Pr. Seddik Larkeche
Expert international en gestion stratégique des risques
L’Algérie est aujourd’hui a la croisée des chemins, le 1er mars 2019 à été le basculement d’une société qui s’élevait massivement contre la prolongation d’un régime qui souhaitait perdurer après vingt années de règne absolu.
I/ LA FIN D’UN CYCLE OU LA SINGULARITE ALGERIENNE
Les algériens toutes catégories confondues se sont réveillés massivement d’un lourd silence qui perdurait depuis près de 30 ans, encaissant les humiliations successives avec la peur de revivre la décennie noire qui a généré plus de 150 000 morts. La mémoire collective algérienne fracturée au début des années 90 et meurtrie comme jamais subissait, la première dans le monde arabe, les foudres de l’instrumentalisation de l’islam où certains pays occidentaux (Usa, France, Angleterre) jouait au pompier pyromane sur cette question. Officiellement en le combattant et officieusement en l’entretenant comme des apprentis sorciers qui favorisait le radicalisme religieux pour créer le chaos et ensuite détruire des Etats nations.
L’Algérie a toujours suscité la convoitise à cause de sa richesse, son étendue et sa position stratégique au cœur de la méditerranée.
L’Algérie aurait pu sombrer dans les ténèbres au même titre que la Syrie, la Lybie ou l’Irak. Elle a su échapper au chaos qu’on tentait de lui imposer car le peuple a eu le ressort suffisant, surement grâce son passé historique qui lui donnait des repères, pour encaisser les foudres en attendant un renouveau.
II/ ENJEUX ET STRATEGIES D’UN POUVOIR SULTANESQUE
L’échec du Président Bouteflika, malgré quelques réalisations, est de n’avoir pas su consolider et faire décoller l’Algérie tant sur le plan politique qu’économique. Nous ne pouvons pas comprendre le pouvoir actuel, fruit d’un long processus historique, sans une analyse profonde des acteurs en présence, du pouvoir décisionnel et des stratégies déployées sur le plan national et international par un président invisible depuis près de six années. Ce régime a centralisé tous les pouvoirs, transgressant d’une manière continue les fondements de la république algérienne, en allouant d’une manière discrétionnaire une allocation de ressources à des acteurs choisis, souvent d’une manière arbitraire, sous une forme de tribalisme où le régionalisme est omniprésent. Sur le plan international, un savant dosage est opéré pour maintenir le statu quo et la nature d’un régime autocratique soutenu par certaines puissances. Qui sont ces acteurs nationaux et internationaux ?
Les acteurs principaux sur le plan national peuvent être catégorisées en trois groupes, le premier acteur sur lequel repose cette gouvernance est cette puissante bourgeoisie industrielle et commerçante scindée en deux groupes, la première la plus riche, est celle qui est souvent apparenté au régime et qui tire sa légitimité en bénéficiant de nombreux avantages issus de l’économie de rente, crédit bancaires bonifiés, avantages fiscaux, licences d’exploitations et d’importations et l’exclusivité de pans entiers de l’économie algérienne. Cet acteur est prêt a tout pour soutenir le régime qui lui réserve des marchés très juteux où les malversations les plus diverses sont opérées pour maximiser les profits. Face à cet acteur, une autre composante économique, souvent composée de petits et grands industriels en disgrâce avec le pouvoir, tente d’exister d’une manière plus transparente. Ces entrepreneurs peinent à se développer en raison des freins orchestrés par leurs concurrents avec la complicité souvent d’acteurs issus de la bourgeoisie technocratique, deuxième acteur le plus influent en Algérie. Ces jeux d’acteurs entraînent un climat des affaires en Algérie qui se détériore continuellement. L’Algérie est sanctionnée par le rapport de la banque mondiale qui l’a rétrograde de 10 points en 2017, la plaçant au 166ème rang sur 190 pays. Un piètre résultat qui, malgré quelques avancées, confirme le bilan négatif de cette gouvernance.
Le second acteur, pilier de la stratégie de ce régime, est une bourgeoisie technocratique, composée des hauts cadres de l’administration algérienne et des forces de justice et de sécurité. Elle dispose d’un véritable pouvoir, celui d’allouer d’une manière opaque une allocation de ressources avec une capacité de nuisance dans l’action des acteurs pouvant gêner le régime et ses relais dans la société.
