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L’Univers et la vie ont-ils un sens physique?

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  • L’Univers et la vie ont-ils un sens physique?

    L’Univers et la vie ont-ils un sens physique?

    «Celui qui accroît sa sagesse accroît sa capacité de souffrir». Ce sera la conclusion désabusée de J.F. Deniau quelques mois avant sa mort.

    De tout temps, l’homme a interrogé les astres, pour y voir les signes de sa destinée, même avec des moyens limités qui n’ont rien à voir avec le télescope Hubble. Ce fut d’abord les Chaldéens et les Chinois puis les Grecs. Ce fut ensuite les savants musulmans qui donnèrent une bonne impulsion. De fait, l’observation des phénomènes astronomiques a conduit très tôt à des interprétations astrologiques ou à des références divines, mais aussi à la philosophie et aux mathématiques...Les premières observations de Galilée par une lunette ont marqué le démarrage de l’étude scientifique des phénomènes physiques, marqué par la Gravitation Universelle de Newton. Mais, par là même, cela menait à une perception du Monde (d’un Univers!) à une échelle dite incommensurable.

    Astronomiquement parlant, le XXe siècle a été majeur, et pas seulement sur le plan théorique, puisque des hommes ont marché sur la Lune! Par ses observations, Hubble montra que l’Univers était en expansion. Cela contraria tout d’abord Einstein, qui venait d’élaborer la Relativité Générale d’où des équations permettant de modéliser l’échelle cosmologique...Mais il modélisa d’abord un Univers fini et statique..! Or la notion de courbure de l’Univers est fort subtile, et les mesures du Rayonnement Cosmologique suggèrent maintenant des caractéristiques topologiques

    Dans les modèles de Friedmann-Lemaître, selon sa courbure, l’Univers était: soit fini en durée et en espace (hyper)-sphérique, soit infini en durée et en espace purement euclidien, soit infini en durée et en espace hyperbolique. Quoi qu’il en soit, description par le big-bang, ou modélisation plus sophistiquée, ce qui est clair c’est que l’Univers a bien un sens évolutif. Contentons nous ici, de considérer la question d’un Univers fini ou infini, selon les analyses topologiques de Jean-Pierre Luminet. Selon lui, une anomalie particulière dans la texture lumineuse du fond cosmologique pourrait s’expliquer par une forme globale (une topologie) très spécifique de l’espace. L’Univers pourrait être refermé sur lui-même, un peu à la manière d’un ballon de football dont le volume ne représenterait que 80% de l’univers observé.(1)
    Déjà, le milieu interstellaire génère des processus complexes largement dominés par la chimie du carbone avec l’hydrogène, l’oxygène, l’azote, le soufre, etc. Mais sur une planète telle que la Terre, la complexité des processus chimiques peut mener à une chimie biologique et à se qu’on appelle la vie...

    Y a-t-il une vie extra-terrestre?


    Qu’en est-il alors, dans l’ensemble de l’Univers, de l’apparition de la pensée au sein d’espèces ayant développé un langage et une organisation sociale élaborées?
    La physique d’aujourd’hui se fonde à la fois sur la physique quantique et la relativité générale, soit deux manières de voir le monde...Mais le monde a peut-être dix ou onze dimensions et non pas quatre. Dans son livre Au-delà de l’espace et du temps, Lachièze-Rey explique les grands mystères du cosmos et présente les hypothèses audacieuses qui sous-tendent les théories préfigurant la nouvelle physique du XXIe siècle: supersymétrie, cordes et supercordes ou branes, gravité et cosmologie quantiques, etc. Issue de la théorie des cordes, il est possible qu’une infinité d’univers, ou «multivers» coexistent sur des branes différentes, un peu comme des pages d’un livre coexistent sans intersection...Ou au contraire, le big-bang se produirait par collisions entre branes..? Notre monde ne serait qu’un parmi d’autres; il serait plongé dans un ensemble beaucoup plus vaste à onze dimensions; seule la gravité franchirait les portes de ces univers parallèles; les questions de la matière noire, de l’énergie sombre et du big-bang lui-même, pourraient trouver des réponses nouvelles...L’Univers tel qu’il est à plusieurs milliards d’années-lumière...Il y a, bien sûr, des milliers de galaxies mais il y a surtout plus de 60% de matière et d’énergie sombres!

