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En Algérie, il est plus difficile de ne pas jeûner que de faire le ramadan

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  • En Algérie, il est plus difficile de ne pas jeûner que de faire le ramadan

    On espère que l'actuelle rébellion algérien saura imposer la laïcité au minimum.

    - Ils sont jeunes et refusent de se plier au mois de carême, dont ils pensent qu’il est plus dicté par l’habitude que par des motivations religieuses.

    D’abord, Anis avait donné rendez-vous au siège d’un parti politique sur les hauteurs d’Alger. Là-bas, à l’heure du déjeuner, sympathisants et militants ont l’habitude de se retrouver dans une pièce aux fenêtres opaques pour partager gueuleton et cigarettes. Même en cette période de ramadan.

    Finalement, ce parti progressiste a refusé d’accueillir le groupe d’amis le temps d’une interview : les responsables auraient été prévenus trop tard. Après avoir marché quelques kilomètres vers le centre-ville sous un soleil hostile, la bande de copains se pose dans un recoin du parc de la Liberté, à l’abri des regards et des oreilles, pour évoquer les raisons qui les ont poussés à ne plus suivre le rituel du ramadan pourtant sacré chez les musulmans. « J’aurais aimé vous inviter à boire un café pour échanger sur le sujet », se confond en excuses le jeune homme de 20 ans. Mais, en ce mois de carême, restaurants et bars de la capitale sont fermés toute la journée.

    « Hors la foi »

    Perfecto sur les épaules, pendentif en forme de marteau de Thor autour du cou, cet étudiant en informatique, qui se dit athée, ne jeûne pas. « Même mes parents ne savent pas pourquoi ils font ramadan : ils jeûnent par habitude. Ah, si, ma mère le fait pour maigrir. » Rire général. Ce fan du groupe de metalnéerlandais Carach Angren vit dans une cité HLM de Dely Brahim, dans la banlieue ouest d’Alger, où désormais le voisinage sait qu’il est « hors la foi ». « Au début, j’ai eu des problèmes, j’ai dû mentir, prétexter que j’étais malade. J’aurais tellement préféré leur dire : Je vous emmerde, et je fais ce que je veux », lance-t-il.

    « Arme idéologique »

    A l’heure des grandes manifestations pour exiger le départ du « pouvoir » en place et une nouvelle République, ces jeunes-là espèrent que l’Algérie optera pour la laïcité et que l’islam ne sera plus la religion d’Etat. « On sent une intolérance envers nous. On n’est pas obligés de croire de la même manière, chacun a son mode de vie », ajoute Zora.

    Si la Constitution algérienne garantit la liberté de culte, de conscience et d’opinion et n’a pas prévu d’envoyer les citoyens en prison pour celui qui ne « respecte » pas le jeûne, pourtant, un article du Code pénal – le 144 bis 2 – est utilisé « comme arme idéologique », selon des avocats, car il prévoit des peines d’emprisonnement pour « quiconque offense le Prophète (paix et salut soient sur lui) et les envoyés de Dieu ou dénigre le dogme ou les préceptes de l’islam, que ce soit par voie d’écrit, de dessin, de déclaration ou tout autre moyen ». « Voilà pourquoi il faut se cacher, on peut utiliser cet article contre les non jeûneurs », assure Anis-.


    Le Monde.fr (extraits).
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