La gouvernance actuelle l’a bien compris. Depuis 1999, elle attribue à ces deux acteurs principaux une part non négligeable de la rente, en particulier par leur introduction dans la juteuse filière des importations. Mais aussi par l’accélération de nominations de complaisance et de promotions accélérées, dans toutes les sphères de la l’administration et des services de sécurité, pour une clientèle fidèle au régime. Les partisans les plus farouches au 5ème mandat sont principalement dans cette catégorie. Ce sont les deux premiers acteurs qui bénéficient principalement de la rente et du système en place.
Le régime aguerri a aussi, ces dernières années, tenter d’acheter artificiellement une paix sociale en allouant massivement des logements gratuits aux masses populaires et des crédits de micro entreprises au jeunes. Ces subventions ont été élargies récemment à la diaspora espérant neutraliser les forces vives de la nation qui risquaient de remettre en cause un pouvoir sultanesque. Cette redistribution artificielle n’a pas suffit pour faire taire les masses et faire perdurer ce régime autocratique. Les masses populaires, et en particulier les jeunes, ont réagi massivement en exprimant un besoin d’un renouveau bien sur économique, leur permettant d’exister dans la société algérienne, mais aussi politique face à un pouvoir décalé des enjeux de l’Algérie qui a fait semblant de ne pas entendre l’exaspération des masses.
A la question de savoir qui détient aujourd’hui le pouvoir en Algérie face à un Président très diminué, qui ne s’est plus adressé à son peuple depuis plus de 6 ans. La réponse doit être prudente car la réalité algérienne, opaque, nous impose une approche complexe de la nature de ce pouvoir. Invisible et transversal, ce pouvoir est loin de l’idée répandu d’un unique clan présidentiel composé de fidèles du président (Présidence, armée, Sécurité intérieure) qui décident à sa place. Cette réponse est partiellement vraie mais elle ne révèle pas la complexité algérienne aussi structurée entre des acteurs qui se confondent et se confrontent dans une forme d’équilibre où chacun trouve son intérêt où les liens familiaux sont très forts.
L’arbitre de ces jeux de pouvoir a toujours été en dernier ressort le Président Bouteflika qui a maintenu dans l’exercice de sa gouvernance l’équilibre des jeux d’acteurs. Depuis que son état de santé s’est dégradé véritablement en 2013, c’est a dire depuis qu’il ne peut plus parler à son peuple, pour ses détracteurs les plus virulents, il semble avoir établi une feuille de route avec un impératif principal, le maintenir Président jusqu’à sa mort coûte que coûte. La deuxième hypothèse souvent émise est d’être l’otage d’un clan, incapable de gouverner et le dédouanant de toute responsabilité. La réalité semble ailleurs. Le Président Bouteflika a su dans un jeux complexe et habile faire le vide autour de lui, imposant son pouvoir quasi absolu depuis le début de sa gouvernance en 1999. Par contre, il semble avoir donné l’instruction de préserver le fragile équilibre général en allouant d’abord la gestion de son pouvoir aux membres de sa famille, principalement ses deux frères soutenus par un groupe restreint à la Présidence composé des principaux centre de pouvoir (armée, sécurité intérieure, chef du gouvernement).
Le Président Bouteflika aurait pu sortir par la grande porte en renonçant au pouvoir un peu comme Nelson Mandela qui après avoir accédé au stade suprême du pouvoir l’avait remis à son peuple en se tenant à sa disposition. Le Président Bouteflika ne l’a pas fait et les acteurs qui lui font allégeance n’ont pas eu le courage et l’intelligence de l’en dissuader.
Ce modèle de gouvernance est aujourd’hui obsolète. Il a fonctionné durant près de vingt années pour plusieurs raisons. D’abord parce que la rente des hydrocarbures, favorisée depuis son accession au pouvoir en 1999, n’a fait que progresser pour atteindre en 2008 un prix de 140 dollars le baril de pétrole. Cette envolée des cours a permis à un grand nombre de ses soutiens de bénéficier des avantages de cette rente énergétique. Ensuite, parce que les algériens étaient abasourdis par la décennie noire, période ou les pires atrocités ont été commises y compris avec l’assassinat du Président Boudiaf, éliminé parce qu’il commençait à s’attaquer aux barons du régime.
Aujourd’hui, ce système ne peut plus tenir car fondé sur une caste dont les excès continues ne sont qu’offenses et humiliations. Les premières victimes sont les masses populaires où les jeunes sont majoritaires, situation illustrée par un chômage endémique avec près de 3 millions de personnes, soit 20% de la population active.
