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Le Moudjahid Chergui Hocine.il avait livré un combat seul contre tous.

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  • Le Moudjahid Chergui Hocine.il avait livré un combat seul contre tous.

    Il y a 53 ans, ( Du livre « Chroniques des années de guerre en wilaya III » Tome 1. De M. Djoudi Attoumi)

    Le capitaine bleu qui commandait la SAS de Tkerbouzt depuis juin 1956, régnait beaucoup plus sur le village que sur le douar, Son rayon d’action était limité, avec son adjoint le sergent chef Moussa, il essayait surtout de tisser un réseau de renseignements ; mais en vain. Il voyait d’un mauvais œil ce qui se passait dans les villages environnants. Ce qui l’accablait c’étaient les quelques informations qui lui parvenaient par l’intermédiaire de Moussa t relatives des mouvements fréquents des troupes de l’ALN et aux organisations politico- administratives du FLN. Il parlait parfaitement l’Arabe et comprenait le Kabyle Au cours d’une sortie au village Ibahlel, il découvrit soit par son flair ou par hasard, un abri sous la mosquée du village. En fouillant, il trouva quelques effets militaires sans importance, ce qui le poussa à laisser la formule suivante : « les gens des Bahalil jouent avec le bon dieu ; au dessus ils font la prière alors qu’en dessous, ils cachent les fellaghas ». N’ayant rien trouvé d’intéressant, il détruisait tout le parterre de la mosquée. Le capitaine bleu aura ainsi violé la maison de dieu.
    L’adjudant Hocine Chergui, chef politico-militaire du secteur lui donnait du fil à retordre. Il avait en charge le domaine militaire, politique et le renseignement. L’homme d’une grande taille était nonchalant, avec son fusil MAS 49 sur l’épaule. Il avait beaucoup « roulé sa bosse »… A son arrivée de Tunisie à la tête d’un convoi d’acheminement d’armes en Février 57, il est chargé par le colonel Si Amirouche, de créer et d’organiser la compagnie de la région3 (323). C’est ainsi qu’à la tête de cette unité, il réalisa avec Zioul Allaoua, plusieurs actions militaires importantes, dont celle d’Allaghen. L’action militaire est son domaine ; Chergui Hocine et le capitaine Bleu se sont juré secrètement, l’un d’avoir l’autre.
    … un jour de juin 1958, notre ami Si Mohand Oulhocine se trouvait au village des a Ait Hamdoune, avec son ami Belkacem Boudaha ; lorsqu’on lui annonça au levé du jour, la présence de nombreux soldats sur les crêtes en contrebas de Takerbouzt, une demi heure plus tard un guetteur se précipita au refuge : essoufflé, il annonçait que les soldats arrivaient aussi en aval, du coté de Tazmalt, accompagnés d’une cohorte de harki. Sur la route de Chorfa- Takarbouzt, un convoi d’une centaine de camions arrivait et déversait la troupe tout au long de la route, Du coté sud, à Ichiker, ce sont les soldats du GMPR du poste de Chorfa qui s’étaient déployés à cheval à travers les champs d’oliviers, Il n’y avait aucun doute sur les intentions de l’ennemi. Il est entrain d’exécuter un plan de ratissage à travers tout le douar Aghbala.
    Chergui Hocine fut envahi par une certaine fébrilité. Devant une telle situation, personne ne pourra dire qu’il ne ressentait rien ou qu’il n’avait aucune appréhension ! Ce serait un mensonge…. Il refusait les sollicitudes des mousseblin du village pour les suivre, afin de s’engouffrait dans un abri… il ne savait même pas comment il s’est retrouvé seul face à cette armada ! De toutes façons, sa décision est prise : il livrera bataille et, seul contre un millier de soldats.
    Il faut être une tête dure, une tête brulée comme lui pour se permettre un tel défi. Et il faut même une certaine dose d’inconscience pour ne pas mesurer tous les dangers auxquels il s’exposait !
    Il vérifiait une dernière fois ses chargeurs ; sachant qu’il avait une réserve de 500 cartouches, il prit son fusil MAS 49 et manœuvra pour engager une balle au canon. Le bruit de la culasse donnait souvent la chair de poule, Il est significatif d’un danger imminent. C’est le prélude à un combat.
