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La dernière grenade de la guerre commerciale de Trump a l'économie mondiale se dirige vers un scénario où personne ne gagne
Joe Ciolli 31 mai 2019, 17h38
Le président Donald Trump a encore intensifié la guerre commerciale mondiale en cours jeudi soir, en annonçant qu'il imposerait un droit de douane de 5% sur les importations mexicaines.
Les experts craignent que les tensions accrues ne puissent avoir un impact négatif sur les économies du monde entier.
La dernière manœuvre de Trump souligne également la manière dont il se spécialise essentiellement dans le commerce des armes afin de faire avancer d'autres initiatives politiques.
.
Avec son dernier décret stipulant que les États-Unis imposeront des droits de douane de 5% sur les importations mexicaines à compter du 10 juin, le président a tourné le regard sur sa guerre commerciale mondiale toujours plus intense .
Comme d'habitude, Trump a annoncé la nouvelle sous forme de tweet en précisant que les tarifs resteraient en vigueur "jusqu'à ce que des migrants clandestins arrivent par le Mexique et entrent dans notre pays, STOP". Trump a déclaré qu'il augmenterait le tarif initial de 5% jusqu'à 25% - par incréments de cinq points - si les gens n'arrêtent pas de passer par la frontière.
Cette décision pourrait à terme renforcer la plateforme anti-immigration qui sera cruciale pour les chances de réélection de Trump pour 2020, mais elle menace de déstabiliser certaines des plus grandes économies du monde. Cela est d'autant plus vrai que Trump pousse déjà un conflit commercial majeur avec la Chine .
L'impact américain
Aux États-Unis, JPMorgan estime que les nouveaux tarifs réduiront le produit intérieur brut du troisième trimestre d'un quart de point, passant de 1,75% à 1,5%. La firme avertit qu'une révision à la baisse beaucoup plus importante pourrait s'avérer nécessaire si le ralentissement des dépenses d'une entreprise se répercutait sur l'embauche, ce qui pourrait alors nuire aux dépenses de consommation.
Il y a aussi des spéculations en cours selon lesquelles les récents tarifs de Trump servent de taxe indirecte à la personne moyenne. Après tout, lorsqu'un tarif est imposé, l'entreprise de fabrication ne doit pas nécessairement compenser la différence. Ils peuvent toujours répercuter ce coût supplémentaire sur l'acheteur.
Les experts disent que cela commence déjà à se produire avec les tarifs mis en œuvre l'an dernier.
"L'impact des tarifs de 2018 a été répercuté sur les consommateurs américains sous forme de prix plus élevés" , a déclaré vendredi Chad Brown, chercheur principal à l' Institut Peterson d'économie internationale , dans un tweet . "La Chine ne supporte PAS le fardeau des tarifs de Trump."
Jack McIntyre, gestionnaire de portefeuille chez Brandywine Global , partageait le même sentiment.
"En fin de compte, cette menace nuit à l'économie américaine en affectant les dépenses de consommation", at-il déclaré. "L'incertitude qui en résulte pourrait entraîner davantage de report des dépenses en capital."
Et puis il y a la question des marchés. Alors que les actions américaines se rapprochent de leur pire semaine depuis leur crise de décembre 2018, il est clair que les investisseurs sont allergiques à l'incertitude commerciale de Trump. Pendant ce temps, sur le marché obligataire, l'effrayante ruée vers les Treasurys - considérés comme l'un des actifs les plus sûrs au monde - a poussé les rendements à des terres dangereuses.
Les rendements à court terme sont actuellement supérieurs à ceux de leurs homologues à long terme, ce qui a historiquement signalé une récession imminente, car elle implique de la nervosité. On parle généralement d'inversion de la courbe des rendements et la situation actuelle est plus tendue que jamais depuis 2007 .