L’arrivée de plans de rigueurs due à la chute drastique des cours des hydrocarbures, principale ressource algérienne, révèle au grand jour les dysfonctionnement structurel d’un système qui repose, en grande partie, sur le clientélisme et la corruption.
III/ LE MONDE FACE AU RISQUE ALGERIE
La situation de l’Algérie est aujourd’hui au centre des regards du monde. Agréablement surpris par l’élan soudain démocratique et pacifique de ce peuple qui s’est uni sans tutelle politique pour dire STOP à ce régime autocratique.
Sur le plan international, il est certain que des pays, comme les deux premières puissances mondiales, vont jouer un rôle déterminant tout en souhaitant maintenir les relations stratégiques avec l’Algérie, les Américains le secteur des hydrocarbures les Russes celui de l’armement. L’objectif pour ces puissances est d’accompagner discrètement le soulèvement populaire en transmettant quelques signaux favorables à la transition démocratique. L’administration américaine a réagi positivement en soutenant le peuple algérien dans sa démarche de revendication pacifique. L’Union européenne a fait de même en soutenant les manifestations. L’acteur international le plus décisif dans ce moment est surement l’ex puissance coloniale c’est à dire la France qui a ses relais en Algérie pour maintenir une influence historique.
Le positionnement ambigu de la France
La position officielle française peut être résumée de la sorte : ni ingérence ni indifférence. En réalité un langage diplomatique pour ne pas s’impliquer et tenter de préserver les intérêts français en Algérie en particulier un statu quo historique qui permet à la France d’avoir une position dominante dans ce pays depuis plus de 60 années. La France aurait pu avoir la même attitude qu’au Venezuela ou ailleurs en s’impliquant d’avantage pour une véritable transition démocratique. Or, il n’en est rien. comme lors de la révolution tunisienne, la France préfère soutenir les régimes autocratiques en place par peur de perdre une influence. L’Algérie n’est pas la Tunisie et les enjeux sont plus beaucoup conséquents en raison du contentieux historique qui lie les deux pays. Avec cette position fébrile, le risque pour la France dans le futur est de se confronter à un nouveau régime en Algérie qui risque de l’interpeller d’une manière plus frontale sur tous les dossiers sensibles.
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Expert international en gestion stratégique des risques
L’Algérie est aujourd’hui a la croisée des chemins, le 1er mars 2019 à été le basculement d’une société qui s’élevait massivement contre la prolongation d’un régime qui souhaitait perdurer après vingt années de règne absolu.
I/ LA FIN D’UN CYCLE OU LA SINGULARITE ALGERIENNE
Les algériens toutes catégories confondues se sont réveillés massivement d’un lourd silence qui perdurait depuis près de 30 ans, encaissant les humiliations successives avec la peur de revivre la décennie noire qui a généré plus de 150 000 morts. La mémoire collective algérienne fracturée au début des années 90 et meurtrie comme jamais subissait, la première dans le monde arabe, les foudres de l’instrumentalisation de l’islam où certains pays occidentaux (Usa, France, Angleterre) jouait au pompier pyromane sur cette question. Officiellement en le combattant et officieusement en l’entretenant comme des apprentis sorciers qui favorisait le radicalisme religieux pour créer le chaos et ensuite détruire des Etats nations.
L’Algérie a toujours suscité la convoitise à cause de sa richesse, son étendue et sa position stratégique au cœur de la méditerranée.
L’Algérie aurait pu sombrer dans les ténèbres au même titre que la Syrie, la Lybie ou l’Irak. Elle a su échapper au chaos qu’on tentait de lui imposer car le peuple a eu le ressort suffisant, surement grâce son passé historique qui lui donnait des repères, pour encaisser les foudres en attendant un renouveau.
II/ ENJEUX ET STRATEGIES D’UN POUVOIR SULTANESQUE
L’échec du Président Bouteflika, malgré quelques réalisations, est de n’avoir pas su consolider et faire décoller l’Algérie tant sur le plan politique qu’économique. Nous ne pouvons pas comprendre le pouvoir actuel, fruit d’un long processus historique, sans une analyse profonde des acteurs en présence, du pouvoir décisionnel et des stratégies déployées sur le plan national et international par un président invisible depuis près de six années. Ce régime a centralisé tous les pouvoirs, transgressant d’une manière continue les fondements de la république algérienne, en allouant d’une manière discrétionnaire une allocation de ressources à des acteurs choisis, souvent d’une manière arbitraire, sous une forme de tribalisme où le régionalisme est omniprésent. Sur le plan international, un savant dosage est opéré pour maintenir le statu quo et la nature d’un régime autocratique soutenu par certaines puissances. Qui sont ces acteurs nationaux et internationaux ?