    Il sortit du refuge, camouflé par « un cache- poussière » gris, il refusa à nouveau de suivre les mousselin… Il n’a jamais connu une cache et préférait, comme il le disait souvent « mourir à l’air libre ».
    … Il prit donc la direction Ouest du village. Agile, il disparut rapidement à travers les oliviers, un groupe de femmes qui assistaient à la scène, essaya de le dissuader et lui propose même de le prendre en charge pour le dissimuler quelque part dans le village. Devant son refus, il ne leur resta plus qu’à prier pour lui, en appelant tous les saints de la région à le protéger et à « l’envelopper d’un voile magique » pour passer inaperçu aux yeux des soldats.
    - Que dieu les aveugle pour les empêcher de te distinguer ! Cria l’une d’elle.
    Une autre lui proposa même un bock de lait caillé qu’il avala d’un trait. Pour l’encourager, elle lui dit : - Mon fils, il ne faut pas avoir peur ! Tu vas sortit vainqueur, car Dieu est avec toi.
    Il se sentit ragaillardi par les paroles de cette brave femme…………
    Il choisit un gros olivier, le plus gros des environs situé sur un vallon et se mit à ramasser des pierres pour en faire un blockhaus. Il avait décidé de vendre chèrement sa peau.
    Il s’installa, rassuré par un semblant de rempart de pierres qu’il a déposé autour de lui. Et puis, il se souvient des combats qu’il avait livrés depuis trois années auparavant, du convoi d’acheminement d’armes qu’il avait commandé, avec un aller- retour en Tunisie, Il connaissait bien la guerre. C’était désormais son métier.
    Il entendit déjà les militaires s’approcher ; leurs voix étaient perceptibles. Il comprit les ordres de l’officier qui dirigeait la progression de ses hommes vers les crêtes, et plus précisément, vers celle qu’il occupait.
    - Viens mon petit. N’ais pas peur ; rends-toi.
    C’était un soldat qui l’avait aperçu et qui l’interpellait. Dans pareille situation, nous n’avions pas le temps d’avoir peur, mais tout simplement le trac ; mais ce qui était embêtant, c’est qu’il ne pouvait s’empêcher d’avoir une dernière pensée à son fils, à sa femme et aux siens. C’est le signal de l’adieu à la vie. Il savait que c’était fini pour lui. Avec autant de soldats face à lui et dans toutes les directions, il avait mieux ne pas essayer de se frayer un passage. Ce serait se faire tirer comme un lapin dans sa course. Autant rester sur place et comme le voulait la tradition militaires, il fallait vendre chèrement sa peau, comme un vrai combattant de l’ALN, à l’image de ses ainés qui s’étaient battus comme des lions et qui avaient forcé l’admiration de l’ennemi.
    ...Maintenant que l’officier et trois de ses soldats sont à la portée de son fusil, il n’a plus peur. Il fit feu sur l’officier puis sur ceux qui le suivaient. Quand il les vit s’affaler tous les trois, il avait un sentiment de légèreté, qu’il se sentait prêt à s’envoler. Il était soulagé pour s’être démarqué des lâches, qu’il n’avait pas cédé à la tentation de fuir ou de lever les mains. Les braves ne font jamais ça.
    Il y eut une riposte rapide des soldats, mais ne l’ont pas situé tout à fait. Ils commencèrent l’encerclement de l’endroit, tout en s’approchant progressivement de lui, en prenant soin de serrer l’étau autour de lui.
    A quelques deux cent mètres de lui, il vit un officier à la tête d’un groupe, s’avancer vers lui ; il élabora tout de suite un plan d’attaque dans sa tête. Il devina en même temps les calculs de l’officier qui voulait lui aussi réussir son coup et bénéficier d’un avancement de grade. L’officier était déjà là ; juste à quelques dix mètres de lui, en forçant ses hommes à avancer. Il leur faisait même boire de l’agnole ! Il visa et tira une seule balle. Atteint en plein thorax, il s’affaissa, suivi de tout le groupe qui ripostera avec générosité.
    - Attention, c’est un ancien ! Cria quelqu’un.
