie.

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        • #5
          Bouhired présidente de l'Algérie.

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          • #6
            C'était malheureusement prévu par l'immense Didouche Mourad quand en 1954, il demandait par une correspondance à Boudiaf de revoir sa position concernant Messali El Hadj.

            Didouche Mourad a envoyé une lettre à Boudiaf par l'intermédiaire de Hocine Ben Mili, voir le livre La Casbah, ou il lui dira ceci : “Chaque révolution a son leader et la Révolution algérienne a Messali Hadj, si on le trahit, la Révolution algérienne sera trahie et d'autres qui n'ont jamais rêvé d'indépendance vont cueillir les fruits de l'indépendance.” D'après Hocine Ben Mili, Boudiaf a réfléchi pendant un quart d’heure avant de répondre : “Oui, Messali Hadj est pour la révolution armée, les Centralistes, non, mais moi je vais les devancer tous les deux.”

            La grande Djamila Bouhired fait un appel du cœur, direct, sans ombrage, fidèle à la personne qu'elle a toujours été. Cet appel du cœur est-il aussi un appel de raison? vu les risque qu'encours le pays, je reste très inquiet, et n'ai pas le droit à l'étranger de me positionner sur l'aventure que pourrait advenir de ce pays...
            Othmane BENZAGHOU

            Commentaire


            • #7
              Le phare

              Par sa presence au sein de la marche elle a éclairé la masse et par cette lettre elle témoigne et montre la voie pour une revolution act 2 celle des citoyens.

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              • #8
                Ne laissez pas ses agents, camouflés dans des habits révolutionnaires, prendre le contrôle de votre mouvement de libération.

                Ne les laissez pas pervertir la noblesse de votre combat.

                Ne les laissez pas voler votre victoire…

                Le messe est dire !
                Lorsque vous changez votre manière de voir les choses, les choses que vous voyez changent !

                Ne cédez donc plus à la tentation de victimisation, si vous voulez êtes l’acteur principal de votre vie.

                Commentaire


                • #9
                  Le messe est dire !
                  Qu'est ce qui se passe Pomaria, tu as abandonné Ghediri qui n'avait pas appelé à la rue. La révolution qu'il a ignoré depuis plusieurs semaines devient finalement la voix de la contestation suprême, sauf que ton candidat lui proposait un projet de changement de système dans l'ordre... Serais tu devenu un affizionado de la révolution à n'importe quel prix après avoir défendu la "révolution" ordonnée de Ghediri?
                  Dernière modification par ott, 13 mars 2019, 23h43.
                  Othmane BENZAGHOU

                  Commentaire


                  • #10
                    @OTT
                    Il y a un prix a payer si non le système perdurera.

                    C'est une vraie décolonisation qui est en cours et ce régime est soutenu par l'extérieur.

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                    • #11
                      Par Djamila Bouhired

                      Combien de dirigeants, à la retraite ou encore en activité, combien de ministres, combien de hauts fonctionnaires, combien d'officiers supérieurs de l'armée, combien de chefs de partis, se sont repliés sur l'hexagone, leur patrie de rechange, le refuge du fruit de leurs rapines ?
                      .

                      Que Dieu vous bénisse et vous garde pour cette vérité irréfutable
                      -longue vie , inch Allah
                      A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

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                      • #12
                        Elle a pas mal fait la chita à boutef il y'a quelques années oeilfermé
                        مالي و للناس كم يلحونني سفها
                        ديني لنفسي و دين الناس للناس

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                        • #13
                          @Babeloued

                          Dans les conditions actuelles, le prix est trop élevé et le résultat non garanti, car si ça continue sans proposition, juste pour dire non, l'armée va considérer que c'est elle qui va changer le système. Elle changera tout pour ne rien changer, imposera un Colonel Boumedienne, enfin General Zeroual, enfin maintenant, c'est général major, et la où tu as une possibilité aujourd'hui d'imposer par la politique et ses instruments un changement négocié, demain ce sera une réelle pièce de théâtre et on te demandera de ne plus t'occuper de choses qui te dépassent.

                          La seule réelle alternative, et de continuer à manifester pour imposer une feuille de route Claire. Dans le vague, il y a trop d'inconnu pour que quiconque ne bouge et restera les belles image, les belles paroles et ses yeux pour pleurer, car ce sera encore une occasion de ratée. Si dans le processus politique actuel, le peuple n'est pas satisfait du résultat, il suffira de sanctionner démocratiquement son issue, le temps de reelement prendre conscience et structurer un projet alternatif.

                          Une armée aussi moderne, populaire et démocratique soit-elle, n'acceptera jamais l'anarchie, car c'est génétiquement anti-nomique...
                          Dernière modification par ott, 14 mars 2019, 07h36.
                          Othmane BENZAGHOU

                          Commentaire


                          • #14
                            Nowornever,
                            tu te trompe de personne. Elle aurait pu accepter un poste de ministre ou député ou ... Elle a même eu du mal à se faire soigner à l'étranger comme boutef et les 40 voleurs... !

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                            • #15
                              La modestie légendaire de Djamila Bouhired fait d'elle une dame à forte personnalité et d'un courage qu'on ne décrit plus
                              Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre.
                              (Paul Eluard)

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