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« Plateforme pour le changement » : Une démarche politique, des interrogations et bavure révisionniste

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  • « Plateforme pour le changement » : Une démarche politique, des interrogations et bavure révisionniste

    reporters.dz



    Lancée vendredi dernier pour recueillir des adhésions et des signataires, l’initiative de la «plateforme pour le changement en Algérie» suscite plutôt des interrogations dans une conjoncture politique nationale pleine d’incertitudes, marquée surtout par l’irruption d’un mouvement populaire revendiquant un changement du système en place.

    Ce n’est pas le contenu de l’initiative qui pose problème, mais plutôt les noms de quelques figures signataires dont le passé est manifestement en parfaite opposition avec les aspirations des manifestants. Si l’opinion algérienne peut saluer la présence de noms associés au combat démocratique tels que Mustapha Bouchachi et autres Karim Tabbou et Mohcine Belabbas, dans une initiative de changement de pouvoir en Algérie, ce n’est pas le cas quand il s’agit d’acteurs politiques dont la seule évocation renvoie aux années sombres de l’histoire récente de l’Algérie.
    Des figures et des noms de l’ex-Front islamique du salut (dissout) qui semblent vouloir se frayer une place dans un mouvement populaire aux antipodes de leur projet de société et de l’idée qu’ils se font de la pratique politique.
    Les réactions de désapprobation et d’étonnement ont ainsi fusé sur la Toile sitôt l’initiative partagée. «La participation de Mourad Dhina, sinistre personnage, ayant avalisé les massacres du GIA et probablement plus, à cette coordination, vient porter un sérieux coup à la crédibilité d’une telle initiative», écrit un facebooker, qui s’interroge comment son nom est associé à celui des Bouchachi, Zoubida Assoul, Samir Bouakouir, Karim Tabbou … «Je ne suis pas pour l’exclusion. Aucunement. Mais de là à s’asseoir autour d’une table avec un pseudo-intellectuel ayant exprimé, cyniquement, son soutien aux attentats terroristes des GIA, en usant de rapports de causalité aussi bien simplistes que triviaux, pour justifier ses positions, il y a un pas qui nous sépare de l’infamie», tranche le même facebooker. Un autre internaute a évoqué le coup de massue que peut porter une telle intrusion sur le mouvement populaire en cours aux quatre coins du pays. «Si on permet à celui qui est derrière l’assassinat de Djaout, Asselah et bien d’autres de revenir et de signer, je mets une croix sur cette révolution», tranche-t-il. La plate-forme est présentée par ses initiateurs comme «le fruit d’un débat de plusieurs semaines et de réunions entre de jeunes Algériens, hommes et femmes des villes et des villages du pays, préoccupés au premier plan de l’avenir de l’Algérie indissociablement lié à leur propre avenir». Les signataires de cette plateforme, où figurent Zoubida Assoul, Mourad Dhina, Kamel Guemazi Abdelghani Badi, Mohcine Belabbas, Ali Benouari, Samir Bouakouir, Karim Tabbou et Mustapha Bouchachi, soulignent qu’ils ne revendiquent «ni la paternité ni un rôle privilégié dans la coordination nationale pour le changement». Sauf que l’initiative manifestement bancale ne peut guère prétendre à quoi que ce soit, dès lors qu’elle est entourée de plusieurs zones d’ombre dès son lancement même, ce qui a contraint un des signataires, Samir Bouakouir, à apporter des éclaircissements en lien avec la plateforme. «Il ne s’agit en aucune manière d’une alliance ou d’un quelconque regroupement politique. A aucun moment, je n’ai participé à une réunion ou un conclave», a précisé l’ancien chargé de la communication du Front des forces socialistes (FFS), aujourd’hui sans appartenance politique. Relevant que «les initiateurs ont sollicité les personnalités séparément et «seule la liste des premiers signataires a été publiée sur la page CNC-DZ»,
    M. Bouakouir a expliqué que son appui à la démarche «est en rapport exclusivement avec le contenu du texte» et qu’il n’a pris «connaissance de certains signataires qu’une fois la plateforme publiée sur la page CNC-DZ». Mohcine Belabbas du RCD, interrogé sur l’association de son nom à ceux d’anciens du parti islamiste, dit refuser la politique de l’exclusion. «Je ne suis pas un enfant du système qui fait de l’exclusion une démarche politique. On m’a envoyé un document de sortie de crise.
    Je l’ai lu et je l’ai trouvé conforme dans son contenu avec la vision de sortie de crise du RCD. Donc, je l’ai signé comme citoyen sans chercher à savoir les personnes qui seraient pour et celles qui seraient contre», a-t-il justifié.
    La bronca
    des internautes
    La présence des noms d’anciens militants du FIS-dissous dans le document n’a pas laissé indifférents des internautes qui ont vite réagi à l’initiative assimilée à une «faute grave». Pour eux, tenter par ruse ou par inadvertance d’imposer une feuille de route, c’est se rendre complice d’une fragilisation d’un mouvement populaire qui suscite l’admiration. Aux côtés de ces figures connues, du moins pour leur tendance démocrate, deux autres signataires suscitent du recul et des interrogations. Il s’agit de Mourad Dhina et de Kamel Guemazi. Deux anciens activistes du parti dissous, mais qui ont continué à activer dans la clandestinité. Si Mourad Dhina s’est réfugié en Europe depuis, Kamel Guemazi est resté en rade de l’activité politique publique, mais sans pour autant prendre ses distances des anciens extrémistes de l’ex-FIS.
    La polémique suscitée par cette initiative ne cesse d’enfler, du moins sur les réseaux sociaux. Les personnes qui ont signé ont été brocardées sur les réseaux sociaux. Elles sont accusées, entre autres, de vouloir réhabiliter un courant disqualifié par l’histoire et par le peuple. Ne trouvant pas d’arguments pour justifier ce faux pas, certains de ces signataires considèrent que c’est le contenu qui est «intéressant» et qui a suscité leur adhésion. On évoque également un démenti de Mustapha Bouchachi qui aurait «nié» avoir signé un quelconque document avec ces deux activistes islamistes. Nul doute que ce qui a été qualifié de «faute grave» par les internautes, ne peut être considéré différemment par la rue.
    Certains estiment qu’à trop vouloir se donner un rôle de premier plan dans un mouvement si intense et soutenu, comme celui que vit le pays depuis près d’un mois, c’est jouer aux trouble-fêtes dans une période où même les pouvoirs publics saluent le degré de conscience et de maturité politiques d’un soulèvement qui se veut moderniste d’essence et d’objectifs.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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