juin 26, 2019
Omar Hilale Makhzen ONU
Omar Hilale, représentant de Mohammed VI à l'ONU. D. R.
Par Tarek B. – L’adage dit qu’«il n’y a pas de question idiote, seulement une réponse idiote». Le piteux exercice auquel s’est récemment livré le représentant permanent du Makhzen à New York – avec l’aplomb du nigaud – devant le Comité des 24 de l’ONU, est sans doute l’exception qui confirme cette règle. En se fourvoyant dans un lacis d’interrogations niaises, le diplomate marocain croyait pourvoir défigurer la réalité de l’occupation marocaine du Sahara Occidental, en misant maladroitement sur la désinformation outrancière de ses pairs pour impliquer, à tout prix, l’Algérie dans un cas élémentaire de décolonisation.
Il est vrai que la débilisation du débat sur une question aussi sérieuse que tragique – elle prend en otage depuis plus de 40 ans un peuple privé de son droit à l’autodétermination – n’est pas une nouveauté pour un ambassadeur passé maître dans cet exercice de pitrerie diplomatique. Elle appelle néanmoins à apporter des éclaircissements, loin de tout ce show clownesque, sur les plus flagrantes, puisqu’elles sont nombreuses, contre-vérités historique et juridique de l’argumentaire vermoulu du Maroc.
L’artifice éculé du caractère «régional» du conflit
C’est sans aucun doute l’épithète le plus trompeur auquel la diplomatie marocaine a recours pour tenter d’induire en erreur la communauté internationale. Cet artifice, sans doute assez commode pour un pays ne souhaitant pas s’impliquer sérieusement dans la résolution de ce différend, a été entonné, de manière quasi continue, à quelques rares interstices près lors des rapprochements éphémères entre l’Algérie et le Maroc – d’ailleurs toujours sabotés par ce dernier par manque de sincérité –, depuis l’intronisation en 1999 de l’actuel monarque marocain, le roi Mohammed VI.
Contrairement à son défunt père Hassan II qui, après avoir essayé la guerre et le dialogue, s’était vraisemblablement convaincu à la fin de son règne des vertus d’une redynamisation du processus de paix, y compris en acceptant le référendum d’autodétermination au sommet de Nairobi, en 1980, et en s’entretenant avec des dirigeants du Polisario à propos du référendum, l’actuel monarque marocain a enclenché un revirement radical de position, à travers des options franches en faveur de la répression brutale du peuple sahraoui dans les territoires occupés, la tentative de «bilatéraliser» la question du Sahara Occidental, ainsi que l’invocation pernicieuse du recensement sur laquelle nous reviendrons d’ailleurs un peu plus loin.
Il est néanmoins un fait que ce conflit est une question de décolonisation d’un territoire inscrit sur la liste des territoires non-autonomes de l’ONU depuis 1963, et que le Maroc et le Polisario ont été identifiés comme les deux parties à ce conflit dont la solution réside dans l’application de la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale de l’ONU, sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, qui fêtera son 60e anniversaire l’année prochaine. Il est aussi opportun de relever qu’aucun organe de l’ONU et encore moins d’organisations continentales ne reconnaissent un caractère régional à ce différend. Les différents documents onusiens, y compris ceux du Conseil de sécurité, identifient clairement le Maroc et le Front Polisario comme les deux parties au conflit et accordent à l’Algérie, au même titre que la Mauritanie, la qualité de pays observateur du processus onusien, de par leur statut des pays voisins des deux parties au différend. Aussi, le Maroc, qui a adhéré en 2017 à l’Union africaine, a reconnu de facto et de jure les termes de l’acte constitutif de l’UA, lequel oblige des Etats membres, en vertu de son article 4, au respect des frontières existant au moment des indépendances africaines, dont celle du Maroc en 1956.
Un mirage nommé «Houston»
Dans l’enchaînement des élucubrations grotesques qu’il a livré à ses pairs, le diplomate du Makhzen a fantasmé sur une prétendue proposition algérienne à Houston le 2 novembre 2001, consistant en «la partition du territoire et de la population du Sahara». Ce diplomate, qui semble irrémédiablement fâché avec la vérité, déforme outrancièrement les faits. Il suffit de se référer au rapport du secrétaire général de l’ONU sur la situation au Sahara Occidental, présenté le 19 février 2002 au Conseil de sécurité, pour s’en convaincre. Son deuxième paragraphe indique clairement qu’il ne s’agit pas d’une proposition algérienne, mais d’une idée mise sur la table par l’envoyé personnel de l’époque, James Baker, en vue de dépasser la situation de blocage de son projet d’accord-cadre. La nuance est donc de taille.
Le représentant permanent du Makhzen se garde bien, au passage, d’identifier les responsabilités dans les situations de blocage du processus politique onusien. Or, aucune solution ne peut voir le jour si l’attitude de Rabat persiste à bloquer les efforts des envoyés spéciaux du SG de l’ONU, à ne répondre que de manière épisodique aux sessions de négociations convoquées par ce dernier, à faire peser des contraintes sur le travail de la mission des Nations unies sur l’organisation du référendum au Sahara Occidental (Minurso) et à s’arcbouter sur son offre d’autonomie de 2007 comme «seule et unique voie au règlement définitif» de ce différend, en total déphasage avec le droit à l’autodétermination et les résolutions pertinentes des Nations unies sur la négociation de bonne foi et sans conditions préalables. Force est de relever cette contradiction typiquement marocaine entre, d’une part, le fait d’appeler à une solution politique qui, par définition, ne peut être que le fruit d’un accord entre les deux parties au conflit, et, d’autre part, la volonté mainte fois exprimée d’imposer son seul point de vue comme unique voie possible.
