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Maladies rénales : un défi médical et social

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  • Maladies rénales : un défi médical et social


    Les reins sont un capital précieux à préserver que ce soit par la prévention – l’hygiène de vie – ou par le dépistage. Beaucoup de personnes ignorent en fait l’état réel de leurs propres reins et il vous est donc proposé de revisiter cette organe et ses pathologies à travers ce dossier. La principale affection et la plus connue, la maladie rénale chronique, affecte le filtrage du sang qu’elle assume et les traitements actuels ne visent qu’à ralentir son évolution. Si le quatuor, hypertension, diabète, obésité et maladies auto-immunes, en sont les principaux facteurs de risque, le mésusage des médicaments ( et son corolaire, l’auto-médication souvent incontrôlée dans les pays intermédiaires), les substances polluantes de notre environnement (métaux lourds, perturbateurs endocriniens…) ainsi que, plus prosaïquement, la pauvreté et l’absence de couverture sociale correcte dans bien des pays complètent bien ce groupe de tête pour faire de ces atteintes un véritable problème de santé à l’échelle mondiale.

    Le nombre de malades souffrant d’insuffisance rénale est difficile à évaluer car la maladie ne se manifeste que lorsqu’elle a atteint un stade très avancé, parfois au bout de plusieurs dizaines d’années d’évolution silencieuse. Ainsi elle se manifeste rarement avant 45 ans, et sa prévalence augmente avec l’âge, notamment après 65 ans.
    Partie immergée de l’iceberg selon certains, le nombre de personnes malades des reins ou qui ne présentent pas encore de symptômes avoisinerait au total 10% de la population mondial (dont environ quand même certainement plus des 2/3 en situation sub-pathologique avant le déclenchement réel de l’insuffisance) soit près de 850 millions de personnes dans le monde, 6 millions en France et 3 millions au Maroc ou en Algérie. L'insuffisance rénale chronique serait responsable de 2,4 millions de morts par an dans le monde.

    Sommaire
    I/ Rôle et Fonctionnement du rein
    II/ L’attaque insidieuse des reins
    III/ La prévention de l'insuffisance rénale
    IV Le dépistage de l’insuffisance rénale
    V/ La toxicité médicamenteuse
    VI/ L’insuffisance rénale aiguë


    I/ Rôle et Fonctionnement du rein
    Outre la production d’urine qui permet l’élimination de déchets toxiques comme la créatinine et l’urée, les reins assurent tout l’équilibre de l’organisme en ajustant nos besoins en eau et sels minéraux (sodium, potassium, calcium…) et en produisant ou activant des hormones indispensables comme la rénine qui régule la pression artérielle, l’érythropoïétine (ou EPO comme celle employée en dopage par les sportifs !) qui favorise la production de globules rouges et la vitamine D au bénéfice de nos os. Les artères rénales apportent environ 1 700 litres de sang par jour aux reins. Ainsi, toutes les 30 minutes, les reins filtrent tout le sang du corps humain.
    Le rein contient environ 1 million d’unités productrices d'urine, les néphrons qui sont constitués d’un réseau de petits tubes (les tubules) et d'un système de filtration du sang, appelé glomérule. Cette épuration est effectuée par des cellules spécialisées (les podocytes) qui, en retenant les molécules de plus grosse taille, produisent un liquide qui contient de l'eau, du potassium, du sodium, du glucose, des acides aminés…ainsi que de l'urée et de l'acide urique. Sa composition varie en fonction des apports et des besoins du corps.
    Le bon fonctionnement des reins se mesure par le calcul du débit de filtration glomérulaire du sang. Une valeur normale se situe autour de 100 ml/mn (entre 90 et 120). Ce débit correspond aux capacités du rein en pourcentage : à 60 ml/mn ainsi, le rein fonctionne à près de 60 %, chiffre en dessous duquel on présente une insuffisance rénale. La présence anormale de protéines (protéinurie) ou de sang dans les urines témoigne aussi de l’existence de lésions.
    Par ailleurs, les glandes surrénales, située à la partie supérieure des reins, synthétisent et relâchent de nombreuses hormones dans la circulation sanguine, comme l'adrénaline qui accélère le rythme cardiaque en cas de besoin et le cortisol aux nombreuses fonctions, dont notamment la régulation de la glycémie (le taux de sucre dans le sang).