    De ce fait, la question de la vie extraterrestre n’est pas nouvelle. L’arrivée des premiers instruments d’observation astronomiques avait permis que cette question ne soit pas exclusivement abordée par les philosophes, mais aussi par des scientifiques. L’astronome allemand, Johannes Kepler, estimait que la vie avait pu se développer sur Jupiter et sur la Lune. Dans son ouvrage Cosmotheoros publié en 1698, Christian Huygens tente, pour la première fois, d’élucider la lancinante question de la pluralité des mondes par le biais de la méthode scientifique.Camille Flammarion publia La pluralité des mondes habités en 1862. Chacun connaît ou a entendu parlé de Carl Sagan. Avec son épouse, il a participé au fameux dessin figurant sur Pioneer 10. Et on sait qu’il s’inquiétait sur le fait qu’on ne détectait pas de signaux d’origine extraterrestre.

    Quant à Drake, il fut l’initiateur d’un message envoyé par le radiotélescope d’Arecibo en 1974 ainsi que du démarrage du programme SETI, sans oublier sa «formule de Drake» pour tenter d’estimer le nombre probable de civilisations dans notre galaxie. Combien de planètes habitables sur lesquelles une forme de vie a pu évoluer?

    Nos observations ont montré que les ingrédients fondamentaux à l’apparition de la vie sont présents en abondance dans l’Univers. Depuis 1995, par de multiples méthodes de détection, la découverte d’autres systèmes planétaires ne cesse de croître. Un recensement du 11 mai 2006 fait état de 188 planètes extrasolaires. Il est naturel de penser que toutes planètes étant dans la plage des conditions nécessaires à la vie, voient naître la vie sur celles-ci. Mais quelle proportion de ces formes de vie a développé une intelligence et des moyens de communication adéquats? Les physiciens, dans la plus pure logique darwiniste, pensent que l’évolution est chaotique, imprévisible et aléatoire. Elle est le fruit d’une longue séquence d’essais et erreurs. Est-ce que n’importe quelle forme de vie aboutit en une forme de vie intelligente capable de communiquer? Cette question est bien controversée et on ne sait y répondre tant qu’on ne connaît que la nôtre, sur notre planète Terre...Enfin, et surtout (?), quelle est la durée de vie moyenne d’une civilisation avancée?

    Il est encore fort difficile de détecter des petites planètes comparables à la Terre, mais vu la multiplicité de systèmes planétaires où celles-ci ne sauraient exister, on s’interroge sur le fait qu’elles soient rares, Ces diverses découvertes astronomiques renforcent les interrogations de nombre de personnes tel Xavier Sallantin et sa Cyberscience de l’Univers...On pourrait dire de façon humoristique: «Que vient faire la Pensée dans l’Histoire de l’Univers?»
    Depuis plus d’un siècle, nombre de scientifiques religieux se sont posé la question du Sens de l’Humanité, et son lien avec l’Univers au sens astronomique du terme...On peut citer tout d’abord l’abbé Théophile Moreux (1867-1954). Il a, notamment écrit, dans les années 1910- 1911, quatre livres intitulés: D’où venons-nous? Qui sommes-nous?, Où sommes-nous?, Où allons-nous?. Ensuite on ne peut penser la science et la religion sans parler de l’abbé Georges Lemaître, l’un des pères du big-bang et qui avait proposé à l’époque la théorie de l’atome primitif. Comme l’écrit si bien Marie-Neige Cordonnier: Un prêtre propose un modèle physique de commencement du monde et le monde s’insurge. Encore une stratégie pour accréditer la création biblique, s’indignent les scientifiques. «Non pas cela, cela suggère trop la création», reproche Einstein...Dans ses travaux, Lemaître met en pratique ses convictions: Il construit son modèle univers en expansion, puis son hypothèse de commencement du monde à partir des équations de la relativité générale d’Einstein. L’Univers aurait pu être éternellement en expansion, sans commencement ni fin, cela ne l’aurait pas gêné.(2).

