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Massacre de soldats egyptiens

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  • Massacre de soldats egyptiens

    Suite au débat en Egypte sur les crimes israéliens contre des prisonniers egyptiens, un témoignage.

    Je me souviens que mon unité s'était positionnée des deux côtés d'une route lorsque soudain un camion chargé de gens est apparu. Au début personne n'y a fait attention. En fait, et quand j'y pense aujourd'hui, je crois que s'ils avaient continué leur chemin sans provocation, ils seraient passés sans même que nous nous en rendions compte. Mais ils devaient être effrayés. Ils ne s'attendaient pas à nous trouver là, au milieu du Sinaï. L'un d'eux tira, paniqué, quelques balles inoffensives. Et bien avant que le camion ne fût dans notre ligne de feu il était clair que nous devions l'éliminer. Car en ce qui nous concerne, quiconque tirait ne pouvait être que l'ennemi. Le camion, je m'en souviens comme si c était aujourd'hui, était découvert. J'ai lancé une grenade antichar dans le compartiment du conducteur. Le véhicule a basculé sur le rebord de la route et s'est immobilise. Les gens qui y étaient entassés, accrochés aux portes ou se tenant à l'arrière, ont été éjectés sur quelques mètres et se sont retrouvés sur le sable. J'avais touché dans le mille.
    Une minute plus tard tout était silencieux. J'ai regarde le camion et sa cargaison. Les gens étaient sonnes Ils ne bougeaient pas. A ce moment, j'ai réalisé que c’étaient des feddayin [palestiniens]. Il est possible qu'il y ait eu quelques Egyptiens parmi eux, mais ils n'étaient pas en uniforme. En tout cas, ce n'était certainement pas une unité régulière égyptienne. Alors que je me penchais pour désarmer mon lance-grenades, j'ai vu notre unité passer à l'assaut. C'était une scène de pure folie. Biro a lancé des ordres et chacun des nôtres a vidé son arme sur la personne la plus rapprochée.
    Une énorme fusillade a ébranlé le désert. Je n ai pas tiré Je me suis tenu là, regardant le camion et nos gars, ne réalisant pas ce qui se passait, ce qu'ils faisaient. Puisque pour moi tout s'était achevé au moment ou ma grenade avait arraché la tête du conducteur. L'assaut sans pitié qui a suivi semblait totalement injustifié. Les gens du camion étaient restés simplement là, encaissant des centaines de balles, sans riposter, sans même bouger. » Biro ne nie pas aujourd'hui qu'il ait donné l'ordre d attaquer le camion. Il ne nie même pas que les tirs venaient du seul côté israélien, et ne donne pas l'impression que cela change quoi que ce soit pour lui. Ce qui le travaille encore à ce jour c'est de savoir comment on avait pu charger tant de gens dans un seul camion. « Quand je tire sur quelqu'un et que je le touche, je le sens dans mes doigts. Mais cette fois, il s'est passé une chose étrange. Des que j’ai donné l'ordre de feu. je me suis mis à tirer moi aussi, avec un Cari Gustav que j'avais récupéré à Mitla. J’ai commencé à en vider les chargeurs, l'un derrière l'autre, sur les gens du camion. Et, je ne sais pourquoi, j'avais le sentiment que chacune de mes balles touchait. Mais ils demeuraient debout comme si les balles les traversaient, sans faire de trous dans leurs ventres. J'étais abasourdi. C'était un grand mystère pour moi. Ce n'est que plus tard, lorsque j'ai ordonnai le cessez-le-feu et que je me suis dirigé vers le camion, que j'ai compris ce qui s'était passé. Le camion était si chargé que les gens n'avaient pas d'espace pour s'écrouler. Ceux qui sont morts, sont ainsi morts debout. »
    (Revue d'études palestiniennes, n° 6, série, hiver 1996)
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