Les marches populaires à travers toutes les wilayas ont continué de manière pacifique et souvent dans la bonne humeur, accompagnées par un encadrement des forces de l’ordre, dont on ne peut que souligner le grand professionnalisme. Jusque-là, le comportement des manifestants est exemplaire, même si parfois on a pu relever des actes de violence isolés. À l’évidence, une telle mobilisation avec une telle densité et une telle ampleur, qui n’a pas été l’œuvre de formations politiques ou syndicales structurées, et donc qui ne possède pas de leaders connus ou reconnus, est l’objet de maintes tentatives de récupération. Cela va de soi, la nature ayant horreur du vide, il devient clair que ce mouvement inédit, citoyen et rassembleur, qui a déjà obtenu des résultats probants, peine à se structurer ; et la question que se posent les observateurs de la scène politique, c’est en fait moins cette improbable structuration, que la traduction de ses slogans en actes politiques. La première réponse immédiate est venue du Président de la République, qui a, non seulement reporté l’élection présidentielle, mais a également renoncé à s’y porter candidat, en évoquant son âge et sa santé, tout en proposant un plan de travail en sept points qui suppose une période transitoire avant la tenue de la prochaine élection présidentielle. Bien que ce plan attribue la conduite de cette transition à une conférence nationale indépendante et inclusive, ainsi qu’un gouvernement de compétences nationales, ceux qui s’opposent à une telle alternative n’y voient qu’une «autre manière de prolonger le quatrième mandat». Il faudra beaucoup de persévérance et de détermination, et un grand effort de communication, notamment de la part du nouveau Premier ministre et du vice-Premier ministre, pour convaincre les hésitants et former un nouveau gouvernement. Ceci au moment où les grandes formations politiques de la majorité, ainsi que les organisations syndicales et patronales, qui ont toujours soutenu le programme du Chef de l’État et soutiennent toujours sa feuille de route pour une transition démocratique, sont traversées par des logiques pour le moins incohérentes, puisqu’on assiste à des sortes de tiraillements où des personnalités essaient de se repositionner aujourd’hui à la lumière du mouvement populaire. Ceci au moment où le vice-ministre, ministre des Affaires étrangères parcourt les capitales européennes en vue de rassurer nos partenaires. Or, pour se sortir de la situation délicate que nous vivons et d’éviter au pays un quelconque dérapage et chasser les incertitudes, il n’y a pas de solution miracle : il n’y a que le dialogue inclusif et constructif entre Algériennes et Algériens, sans interférence étrangère d’aucune sorte, et l’État est disposé à l’organiser, afin que les aspirations populaires soient satisfaites le plus tôt possible, dans la sérénité, l’unité et la stabilité.
EL MOUDJAHID
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