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A Alger, la soif de formation politique des étudiants

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  • A Alger, la soif de formation politique des étudiants

    Par le passé, cela était effectivement le cas par la faute du régime (" Nous n’avons pas de culture politique), mais certainement pas le cas actuellement.En tout cas, la jeunesse algérienne démontre le contraire.


    - Des collectifs d’enseignants improvisent des cours d’instruction civique au profit d’étudiants avides de mieux saisir les enjeux de la protestation.

    « Nous n’avons pas de culture politique. On doit apprendre les bases, puisque s’opposer au gouvernement, finalement, c’est faire de la politique. » Hamid*, 25 ans, étudiant en traduction, a assisté à une conférence particulière le 18 mars. A ses côtés, une soixantaine de personnes ont pris place face à Fatiha Bennabou, imperméable beige et cheveux courts. Enseignante à l’université de droit, Mme Bennabou est spécialiste de la Constitution. L’assistance, composée d’étudiants et d’autres enseignants, cahiers ouverts devant eux, prennent des notes. La conférencière du jour a répondu à l’invitation de collègues dans le cadre d’une semaine de mobilisation au sein de l’université de Bouzareah, située dans la banlieue d’Alger. Elle évoque le fonctionnement de la loi fondamentale, ses subtilités, ses révisions successives.

    Administrativement, les étudiants comme les enseignants sont en congé. Le ministère de l’enseignement supérieur avait annoncé soudainement, le 9 mars, que les vacances universitaires, censées débuter le 20 mars, étaient avancées de dix jours et que leur durée était doublée. Convaincus qu’il s’agissait d’une stratégie des autorités visant à affaiblir le mouvement de protestation contre le cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, tous ont alors décidé « d’occuper » l’université.

    « J’ai appris beaucoup de choses »

    Au-delà des assemblées générales et du choix de représentants où les syndicats, jugés trop proches des autorités, n’ont plus leur mot à dire, les étudiants algériens ont opté pour une formation civique, une sorte de pédagogie militante. « Je n’ai jamais eu d’informations sur les lois ou le système politique, explique Hamid. Je voulais comprendre si l’article 102 de la Constitution [relatif à l’empêchement du président] peut nous servir à quelque chose. J’ai appris beaucoup de choses. J’aurais aimé que l’on invite aussi des sociologues, des anthropologues, des personnes capables de nous parler de l’histoire politique. »

    Mercredi 20 mars, au lendemain d’une manifestation étudiante, dans l’amphithéâtre de l’université, les artistes ont remplacé les scientifiques. Un drapeau a été accroché sur le tableau vert foncé. Sur l’estrade, une sono a été installée et un étudiant récite un poème en anglais. Kamel Abdat, enseignant, mais aussi comique connu de la télévision, enchaîne avec un sketch, avant qu’Amine Chibane et Amel Zen, deux chanteurs vedettes, ne viennent interpréter une composition écrite pendant le mouvement, El Lioum El Chaab (« Aujourd’hui le peuple »). Hamid apprécie : « Cette journée nous a permis d’oublier un peu la pression. Ça redonne aussi de la motivation pour continuer. Cette semaine, on s’est senti utile. Nous sommes de plus en plus organisés. »

    Le Monde.fr
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