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L'inquisition, le retour

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  • L'inquisition, le retour

    par Moncef Wafi


    L'agression d'une étudiante, samedi dernier, par des inconnus à l'intérieur de l'université de Bouzaréah, dit-on, pour n'avoir pas respecté le jeûne pose l'inquiétante question du retour de l'inquisition dans la société. Retour ou juste confirmation d'une attitude provocante où n'importe qui s'arroge le droit de vie ou de mort sur un citoyen pour la simple raison qu'il ne partage pas ses convictions, quelles qu'elles soient.

    Cette propension à se croire le bras armé de la religion, à se vêtir de l'uniforme du gardien du temple est devenue une norme sociétale qui oblige les marginaux à craindre pour leur vie.

    L'incident de Bouzaréah n'est malheureusement pas un acte isolé mais tend à se généraliser à chaque mois de carême qui voit des gens, que personne n'a mandatés, s'autoproclamer gardien de la morale en bafouant les libertés individuelles pourtant protégées par la Constitution. Ce sentiment profond de justicier solitaire, à l'affût des non-jeûneurs, des couples, un mètre ruban dans les yeux pour décider si la longueur d'une jupe est halal ou non, a été largement encouragé par l'attitude même des pouvoirs publics. En faisant la chasse aux «mangeurs du Ramadhan», les traquant même dans des endroits fermés, les services de sécurité ont balisé la route à ces comportements délictueux où celui qui est pris, un bout de pain dans la bouche, est systématiquement passé à tabac.

    Ces manifestations d'intolérance ciblent tout le monde, stigmatisant autant les hommes qui ont décidé, pour une raison ou une autre, de ne pas jeûner que les femmes qui résistent à des codes sociétaux imposés par une vision machiste obsolète et ridicule. Le fait d'insulter une femme à cause de son aspect vestimentaire, qu'elle fait son jogging, une heure avant la rupture du jeûne ou qu'elle se revendique féministe n'est que la manifestation publique d'une frustration sexuelle conjuguée à cette idée erronée d'un tutorat de fait. Ces mentalités formatées, ciselées à la pensée wahhabite, devraient disparaître avec l'avènement d'une deuxième République pour peu qu'elle naisse et le hirak a ce devoir moral et civique d'essayer de changer les perceptions éculées au même titre que le pouvoir politique.

    En effet, on ne peut pas espérer une évolution de la pensée en gardant les structures existantes, responsables de ce bigotisme sociétal alors que la priorité n'est pas de chasser le non-jeûneur pendant le Ramadhan mais de chercher ceux qui sont forcés de jeûner pendant le reste de l'année.

    LE QUOTIDIEN D ORAN
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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