Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Algérie : la « révolution du sourire » face aux tentatives de holp-up politique

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Algérie : la « révolution du sourire » face aux tentatives de holp-up politique

    Mercredi, le chef d'état-major Ahmed Gaïd Salah l'a encore répété, la période de transition qui débouchera, le 4 juillet prochain, sur une élection présidentielle « se fera avec l'accompagnement de l'Armée nationale populaire ». L'armée, d'après le général de corps d'armée qui réagissait après l'installation, mardi, de l'ex-président de la chambre haute, Abdelkader Bensalah, comme chef de l'État, « veillera au suivi de cette phase. Le patron de l'armée, installé par Bouteflika à ce poste en 2004, reste pour la population le levier sur lequel il faut appuyer pour déloger, comme ce fut le cas pour Bouteflika, les représentants du système honni, mais il symbolise aussi une des figures de ce même système.


    L'armée, « garant » d'une transition contrôlée

    La rue qui refuse Bensalah comme président de l'État semble se radicaliser et affiche un « dégagisme » total. D'autant que Gaïd Salah a commencé, dans son discours de mercredi, à évoquer des « tentatives d'infiltration » de « parties suspectes », accusant des « ONG » qui œuvreraient « à dévoyer ces marches de leurs objectifs fondamentaux et à les récupérer afin de faire aboutir leurs plans pernicieux, visant à porter atteinte au climat de sécurité et de quiétude dont jouit notre pays ». Manière de dire aux manifestants de rentrer chez eux ! Pour l'opposant et fondateur du Rassemblement pour la culture et la démocratie, Saïd Sadi, qui a appelé jeudi le chef d'état-major à quitter son poste, « le seul fait qu'elle [l'armée] soit impliquée dans le processus transitionnel est en soi problématique pour elle-même et pour l'avènement de l'État civil ». « Il est temps de partir. Parce que vous êtes âgé, parce que le système que vous avez soutenu a échoué et, surtout, parce qu'il est condamné par l'exceptionnelle mobilisation citoyenne qui fait renaître la nation depuis le 22 février », écrit l'ex-président du RCD sur sa page Facebook en interpellant directement Gaïd Salah. Autre son de cloche du côté d'un autre opposant, l'ex-chef de gouvernement Ali Benflis : « Quitte à subir les procès pour excès de rigorisme constitutionnel, l'Armée nationale populaire s'est solidement positionnée dans le camp de la légalité. Elle ne décide pas. Elle ne dicte pas. Elle n'impose pas. Elle suggère, elle contribue et cherche à aider. »



    Une opposition avec son propre agenda politique

    « Une présidentielle dans trois mois est un hold-up contre la mobilisation populaire », soutient un cadre de l'opposition à Alger, rencontré à l'issue d'une énième réunion des partis anti-pouvoir. « Mais certains leaders de l'opposition insistent pour aller vite à une élection, car ils suivent leur propre agenda personnel et/ou partisan », ajoute, dépitée, la même source. Déjà, le général-major à la retraite, Ali Ghediri, a vite annoncé, mercredi, qu'il était candidat à la présidentielle du 4 juillet, alors que des figures de l'opposition, selon nos sources, conditionnent leur participation uniquement par la démission du trio Belaïz (président du Conseil constitutionnel), Bedoui (Premier ministre), Bensalah (président de l'État). « L'opposition classique, ou du moins une partie d'elle, s'obstine à s'enfermer dans la transition imposée par l'armée, s'éloignant ainsi du souffle révolutionnaire porté par la rue », regrette une jeune militante du Rassemblent Action Jeunesse, une ONG très active sur le terrain. Soufiane Djillai, président du parti Jil Jadid (Nouvelle génération, opposition) s'est carrément attaqué à certaines figures de son propre camp : « L'application de l'article 102 [transition constitutionnelle] ne pouvait mener qu'à l'exacerbation de la crise. Tous ceux qui ont soutenu cette voie en se permettant de parler au nom du peuple devront s'expliquer. À force de calculs politiciens, de sollicitations du chef d'état-major, ou par incompétence politique, ils ont couvert le choix du régime au détriment du peuple ! »



