Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Les hauts et les bas des relations maroco-espagnoles.

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Les hauts et les bas des relations maroco-espagnoles.

    Les hauts et les bas
    des relations maroco-espagnoles.

    Un peu, be aucoup, passionné ment

    Abdellatif Mansour







    Si la météo sur le détroit de Gibraltar prêtait une oreille attentive au thermomètre politique, elle afficherait un beau fixe propice à tous les optimismes. La visite du Premier ministre espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, au Maroc, les 5 et 6 mars 2007, à l'occasion de la huitième réunion bilatérale de haut niveau, s'inscrit sous le signe de cette embellie. Proximité oblige et vicissitudes du temps passé et présent, entre le Maroc et l'Espagne, c'est une longue histoire, avec des hauts et des bas, selon la conjoncture et l'art de contenir les sujets chroniques de frictions. Ce voisinage objectivement paradoxal est-il réductible à une éclaircie politique sur les deux rives de la Méditerranée occidentale? Il faut espérer que oui, envers et contre tout. Il paraît que c'est le cas depuis l'arrivée au pouvoir, en mars 2004, du leader du Parti socialiste ouvrir espagnol (PSOE). Tous les indicateurs des échanges économiques, tous les paramètres de la subtilité diplomatique, tous les relevés de la coopération dans des domaines stratégiques pour les deux pays sont d'un vert éclatant. Pratiquement tous les ministres des gouvernements marocain et espagnol ont une liaison permanente sur des dossiers d'intérêt commun.





    Quelques repères pour donner une consistance à un arrêt sur image de relations tellement particulières qu'elles peuvent être qualifiées de troisième type. En gros, l'Espagne est le deuxième partenaire économique du Maroc après la France. Ordre de classement somme toute normal eu égard à l'imbrication combinée de la géographie et de l'histoire. Dans le détail, sans pour autant entrer dans les dédales de la micro-économie, quelque 500 entreprises espagnoles officient et prospèrent au Maroc. Et le meilleur est à l'avenant. La lancée semble être sous des auspices prometteurs, sous une orbite porteuse. Il y aurait un véritable engouement des entrepreneurs espagnols pour le Maroc. Les chiffres qui apparaissent sur les tableaux statistiques des échanges commerciaux entre les deux pays confirment une tendance ascensionnelle. Á titre indicatif, le volume des transactions commerciales a dépassé les 5 milliards d'euros en 2006; soit un accroissement de plus de 20%, avec un solde relativement avantageux pour l'Espagne, d'environ 150 millions d'euros.
    la geurre c'est la paix,la démocratie c'est la dictature,l'ignorance c'est la liberté.

  • #2
    suite.