"Le monde s'achemine vers une autre longue période de divergence politique et économique, avec certaines similitudes avec la guerre froide initiale, mais à bien des égards plus envahissante et plus dangereuse pour les investisseurs", Kim Catechis, responsable des marchés émergents mondiaux chez Equity-Investment. cabinet Martin Currie , a déclaré dans un communiqué envoyé par courriel vendredi.
L'impact du Mexique
En ce qui concerne le Mexique, le plus gros impact des tarifs de Trump a été absorbé par la devise du pays. Le peso a perdu jusqu'à 3,6% par rapport au dollar américain vendredi.
Cela peut paraître positif à première vue, car une devise plus faible augmente la valeur des exportations d'un pays. Mais pas si vite. Les experts dissipent déjà cette notion, arguant que l’effet négatif des tarifs plus élevés finira par faire plus que compenser cela.
"L'impact du taux de droit de départ de 5% sur l'économie du Mexique serait probablement largement compensé par une nouvelle baisse modeste du peso", a déclaré un récent rapport du cabinet de conseil en économie Capital Economics. "Mais un taux de droit plus élevé nuirait aux exportations et inciterait Banxico à resserrer sa politique monétaire."
Il y a aussi la question des entreprises américaines qui exercent une forte activité au Mexique, notamment des constructeurs automobiles. Ils sont directement dans la ligne de mire, et les consommateurs américains comme les entreprises disposant de vastes chaînes d'approvisionnement mexicaines ressentiront un étouffement.
"La chaîne d'approvisionnement intégrée entre les États-Unis et le Mexique prévoit que des composants de fabrication, en particulier pour l'automobile, traversent et re-traversent la frontière de nombreuses fois", a déclaré McIntyre de Brandywine Global. "En moyenne, le prix d'une voiture neuve pourrait augmenter de 1 500 dollars ou plus, ce qui pourrait entraîner une baisse des ventes automobiles aux États-Unis."
L'impact déjà ressenti
Les droits de douane en vigueur au Mexique viendraient s’ajouter aux droits de douane déjà adoptés par la Chine. Trump est engagé avec ses homologues chinois depuis plus d'un an, les tensions se sont ravivées au cours des dernières semaines.
Et l'impact de la guerre commerciale jusqu'à présent n'a pas été joli. Les choses ont tellement empiré que les entreprises ont commencé à avertir les investisseurs des inconvénients qu'ils pourraient rencontrer en cas de conflit prolongé.
Cela inclut le président-directeur général de Stanley Black & Decker, James Loree, qui a déclaré lors d'un récent appel à résultats que le segment des outils et du stockage de son entreprise était soumis à de graves pressions des tensions commerciales. Loree a déclaré que sa société pourrait aller jusqu'à réinstaller en Chine sa production de la Chine vers les États-Unis, ce qui serait une entreprise coûteuse et complexe.
Si la guerre commerciale se poursuit, attendez-vous à ce que ce type de perturbation commence à se produire avec une plus grande régularité.
De plus, les économistes de Bloomberg, Dan Hanson et Tom Orlik, ont récemment estimé que, si les droits de douane étaient élargis pour couvrir l’ensemble du commerce entre les États-Unis et la Chine, 600 milliards de dollars pourraient être éliminés du PIB mondial en 2021.
Trump utilise le commerce pour promouvoir ses autres politiques
Au-delà du vaste impact multinational des tarifs actuels de Trump, il convient également de noter que ce dernier développement met en évidence une approche discutable en matière de politique. En invoquant l'immigration comme raison derrière ses nouveaux tarifs mexicains, le président a soudé deux de ses projets pour animaux de compagnie.
C'est une approche similaire à celle utilisée par Trump dans son combat contre la Chine. Bien que le différend ait initialement semblé essentiellement lié au commerce, il est devenu évident que le président se livrait à une sorte de guerre froide technologique . Trump s'inquiète clairement de l'influence croissante des géants chinois de la technologie tels que Huawei, et arme le commerce pour y remédier.
En définitive, les tarifs semblent être l'arme politique préférée de Trump. Et compte tenu de son comportement au cours des derniers mois, il devient évident qu'aucun pays ni aucune région n'est à l'abri de ses fanfarons.
