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EL MOUDJAHID-Tension et torsion

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  • EL MOUDJAHID-Tension et torsion

    La situation actuelle, d’une extrême complexité, en raison de la période de transition que nous vivons, voit deux éléments évoluer de manière inégale. D’un côté, les choses s’accélèrent, de l’autre, ça patine un peu. En effet, en moins d’une semaine, on assiste à une série d’événements sur le terrain judiciaire, avec, en premier lieu, la convocation, par le tribunal d’Alger, de l’ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et de l’actuel ministre des Finances et ex-gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Loukal, qui veut les entendre dans «des affaires de dilapidation de deniers publics et de privilèges indus», ensuite, et dans un autre dossier, la justice demande la levée de l’immunité parlementaire de deux sénateurs du tiers présidentiels et non des moindres, anciens ministres, Saïd Barkat et Djamel Ould-Abbès. Le second a été aussi le premier responsable du parti FLN, dont il revendique d’ailleurs toujours la direction. Enfin, il y a deux mandats, de dépôt et d’arrêt, ordonnés par le tribunal militaire de Blida, à l'encontre de deux généraux majors à la retraite, des ex-commandants des 1re et 2e Régions militaires, pour «dissipation et recel d'armes, et de munitions de guerre et infraction aux consignes de l'armée». À cela il faudrait ajouter l’arrestation des quatre frères Kouninef, dans le cadre d’une enquête sur la conclusion de marchés publics avec l’État, trafic d’influence avec des fonctionnaires publics, détournement de foncier, ainsi que celle d’Issad Rebrab, hier, et sa présentation devant le parquet d’Alger, pour surfacturation, entre autres.
    Cette opération «mains propres» répond à une forte exigence du mouvement citoyen exprimée dans chacune de ses sorties et à laquelle a répondu le chef de l'état-major de l'Armée nationale populaire en demandant à la justice d’ouvrir les dossiers relatifs à la corruption, et notamment ceux en relation avec l’exercice de l’ancien Président de la République. Appréciée et applaudie par le grand nombre, parce qu’elle vient en réponse à une forme d’humiliation subie par l’arrogance de l’impunité affichée par la «bande» et par tous ceux qui se sont servis au lieu de servir, exploitant leur fonction et leur position au sein du pouvoir, au détriment des lois et de toute morale, certains la considèrent — même si cela n’a concerné que la partie émergée de l’iceberg et que le mal de la corruption est beaucoup plus large et beaucoup plus profond — comme un grand succès, d’autant plus qu’elle traduit l’effondrement du mur de la peur et le commencement de la restitution de l’État de droit. Bien plus, et même si cela s’est fait de manière quelque peu brutale, cela veut dire que l’appel du peuple a été entendu, et que, désormais, c’est sa volonté qui compte, et non pas celle des «tigres en papier». Des voix politiques et médiatiques demandent à ce que cette logique débute par le «chef de bande», et qu’un tel processus, mené dans la précipitation, ne peut avoir des effets positifs que s’il se déroule dans la sérénité et par des institutions légitimes.
    Si cette opération, dans un tel moment sensible et singulier, constitue une partie de la solution à la crise à laquelle nous sommes confrontés et nous donne plus de visibilité, c’est tant mieux. Et la question que l’on se pose immédiatement, en ce jour, c’est l’autre aspect, celui politique, relatif à la consultation initiée hier par le chef de l’État intérimaire, dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle a rassemblé plus de journalistes que de formations et de personnalités politiques, actant ainsi un report de la réponse définitive quant à la feuille de route suivie jusqu’à présent. Toutefois, le fait que la rencontre ait mis en avant l'importance de créer, dans les plus brefs délais, une instance nationale indépendante chargée de la préparation et de l'organisation de l'élection présidentielle, ainsi que de la prise en charge du processus électoral, offre une certaine visibilité au milieu d’une ambiance électrisée. Face à la tension populaire qui ne cesse de monter et à la résistance qui lui est opposée, face aussi aux multiples défis qui attendent d’être relevés, sans parler du contexte régional et international peu rassurant, il faudrait peut-être passer à une étape supérieure, celle de se mettre au diapason des aspirations du mouvement citoyen, toujours dans le cadre de la Constitution, quitte à faire subir à celle-ci une torsion salutaire…
    EL MOUDJAHID
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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