    Un « système » enraciné, difficile à reformater

    Une image a frappé les Algériens : quand Abdelkader Bensalah prend ses fonctions comme chef de l'État intérimaire mardi 9 avril, il est accueilli, au palais présidentiel d'El Mouradia à Alger, par les mêmes conseillers de l'ancien président déchu Bouteflika. Une parabole vivante de la survivance du système qui continue d'avoir ses hommes partout, à tous les niveaux de la décision. De la télévision publique au gouvernement Bedoui. Mercredi, le nouveau ministre de la Communication et porte-parole de ce même gouvernement a repris les mêmes éléments de langage de l'appareil sécuritaire, en déphasage total avec la dynamique des manifestations, pacifique et civique. Justifiant les violences policières contre les étudiants qui manifestaient mardi dans le centre d'Alger, Hassane Rabehi a donc déclaré que « l'attitude des services de l'ordre a été enclenchée par rapport au degré de l'action des étudiants, estimée comme étant menaçante à l'encontre de l'ordre public ». Or, les étudiants n'étaient nullement dans une attitude hostile ou menaçante, certains portaient même secours à des policiers pris de malaise à cause des nombreux tirs de gaz lacrymogènes ! « Le système algérien fonctionne comme une machine qui se régénère automatiquement, son objectif atavique est la survie, confie une analyste à Alger. Sans parler des vastes réseaux de corruption qui ont créé une solidarité à toute épreuve face au changement. Une corruption qui gangrène jusqu'à certains appareils de l'État ». Cette semaine, le gouvernement a annoncé agréer dix nouveaux partis politiques et avait promis auparavant de « réformer » la distribution de la publicité publique aux médias, « énième tentative de s'acheter une nouvelle clientèle sous couvert d'ouverture et s'assurer la "paix sociale" côté médias », selon un journaliste de la presse privé. « Ce logiciel de la rétribution de la rente politique ou économique est dans l'ADN du système, il est très difficile de le faire changer », appuie notre analyste algéroise. Ajoutons à ce tableau de bord de contrôle étatique le poids de la structure de la bureaucratie sécuritaire dont l'entrelacement des appareils et des démembrements couvre une bonne partie de l'administration et de la société algérienne. « Il faut que l'État continue à fonctionner, nous avons un président, un gouvernement, des institutions qui fonctionnent, nous déclarait un haut officier sécuritaire lors de la manifestation de mercredi à Alger-centre. Il faut maintenant que les gens rentrent chez eux ! Ça suffit ! » De plus, un retour accéléré à un formalisme institutionnel via la présidentielle de juillet sert surtout à replonger les mécanismes extra-institutionnels une nouvelle fois dans l'opacité et le brouillard de l'État profond, alors que la crise actuelle a réussi à dévoiler les véritables acteurs sur la scène publique, des oligarques aux décideurs militaires.

    Un contexte international hostile

    Contrairement aux messages de satisfaction de certaines capitales étrangères face au civisme et au pacifisme des manifestations en Algérie depuis le 22 février dernier, « aucun État au monde ne peut accepter que des citoyens puissent imposer de cette manière, sans violence, des changements aussi importants », soutient un observateur. « Priver l'État, aussi démocratique soit-il, de ses outils de coercition, de son monopole de la violence, face à des manifestants pacifiques est un cauchemar pour n'importe quel décideur », poursuit-il. Lors des manifestations des Gilets jaunes en France, on a vu plusieurs discours sur l'urgence de prendre exemple sur le cas algérien au moment où, comme à Londres pour la marche d'un million de personnes contre le Brexit du 24 mars, les marcheurs ont adopté deux « techniques » algériennes, la fraternisation avec la police et la présence massive de familles et d'enfants qui neutralisaient toute dérive violente. D'un autre côté, certains pays de la région, comme le Maroc ou l'Égypte, craignent un effet de contagion. Comme le souligne clairement, par exemple, dans le quotidien libanais L'Orient-Le Jour, la chercheuse Michele Dunne : « Le retrait de Bouteflika en Algérie présente des parallèles solides avec ce qui s'est passé en Égypte en 2011 et le gouvernement égyptien espère sans doute que l'armée algérienne maintiendra son emprise et ne permettra pas une véritable transition politique. »

    LEPOINT FR

  • #2
    Tentative délicate de synthétiser la donne politique et les enjeux présents et avenirs... un journalisme moins militant mais qui montre bien l'extraordinaire défis qu'a produit la rue algérienne qui a par son pacifisme produit une révolution du sourire qui fera date dans l'histoire du monde comme celle qui a désarmé l'état de tous ses outils répressifs...

    Lui reste que les manœuvres politiciennes et autres combines, avec un Sissi l'impératrice tellement dépourvu de qualités politiques qu'il est urgent qu'il soit mis un frein à son irresponsabilité au risque de casser la boutique...
    Dernière modification par ott, 13 avril 2019, 06h26.
    Othmane BENZAGHOU

    Commentaire

    Chargement...
    X