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90 kilos sur le dos : l'inquiétant quotidien des mineurs de soufre indonésiens

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  • 90 kilos sur le dos : l'inquiétant quotidien des mineurs de soufre indonésiens

    Chaque jour, des dizaines d’Indonésiens gravissent le volcan Kawah Ijen pour accéder aux mines de soufre et espérer empocher quelques roupies.

    Kawah Ijen est l’un des plus beaux volcans du monde. Situé dans l’extrême est de l’île de Java en Indonésie, il voit passer chaque année des milliers de touristes mais également des centaines de travailleurs locaux.

    Chaque nuit, c'est la même histoire. Les Indonésiens au pied de la montagne entament une randonnée de plusieurs kilomètres pour arriver au sommet de Kawah Ijen. Le but ? Ramener des minerais de soufre situés dans le cratère du volcan. Sur la route sinueuse, la verdure tropicale laisse place à un désert de roches et un climat hostile. A 2400 mètres d’altitude, sur l’arrête, la vue est brouillée par les fumées toxiques du volcan. Les plus riches portent un masque à gaz pour protéger leurs yeux et leurs poumons du danger. Les plus pauvres, eux, se contentent d’un morceau de chiffon cloitré dans leur bouche. «La fumée brûle mes yeux mais ce n’est pas du poison. Je me suis habitué à ce travail, donc ça ne me fait pas vraiment mal», témoigne le mineur de minerais Mistari, à CNN.

    Lorsqu’ils arrivent au cœur du volcan, pour commencer à miner, le paysage est surréaliste. Les conditions extrêmes provoquent l’apparition de flammes bleues par intermittence. Mais ce qui est encore plus surréaliste, c’est de voir les travailleurs dans l’obscurité, utilisant des tiges métalliques pour détacher des morceaux de croûtes jaunes qui bordent le lac de Kawah Ijen. S’il paraît inoffensif, son acidité est telle que si vous y plongez vos doigts quelques minutes, ils ressortiront avec des micros coupures, affirme Mistari.

    "Je porte le poids d'un homme"

    Après de longues minutes de forage, les mineurs chargent de gros blocs de soufre dans deux paniers suspendus de part et d’autre d’une tige de bois. «Je porte le poids d’un homme en soufre sur mon épaule, soit environ 90 kilos de minerais», poursuit-il. A 42 ans, et depuis ses 14 ans, Mistari réalise deux allers-retours par jour pour ramener le soufre de Kawah Ijen et gagne l’équivalant de 12 dollars. Grâce à son expérience, il s’est doté d’un petit chariot dans lequel il charge les minerais pour descendre le volcan. D’autres n’ont pas ce luxe et portent les paniers sur leur dos durant quatre kilomètres. «Je ne peux pas me permettre d’avoir un chariot alors je dois porter mon soufre jusqu’en bas», raconte Oman à la chaine de télé américaine.

    Candi Ngrimbi, un dirigeant de société minière de la région, explique que grâce à des hommes comme Mistari, sa compagnie assimile 13 tonnes de soufre brut par jour. Ce minerai est utilisé pour traiter le sucre dans les usines à proximité et créer du savon, des traitements pour la peau et des explosifs.

    Les effets de l'exposition à long terme des gaz volcaniques sur le corps humain sont inconnus

    Si les hommes ne se plaignent pas des conditions de travail, certains affichent des états de santé déplorables. La société affirme distribuer des masques en papier, en vain, les travailleurs préfèrent se doter de «serviettes ou de vêtements», d'après Candi Ngrimbi.

    Le professeur de médecine à l'Université de New York Terry Gordon affirme que personne n'a jamais étudié l'impact de l'exposition à long terme -à des niveaux élevés- des gaz volcaniques sur le corps humain. L'exposition à court terme, quant à elle, provoque la constriction des voies respiratoires et l’apparition de l’asthme. Cela ne semble pas déranger ces travailleurs comme Sapii, un mineur de 60 ans à la retraite, qui déclare n’avoir aucun problème de santé excepté «une toux ordinaire».

    Camille Hazard
    Les mines de soufre, c'est l'enfer
    dz(0000/1111)dz
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