Joe Ciolli 31 mai 2019, 17h38
Le président Donald Trump a encore intensifié la guerre commerciale mondiale en cours jeudi soir, en annonçant qu'il imposerait un droit de douane de 5% sur les importations mexicaines.
Les experts craignent que les tensions accrues ne puissent avoir un impact négatif sur les économies du monde entier.
La dernière manœuvre de Trump souligne également la manière dont il se spécialise essentiellement dans le commerce des armes afin de faire avancer d'autres initiatives politiques.
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Avec son dernier décret stipulant que les États-Unis imposeront des droits de douane de 5% sur les importations mexicaines à compter du 10 juin, le président a tourné le regard sur sa guerre commerciale mondiale toujours plus intense .
Comme d'habitude, Trump a annoncé la nouvelle sous forme de tweet en précisant que les tarifs resteraient en vigueur "jusqu'à ce que des migrants clandestins arrivent par le Mexique et entrent dans notre pays, STOP". Trump a déclaré qu'il augmenterait le tarif initial de 5% jusqu'à 25% - par incréments de cinq points - si les gens n'arrêtent pas de passer par la frontière.
Cette décision pourrait à terme renforcer la plateforme anti-immigration qui sera cruciale pour les chances de réélection de Trump pour 2020, mais elle menace de déstabiliser certaines des plus grandes économies du monde. Cela est d'autant plus vrai que Trump pousse déjà un conflit commercial majeur avec la Chine .
L'impact américain
Aux États-Unis, JPMorgan estime que les nouveaux tarifs réduiront le produit intérieur brut du troisième trimestre d'un quart de point, passant de 1,75% à 1,5%. La firme avertit qu'une révision à la baisse beaucoup plus importante pourrait s'avérer nécessaire si le ralentissement des dépenses d'une entreprise se répercutait sur l'embauche, ce qui pourrait alors nuire aux dépenses de consommation.
Il y a aussi des spéculations en cours selon lesquelles les récents tarifs de Trump servent de taxe indirecte à la personne moyenne. Après tout, lorsqu'un tarif est imposé, l'entreprise de fabrication ne doit pas nécessairement compenser la différence. Ils peuvent toujours répercuter ce coût supplémentaire sur l'acheteur.
Les experts disent que cela commence déjà à se produire avec les tarifs mis en œuvre l'an dernier.
"L'impact des tarifs de 2018 a été répercuté sur les consommateurs américains sous forme de prix plus élevés" , a déclaré vendredi Chad Brown, chercheur principal à l' Institut Peterson d'économie internationale , dans un tweet . "La Chine ne supporte PAS le fardeau des tarifs de Trump."
Jack McIntyre, gestionnaire de portefeuille chez Brandywine Global , partageait le même sentiment.
"En fin de compte, cette menace nuit à l'économie américaine en affectant les dépenses de consommation", at-il déclaré. "L'incertitude qui en résulte pourrait entraîner davantage de report des dépenses en capital."
Et puis il y a la question des marchés. Alors que les actions américaines se rapprochent de leur pire semaine depuis leur crise de décembre 2018, il est clair que les investisseurs sont allergiques à l'incertitude commerciale de Trump. Pendant ce temps, sur le marché obligataire, l'effrayante ruée vers les Treasurys - considérés comme l'un des actifs les plus sûrs au monde - a poussé les rendements à des terres dangereuses.
Les rendements à court terme sont actuellement supérieurs à ceux de leurs homologues à long terme, ce qui a historiquement signalé une récession imminente, car elle implique de la nervosité. On parle généralement d'inversion de la courbe des rendements et la situation actuelle est plus tendue que jamais depuis 2007 .
"Le monde s'achemine vers une autre longue période de divergence politique et économique, avec certaines similitudes avec la guerre froide initiale, mais à bien des égards plus envahissante et plus dangereuse pour les investisseurs", Kim Catechis, responsable des marchés émergents mondiaux chez Equity-Investment. cabinet Martin Currie , a déclaré dans un communiqué envoyé par courriel vendredi.
