KAMEL MEDJEDOUB - EL WATAN
Si l’on veut satisfaire les revendications du mouvement populaire qui exige le dégagement du système, cela ne saurait se faire par les dispositions de la Constitution.
Beaucoup l’ont signifié et Djamel Zenati l’a réaffirmé hier lors d’une conférence-débat organisée à l’université de Béjaïa, à l’invitation des étudiants. «Il n’y a aucune solution dans la Constitution, si on veut se débarrasser du système», a-t-il soutenu, considérant que l’article 102 opère un «recul» par rapport à la feuille de route de Bouteflika, avec ses propositions, dont celle d’une conférence nationale inclusive.
La continuité de l’intrusion de l’institution militaire dans le champ politique s’est faite par la demande d’Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée, d’appliquer cet article 102.
Un Gaïd Salah qui «découvre subitement que la Constitution existe». «Ils ont imposé l’article 102 comme unique solution et décidé qu’elle est accueillie favorablement par la population.
Et certains médias s’efforcent même à donner de Gaïd Salah l’image d’un sauveur», constate Zenati, qui prévient qu’«il y a en ce moment les prémisses du retour des militaires en politique». «Mais l’ont-ils vraiment quitté ?» rectifie-t-il.
Djamel Zenati ne fait pas de concession lorsqu’il doit mettre des mots sur la réalité. «Il y a une dictature militaire qui se met en place», assène-t-il, alertant sur le risque du déplacement du conflit pour opposer le peuple et l’institution militaire, et revendiquant de séparer le militaire du politique.
Il met en garde aussi sur l’existence d’«une volonté flagrante de pervertir la problématique» en réduisant la revendication du peuple à l’effacement d’un groupe de noms, ce qui s’est traduit avec le débarquement de Bouteflika et son remplacement annoncé par Bensalah, et l’arrestation de quelques personnalités symboles du régime «sans enquête», fait remarquer le conférencier.
Il n’échappe pas à Zenati que le changement de personnes au sein du même système, que l’on présente comme la solution, s’assimile au jeu de chaises musicales. «La seule solution, défend-il, est un processus constituant» qui ne pourra se satisfaire de trois ou six mois. Djamel Zenati propose l’échéance de fin 2020, soit un processus transitionnel qui prendra à peu près une année et demie. «Une élection en trois mois est un piège», avise-t-il.
Il s’agit, pour le présent, de faire passer le mouvement populaire de sa phase d’opposition marquée par «le rejet», à celle de «la construction» qui se traduit par la transition démocratique, qui ne répond pas à un modèle universel, précise l’orateur.
Selon lui, la réussite de la transition nous engage à un «sens du compromis», mais un compromis qui ne fait pas table rase des clivages qui existent entre «ceux qui cherchent une solution et les autres», les autres se recrutant parmi les adeptes du statu quo et du retour aux années 1990, les opportunistes et autres aventuriers.
«Jamais on n’a vu le poids d’une famille…»
Pour réussir cette transition, Djamel Zenati invite à tenir compte des expériences des autres pays, dont certains, comme en Amérique latine, ont «basculé dans l’extrême droite».
Les expériences économiques sont aussi à méditer, parce que l’Algérie de demain, Zenati ne la conçoit pas sans son défi économique. La réussite de la transition démocratique est tributaire du volet économique, l’échec de celui-ci entraînera l’échec de la première, «parce que c’est l’aspect le plus concret de la transition».
Il préconise, comme tous les esprits éveillés, la transition de l’économie rentière vers l’économie productive, tout en considérant que le sous-développement n’est pas en cela un obstacle, mais plutôt «un atout» pour un pays vierge et riche.
Le défi est aussi politique avec l’exigence de l’institutionnalisation du pouvoir pour épargner à la nouvelle République les dérives de l’exercice du pouvoir par des forces non constitutionnelles. «Jamais on n’a vu le poids d’une famille qui agit dans la décision politique, y compris au temps de Boumediène», s’exclame Djamel Zenati, qui suggère de «constitutionnaliser le pouvoir comme l’a fait Abane Ramdane pendant la Guerre de Libération».
