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Une famille palestinienne encerclée

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  • Une famille palestinienne encerclée

    Bethléem - 13-03-2007

    Résistance non violente à l'occupation : une famille refuse de partir malgré les colonies qui l'encerclent
    Par Najib Farag

    Ibrahim Attallah est assis dans le village voisin détruit de Khallet Sakariya. Sa famille est maintenant seule, encerclée par des fils de fer barbelés et des postes d'observation qui servent aussi de tours de tirs.


    Le vieil homme habite ce qu'il est coutume d'appeler "la maison de Khirbat Sakariya" parce qu'elle est maintenant encerclée par le bloc de colonies israéliennes Gush Etzion, qui a été construit sur les terres au sud de Bethléem.

    Les murs de la maison d'Attallah sont fissurés et peuvent s'effondrer n'importe quand. La rénovation est interdite. Les bulldozers et les colons attendent sa destruction pour finir ce qu'ils ont commencé : gommer un autre village palestinien.

    Après avoir interdit toute expansion, construction ou rénovation, les forces israéliennes espéraient que la famille Attallah partirait, laissant la terre aux colons. Cela a marché dans beaucoup de villes palestiniennes où la vie était devenue trop difficile pour continuer à vivre là, à cause des restrictions, des colonies ou du mur.

    La route qui mène de Bethléem au village n'est pas facile, avec environ 15 Kms sur les routes des colonies de Gush Etzion, la colonie qui a été bâtie sur des milliers et des milliers de dunams de terres au sud de Bethléem. Le gouvernement israélien a construit ce bloc de colonies dans le cadre de sa politique de saisie de Jérusalem grâce aux colonies, au mur, et à la confiscation des terres. Gush Etzion doit faire partie du "Grand Jérusalem".

    Alors que nous allions au village, nous avons vu les colons israéliens en train de photographier toutes les voitures qui portaient des plaques d'immatriculation palestiniennes, les soupçonnant toutes, et en particulier celles marquées "Presse". A "Beit Khirbat Sakariya", au milieu des cercles des maisons des colons, Attallah se tient devant la porte d'entrée de sa demeure, portant le keffieh et les habits traditionnels palestiniens.

    Il est né en 1910 et a derrière lui une longue histoire de lutte contre les colonies et les réglementations militaires. Le village est situé en haut d'une colline, d'où on peut voir le Dôme du Rocher, à Jérusalem. Mais en 1967, lorsque les pratiques israéliennes contre la population sont devenues trop dures à supporter, beaucoup sont partis. L'exception fut la famille Attallah élargie, qui, de 50 personnes, est passée à 510 personnes avec plusieurs ajouts familiaux. Ils vivaient sur la terre familiale de 800 dunams, mais avec la confiscation par les colons et les soldats israéliens, il ne leur en reste que 50.

    Attallah dit : "Nous sommes restés aussi forts que possible face aux soldats et aux colons, sinon nous n'aurions rien pu conserver de notre terre. Ce que nous arrivons à conserver, ce sont nos maisons dans un état de semi démolition et un chemin, une façon de préserver notre présence ici."

    Attallah raconte qu'il y a quelques années, il s'est mis en contact avec un personnage respecté dans la région, Mohammad Ali Jabari, et a demandé de l'aide pour repousser les attaques israéliennes. "Il nous a suggéré d'aller voir Moshé Dayan, le Ministre israélien de la Sécurité de l'époque. Nous y avons été immédiatement. Mais ce qu'il nous a proposé, ce fut un morceau de terre sur lequel bâtir une villa, un endroit très grand comparé à celui-ci, de manière à nous faire quitter notre terre."

    Il dit qu'en aucun cas il ne quittera sa terre, une décision qui a provoqué l'admiration non seulement de Jabari, mais aussi de tous les Palestiniens de Cisjordanie, pour qui Attallah représente une sorte de héros populaire de la résistance.

    De nombreux israéliens ont été envoyés pour parvenir à un accord qui obligerait la famille Attallah à quitter sa terre. En 1980, le commandant israélien du bataillon qui occupe Bethléem a offert 300.000 dinars jordaniens aux propriétaires qui accepteraient de partir. Attallah dit que beaucoup de Palestiniens "ont suivi les vœux des occupants israéliens et ont accepté des offres similaires dans d'autres endroits."

    Les colons et les soldats israéliens ont commencé à harceler violemment la famille. "Nous sommes encerclés par les colons. Ils viennent ici jeter des pierres sur nous et nos maisons. Ils volent nos poulets et nos moutons, détruisent nos récoltes. Les soldats démolissent nos maisons et nos bâtiments. Ils jouent au jeu du chat et de la souris avec nous. Ils démolissent, et nous reconstruisons."

    Attalah dit que les esprits des générations de sa famille sont ici. Deux de ses fils sont enterrés dans le village, dont son fils Mohammed, 48 ans, est l'héritier légitime.

    Mohammed commence à marcher à travers le village pour montrer ce que la vie y est devenue. Il y a des caméras, installées par les Israéliens, qui enregistrent tous les déplacements des habitants 24 heures sur 24. "Ceci ne nous dissuade pas", dit Mohammed. Il donne un coup de pied à la terre sèche, qui ne peut pas être facilement aplanie parce que les Israéliens n'autorisent pas que le système de fourniture d'eau soit rénové, et marche vers la Mosquée, qui tombe en ruines. Elle a été en partie démolie par les autorités israéliennes, qui empêchent les réparations. L'entrée est petite pour le Prophète Zakariya. Mohammed dit que les colons israéliens sont venus au village et ont essayé d'entrer dans la Mosquée, en clamant que pour eux, elle était sacrée.

    En ce qui concerne l'éducation dans le village, Mohammed dit qu'il a pu convertir plusieurs salles pour créer une école qui accueille 26 écoliers pour le cursus élémentaire. Bien que le Ministère de l'Education ait envoyé quelques femmes, il est difficile que les enseignants restent car il n'y a même pas de salle de bain. Il souligne que les colonies qui les entourent ont de grandes écoles avec "toilettes, laboratoires et piscines". C'est pour cette raison qu'il en veut à l'Autorité Palestinienne qui ignore le village de Khallet Sakariya.

    Le président du Comité du Peuple pour la Défense de la Terre pour le sud de la Cisjordanie, Khalid Al Azzeh, exprime sa fierté devant la fermeté de la famille Attallah et dit qu'il essaie de lui fournir de l'aide, par le canal du gouvernement du district de Bethléem. Toutefois, 50.000 shekels qui avaient été promis n'ont pas encore été versés.

    L'économie locale dépend de la production fermière quotidienne, avec le lait et le fromage vendu à Bethléem et même à quelques colons dont les enfants disent "préférer acheter ce qui est le moins cher."

    Mohammed a tenu un petit magasin pendant un temps, mais le trajet à la ville pour alimenter le stock s'est avéré trop coûteux en argent et en temps. La femme d'Ibrahim Attallah et mère de Mohammad dit que tout va bien, "tant que ces colons restent loin de nous."

    Elle déclare : "Nous vivons sur notre terre, en dépit des difficultés. Nous vivons ici, et nous mourrons ici."




    Source : Palestine News Network
    Traduction : MR pour ISM
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