    La progression est spectaculaire. Elle mérite d'être pointée positivement. Mais sans béatitude extrême. Car, encore une fois, on en revient à l'adage des chiffres qui montrent tout sauf l'essentiel.
    Dans la corbeille de nos relations avec l'Espagne, il y a des vertes et des pas mûres. Sur ce spectre de questions d'actualité brûlante, telles l'immigration clandestine et la lutte anti-terroriste; ou des points de fixations endémiques, telle la rétrocession au Maroc des enclaves espagnoles de Sebta et Melilia, il y a eu des avancées, de la bonne coopération; mais aussi du surplace et de la mauvaise volonté politique.
    En matière de politique d'immigration, l'Espagne a fait mieux que rattraper son retard. Elle s'est mise au diapason de l'Union européenne en adoptant un dispositif réglementaire permettant la régularisation de centaines de milliers d'immigrés qui ont été ainsi protégés de la précarité en intégrant le parapluie du droit du travail de la législation espagnole. Une bonne et heureuse politique. Nos MRE ont en légitimement bénéficié. Nous sommes, au dernier comptage, 650.000 Marocains régularisés, à vivre du produit de leur travail pour l'intérêt bien compris d'une puissance espagnole montante. Ce chiffre est appelé à une révision à la hausse. Ce n'est pas une Reconquista à l'envers. Cet appel d'air migratoire, du moins en ce qui nous concerne, répond au besoin démographique et de stratification sociale de notre voisin ibérique. La première communauté étrangère vivant en Espagne, est, donc, marocaine. Cela aussi est normal, pour les mêmes raisons de géographie et d'histoire. L'honnêteté politique force à reconnaître que l'on revient de loin dans nos relations avec l'Espagne. Car, il fut un temps très proche, entre 2000 et 2004, où les immigrés marocains étaient exploitables et corvéables à ciel ouvert. C'était le temps odieux de José Maria Aznar. C'était le temps des forfaitures raciales alimentées par le pouvoir central de Madrid. C'était le temps de la chasse hideuse à l'immigré marocain, lors de “la nuit des longs couteaux” à El Ejido, en février 2000. L'immigré marocain était considéré par une opinion publique espagnole sous haute influence officielle comme un terroriste potentiel. Les atavismes les plus enfouis sous une sédimentation séculaire avaient refait surface. L'épisode ridicule de l'île Leïla, ou l'île du persil, c'est selon, en juillet 2002, peuplée de sept chèvres et un berger marocain, n'a pas été pour calmer les ardeurs néo-franquistes de José Maria Aznar.
    Ainsi vont donc les relations maroco-espagnoles, en dents-de-scie. Elles oscillent entre un Juan Carlos, accompagnant, au bord des larmes, le cortège funèbre de feu Hassan II en juillet 1999, et la hargne vindicative et anachronique des extrémistes espagnols.
    Pour faire la part des choses, tout en étant en phase avec les faits intangibles, il faut bien se rendre à l'évidence. Les attentats sanglants du 11 mars 2004, à Madrid, ont révélé que la filière terroriste passe par le Nord du Maroc avec des tueurs intégristes d'origine marocaine, dont la plupart naturalisés espagnols. On a eu la preuve par dizaines de morts, de ce que l'on soupçonnait déjà. Le détroit de Gibraltar était devenu le lieu de transit des planifications terroristes en direction de l'Occident jugé, impie et cible expiatoire de tous les malheurs du monde, en général; et de la communauté musulmane, en particulier. Nous sommes devenus des fournisseurs, pas seulement d'honnêtes travailleurs immigrés, mais aussi d'affreux terroristes intégristes. Le procès des auteurs des attentats de Madrid s'est ouvert il n'y a pas plus de deux semaines. La coopération entre les services sécuritaires marocains et espagnols ont fortement contribué à l'instruction du dossier. Une coopération vitale pour la sécurité des personnes dans les deux pays, qui s'est renforcée, récemment, à l'annonce de la création d'un pôle Al Qaïda au Maghreb.
    Feu Hassan II répétait à l'envi que la proximité géographique condamnait “les voisins de palier" à vivre en bonne intelligence. Il en va ainsi pour l'Espagne comme pour l'Algérie. Ces deux pays, des deux côtés de la Méditerranée, ont un problème territorial épineux avec nous. Il se trouve que l'Espagne a allégrement enjambé le Détroit pour se donner des protubérances de souveraineté sur notre territoire, à travers les présides de Sebta et Melilia. Après son adhésion à l'Union européenne, dans les années quatre-vingt, elle a fait commencer celle-ci sur notre propre territoire.
    Pire, l'Espagne nous demande d'être le portier de l'Europe pour endiguer le flux migratoire sub-sahélien. Nous avons fait contre mauvaise fortune bon cœur. Mais le Maroc a été injustement payé en retour, au propre et au figuré. Notre pays a été la cible des attaques les plus acerbes et les plus injustes. On nous a fait endosser les drames, humainement insupportables, des migrants africains accrochés à la frontière grillagée de Sebta et Melilia, portières factices de désespoir réel et d'espoir mirobolants; Grâce à notre bonne volonté politique, sans que l'on en soit financièrement accompagné en conséquence, la ruée vers le miroir de l'Eldorado européen a diminué de 60%. Nous voilà, donc, devenus, à notre corps défendant, les portiers de l'Europe sur notre propre territoire.
    Á vrai dire, autant la normalisation de nos relations économiques avec l'Espagne nous prédit des jours encore meilleurs, autant elle nous laisse sur notre faim quant à notre double contentieux colonial aux deux extrémités, nord et sud du Royaume. Le cas de Sebta et Melilia est promis à un effort d'imagination politique et d'innovation gestionnaire pour le mieux dans la meilleure proximité possible, avec l'Espagne et l'Europe; sans que cela touche à l'intégrité territoriale du pays. La configuration du problème artificiel autour du Sahara marocain participe du même principe de territorialité. Dans ces deux litiges d'un autre âge, au nord comme au sud du Maroc; on se retrouve face à la même puissance occupante.
    Sur Sebta et Melilia, Madrid campe sur ses positions de “J'y suis, j'y reste". Sur le Sahara marocain, l'Espagne tergiverse, donne dans l'atermoiement diplomatique comme pour faire durer, non pas le plaisir, mais le calvaire de nos concitoyens sahraouis séquestrés à Tindouf, en territoire algérien. L'intelligence, comme, d'ailleurs la naïveté, étant les choses les mieux partagées au monde, nous n'avons aucune excuse d'être dupes. L'alternance démocratique au pouvoir exécutif en Espagne peut avoir des variables au niveau du business, mais elle transpire des constantes pas forcément favorables à notre égard. Pour preuve, le parti de la Gauche unie espagnole (Izquierda Unida), 3ème force politique d'Espagne, a mis dans les valises de José Luis Rodriguez Zapatero un message d'accompagnement sous le titre de la “dette historique de l'Espagne envers le peuple sahraoui pour son droit à l'autodétermination". La droite néo-franquiste du Parti populaire, affreusement incarnée par José Maria Aznar, et la Gauche unie, représentée par l'ineffable Gaspar Llamazares autour de slogans dangereusement surannés, se sont retrouvés dans la même tranchée contre nous. José Luis Zapatero est pris en tenailles entre deux extrêmes qui se rejoignent, comme toujours. C'est dire si notre diplomatie, avec son tour du monde explicatif du projet d'autonomie pour nos provinces sahariennes, a du pain sur la planche.



    MarocHebdo.
    la geurre c'est la paix,la démocratie c'est la dictature,l'ignorance c'est la liberté.

    Commentaire

    Chargement...
    X