    Il y eut un déluge de feu et quelques grenades lancées sur la casemate. Malin qu’il était, il se replia en l’espace de quelques secondes, en contrebas, derrière un olivier. Il a deviné ce qu’il allait se passer. Les soldats devaient investir l’endroit pour le mettre en bouillie. Profitant de leur regroupement, il déposa un chargeur plein à coté de lui et se mit à tirer à coup saccadés. Ces nouveaux tirs les surprirent ; croyant qu’ils avaient affaire à un fuyard ! Il entendit des cris de douleurs ; il était sûr qu’il en a blessé au moins quelque uns, à défaut de morts.
    - Je le veux vivant, Faites gaffe, il est bien armé !
    Tous les soldats autour de lui se mirent à tirer dans sa direction, il se contentait quant à lui de tirer quelques coups pour les empêcher d’avancer et retarder l’assaut. Mais à chaque fois qu’il tire il fait mouche ; les cartouches sont précieuses, puisqu’il doit tenir toutes la journée, s’il le pourra.
    Les soldats avaient compris qu’ils ne pouvaient l’avoir vivant et qu’ils risquaient leur vie à tout moment. Un avion arriva et se mit à mitrailler, puis à lancer des roquettes ; des branches d’oliviers tombaient sur lui. Mais il sentit aussi comme une piqure d’abeille au niveau de sa cuisse, il ne savait pas encore qu’il était blessé. Il était 15h environs, si seulement il pouvait tenir une heure ou deux, il serait sauvé. Il commençait à voir flou ; il se frottait les yeux et ne comprenait pas qu’il avait perdu beaucoup de sang. Tapis dans son trou il continua à tirer à l’aveuglette, surtout pour gagner du temps.
    Bientôt, la nuit allait tomber et il n’y aura plus rien à faire contre lui…, Au moment où il allait bouger, il senti une douleur à la cuisse. Il était blessé, peu importe, il doit riposter pour ne pas se laisser envahir. Mais devant les tirs sans répit en sa direction, il a tout de suit trouvé une échappatoire…Il se laissa dégringoler sur une pente pour se retrouver à quelques deux cent mètres plus loin, dans un jardin. Après s’être camouflé sous un buisson, il fit un garrot pour arrêter le sang qui coulait. Par bonheur, les militaires avaient complètement perdu ses traces. Ils ne trouvèrent point ce « fellagha » qui leur a tué plusieurs soldats et qu’il leur a donné du fil à retordre.
    Le soleil commençait à décliner enfin… Sa jambe lui faisait de plus en plus mal, il la sentait ankylosée. A l’aide de son poignard, il confectionna une béquille sur laquelle il allait s’appuyer pour marcher.
    En effet, dés la nuit tombée, il se décida de bouger ; il fallait s’éloigner de l’endroit. Il marcha difficilement, en boitant bien sûr en direction du village. Et puis il entendit subitement des bruits de pas :
    - Men hou ? (qui est-tu)
    - Nous sommes des mousseblin du village et toi ?
    - Je suis Mohand Oulhocine, je suis blessé.
    Ils s’avancèrent vers lui et le conduisirent à « l’Azib Ougaoua » où une vieille le reçut en héros :
    - Ainsi c’est toi Si Md Oulhocine ; J’ai suivi les combats. Et j’ai personnellement compté 45 soldats morts qu’ils ont amenés avec eux. Que dieu te garde.
    Aussitôt, arrivé au village, la nouvelle se répondit vite, que l’adjudant Hocine Chergui est là, vivant. Là aussi, les gens l’accueillirent en héros. Chacun commentera le déroulement des combats, mais tous admirèrent le courage de l’adjudant Chergui Hocine.
    Sur les 500 cartouches qu’il portait, il ne lui restait que deux chargeurs. Il aura tiré 480 cartouche, Quel exploit ! Il y avait de quoi crever des tympans ! Depuis, il portera le surnom de Hocine Azoug (le sourd).
    Il sera l’exemple de courage, qui sera colporté de village en village. Tout le monde l’admirait : affronter toutes les forces du ratissage, à lui tout seul, était quelque chose d’invraisemblable. Dans les villages, la nouvelle de l’accrochage sera transmise comme un exploit jamais égalé.
    Extrait résumé de « L’accrochage des Ait Hamdoune ou l’adjudant Chergui Hocine, seul contre tous »

    Du livre « Chroniques des années de guerre en wilaya III » Tome 1. De M. Djoudi Attoumi.

    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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