22/06/2019 13h:24 CET | Actualisé 22/06/2019 14h:04 CET
Fatah Hamitouche
Doctorant, intervenant dans plusieurs universités
Il y a vraiment dans la conscience collective un problème de l’usage de l’identité qui, au hasard de l’histoire, se trouve malmenée au gré des influences culturelles. La déclinaison plurielle de la personnalité algérienne qui au passage est une simple construction historique due principalement à la colonisation française, ne peut en aucune manière juxtaposer les données ethnico-politiques.
A toute fin utile, l’expression politique de la diversification des appartenances régionales ou linguistiques oblitèrent l’inscription identitaire des Algériens à un fonds plurimillénaire proprement africain qui remonte sans discontinuité à au moins 20.000 ans. La longue durée de la lignée amazighe préconisée par les préhistoriens algériens eux-mêmes est sans commune mesure, un acquis scientifique du peuplement de l’Afrique du Nord et la Sahara par les Amazighs.
Il va de soi que les autres données préhistoriques qui s’étalent sur des milliers ou des millions d’années confirment la présence du genre Homo en Afrique du Nord et de la coexistence dispersée de l’Odowayen ou de l’Homo sapiens sur tout le continent africain. Cela dit, curieusement, ces données scientifiques ne permettent pas de régler une fois pour toute, la définition de l’identité des Algériens en particulier ou du Maghrébin en général.
Or, cette difficulté est une conséquence de l’histoire. Si nous prenons en compte, la période qui s’étale de l’Ibéromaurusien au Capsien, les préhistoriens nous rappellent que par plusieurs aspects tant morphologiques que culturels, ces populations avaient en commun plusieurs taxons qui établissent une même filiation anthropologique. Bref, et même si on se base sur une période plus courte qui est celle du capsien, il est dit que “la civilisation” est à l’œuvre et que les échanges entre plusieurs groupes de Capsiens se sont intensifiés.
Pour preuve, les Aurès, un des bastions berbères lors de l’islamisation de l’Afrique du Nord et l’un des foyers de la résistance au colonialisme français, échangeait dès la plus haute période du Capsien c’est-à-dire autour du Xème millénaire avec les Zibans toutes sortes de biens matériels et immatériels. Plus près de nous et à notre connaissance, l’islamisation des Berbères n’a pas engendré ni génocide comme en Amérique, ni le remplacement de la population berbère par les Arabes qui étaient trop peu nombreux pour pouvoir coloniser toute l’Afrique du Nord.
D’un point de vue génétique, il est inconcevable que les quelques tribus arabes aient pu remplacer ethniquement tous les pays nouvellement islamisés puis arabisés. Nous avons pris le cas des Aurès parce qu’il s’avère que durant la guerre de libération nationale, cette région a rivalisé avec la Kabylie sur la question du leadership nationaliste. Au point que la question berbère a accentué la ligne de partage entre deux régions.
Nous prenons encore l’exemple des Aurès parce qu’ils présentent des caractéristiques spécifiques d’une arabisation tardive au XIXe siècle et qu’ils ont alimenté l’Armée Nationale Populaire de plusieurs milliers de soldats et d’officiers et du même coup par la prééminence de l’armée, ils ont fourni le grand nombre de présidents à la tête de l’Etat algérien.
Dans la suite logique du raisonnement et du comportement, la position du général Gaid Salah contre l’emblème amazigh ressemble étrangement à celle du président Boumediene qui au passant sont tous les deux natifs de la même région, avait ordonné au nom de l’arabisme, l’interdiction de l’enseignement de la langue berbère et instruisait les organes de répression à pourchasser les locuteurs berbérophones.
Par plusieurs aspects la sacro-sainte unité nationale est mise en avant par les deux hommes pour palier aux carences d’une idéologie inopérante sur la réalité linguistique et culturelle de la population algérienne. Vaille que vaille, les différentes luttes menées par les militants amazighs ont été déterminantes dans l’officialisation et l’enseignement de la langue amazighe. Au point où l’on en est, la position du chef du corps d’armée est eu égard à l’article 3 bis de la loi fondamentale est anticonstitutionnelle alors qu’il ne cesse pour sauver son clan, de défendre cette même constitution.
Voilà que le pouvoir transgresse une nouvelle fois la loi fondamentale et n’a de cesse de menacer les manifestants. Or, ce que doit comprendre le général c’est que la constitution algérienne consacre dans le préambule et l’article 3 bis, l’ancienneté amazighe des Algériens et la signalétique de la langue amazighe.
Même si l’article 5 alinéa 1 ne prévoit qu’un seul emblème, le général en voulant interdire les drapeaux amazighs qui sont d’autres signes identitaires algériens ou maghrébins, fait preuve de rigidité et qu’il le veuille ou non, ne fait que bafouer les principes communs des Algériens en instrumentalisant les articles qui lui conviennent pour diviser le peuple.
Hélas ! Le général Gaid Salah attribue à la Négation de Soi une exceptionnelle valeur qui par ricochet infirme l’Algérie d’une grande partie de son histoire millénaire. Et c’est ça le piège.