Omar Hilale Makhzen ONU
Omar Hilale, représentant de Mohammed VI à l'ONU. D. R.
Par Tarek B. – L’adage dit qu’«il n’y a pas de question idiote, seulement une réponse idiote». Le piteux exercice auquel s’est récemment livré le représentant permanent du Makhzen à New York – avec l’aplomb du nigaud – devant le Comité des 24 de l’ONU, est sans doute l’exception qui confirme cette règle. En se fourvoyant dans un lacis d’interrogations niaises, le diplomate marocain croyait pourvoir défigurer la réalité de l’occupation marocaine du Sahara Occidental, en misant maladroitement sur la désinformation outrancière de ses pairs pour impliquer, à tout prix, l’Algérie dans un cas élémentaire de décolonisation.
Il est vrai que la débilisation du débat sur une question aussi sérieuse que tragique – elle prend en otage depuis plus de 40 ans un peuple privé de son droit à l’autodétermination – n’est pas une nouveauté pour un ambassadeur passé maître dans cet exercice de pitrerie diplomatique. Elle appelle néanmoins à apporter des éclaircissements, loin de tout ce show clownesque, sur les plus flagrantes, puisqu’elles sont nombreuses, contre-vérités historique et juridique de l’argumentaire vermoulu du Maroc.
L’artifice éculé du caractère «régional» du conflit
C’est sans aucun doute l’épithète le plus trompeur auquel la diplomatie marocaine a recours pour tenter d’induire en erreur la communauté internationale. Cet artifice, sans doute assez commode pour un pays ne souhaitant pas s’impliquer sérieusement dans la résolution de ce différend, a été entonné, de manière quasi continue, à quelques rares interstices près lors des rapprochements éphémères entre l’Algérie et le Maroc – d’ailleurs toujours sabotés par ce dernier par manque de sincérité –, depuis l’intronisation en 1999 de l’actuel monarque marocain, le roi Mohammed VI.
Contrairement à son défunt père Hassan II qui, après avoir essayé la guerre et le dialogue, s’était vraisemblablement convaincu à la fin de son règne des vertus d’une redynamisation du processus de paix, y compris en acceptant le référendum d’autodétermination au sommet de Nairobi, en 1980, et en s’entretenant avec des dirigeants du Polisario à propos du référendum, l’actuel monarque marocain a enclenché un revirement radical de position, à travers des options franches en faveur de la répression brutale du peuple sahraoui dans les territoires occupés, la tentative de «bilatéraliser» la question du Sahara Occidental, ainsi que l’invocation pernicieuse du recensement sur laquelle nous reviendrons d’ailleurs un peu plus loin.
Il est néanmoins un fait que ce conflit est une question de décolonisation d’un territoire inscrit sur la liste des territoires non-autonomes de l’ONU depuis 1963, et que le Maroc et le Polisario ont été identifiés comme les deux parties à ce conflit dont la solution réside dans l’application de la résolution 1514 (XV) de l’Assemblée générale de l’ONU, sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, qui fêtera son 60e anniversaire l’année prochaine. Il est aussi opportun de relever qu’aucun organe de l’ONU et encore moins d’organisations continentales ne reconnaissent un caractère régional à ce différend. Les différents documents onusiens, y compris ceux du Conseil de sécurité, identifient clairement le Maroc et le Front Polisario comme les deux parties au conflit et accordent à l’Algérie, au même titre que la Mauritanie, la qualité de pays observateur du processus onusien, de par leur statut des pays voisins des deux parties au différend. Aussi, le Maroc, qui a adhéré en 2017 à l’Union africaine, a reconnu de facto et de jure les termes de l’acte constitutif de l’UA, lequel oblige des Etats membres, en vertu de son article 4, au respect des frontières existant au moment des indépendances africaines, dont celle du Maroc en 1956.
Un mirage nommé «Houston»
Dans l’enchaînement des élucubrations grotesques qu’il a livré à ses pairs, le diplomate du Makhzen a fantasmé sur une prétendue proposition algérienne à Houston le 2 novembre 2001, consistant en «la partition du territoire et de la population du Sahara». Ce diplomate, qui semble irrémédiablement fâché avec la vérité, déforme outrancièrement les faits. Il suffit de se référer au rapport du secrétaire général de l’ONU sur la situation au Sahara Occidental, présenté le 19 février 2002 au Conseil de sécurité, pour s’en convaincre. Son deuxième paragraphe indique clairement qu’il ne s’agit pas d’une proposition algérienne, mais d’une idée mise sur la table par l’envoyé personnel de l’époque, James Baker, en vue de dépasser la situation de blocage de son projet d’accord-cadre. La nuance est donc de taille.
Le représentant permanent du Makhzen se garde bien, au passage, d’identifier les responsabilités dans les situations de blocage du processus politique onusien. Or, aucune solution ne peut voir le jour si l’attitude de Rabat persiste à bloquer les efforts des envoyés spéciaux du SG de l’ONU, à ne répondre que de manière épisodique aux sessions de négociations convoquées par ce dernier, à faire peser des contraintes sur le travail de la mission des Nations unies sur l’organisation du référendum au Sahara Occidental (Minurso) et à s’arcbouter sur son offre d’autonomie de 2007 comme «seule et unique voie au règlement définitif» de ce différend, en total déphasage avec le droit à l’autodétermination et les résolutions pertinentes des Nations unies sur la négociation de bonne foi et sans conditions préalables. Force est de relever cette contradiction typiquement marocaine entre, d’une part, le fait d’appeler à une solution politique qui, par définition, ne peut être que le fruit d’un accord entre les deux parties au conflit, et, d’autre part, la volonté mainte fois exprimée d’imposer son seul point de vue comme unique voie possible.
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