    II/ L’attaque insidieuse des reins
    La maladie rénale chronique ou insuffisance rénale est une diminution du fonctionnement des reins qui ne filtrent plus correctement le sang de l'organisme.L'insuffisance rénale est dite chronique quand la maladie rénale (ou néphropathie) en cause est irréversible, sans possibilité de guérison. Longtemps silencieuse, elle ne régresse pas et peut évoluer, vers l'insuffisance rénale chronique terminale, comme cela se passe encore trop dans les pays intermédiaires comme le Maroc.
    Outre l’obésité, les pathologies qui induisent un dysfonctionnement rénal sont liées dans presque un quart des cas à une hypertension et un autre quart à un diabète. Ainsi, dix ans après le début d’un diabète, près d’un tiers des patients dans le monde développe encore une insuffisance rénale malgré l’amélioration constante de la prise en charge de cette autre pathologie.
    Les maladies auto-immunes ou à manifestations auto-immunes en constituent ensuite la troisième grande cause chez près de 10 % des patients : dans ces dernières, le système immunitaire chargé normalement de nous défendre des agresseurs extérieurs (bactéries, virus…) se dérègle en s’attaquant à nos propres cellules et tissus. Les atteintes rénales peuvent s’y révéler parmi les plus lourdes, allant jusqu’à engager encore fréquemment le pronostic vital au Maghreb, dans certaines de ces pathologies comme le lupus ou la sclérodermie (une maladie rare qui se manifeste par un durcissement de la peau).
    Aucun symptôme en général ne prévient de l’altération des reins qui parviennent au début à compenser leurs dégradations par un surcroît d’activité permettant une production identique d’urine. Les premiers signes sont malheureusement souvent trop vagues (fatigue, perte d’appétit…) pour être pris au sérieux. On note qu’à partir de 40 ans les capacités de filtration diminuent de 10 % tous les 10 ans et qu’après 70 ans un tiers des personnes présentent techniquement une insuffisance rénale sans que ne se produisent forcément des complications graves, si ces capacités peuvent se stabiliser à un niveau encore acceptable.
    Ces affections rénales ont tout pour faire peur alors qu’avec une attention minutieuse, on peut ralentir la progression de cette insuffisance et même la contrôler. Dans les cas les plus graves, lorsque les reins fonctionnent à moins de 10 % de leurs capacités, on se trouve à faire face à l’insuffisance rénale terminale, nécessitant un traitement de suppléance par dialyse et/ou greffe de rein.

    III/ La prévention de l'insuffisance rénale
    Pour éviter des atteintes rénales, la prévention est primordiale. Elle passe d’abord en priorité par le traitement précoce et adapté des deux causes principales de l'insuffisance rénale : l'hypertension artérielle et le diabète. Le contrôle de la pression artérielle et de la glycémie sont indispensables pour éviter une évolution, à long terme, vers l'insuffisance rénale.Cela nécessite entre autres de maîtriser la pression artérielle (qui idéalement doit être de 140/80 mm Hg) et la protéinurie, c'est-à-dire la présence de protéines dans les urines (qui doit être inférieure à 0,5 g/jour).
    La prise en charge de tous les facteurs de risque que l’on peut éviter participe aussi de cette prévention comme :
    - la diminution du poids et l’hygiène diététique (régime limité en sel et apport en protéines contrôlé)
    - le traitement des maladies auto-immunes, notamment par l’emploi adéquat de médicaments anti-inflammatoires et/ou immunosuppresseurs ;
    - l’ajustement des doses ou la suppression des médicaments toxiques pour les reins ;
    - etc.

