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Et s'il n'y avait pas le 22 Février ? Par Mohamed Benchicou

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  • Et s'il n'y avait pas le 22 Février ? Par Mohamed Benchicou

    Bien sûr, tout va très vite comme au champ de courses parce c'est bien ça, depuis quelques mois le champ politique algérien est devenu un champ de course nos anciens dirigeants, des purs sang et nous, un peu paumés un peu émerveillés nous parions sur des courses dont on se doute bien qu'elles sont un peu truquées.

    Ce soir Ouyahia dormira à la prison d'El Harrach ; le motif est en soi suffisant pour exulter ou pour s'ébahir de la tournure des événements mais j'avoue n'avoir le cœur ni à jubiler ni à m'attendrir. Que ces dirigeants soient d'indélicats individus nous le savions et, pire, nous le disions qu'à demi-mots.

    Bien entendu nous sommes les premiers surpris par l'envergure de leur prévarication: Ils sont insatiables ! Je n'ai nulle envie de jubiler parce qu'enfin où était l'Etat quand Ouyahia dilapidait l'argent du pétrole algérien ? Où était Gaïd Salah quand Chakib Khelil transférait des sommes faramineuses sur le compte bancaire de Farid Bedjaoui ? Comment Chakib Khelil exécutait des plans américains en toute impunité sur le sol d'un pays qu'il n'a faut-il le rappeler connu qu'en 1962 ? Que faisaient-ils ces hommes qui se sont donné pour mission de protéger un pays et à la barbe desquels se commettaient les plus grands vols qu'on puisse imaginer ?

    Ce qu'ils faisaient ? Eh bien c'est simple : ils traquaient les blogueurs, ils comptaient les jours qui restaient à vivre à Kameleddine Fekhar. Ils présentaient à la justice les journalistes indésirables et le général Gaïd Salah, heureux d'être le chef d'une armée "neutre" dans un océan de gabegie, répétait à qui voulait l'entendre que l'institution militaire ne s'occupait pas de politique et n'avait qu'un seul tuteur : le président Bouteflika.

    Voilà à quoi s'occupait la direction politique du pays, sa police, ses services, son Etat. Voilà à quoi ils s'occupaient pendant que Saïd Bouteflika s'amusait avec la clé du coffre et que nos ministres sans envergure, sans scrupule mais pas sans appétit, mûs par la seule avidité qui tient lieu chez eux d'ambition, se servaient sans pudeur, les uns investissant dans des comptes off-shore, les autres s'offrant des villas à Alicante pour les plus modestes, à Marbella, à Dubai ou encore dans les quartiers huppés de Paris pour les autres.

    Je sais, tout cela est connu et l'événement du jour c'est l'incarcération d’Ahmed Ouyahia qui vient après celles de Saïd Bouteflika de Tartag et du général Mohamed Mediene et de tant d'autres personnages que l'on nous présente comme des individus peu recommandables mais qui, curieusement, n'ont pas été inquiétés pendant près d'un quart de siècle jusqu'à ce que la révolte du 22 Février dernier crée un climat politique favorable à leur arrestation.

    Imagine-t-on ce qu'il serait advenu de l'Algérie si le peuple n'avait pas envahi les rues pour crier à Dieu et aux hommes sa détresse et sa détermination ? Réalise-t-on que sans cette révolution nous serions gouvernés encore aujourd'hui par ceux-là même qui sont à El Harrach ? Arrêtons-nous un moment sur ce point et réfléchissons sur le sort de notre pays si le chef d'Etat-major de l'armée algérienne avait réussi à convaincre les manifestants de rentrer chez eux et d'accepter les compromis boiteux comme les y invitaient les bonnes âmes d'Algérie et d'ailleurs.

    Voilà pourquoi le feuilleton des incarcérations et des convocations au tribunal me laisse un arrière-goût de mauvaise finasserie. Voilà pourquoi quand j'apprends la mise sous les verrous de ces bandits je ne peux m'empêcher de penser avec un froid dans le dos qu'il aurait suffi de rien pour qu'ils soient non pas à El Harrach mais à El Mouradia à Zéralda dans les restaurants chics d'Alger à s'amuser à goûter à la vie dorée que leur procure l'argent facile, protégés par le silence de ceux qui savaient, de ceux qui avaient la charge de protéger le pays et qui, quoi qu'on dise, appartiennent au même monde, chacun profitant du silence de l'autre et qu'en fin de compte c'est cela rien que cela le système que les manifestants rejettent.

    Ils en sont aujourd’hui les juges, hier les complices, demain, qui sait, les protecteurs.

    Voilà pourquoi les manifestants crient "Partez tous", "Prenez votre monde, vos affaires vos petites concussions", "laissez s'ériger un monde nouveau", auquel vous ne comprendrez rien. Voilà ce à quoi je pense à chaque fois qu'un dirigeant d'hier ou autre malfrat sort de chez le juge pour entrer en prison.

    Je ne peux m'empêcher de penser que nous l'avons échappé belle et que l'avenir plus que jamais tient dans cette détermination qu'affiche les hommes et les femmes qui ne font pas le distingo entre les voleurs et ceux qui les ont couverts durant 20 ans.

    Oui Partez tous « Tetnahaw Ga3 » !

    Auteur: Mohamed Benchicou
    Mercredi 12 juin 2019
    Le Matin d'Algérie
    Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

  • #2
    C'est risible de lire Benchicou exprimer autant de colère contre ce régime alors qu'il était lui-même l'un de ses défenseurs zélés quand ce même pouvoir était en combat avec le FIS.
    J'ai l'impression qu'actuellement il y a inversion des rôles, ceux qui soutenaient hier ce pouvoir ce sont retournés contre lui aujourd'hui et ceux qui le combataient hier le soutient aujourd'hui. Avec des exceptions bien sûr.
    La guerre c'est le massacre entre gens qui ne se connaissent pas au profit de gens qui se connaissent mais qui ne se massacrent pas.

