Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Taleb El Ibrahimi : le comte Dracula pour vampiriser le «Hirak»

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Taleb El Ibrahimi : le comte Dracula pour vampiriser le «Hirak»

    Taleb Ibrahimi, le comte Dracula

    Pendant le Ramadan, tous les jours sont gris. Il y a comme un brouillard au-dessus de nos têtes. Des petits nuages qui nous accompagnent, qui s’amoncellent ou se dissipent, au gré des lieux, de l’heure et des humeurs. Sombres et menaçants le matin, gros et orageux aux tumultes des marchés, où l’on sent, d’abord, devant le marchand de légumes, nous perler aux yeux, des petites gouttelettes qui finissent par ruisseler, abondantes, une fois la porte du boucher franchit.
    L’éclaircie ne vient finalement qu’à la tombée de la nuit. C’est une embellie qu’on achète dans les cafés.

    Les étudiants ont montré la voie hier mardi. Ils ne se sont pas plaints de la chaleur, de l’humidité ou de l’altitude. Ils n’ont pas simulé une blessure diplomatique à l’estomac. Ils n’ont pas joué derrière à la Saadane. Offensifs, ils ont pris leur responsabilité historique et défié, de jour, El Gaïd et la faim.

    Rien n’a changé ou presque dans leurs revendications « ramadanesques ». Le mot d’ordre : «El Hirak Belbourak». La faim est parfois hallucinogène, et c’est là son moindre défaut. Mais l’essentiel est là. Pas de répit, pas de pardon.

    C’est ainsi que ces mômes, nos enfants, cette admirable jeunesse, nous montrent le chemin à suivre : rester focalisés sur l’essentiel. Ne pas se laisser distraire par l’histoire des trois petits cochons envoyés à l’abattoir. Ne pas se laisser berner par les trois os que l’on nous a jetés, images « volées » et montages grotesques sur l’ENTV ou Ennahar TV.

    Nous ne les avons pas savonnés à l’eau courante, deux mois durant, pour voir au grand jour leur machine ne laver que la moitié du linge sale. Nous ne leur avons pas administrés une dose mortelle d’antibiotiques de la rue pour voir une souche de microbe, prendre le dessus sur une autre. Nous ne voulons pas assister à un autre feuilleton, il y en a déjà - et ce n’est pas innocent - de quoi nous garder cloîtrés chez nous tout le mois de ramadan, de jour comme de nuit. On ne s’arrêtera pas, car, en face, nous avons des gens qui ne sont pas prêts à laisser filer leurs privilèges, comme nous ne voulons pas laisser filer notre chance.

    L’Histoire nous raconte qu’on n’a produit qu’une révolte tous les 20 ans. Soit, une chance par génération. Leur route est à sens unique, à nous de la barrer. De lui clouer un sens interdit.

    Que veulent-ils ? Imposer leurs cartes, leur transition ou leurs plans de sauvetage ? Par les deux « B » qui dirigent ce ramassis de mercenaires qui forment ce qu’ils appellent un gouvernement ? Soyons fermes et disons-le encore plus forts, au gouvernement devenu muet et au général devenu trop bavard : cette période de transition, on la gérera par nous-mêmes. Notre avenir, on le plantera comme l’arbre de la vie. On refusera votre plan B et tous les plans de l’alphabet.

    Nous avons dit, redis, hurlé à en perdre conscience, que le peuple ne rentrera chez lui, que le jour où vous tous serez partis. Tous, et pas un ne manquera à l’appel. Les cartes des jeux de toutes vos familles : politique, financière, militaire, économique, industrielle avec le père, la mère, les enfants, les grands-parents, et même vos gamètes et embryons. On veut avoir vos têtes, pas seulement les scalps. On veut le bulbe, pas les feuillages. Les graines et les racines, pas que le foin.

    Et pathétiquement, têtes baissées, ils vont nous chercher des têtes périmées, pour les implanter mordicus lors des manifestations. Dernière trouvaille : Ahmed Taleb El Ibrahimi. Un homme sortit d’un autre temps. D'une autre époque ! Un homme qui doit avoir au moins deux siècles, et qui a probablement côtoyé, Napoléon premier, ou que sais-je, Ramsès II.

    Ce n’est pas parce qu’on a refusé un mort qu’on acceptera un vampire. C’est justement, parce qu’on a refusé les êtres de l’ombre, qu’on n’acceptera sûrement plus un être de la nuit.

    Nous leur avons pourtant dit, en onze semaines, tout le mépris que nos âmes peuvent contenir. Nous les avons vomis publiquement, abjurés, insultés et tournés en bourriques, mais ils font toujours les têtes de mules. Ce Hirak, finira par produire ses propres hommes. Ses hommes forts et consensuels.

    C’est en train de se faire. Chaque jour un peu plus. C’est une question de temps. Ils émergeront, c’est une fatalité. Une évidence qui n’a d’égale que la clarté du jour. Il ne faut pas laisser le doute nous happer, s’introduire, ou les marchands du désespoir semer le découragement et la discorde. Notre force est dans la justesse de notre combat. Dans le groupe, la jeunesse et l’espoir d’un avenir radieux.

    Auteur
    Hebib Khalil
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
Chargement...
X