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Layla ma raison - le reve de Ziad .

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  • Layla ma raison - le reve de Ziad .

    « C était, dit-il, une trés douce nuit d'automne. J'avais quitté la ville pour aller dormir sous les arbres, le long de la rivière “. La nuit venait tout juste de déchirer le sac où elle enferme ses ténèbres, répandues maintenant sur le monde pour apporter le repos à ceux qui sont las, l'oubli aux malheureux. Étendu sur le sol, je voyais danser les étoiles naissantes, au travers du feuillage agité par un reste de vent. Pour la première fois, en pensant à Majnoun, je me sentais un peu plus calme, et je m'en voulais presque : était-ce le début de cette paix que l'on dit venir sur les pas du temps et qui n’est trop souvent que le masque affreux de l'indifférence? Ces pensées m'agitèrent jusqu’à ce que le Très-Miséricordieux m'emportât dans le sommeil. »

    « Personne ne sait à quel moment de celui-ci le rêve le visite. J'avais, moi, le sentiment d'émerger de siècles et de siècles de nuit, lorsque les ombres se dissipèrent. Un ange était là, devant moi. Je dis un ange faute de mieux : c'était une forme lumineuse, et qui me parlait : “ Regarde, Ziyäd! ” Une main — cette fois je la vis bien — écarta, sur le fond des ténèbres, quelque chose d’un peu plus clair, où je crus deviner une tenture. Peu à peu, comme si la nuit se déchirait très lentement, une lueur, un demi-jour, puis une clarté resplendissante envahirent le pays qui se dévoilait à mes yeux. C'était un jardin chatoyant où brillait tout ce qu'il y a de plus merveilleux au monde. Partout se déployaient des arbres immenses, épanouis comme des cœurs heureux. Mais ce qu'il y avait de plus extraordinaire encore, c'était que ce paysage se retrouvait parfois tout entier dans le plus petit détail : une fleur éclose enfermait un jardin, un pétale de rose découvrait un palais illuminé de flambeaux. Ailleurs, la féerie changeait : sur une prairie, telle NES es dnefocmiail devenait Gil: read tendresse,telle corolle une coupe où je savais que dormait le plus délicieux des vins, préparé pour les hôtes du jardin et pour les rossignols ivres qui voletaient de-ci de-à. Tout était couleurs, enchantement sans fin. Et quand, depuis les bosquets, retentissaient les accents d'un luth, les harmonies en étaient reprises par la colombe et par tous les oiseaux de l'arche. »

    « Savez-vous ce qu'est une chambre de roses? Moi, Ziyäd, j'en ai vu une, en ce jardin. Au-dessous d'une petite cascade, un ruisseau venait se reposer un moment avant de reprendre son cours. A l'exacte distance d'où l'on pouvait percevoir son murmure sans en être, à la longue, incommodé, et contempler la lumière jouant sur l'eau vive ou éclairant, en aval, les teintes de la pierre caressée par le courant presque endormi, imaginez un énorme massif de roses évidé en son milieu et, dans cet abri, un lit recouvert des brocarts les plus riches. Sur le lit, un homme et une femme, beaux, jeunes, nimbés de la douce lumière qui les environnait, et chatoyant des mille nuances de l’alcôve. Chacun d'eux, habillé d'une robe somptueuse, souriait à l'autre, dans l'éternité de leur printemps. Je les voyais prendre une coupe que leur tendait une main invisible, y boire tour à tour, puis se parler tout bas, échanger des baisers. Alors, une nuit venait isoler leur retraite, poser sur elle l'infinie et profonde douceur de son ombre, tandis qu'aux alentours la même lumière continuait d'inonder le jardin. De longs instants après, le voile se déchirait, et tous deux recommençaient à boire, à parler, à sourire. »

    « N'importe qui eût été, comme moi, subjugué par cette vision de bonheur et de beauté, qui épuisait tous les plaisirs, tous les élans d'une âme. Sauf un, pourtant, une interrogation confuse que j’entretenais sans doute encore au plus profond de moi-même : je voulais savoirqui étaient ces amants. Toujours est-il qu’un vicillard, vêtu de blanc, fut là brusquement, à mes côtés, et je peux répéter, mot pour mot, ce qu'il me dit: * Cet homme et cette femme sont désormais si bien unis qu'ils ne forment plus qu'un seul être, et ils le resteront aussi longtemps que durera l'éternité. Elle, c’est Laylà, et lui Qays, mais on l'appela Majnoun à cause de sa folie d'amour. Ici seulement ils ont gagné ce que le monde leur refusa. Fidèles jusqu'au bout, il n'ont jamais oublié leur serment d'être, l'un pour l'autre, un même rêve, un même monde. Ils ont failli le payer très cher, par sa faute à lui. Qu'avait-il besoin d'insulter à la sagesse de Dieu, en le priant, dans son Temple même, de le rendre fou, de plus en plus fou, à force d'aimer? Heureusement, la miséricorde du Très-Haut est infinie. Il n'a voulu, dans sa toute-puissance, retenir que cette fidélité, la parole qu'elle a inspirée et leur foi à tous deux, qui savaient que rien ne s'arrête à la terre. ” Sur ces dernières paroles, le vieillard disparut aussi mystérieusement qu'il était venu. »

    « Puissiez-vous, conclut Ziyäd à l'adresse des gens qui l'écoutaient, croire comme moi à ce rêve! Je sais quelle fut la détresse de Majnoun et Laylà : ils sont aujourd'hui heureux et triomphants. Je l'ai vu, lui, parfois en révolte contre le Seigneur, qui lui avait refusé Laylà : Dieu et Majnoun sont maintenant réconciliés. Je viens d'un pays rude, qui ne s'éclaire que par moments des joies de l'herbe et de l'eau : la patrie éternelle des amants rayonne de fleurs, de couleurs, de ruisseaux. Gloire à celui par qui toutes choses arrivent, béni soit-il, sur terre et au plus haut, au plus inconnu des cieux! »
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