Il revendique aussi de séparer le politique de l’économie, qu’il utilise pour créer une oligarchie servant de «bouclier» au régime. La séparation est voulue aussi avec l’histoire et qui a enfanté le faire-valoir de la légitimité historique. «Il est temps d’exiger la dissolution du parti FLN.
C’est le moment de récupérer ses locaux et de les mettre à la disposition du mouvement», suggère-t-il. La séparation est aussi à opérer avec le religieux «pour protéger la religion».
Comment éviter l’échec de la transition ? «Il faut donner au préalable un contenu à la transition, et dessiner les contours de ce que sera l’Algérie de demain», préconise-t-il, encourageant le débat autour de cette question.
S’il faut résumer l’Algérie de demain que souhaite Djamel Zenati, c’est «un Etat de droit régionalisé dans le cadre des principes démocratiques».
Pour l’ex-conseiller d’Aït Ahmed, il y a nécessité de «traduire les exigences du mouvement populaire en un pacte historique qui puisse mettre le pays sur la voie du progrès et de l’émancipation».
Une voie à ouvrir, évidemment, en parfaite distance avec le système actuel que n’incarnent pas ses seuls hommes et femmes et les institutions. «C’est aussi une culture autoritaire, et qui s’est déteinte sur la société», explique Zenati. Venir à bout de cette culture est une tâche de longue haleine, mais le mouvement du 22 février permet cet espoir. «Si le monde admire ce mouvement, c’est parce qu’il apporte un nouveau modèle.
Beaucoup de peuples opprimés nous regardent», dit-il. Selon lui, ce mouvement repose sur les trois piliers : les jeunes, les femmes et les démunis, les premiers symbolisant l’appel à la vie, les secondes à l’égalité et les troisièmes à la justice sociale.
Djamel Zenati appelle, quant à lui, la société, avec toutes ses composantes, à la vigilance et à la mobilisation pour garantir la réussite de la transition.
Si l’on veut satisfaire les revendications du mouvement populaire qui exige le dégagement du système, cela ne saurait se faire par les dispositions de la Constitution.
Beaucoup l’ont signifié et Djamel Zenati l’a réaffirmé hier lors d’une conférence-débat organisée à l’université de Béjaïa, à l’invitation des étudiants. «Il n’y a aucune solution dans la Constitution, si on veut se débarrasser du système», a-t-il soutenu, considérant que l’article 102 opère un «recul» par rapport à la feuille de route de Bouteflika, avec ses propositions, dont celle d’une conférence nationale inclusive.
La continuité de l’intrusion de l’institution militaire dans le champ politique s’est faite par la demande d’Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée, d’appliquer cet article 102.
Un Gaïd Salah qui «découvre subitement que la Constitution existe». «Ils ont imposé l’article 102 comme unique solution et décidé qu’elle est accueillie favorablement par la population.
Et certains médias s’efforcent même à donner de Gaïd Salah l’image d’un sauveur», constate Zenati, qui prévient qu’«il y a en ce moment les prémisses du retour des militaires en politique». «Mais l’ont-ils vraiment quitté ?» rectifie-t-il.
Djamel Zenati ne fait pas de concession lorsqu’il doit mettre des mots sur la réalité. «Il y a une dictature militaire qui se met en place», assène-t-il, alertant sur le risque du déplacement du conflit pour opposer le peuple et l’institution militaire, et revendiquant de séparer le militaire du politique.
Il met en garde aussi sur l’existence d’«une volonté flagrante de pervertir la problématique» en réduisant la revendication du peuple à l’effacement d’un groupe de noms, ce qui s’est traduit avec le débarquement de Bouteflika et son remplacement annoncé par Bensalah, et l’arrestation de quelques personnalités symboles du régime «sans enquête», fait remarquer le conférencier.