Les acteurs principaux sur le plan national peuvent être catégorisées en trois groupes, le premier acteur sur lequel repose cette gouvernance est cette puissante bourgeoisie industrielle et commerçante scindée en deux groupes, la première la plus riche, est celle qui est souvent apparenté au régime et qui tire sa légitimité en bénéficiant de nombreux avantages issus de l’économie de rente, crédit bancaires bonifiés, avantages fiscaux, licences d’exploitations et d’importations et l’exclusivité de pans entiers de l’économie algérienne. Cet acteur est prêt a tout pour soutenir le régime qui lui réserve des marchés très juteux où les malversations les plus diverses sont opérées pour maximiser les profits. Face à cet acteur, une autre composante économique, souvent composée de petits et grands industriels en disgrâce avec le pouvoir, tente d’exister d’une manière plus transparente. Ces entrepreneurs peinent à se développer en raison des freins orchestrés par leurs concurrents avec la complicité souvent d’acteurs issus de la bourgeoisie technocratique, deuxième acteur le plus influent en Algérie. Ces jeux d’acteurs entraînent un climat des affaires en Algérie qui se détériore continuellement. L’Algérie est sanctionnée par le rapport de la banque mondiale qui l’a rétrograde de 10 points en 2017, la plaçant au 166ème rang sur 190 pays. Un piètre résultat qui, malgré quelques avancées, confirme le bilan négatif de cette gouvernance.
Le second acteur, pilier de la stratégie de ce régime, est une bourgeoisie technocratique, composée des hauts cadres de l’administration algérienne et des forces de justice et de sécurité. Elle dispose d’un véritable pouvoir, celui d’allouer d’une manière opaque une allocation de ressources avec une capacité de nuisance dans l’action des acteurs pouvant gêner le régime et ses relais dans la société.
La gouvernance actuelle l’a bien compris. Depuis 1999, elle attribue à ces deux acteurs principaux une part non négligeable de la rente, en particulier par leur introduction dans la juteuse filière des importations. Mais aussi par l’accélération de nominations de complaisance et de promotions accélérées, dans toutes les sphères de la l’administration et des services de sécurité, pour une clientèle fidèle au régime. Les partisans les plus farouches au 5ème mandat sont principalement dans cette catégorie. Ce sont les deux premiers acteurs qui bénéficient principalement de la rente et du système en place.
Le régime aguerri a aussi, ces dernières années, tenter d’acheter artificiellement une paix sociale en allouant massivement des logements gratuits aux masses populaires et des crédits de micro entreprises au jeunes. Ces subventions ont été élargies récemment à la diaspora espérant neutraliser les forces vives de la nation qui risquaient de remettre en cause un pouvoir sultanesque. Cette redistribution artificielle n’a pas suffit pour faire taire les masses et faire perdurer ce régime autocratique. Les masses populaires, et en particulier les jeunes, ont réagi massivement en exprimant un besoin d’un renouveau bien sur économique, leur permettant d’exister dans la société algérienne, mais aussi politique face à un pouvoir décalé des enjeux de l’Algérie qui a fait semblant de ne pas entendre l’exaspération des masses.
A la question de savoir qui détient aujourd’hui le pouvoir en Algérie face à un Président très diminué, qui ne s’est plus adressé à son peuple depuis plus de 6 ans. La réponse doit être prudente car la réalité algérienne, opaque, nous impose une approche complexe de la nature de ce pouvoir. Invisible et transversal, ce pouvoir est loin de l’idée répandu d’un unique clan présidentiel composé de fidèles du président (Présidence, armée, Sécurité intérieure) qui décident à sa place. Cette réponse est partiellement vraie mais elle ne révèle pas la complexité algérienne aussi structurée entre des acteurs qui se confondent et se confrontent dans une forme d’équilibre où chacun trouve son intérêt où les liens familiaux sont très forts.