L'impact du Mexique
En ce qui concerne le Mexique, le plus gros impact des tarifs de Trump a été absorbé par la devise du pays. Le peso a perdu jusqu'à 3,6% par rapport au dollar américain vendredi.
Cela peut paraître positif à première vue, car une devise plus faible augmente la valeur des exportations d'un pays. Mais pas si vite. Les experts dissipent déjà cette notion, arguant que l’effet négatif des tarifs plus élevés finira par faire plus que compenser cela.
"L'impact du taux de droit de départ de 5% sur l'économie du Mexique serait probablement largement compensé par une nouvelle baisse modeste du peso", a déclaré un récent rapport du cabinet de conseil en économie Capital Economics. "Mais un taux de droit plus élevé nuirait aux exportations et inciterait Banxico à resserrer sa politique monétaire."
Il y a aussi la question des entreprises américaines qui exercent une forte activité au Mexique, notamment des constructeurs automobiles. Ils sont directement dans la ligne de mire, et les consommateurs américains comme les entreprises disposant de vastes chaînes d'approvisionnement mexicaines ressentiront un étouffement.
"La chaîne d'approvisionnement intégrée entre les États-Unis et le Mexique prévoit que des composants de fabrication, en particulier pour l'automobile, traversent et re-traversent la frontière de nombreuses fois", a déclaré McIntyre de Brandywine Global. "En moyenne, le prix d'une voiture neuve pourrait augmenter de 1 500 dollars ou plus, ce qui pourrait entraîner une baisse des ventes automobiles aux États-Unis."
L'impact déjà ressenti
Les droits de douane en vigueur au Mexique viendraient s’ajouter aux droits de douane déjà adoptés par la Chine. Trump est engagé avec ses homologues chinois depuis plus d'un an, les tensions se sont ravivées au cours des dernières semaines.
Et l'impact de la guerre commerciale jusqu'à présent n'a pas été joli. Les choses ont tellement empiré que les entreprises ont commencé à avertir les investisseurs des inconvénients qu'ils pourraient rencontrer en cas de conflit prolongé.
Cela inclut le président-directeur général de Stanley Black & Decker, James Loree, qui a déclaré lors d'un récent appel à résultats que le segment des outils et du stockage de son entreprise était soumis à de graves pressions des tensions commerciales. Loree a déclaré que sa société pourrait aller jusqu'à réinstaller en Chine sa production de la Chine vers les États-Unis, ce qui serait une entreprise coûteuse et complexe.
Si la guerre commerciale se poursuit, attendez-vous à ce que ce type de perturbation commence à se produire avec une plus grande régularité.
De plus, les économistes de Bloomberg, Dan Hanson et Tom Orlik, ont récemment estimé que, si les droits de douane étaient élargis pour couvrir l’ensemble du commerce entre les États-Unis et la Chine, 600 milliards de dollars pourraient être éliminés du PIB mondial en 2021.
Trump utilise le commerce pour promouvoir ses autres politiques
Au-delà du vaste impact multinational des tarifs actuels de Trump, il convient également de noter que ce dernier développement met en évidence une approche discutable en matière de politique. En invoquant l'immigration comme raison derrière ses nouveaux tarifs mexicains, le président a soudé deux de ses projets pour animaux de compagnie.
C'est une approche similaire à celle utilisée par Trump dans son combat contre la Chine. Bien que le différend ait initialement semblé essentiellement lié au commerce, il est devenu évident que le président se livrait à une sorte de guerre froide technologique . Trump s'inquiète clairement de l'influence croissante des géants chinois de la technologie tels que Huawei, et arme le commerce pour y remédier.
En définitive, les tarifs semblent être l'arme politique préférée de Trump. Et compte tenu de son comportement au cours des derniers mois, il devient évident qu'aucun pays ni aucune région n'est à l'abri de ses fanfarons.
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