  • #2
    L’abbé Lemaître eut à souffrir du concordisme de Pie XII qui voyait dans le big-bang, le fiat lux de la Bible. Pour lui, il n’y a pas de contradiction entre sa condition religieuse et son métier de physicien. Ecoutons-le: «Il existait deux chemins pour atteindre la vérité. Je décidai de les suivre tous les deux. Rien dans vie professionnelle,rien de ce que j’ai pu apprendre de mes études scientifiques ou théologiques ne m’a fait changer d’avis. Je n’ai pas de conflit à résoudre.»(3)

    Ensuite, nettement plus connu aujourd’hui, notamment en raison du fait que son oeuvre fut pratiquement répudiée par Rome, c’est Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955), qui était paléontologue. Son oeuvre maîtresse, en 1955, fut Le Phénomène humain. Il écrit: «Religion et Science représentent évidemment, sur la sphère mentale, deux méridiens différents qu’il serait faux de ne pas séparer (erreur concordiste). Mais ces méridiens doivent nécessairement se rencontrer quelque part sur un pôle de vision commune (cohérence): autrement tout s’effondre en nous dans le domaine de la pensée et de la connaissance.» Et dans notre recherche d’un Sens, comme une quête du Graal, quel sera l’Univers dans des milliards d’années? Que disent les religions à propos de l’Univers, du temps et de la vie?

    Dans l’Ancien Testament: l’Ecclésiaste, il est écrit «Vanité des Vanités, Non sens, tout est non sens»: C’est à une conclusion sombre que nous invite l’Ecclésiaste. Pour Etienne Klein, directeur de recherche au CNRS, physicien «spécialiste du temps», la mort est «le sens de la vie», le spectre de la qualité de la vie c’est la mort.

    Pour l’académicien, J.F.Deniau, vaut mieux être un arbre, parce que l’homme ne laisse pas de trace; l’homme passe, la terre reste. C’est la seule certitude que nous avons. Nous allons tous mourir. On essaie tant bien que mal de le camoufler, de se distraire. Il est écrit: «Il y a un temps à tout et un temps pour chaque chose. Un temps pour vivre, un temps pour mourir. Un temps pour rire et un temps pour pleurer. Un temps pour la paix et un temps pour la guerre. Un temps pour chercher et un temps pour perdre.» Remarquons qu’il ne parle pas de trouver mais de perdre.Pour Jesus Asurmendi, professeur d’exégèse à l’Institut catholique de Paris, cela veut dire qu’il n’y a rien qui soit trouvé parce qu’on a cherché. Il vient que la mort vient sans avertir. Pour E. Klein, au lieu de penser le temps à partir de la mort, ne vaudrait-il pas mieux de penser la mort à partir du temps? «Quand les oiseaux se taisent...» C’est la fin. Vieillir est la seule façon qu’on ait trouvé de pas mourir. Nous sommes en quelque sorte en sursis en attendant l’appel.. «Vaut mieux la fin que le commencement, vaut mieux aller à la maison du deuil qu’à celle de la naissance. Vaut mieux chercher le jour de la mort que celui de la vie». Pour «L’Ecclésiaste» il n’y a pas d’histoire, il n’y a pas de mémoire, il n’y a pas de trace, tout n’est que poussière et retourne à la poussière. «Il n’y a rien de nouveau sous le soleil». J.F.Deniau pense, cependant, avec une note d’espoir, que «l’âme peut être nourrie par la mémoire». Interprétant l’Ecclésiaste, J. Asurmendi dit que l’Ecclésiaste aurait sûrement ricané froidement à la société de consommation actuelle.