L’arbitre de ces jeux de pouvoir a toujours été en dernier ressort le Président Bouteflika qui a maintenu dans l’exercice de sa gouvernance l’équilibre des jeux d’acteurs. Depuis que son état de santé s’est dégradé véritablement en 2013, c’est a dire depuis qu’il ne peut plus parler à son peuple, pour ses détracteurs les plus virulents, il semble avoir établi une feuille de route avec un impératif principal, le maintenir Président jusqu’à sa mort coûte que coûte. La deuxième hypothèse souvent émise est d’être l’otage d’un clan, incapable de gouverner et le dédouanant de toute responsabilité. La réalité semble ailleurs. Le Président Bouteflika a su dans un jeux complexe et habile faire le vide autour de lui, imposant son pouvoir quasi absolu depuis le début de sa gouvernance en 1999. Par contre, il semble avoir donné l’instruction de préserver le fragile équilibre général en allouant d’abord la gestion de son pouvoir aux membres de sa famille, principalement ses deux frères soutenus par un groupe restreint à la Présidence composé des principaux centre de pouvoir (armée, sécurité intérieure, chef du gouvernement).
Le Président Bouteflika aurait pu sortir par la grande porte en renonçant au pouvoir un peu comme Nelson Mandela qui après avoir accédé au stade suprême du pouvoir l’avait remis à son peuple en se tenant à sa disposition. Le Président Bouteflika ne l’a pas fait et les acteurs qui lui font allégeance n’ont pas eu le courage et l’intelligence de l’en dissuader.
Ce modèle de gouvernance est aujourd’hui obsolète. Il a fonctionné durant près de vingt années pour plusieurs raisons. D’abord parce que la rente des hydrocarbures, favorisée depuis son accession au pouvoir en 1999, n’a fait que progresser pour atteindre en 2008 un prix de 140 dollars le baril de pétrole. Cette envolée des cours a permis à un grand nombre de ses soutiens de bénéficier des avantages de cette rente énergétique. Ensuite, parce que les algériens étaient abasourdis par la décennie noire, période ou les pires atrocités ont été commises y compris avec l’assassinat du Président Boudiaf, éliminé parce qu’il commençait à s’attaquer aux barons du régime.
Aujourd’hui, ce système ne peut plus tenir car fondé sur une caste dont les excès continues ne sont qu’offenses et humiliations. Les premières victimes sont les masses populaires où les jeunes sont majoritaires, situation illustrée par un chômage endémique avec près de 3 millions de personnes, soit 20% de la population active.
L’arrivée de plans de rigueurs due à la chute drastique des cours des hydrocarbures, principale ressource algérienne, révèle au grand jour les dysfonctionnement structurel d’un système qui repose, en grande partie, sur le clientélisme et la corruption.
III/ LE MONDE FACE AU RISQUE ALGERIE
La situation de l’Algérie est aujourd’hui au centre des regards du monde. Agréablement surpris par l’élan soudain démocratique et pacifique de ce peuple qui s’est uni sans tutelle politique pour dire STOP à ce régime autocratique.
Sur le plan international, il est certain que des pays, comme les deux premières puissances mondiales, vont jouer un rôle déterminant tout en souhaitant maintenir les relations stratégiques avec l’Algérie, les Américains le secteur des hydrocarbures les Russes celui de l’armement. L’objectif pour ces puissances est d’accompagner discrètement le soulèvement populaire en transmettant quelques signaux favorables à la transition démocratique. L’administration américaine a réagi positivement en soutenant le peuple algérien dans sa démarche de revendication pacifique. L’Union européenne a fait de même en soutenant les manifestations. L’acteur international le plus décisif dans ce moment est surement l’ex puissance coloniale c’est à dire la France qui a ses relais en Algérie pour maintenir une influence historique.
Le positionnement ambigu de la France
La position officielle française peut être résumée de la sorte : ni ingérence ni indifférence. En réalité un langage diplomatique pour ne pas s’impliquer et tenter de préserver les intérêts français en Algérie en particulier un statu quo historique qui permet à la France d’avoir une position dominante dans ce pays depuis plus de 60 années. La France aurait pu avoir la même attitude qu’au Venezuela ou ailleurs en s’impliquant d’avantage pour une véritable transition démocratique. Or, il n’en est rien. comme lors de la révolution tunisienne, la France préfère soutenir les régimes autocratiques en place par peur de perdre une influence. L’Algérie n’est pas la Tunisie et les enjeux sont plus beaucoup conséquents en raison du contentieux historique qui lie les deux pays. Avec cette position fébrile, le risque pour la France dans le futur est de se confronter à un nouveau régime en Algérie qui risque de l’interpeller d’une manière plus frontale sur tous les dossiers sensibles.
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