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Pétrole de schiste américain : vers la fin de l'âge d'or

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  • Pétrole de schiste américain : vers la fin de l'âge d'or

    La production de pétrole de schiste est au plus haut. Mais les réserves ne représentent que 200 jours de consommation mondiale, moins de 3 ans de la consommation américaine. Et, dans ce secteur très endetté, les financements se sont fortement réduits en 2018, note Benjamin Louvet, gérant matières premières chez OFI AM.

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    Énergie & Environnement


    Par Jean Michel GRADT

    le 16/06
    Grâce au pétrole de schiste, les Etats-Unis sont devenus en 2018, le premier producteur mondial d'or noir, avec plus de 12 millions de barils par jour (Mb/j), devant l'Arabie saoudite et la Russie.

    Un succès dû en grande partie à l'existence du « bassin permien », cette vaste zone désertique qui recouvre la partie occidentale du Texas et une partie du Nouveau-Mexique.

    Au début de 2019, le Permien est même devenu le bassin pétrolier le plus productif au monde, avec plus de 4,1 Mb/j, c'est-à-dire plus que le champ de Ghawar en Arabie Saoudite.

    Mais l'âge d'or est-il derrière les opérateurs américains ? C'est la question que pose Benjamin Louvet, gérant matières premières chez OFI AM, dans son étude « Pétrole de schistes : Y a-t-il un marché pérenne ? » .

    Pour l'heure, les tenants de cette technologie peuvent mettre en avant les chiffres de la production de pétrole de schiste, qui tutoie les sommets - l'Agence internationale de l'énergie prévoit une hausse de plus de 50 % d'ici à 2024 .

    Le récent rachat de la compagnie pétrolière américaine Anadarko par sa compatriote Occidental Petroleum pour 38 milliards de dollars témoigne de cet engouement.

    Les réserves, 200 jours de consommation mondiale
    La tonalité générale peut se résumer à la célèbre formule « Jusqu'ici tout va bien… ». Mais les limites physiques existent et il arrivera un moment où le développement constaté ces dernières années ne sera plus possible.

    « Pour mémoire, relève Benjamin Louvet, les réserves prouvées de pétrole dans le Bassin permien, sont actuellement d'un peu plus de 8 milliards de barils. Au rythme actuel de production, ces réserves seront épuisées dans… moins de 6 ans ! ».

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    En outre, avec une consommation mondiale de 100 millions de barils par jour et une demande américaine proche des 20 Mb/j, les réserves de schiste représentent aujourd'hui 200 jours de consommation mondiale et un peu moins de 3 ans s'agissant de la consommation américaine… Et pour l'ensemble des pétroles de schiste, avec des réserves de 20 milliards de barils et une production qui frôle les 6,5 Mb/j, les réserves seront épuisées courant 2027.

    Des besoins de financement permanents



    Comme dans toute révolution industrielle, le boom du pétrole de schiste aux Etats-Unis a pris son essor grâce à deux moteurs : la technologie et la finance. Face à la nécessité d'investir, le problème majeur que rencontrent aujourd'hui les sociétés spécialisées est l'équation économique propre à ce type d'extraction. Dans ce secteur en effet, il faut sans cesse renouveler les forages, ce qui nécessite des besoins de financement permanents.


    Pour les trouver, les entreprises ont souvent recours à la mise en place de couvertures sur les marchés à terme pétroliers. Mais lorsque les financements se raréfient, les entreprises qui n'ont plus les moyens de mettre de nouveaux puits en production cessent de se couvrir sur les marchés à terme. S'enclenche alors le cercle vicieux identifié par l'économiste de l'énergie Philippe Verleger : la réduction des opérations de couverture se traduit par une réduction de la capacité d'emprunt, qui se traduit à son tour par une réduction des activités de forage.


    Le revers de cette nouvelle ruée vers l'or noir, c'est qu'entre 2010 et 2018 les « fracking companies » ont généré un free cash flow négatif de 181 milliards de dollars. « Et qu'entre juin 2015 et décembre 2018, pas moins de 167 d'entre elles ont fait faillite, avec à la clef, 95 milliards de dollars de dette », soulignent le Sightline Institute et l'Institute for Energy Economics and Financial Analysis dans une étude parue en mars .

    Au premier trimestre 2019, la tendance s'est poursuivie avec huit nouvelles faillites et une ardoise de 3 milliards de dollars. Or constate Benjamin Louvet, qui parle d'un secteur « drogué à la dette », les financements se sont fortement réduits en 2018, leur total, tant en actions qu'en obligations, a même touché un « plus bas » de 10 ans. « Il est possible que non seulement la production de pétrole de schiste croisse moins vite cette année mais même potentiellement qu'elle recule ».

    Autant d'éléments qui pourraient refroidir les investisseurs.

    Jean-Michel Gradt
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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