    Pour Etienne Klein, et en définitive, la vraie question est de savoir s’il y a une vie avant la mort et non pas après la mort. De fait, la notion de résurrection n’est apparue que 200 ans avant J.-C. Elle a été reprise par le christianisme et l’Islam qui proposent une alternative à la vie d’Ici-bas, mais qui ne sera favorable (paradis) que pour ceux qui ont fait de bonnes actions dans la vie. L’Eglise a introduit par la suite la notion de purgatoire qui est une étape obligée sur la voie de la rédemption pour les pêcheurs.(4).
    Sur le marché du sens, l’offre est dérisoire et la demande de plus en plus pressante dans un monde privé de repères. Les fournisseurs traditionnels de sens ne sont plus crédibles dans la mesure où ils prétendent dire le sens en s’appuyant sur les seules sciences dites molles, celles qui se penchent uniquement sur l’homme et son histoire, minuscule partie émergée d’un iceberg dont on sait désormais qu’il plonge à une profondeur de quinze milliards d’années environ.

    Il appartient alors, aux sciences dures de prendre en charge toute la partie immergée et d’accomplir un nouveau et peut-être ultime dépassement que fait entrevoir l’avènement d’une cyberscience.

    En effet, dans leur volonté tenace de s’affranchir de tous les anthropomorphismes, elles n’ont pas encore procédé à la critique de l’arithmétique élémentaire, outil essentiel de toute recherche, de toute mesure, de toute modélisation rigoureuse, de tout traitement informatisé.

    Le sens de la destinée humaine

    Restent les religions; de plus en plus bousculées dans leurs certitudes, elles peinent à se remettre en cause en séparant tout ce qui a été ajouté par l’homme, au gré des millénaires et des arrangements avec le temporel et le signal sans parasite du message divin. Les religions peinent à s’imposer parce qu’elles veulent être en compétition avec la science pour se partager les fidèles. Il est vain de chercher des concordismes, comme s’entête à le faire l’Eglise même de nos jours. N’est-ce pas, en effet, PieXII puis Jean-Paul VI qui ont voulu récupérer le «big bang» l’instant initial du démarrage de l’Univers déduit à partir de l’effet Doppler, il y a de cela environ 15 milliards d’années? L’Eglise actuelle y voit le «fiat lux»: Que la Lumière soit, de la Bible confondant ainsi le big bang avec la création du monde selon la Bible. Le contentieux n’est pas nouveau, on se souvient de Copernic et son livre sur le mouvement des planètes, il démontre que ce n’est pas le soleil qui tourne autour de la terre, amis l’inverse. Quel drame et affolement pour l’Eglise! Comment admettre cela alors que dans la Bible, Gabaon arrête la course du soleil? Copernic sentant les foudres venir, dit que c’est une hypothèse. Il s’en tira. Galilée eut moins de chance, il fut soumis à la question et l’Inquisition lui ficela un procès en règle. Il dut abjurer pour sauver sa tête. Son avocat eut cette phrase célèbre: «Par ses calculs, Galilée vous dit comment est le ciel et non pas comment on y va.» On l’aura compris, le débat science, religion, sens de la vie et de la mort, le débat est aussi vieux que l’humanité, nul doute qu’il n’y a pas de réponse. C’est à chacun de nous de tracer son chemin en solitaire. Ce verset du Coran «Wa ma mata’ou dounia ila mata’ou el ghourour», est peut-être pour l’homme qui l’accepte le commencement de la sagesse et un début de réponse à ses interrogations.

    1.J.P.Luminet; l’Univers chiffonné: Collection folio Essais Paris 2005.
    2.Marie-Neige Cordonnier: Profession de foi d’un scientifique: L’abbé Lemaître: Les génies de la Science, Février avril 2007.
    3.Georges Lemaître, New York Times Magazine, 1er février 1933.
    4.Vivre pour mourir. Emissions France 2, 11 mars 2007


    Par L'Expression

    Commentaire


    • #3
      Merci Morjane pour cet article qui dresse un Portrait fort interessant de la science, la philosophie et les religions du monde jusqu'aujourdhui
      j'ai plutôt un penchant pour l'avi de de Chardin

      quel est le journaliste qui l'a écris ?

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