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Le peuple est souverain, et c’est à lui qu’appartient le premier et dernier mot dans toutes les questions qui concernent son quotidien, comme celles qui engagent son avenir. Cette souveraineté, il l’exerce par le biais de l’élection de ses représentants légitimes et des institutions qu’il se donne. C’est là, la lettre et l’esprit des articles de la Constitution qui abordent le sujet, et bien qu’ils fassent parfois l’objet de polémiques, leur contenu est d’une grande clarté. La crise à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui a été enclenchée suite à une entorse faite à la Loi fondamentale, et les premières marches populaires avaient justement comme exigence les stricts respect et retour aux dispositions de la Loi fondamentale ; et c’est exactement ce qui s’est passé avec la réactivation de l’article 102 et la démission du Président Bouteflika, qui a régné sur le pays durant deux décennies, ainsi que la convocation du corps électoral pour l’élection du 4 juillet prochain. Une élection ouverte et pluraliste dont la transparence et la régularité seront assurées par l’accompagnement de l’Armée nationale populaire et par une instance indépendante de préparation et d’organisation des élections, dont la mise en œuvre se fera en concertation avec l’ensemble des acteurs politiques. Il y a, aujourd’hui, et cela grâce justement au mouvement citoyen, une forte volonté de rupture avec l’ancien régime de manière graduelle et pacifique. La colère, voire l’exaspération dont font preuve les manifestants, qui exigent, à juste titre d’ailleurs, le départ de toutes les figures emblématiques de l’ancien système et le jugement de tous ceux, corrupteurs ou corrompus, qui se sont enrichis de manière illicite et accumulant des fortunes colossales au détriment du peuple, n’est pas seulement légitime, elle est salutaire dans la mesure où elle a été la source d’une renaissance nationale. Reste le débat sur la conduite de la transition qui connaît une grande effervescence, mais qui, pour le moment, n’aide pas toujours à éclairer les horizons. Juste un peu de sérénité nous permet de mieux envisager notre avenir démocratique avec plus d’assurance et de confiance, d’autant plus que le chemin de la légalité constitutionnelle constitue le chemin le plus court, le plus juste et surtout celui qui nous évite l’impasse ou l’engrenage. La maturité dont a fait preuve le peuple algérien qui bat le pavé depuis presque deux mois maintenant, pour l’avènement d’une nouvelle république, n’est pas prêt à sacrifier l’essentiel pour l’accessoire, et il sait très bien que les visages dont il réclame le départ ne sont là que de manière provisoire et que le vide institutionnel vers lequel les manœuvriers de l’ombre poussent afin de provoquer le chaos n’est pas une option fiable, d’autant plus que nous évoluons dans un monde où tout écart de la voie légale constitue un précieux prétexte offert aux puissances étrangères d’interférer dans nos affaires internes. Aussi, et après le huitième vendredi consécutif des marches citoyennes et paisibles, il faut peut-être s’investir dans l’action politique et commencer un dialogue inclusif sérieux entre tous les acteurs de la vie politique, afin de faire en sorte que la prochaine élection soit réellement une rupture, sur tous les plans, avec les pratiques du passé, et notamment en matière de transparence. Oui, il est temps que les slogans des manifestants soient traduits en actes politiques, et, au lieu d’ajouter de la tension à la tension, de cultiver le ressentiment, la division et la méfiance, il est impératif de s’y mettre tout de suite, d’agir ensemble et d’avancer dans l’unité vers ce à quoi nous aspirons tous en tant que peuple et nation, vers un État de droit, l’égalité de tous devant la loi, la fin de l’impunité pour les corrupteurs et les corrompus, la fin des passe-droits, de meilleurs services publics et une vie politique moins opaque et toujours au service du citoyen. Le vivre ensemble exige de chacun de nous, aujourd’hui et maintenant, moins de passion et davantage de raison, moins d’obstination et plus d’écoute, être plus efficace et plus concret, et non pas se projeter dans des transitions hasardeuses et sans lendemain ou de prôner un discours extrême et irresponsable qui sème les germes de la division. Oui, aujourd’hui plus que jamais, le dialogue qui fédère et non qui oppose les uns aux autres, est un impératif si l’on veut jeter les bases solides de notre système démocratique et surmonter, le plus tôt possible, la crise qui nous affecte. Oui, aujourd’hui plus que jamais, juste un peu de sérénité et fructifier le grand pas en avant réalisé par le mouvement citoyen.
EL MOUDJAHID
EL MOUDJAHID