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Transition politique : Gaïd Salah veut fermer le jeu

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  • Transition politique : Gaïd Salah veut fermer le jeu

    MOKRANE AIT OUARABI 24 AVRIL 2019

    Depuis une caserne à Blida, Ahmed Gaïd Salah dicte sa feuille de route aux Algériens. Balayant d’un revers de la main toutes les revendications du peuple depuis 9 vendredis de suite, le chef d’état-major refuse d’entendre parler d’autres issues, d’autres voies ou d’autres solutions à la crise que la «sienne», qui se limite à l’organisation d’une élection présidentielle dans les plus brefs délais, dans les mêmes conditions que les précédentes.

    Il rejette ainsi la transition sous toutes ses formes, appuie le chef d’Etat, Abdelkader Bensalah, et le gouvernement Bedoui et ignore les aspirations du peuple à un changement radical qui conduirait à une nouvelle République.

    «L’Armée nationale populaire continuera à l’accompagner avec la même détermination et résolution, suivant une stratégie bien étudiée, jusqu’à la concrétisation de ses attentes légitimes, qui commencent, Dieu merci, à porter leurs fruit progressivement, jusqu’à ce qu’elles soient totalement concrétisées, selon les étapes préconisées par l’Armée nationale populaire», a déclaré le vice-ministre de la Défense dans son discours prononcé hier à la 1re Région militaire.

    Élection ou anarchie !

    Ahmed Gaïd Salah s’attaque frontalement à la classe politique qui a massivement boycotté la conférence de Bensalah, en usant du qualificatif réducteur : «certaines voix».

    «Nous avons constaté l’apparition de certaines voix qui ne veulent aucun bien à l’Algérie, appelant à l’entêtement et l’acharnement à maintenir les mêmes positions préétablies, sans tenir compte de tout ce qui a été réalisé, le rejet de toutes les initiatives et le boycott de toutes les démarches, y compris l’initiative de dialogue qui est censée être un des mécanismes civilisés qu’il y a lieu de valoriser, notamment dans ces circonstances particulières que vit notre pays», a-t-il dit, en évoquant cette conférence boycottée non seulement par l’opposition mais aussi par des partis de l’alliance présidentielle, à l’instar du MPA de Amara Benyounès et de TAJ de Amar Ghoul.

    Après avoir affirmé que toutes les perspectives possibles restaient ouvertes, le chef d’état-major accuse tous ceux qui n’adhèrent pas à sa démarche d’«obstinés» qui «œuvrent à entraîner le pays vers le piège du vide constitutionnel et le faire entrer dans la spirale de la violence et de l’anarchie».

    «A tous ceux-là, nous dirons que le peuple algérien est souverain dans ses décisions», a-t-il martelé, ajoutant que «c’est à lui qu’il appartient de trancher la question lors de l’élection du nouveau président de la République, qui aura la légitimité requise pour satisfaire le reste des revendications populaires légitimes».

    Ahmed Gaïd Salah feint d’ignorer ce que réclame le peuple depuis le 22 février, à savoir le départ d’abord et avant tout de tous les symboles du régime, avant d’amorcer une transition apaisée. Mieux encore, il tente de jeter le discrédit sur les figures émergentes de ce mouvement populaire en agitant l’épouvantail de la manipulation et de la conspiration contre l’Algérie.

    La thèse du complot

    «Ce à quoi vous aspirez par votre élan populaire, en termes de nobles objectifs, que nous saluons, requiert de nous tous de faire preuve de perspicacité et de sagesse afin de mettre en échec toutes les conspirations qui se trament contre notre patrie», a-t-il souligné. Plus concrètement, Ahmed Gaïd Salah demande aux Algériens de cesser de se mobiliser, de réclamer et d’attendre l’élection présidentielle pour voter.

    Appelant à «la prudence» et à «la précaution» afin de préserver le caractère «pacifique et civilisé» des marches, il affirme que l’Algérie n’a pas cessé d’être «la cible de complots abjects, pour la déstabiliser et mettre en péril sa sécurité, en raison de ses positions constantes et sa décision souveraine refusant tout diktat».

    Le chef d’état-major insiste une nouvelle fois sur la conspiration contre l’Algérie en assurant avoir pu «recueillir des informations avérées faisant état d’un plan malveillant pour mener le pays à l’impasse, dont les prémices remontent à 2015, lorsque les trames et les visées du complot ont été révélées».

    Et il affirme qu’il œuvrait «sereinement et avec patience à démanteler les bombes à retardement qu’ont implantées ces corrompus et corrupteurs dans les différents secteurs et structures vitales de l’Etat». «Ces secteurs seront assainis grâce à la conjugaison des efforts de toutes les personnes de bonne foi», a-t-il souligné.

    Le vice-ministre de la Défense n’évoque nullement l’existence d’un chef d’Etat. Il s’exprime sur tout. Il affirme même avoir instruit la justice pour accélérer le traitement des dossiers de corruption. «J’ai appelé l’appareil de la justice, dans mes interventions précédentes, à accélérer la cadence des poursuites judiciaires concernant les affaires de corruption et de dilapidation des deniers publics et de juger tous ceux qui ont pillé l’argent du peuple», a-t-il précisé.

    Il dit «valoriser la réponse de la justice quant à cet appel qui représente un volet important des revendications légitimes des Algériens, ce qui permettra de rassurer le peuple que son argent pillé sera récupéré par la force de la loi et avec la rigueur requise ».

    Avec Bedoui

    En outre, le chef d’état-major semble «agacé» par le rejet par les populations des visites des officiels, notamment les ministres. Il met ainsi en garde «contre ce phénomène étrange qui consiste à l’incitation à entraver l’action des institutions de l’Etat et à empêcher les responsables d’accomplir leurs missions». Selon lui, il s’agit de «comportements contraires aux lois de la République».

    Aussi, le chef d’état-major avertit contre ce qu’il qualifie de «piège» de la remise en cause de l’«intégrité et le dévouement des cadres de l’Etat, qui comptent parmi eux beaucoup de gens honnêtes, intègres et loyaux, qui veillent à garantir la continuité des institutions de l’Etat et assurer le bon fonctionnement des affaires publiques au service de la nation et des intérêts des citoyens».

    Ainsi, le vice-ministre de la Défense affirme indirectement le maintien du gouvernement Bedoui et menace contre toute entrave aux sorties de travail de ses membres.
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