    IV Le dépistage de l’insuffisance rénale
    Il consiste à rechercher des signes de maladie en l’absence de tout symptôme. Il est réalisé à partir du test de bandelettes urinaires sur un échantillon d’urines pour rechercher la présence ou non de protéines (normalement filtrée par les reins), de globules rouges et de globules blancs dans ces urines. Il assure ainsi facilement la détection des dommages aux reins, même à un stade précoce.
    Ce dépistage est proposé en priorité aux personnes présentant un ou plusieurs facteurs de risque d'insuffisance rénale chronique comme le diabète, l’hypertension, l’obésité, l’insuffisance cardiaque, des pathologies athéromateuses (artérites…), auto-immunes, urologique (calculs rénaux...), certaines maladies virales (VIH, Hépatite C.. .)… et sans oublier les personnes âgées de plus de soixante ans.
    En présence d'un ou plusieurs facteurs de risque, le médecin traitant « de famille » doit aussi proposer un dépistage et une surveillance régulière, une fois par an pour assurer une détection précoce des débuts de la maladie rénale chronique, ceci afin de maîtriser et retarder l'évolution du mal.
    Cet examen annuel consiste en :
    - une prise de sang avec dosage de la créatinine permettant le calcul du débit de filtration glomérulaire La créatinine est un déchet produit par l’activité musculaire et la dégradation des protéines de l’alimentation. Le taux de créatinine s’accroît lorsque la fonction rénale se détériore, c'est-à-dire que les reins ne peuvent plus éliminer les toxines et les déchets du sang aussi bien que ceux d’une personne ayant une fonction rénale normale
    - et une analyse d'urine pour la recherche de la présence de protéines (notamment d'albumine chez les personnes diabétiques) dans les urines.
    On notera qu’iI peut arriver que ces deux examens précédents soient négatifs alors que le test à la bandelette est positif.
    Quoiqu’il en soit et dans tous les cas de figure, d’autres analyses de sang, des radiographies, une échographie, une biopsie des reins… peuvent ensuite être nécessaires pour établir l’origine exacte de la maladie rénale et procéder au traitement ad hoc.

    V/ La toxicité médicamenteuse
    Par principe, toute médication n’est jamais anodine et doit être employée avec précaution et mesure ! Du fait de sa riche vascularisation (25 % du débit cardiaque), le rein est en effet un organe particulièrement vulnérable à la toxicité des médicaments présents dans l’organisme. à haute dose ou pris de façon prolongée.
    Même sans ordonnance, certains peuvent se révéler particulièrement nocifs. Au total, les médicaments seraient responsables de près de 10% des insuffisances rénales aiguës (une atteinte brutale et réversible à distinguer de la maladie chronique). Dans les pays du Maghreb, comme le Maroc, et d’Afrique Noire, l’automédication est si massive (faute d’avoir toujours les moyens financiers suffisants pour consulter un médecin) qu’elle provoque bien des catastrophes.

    Sont à surveiller
    des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), des diurétiques, des analgésiques, des antirhumatismaux (comme certaines biothérapies, la chloroquine et l'hydroxychloroquine), des anticonvulsivants, certainsantiviraux, des traitements de l'hypertension artérielle, des antithyroïdiens, certains médicaments antidiabétiques...).
    On le voit, la liste est longue, ce qui ne signifie pas qu’il ne faut pas les utiliser, mais toujours sous contrôle médical. Les insuffisances rénales sont malheureusement vite arrivées. Les diabétiques et les personnes âgées de plus de 65 ans en sont parmi les plus exposés. Les régimes (et certains compléments alimentaires) sont aussi responsables d'insuffisances, notamment ceux qui sont hyperprotéinés.

    VI/ Quand parle-t-on d’insuffisance rénale aiguë ?
    Alors que l’insuffisance rénale chronique (IRC) correspond à une destruction progressive et irréversible des reins, l'insuffisance rénale aiguë (IRA), est due à une atteinte brutale et réversible des reins, au cours d'une infection grave (septicémie), d'une hémorragie, d’une obstruction des voies urinaires (calculs, adénome prostatique) d’une intoxication médicamenteuse…ou encore à l’ingestion de produits toxiques. Dans ce dernier cas, les reins retrouvent leur fonctionnement normal, après, si nécessaire, une période transitoire d'assistance par dialyse. Le recours à la dialyse est en général indispensable : Elle assure la survie du patient pendant le processus de régénération des fonctions rénales. Mal prise en charge ou répétée, cette crise aiguë est susceptible d’évoluer vers une forme chronique.

    Casablanca, 11 juin 2019
    Dr MOUSSAYER KHADIJA الدكتورة خديجة موسيار
    اختصاصية في الطب الباطني و أمراض الشيخوخة Spécialiste en médecine interne et en Gériatrie
    Présidente de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS), رئيسة الجمعية المغربية لأمراض المناعة الذاتية و والجهازية
    Dernière modification par KMoussayer, 11 juin 2019, 18h56.

  • #2
    très intéressant ,merci pour le partage

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    • #3
      maladies rénales

      C'est moi qui vous remercie de votre appréciation
      Bonne journée

      Commentaire


      • #4
        Notez que les bandelettes URINAIRES pour depister les altérations rénales vendues a certains pays maghrebins SONT PERIMEES et ne dosent rien du tout !!!!!

        defit medical et social ????????????????????????????????
        Dernière modification par m1111, 14 juin 2019, 11h43.

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