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    • #3
      Idem, je n'arrive pas à me réjouir, j'ai pas le coeur à faire la fête.. pourtant Dieu sait à quel point je hais ces mafieux corrompus et criminels

      Je suis plus préoccupé par le blocage politique que par ces arrestations
      Je reste méfiant, le scénario égyptien n'est pas à écarter
      Le discours ambiant me gave et me fait de la peine, je crains une propagande (déjà bien rodée à la TV et sur le net) pour orienté l'opinion vers le choix d'un nouveau président qui ne soit pas à la hauteur et/ou qui serve des intérêts autres que celles du peuple... la France a je pense (enfin j'espère) déjà perdu cette bataille, mais qu'au contraire l'AS et les Emirats se frottent les mains.

      Arriverons nous un jour au niveau de conscience des peuples civilisés qui réfléchissent logiquement, un dirigeant (ou une institution) a pour mission de servir le peuple, il est payé pour le faire et le faire bien, on a pas à le glorifier, c'est son devoir.. s'il ne le fait pas ou le fait mal, il doit s'excuser et dégager ou en subir les conséquences.
      خيرالكلام ما قل و دل

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      • #4
        le champ politique algérien est devenu un champ de course nos anciens dirigeants, des purs sang et nous, un peu paumés un peu émerveillés nous parions sur des courses dont on se doute bien qu'elles sont un peu truquées.
        Si tout cela n'était pas un peu truqué Machiavel ne serait pas Machiavel. Fort il est, il faut le reconnaître ... mais je ne m'agenouille toujours pas et je crois que nous sommes quelques milliers à préférer casser plutôt que plier ...
        Dernière modification par zwina, 14 juin 2019, 19h39.
        Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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        • #5
          ...


          Ce qu'ils faisaient ? Eh bien c'est simple : ils traquaient les blogueurs, ils comptaient les jours qui restaient à vivre à Kameleddine Fekhar. Ils présentaient à la justice les journalistes indésirables et le général Gaïd Salah, heureux d'être le chef d'une armée "neutre" dans un océan de gabegie, répétait à qui voulait l'entendre que l'institution militaire ne s'occupait pas de politique et n'avait qu'un seul tuteur : le président Bouteflika.
          Vous comprendrez depuis l'extrait de ce propos et pour L'IMPORTANCE de la Justice et de la Vie ordinaire ou réduite, d'hier, d'aujourd'hui et de certain)e)s, qu'il soit bien entendu et mieux reconnu d'examiner sérieusement certaines ordonnances judiciaires et pénales toujours en cours car ayant élevé parmi des verdicts, des sentences et des condamnations, mais AU FINAL et compte tenu d'un début d'éclaircissement souverain et d'élucidation populaire, quel nombre conséquent, pour ne pas dire "combien", ont, de leur possible et modeste façon, toujours exigé défendu et questionné, démocratiquement, au nom du peuple et du pays auxquels ils/elles appartiennent, UNE RÉALITÉ LÉGITIME, LÉGALE ET CITOYENNE, encore et toujours bien moins HÉGÉMONIQUE quant à leur fardeau...

          Bien à Vous...

          merci...
          ...Rester Humain pour le devenir de l'Homme... K.H.R.

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          • #6
            Ils en sont aujourd’hui les juges, hier les complices, demain, qui sait, les protecteurs.
            c'est très bien vu.
            Je pense comme Benchicou. Pas plus confiance aux juges d'aujourd'hui que ceux d'hier...

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            • #7
              C'est risible de lire Benchicou exprimer autant de colère contre ce régime alors qu'il était lui-même l'un de ses défenseurs zélés
              Il faut arrêter de raconter n’importe quoi. Benchicou est un des premiers á avoir dénoncer le régime de Bouteflika dans son livre "Bouteflika une imposture algérienne" paru en 2004. Benchicou l’a payé très cher. Il a écopé de deux années 2 prisons á El Harrach et son journal "Le Matin" a été interdit de parution.
              Dernière modification par shadok, 14 juin 2019, 22h27.
              Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

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              • #8
                Je pense comme Benchicou. Pas plus confiance aux juges d'aujourd'hui que ceux d'hier...

                Un juge ne peut exister que dans un Etat de droit. Dans ce cas, même un mauvais juge ne peut faire obstacle à la justice, car nul ne peut être au dessus de la loi.

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                • #9
                  Il faut arrêter de raconter n’importe quoi. Benchicou est un des premiers á avoir dénoncer le régime de Bouteflika

                  Tout à fait.

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                  • #10
                    c'est très bien vu.
                    Je pense comme Benchicou. Pas plus confiance aux juges d'aujourd'hui que ceux d'hier...
                    C'est un peu pour ça que les arrestations et (probablement les jugements) verrons une accélération ... Si demain venait à s’instaurer une justice transparente et indépendante, tous ces bandits pourrons se réfugiés derrière la couverture de "l'autorité de la chose jugée" ... avec la clémence bien sure de la justice et des juges en place actuelement ...


                    Arezki HAMOUDI
                    (Ce n'est pas parce qu'on est nombreux à avoir tort qu'on a forcément raison.)
                    Dernière modification par infinite1, 14 juin 2019, 22h46.

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                    • #11
                      les têtards s'endeuillent de voir une couleuvre avaler des vipères,et ils disent a tous faits, pourquoi maintenant et pas avant. pour l'ensemble du peuple c'est des vipères en moins.au hirak de nettoyer l'ensemble de son espace de ces reptiles.des mécontents un jour mécontents toujours,c'est dans les génes

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