Fatah Hamitouche
Doctorant, intervenant dans plusieurs universités
Il y a vraiment dans la conscience collective un problème de l’usage de l’identité qui, au hasard de l’histoire, se trouve malmenée au gré des influences culturelles. La déclinaison plurielle de la personnalité algérienne qui au passage est une simple construction historique due principalement à la colonisation française, ne peut en aucune manière juxtaposer les données ethnico-politiques.
A toute fin utile, l’expression politique de la diversification des appartenances régionales ou linguistiques oblitèrent l’inscription identitaire des Algériens à un fonds plurimillénaire proprement africain qui remonte sans discontinuité à au moins 20.000 ans. La longue durée de la lignée amazighe préconisée par les préhistoriens algériens eux-mêmes est sans commune mesure, un acquis scientifique du peuplement de l’Afrique du Nord et la Sahara par les Amazighs.
Il va de soi que les autres données préhistoriques qui s’étalent sur des milliers ou des millions d’années confirment la présence du genre Homo en Afrique du Nord et de la coexistence dispersée de l’Odowayen ou de l’Homo sapiens sur tout le continent africain. Cela dit, curieusement, ces données scientifiques ne permettent pas de régler une fois pour toute, la définition de l’identité des Algériens en particulier ou du Maghrébin en général.
Or, cette difficulté est une conséquence de l’histoire. Si nous prenons en compte, la période qui s’étale de l’Ibéromaurusien au Capsien, les préhistoriens nous rappellent que par plusieurs aspects tant morphologiques que culturels, ces populations avaient en commun plusieurs taxons qui établissent une même filiation anthropologique. Bref, et même si on se base sur une période plus courte qui est celle du capsien, il est dit que “la civilisation” est à l’œuvre et que les échanges entre plusieurs groupes de Capsiens se sont intensifiés.
Pour preuve, les Aurès, un des bastions berbères lors de l’islamisation de l’Afrique du Nord et l’un des foyers de la résistance au colonialisme français, échangeait dès la plus haute période du Capsien c’est-à-dire autour du Xème millénaire avec les Zibans toutes sortes de biens matériels et immatériels. Plus près de nous et à notre connaissance, l’islamisation des Berbères n’a pas engendré ni génocide comme en Amérique, ni le remplacement de la population berbère par les Arabes qui étaient trop peu nombreux pour pouvoir coloniser toute l’Afrique du Nord.
D’un point de vue génétique, il est inconcevable que les quelques tribus arabes aient pu remplacer ethniquement tous les pays nouvellement islamisés puis arabisés. Nous avons pris le cas des Aurès parce qu’il s’avère que durant la guerre de libération nationale, cette région a rivalisé avec la Kabylie sur la question du leadership nationaliste. Au point que la question berbère a accentué la ligne de partage entre deux régions.
Nous prenons encore l’exemple des Aurès parce qu’ils présentent des caractéristiques spécifiques d’une arabisation tardive au XIXe siècle et qu’ils ont alimenté l’Armée Nationale Populaire de plusieurs milliers de soldats et d’officiers et du même coup par la prééminence de l’armée, ils ont fourni le grand nombre de présidents à la tête de l’Etat algérien.
Dans la suite logique du raisonnement et du comportement, la position du général Gaid Salah contre l’emblème amazigh ressemble étrangement à celle du président Boumediene qui au passant sont tous les deux natifs de la même région, avait ordonné au nom de l’arabisme, l’interdiction de l’enseignement de la langue berbère et instruisait les organes de répression à pourchasser les locuteurs berbérophones.
Par plusieurs aspects la sacro-sainte unité nationale est mise en avant par les deux hommes pour palier aux carences d’une idéologie inopérante sur la réalité linguistique et culturelle de la population algérienne. Vaille que vaille, les différentes luttes menées par les militants amazighs ont été déterminantes dans l’officialisation et l’enseignement de la langue amazighe. Au point où l’on en est, la position du chef du corps d’armée est eu égard à l’article 3 bis de la loi fondamentale est anticonstitutionnelle alors qu’il ne cesse pour sauver son clan, de défendre cette même constitution.
Voilà que le pouvoir transgresse une nouvelle fois la loi fondamentale et n’a de cesse de menacer les manifestants. Or, ce que doit comprendre le général c’est que la constitution algérienne consacre dans le préambule et l’article 3 bis, l’ancienneté amazighe des Algériens et la signalétique de la langue amazighe.
Même si l’article 5 alinéa 1 ne prévoit qu’un seul emblème, le général en voulant interdire les drapeaux amazighs qui sont d’autres signes identitaires algériens ou maghrébins, fait preuve de rigidité et qu’il le veuille ou non, ne fait que bafouer les principes communs des Algériens en instrumentalisant les articles qui lui conviennent pour diviser le peuple.
Hélas ! Le général Gaid Salah attribue à la Négation de Soi une exceptionnelle valeur qui par ricochet infirme l’Algérie d’une grande partie de son histoire millénaire. Et c’est ça le piège.
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