Il n’échappe pas à Zenati que le changement de personnes au sein du même système, que l’on présente comme la solution, s’assimile au jeu de chaises musicales. «La seule solution, défend-il, est un processus constituant» qui ne pourra se satisfaire de trois ou six mois. Djamel Zenati propose l’échéance de fin 2020, soit un processus transitionnel qui prendra à peu près une année et demie. «Une élection en trois mois est un piège», avise-t-il.
Il s’agit, pour le présent, de faire passer le mouvement populaire de sa phase d’opposition marquée par «le rejet», à celle de «la construction» qui se traduit par la transition démocratique, qui ne répond pas à un modèle universel, précise l’orateur.
Selon lui, la réussite de la transition nous engage à un «sens du compromis», mais un compromis qui ne fait pas table rase des clivages qui existent entre «ceux qui cherchent une solution et les autres», les autres se recrutant parmi les adeptes du statu quo et du retour aux années 1990, les opportunistes et autres aventuriers.
«Jamais on n’a vu le poids d’une famille…»
Pour réussir cette transition, Djamel Zenati invite à tenir compte des expériences des autres pays, dont certains, comme en Amérique latine, ont «basculé dans l’extrême droite».
Les expériences économiques sont aussi à méditer, parce que l’Algérie de demain, Zenati ne la conçoit pas sans son défi économique. La réussite de la transition démocratique est tributaire du volet économique, l’échec de celui-ci entraînera l’échec de la première, «parce que c’est l’aspect le plus concret de la transition».
Il préconise, comme tous les esprits éveillés, la transition de l’économie rentière vers l’économie productive, tout en considérant que le sous-développement n’est pas en cela un obstacle, mais plutôt «un atout» pour un pays vierge et riche.
Le défi est aussi politique avec l’exigence de l’institutionnalisation du pouvoir pour épargner à la nouvelle République les dérives de l’exercice du pouvoir par des forces non constitutionnelles. «Jamais on n’a vu le poids d’une famille qui agit dans la décision politique, y compris au temps de Boumediène», s’exclame Djamel Zenati, qui suggère de «constitutionnaliser le pouvoir comme l’a fait Abane Ramdane pendant la Guerre de Libération».
Il revendique aussi de séparer le politique de l’économie, qu’il utilise pour créer une oligarchie servant de «bouclier» au régime. La séparation est voulue aussi avec l’histoire et qui a enfanté le faire-valoir de la légitimité historique. «Il est temps d’exiger la dissolution du parti FLN.
C’est le moment de récupérer ses locaux et de les mettre à la disposition du mouvement», suggère-t-il. La séparation est aussi à opérer avec le religieux «pour protéger la religion».
Comment éviter l’échec de la transition ? «Il faut donner au préalable un contenu à la transition, et dessiner les contours de ce que sera l’Algérie de demain», préconise-t-il, encourageant le débat autour de cette question.
S’il faut résumer l’Algérie de demain que souhaite Djamel Zenati, c’est «un Etat de droit régionalisé dans le cadre des principes démocratiques».
Pour l’ex-conseiller d’Aït Ahmed, il y a nécessité de «traduire les exigences du mouvement populaire en un pacte historique qui puisse mettre le pays sur la voie du progrès et de l’émancipation».
Une voie à ouvrir, évidemment, en parfaite distance avec le système actuel que n’incarnent pas ses seuls hommes et femmes et les institutions. «C’est aussi une culture autoritaire, et qui s’est déteinte sur la société», explique Zenati. Venir à bout de cette culture est une tâche de longue haleine, mais le mouvement du 22 février permet cet espoir. «Si le monde admire ce mouvement, c’est parce qu’il apporte un nouveau modèle.
Beaucoup de peuples opprimés nous regardent», dit-il. Selon lui, ce mouvement repose sur les trois piliers : les jeunes, les femmes et les démunis, les premiers symbolisant l’appel à la vie, les secondes à l’égalité et les troisièmes à la justice sociale.
Djamel Zenati appelle, quant à lui, la société, avec toutes ses composantes, à la vigilance et à la mobilisation pour garantir la réussite de la transition.
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