J’ai finalement décidé de mettre le texte sur l’influence des Emirats sur ma page, avant publication et en espérant compréhension de l’éditeur. Je voudrais interpeller par ce texte sur la pénétration et l’influence émiratie qui s’exerce jusque dans les rouages étatiques et notamment dans l’armée. Je me suis limité à l’armée et notamment le marché de l’armement alors que leur influence s’exerce aussi dans le secteur de l’économie et dispose de réseaux politiques et idéologiques.
Malgré ce qu’elle peut nous « raconter » sur sa neutralité, l’armée est l’acteur central. Certains de ses acteurs, autour de Gaïd Salah, ont engagé une lutte en son sein et dans sa périphérie contre toute légitimité militaire concurrente. Parce que c’est le vrai et seul pouvoir. C'est ce qui explique l'arrestation du Commandant Bouregaa, du Général Benhadid et de Ali Ghediri.
Au moment où elle affirme combattre la corruption et défendre la sécurité nationale que peut nous dire l’armée sur ces deux questions en son sein ?
Qu’en penses l’Etat-Major, véritable détenteur du pouvoir ?
Pour ceux qui n’aiment pas les textes longs, ils peuvent aller directement au paragraphe « Les Emirats, main basse sur l’armement algérien »
Algérie, les dangereuses liaisons émiraties.
L’Algérie n’est certes pas le Soudan. Mais depuis qu’un même vent de liberté s’y est levé, les deux pays se trouvent projetés sur des trajectoires convergentes. Ils traversent surtout les mêmes zones de turbulence. Et butent sur le même écueil : le refus par l’autorité militaire d’une période de transition. Ce que les militaires soudanais viennent de retirer par la force des armes (leur engagement sur une période de transition dirigée par des personnalités indépendantes), c’est ce que l’Etat- Major algérien refuse de concéder depuis le début. Tous les deux veulent réduire le changement à la seule élection présidentielle, dans les délais les plus courts et avec le même système de pouvoir. Les deux pouvoirs militaires de fait convergent sur l’essentiel : garder le contrôle et changer pour que rien ne change.
L’axe Arabie saoudite-Egypte-Emirats qui, avec le soutien des puissances occidentales et de la Russie, s’est érigé en gendarme de l’ordre conservateur dans le monde arabe et agit pour imposer une restauration autoritaire, est aujourd’hui le principal obstacle à toute démocratisation dans cette région. Son action se fait depuis l’intérieur des systèmes où il actionne ses relais locaux, le plus souvent et préférentiellement militaires, comme il l’a fait avec Sissi en Egypte, Haftar en Libye et aujourd’hui avec les militaires soudanais qui viennent de plonger leur pays dans un bain de sang. Que peut-il en être en Algérie ?
L’Algérie Post Bouteflika, une réorientation sous pression saoudo-émiratie ?
Le pouvoir saoudien et l’axe qu’il anime a fait de la gestion du Hirak algérien et soudanais une de ses priorités et la stratégie intransigeante du tout répressif exprimée publiquement par mohamed Bensalmane pour y répondre est celle qui a finalement prévalu dans cet axe. La répression sanglante menée par les militaires soudanais, juste après le retour de leurs chefs des Emirats et de l’Arabie Saoudite dont ils ont reçu une substantielle aide de 3 milliards de dollars, confirme la stratégie saoudienne de répression des Hiraks, sa mise en pratique par le biais de relais locaux et l’existence chez les militaires de ces relais locaux réceptifs à ses pressions. Aussi la question se pose pour l’Algérie : quel est son degré de réceptivité aux pressions des Saoudiens et de leurs alliés émiratis et de quels relais locaux disposent ces derniers. La question est d’autant plus légitime si on met en parallèle d’une part le durcissement progressif de la répression des manifestations en Algérie, durcissement annoncé en fait dès leur début par le Chef d’Etat-Major revenu précipitamment d’une visite aux Emirats et qu’il met en œuvre progressivement, et de l’autre la rupture d’équilibre de la politique étrangère algérienne dans le golfe au profit de l’Arabie saoudite. Alors que l’Algérie veillait à ne pas s’embarquer dans la croisade de l’Arabie saoudite contre l’Iran avec lequel elle entretenait des rapports cordiaux et de nombreux projets de coopération, elle a adoubé le 30 mai à la conférence de la Ligue arabe où la représentait le chef de gouvernement contesté, un texte final, rédigé par l’Arabie saoudite, aux tons de guerre à l’Iran. Ce basculement est d’autant plus significatif que même du temps de Bouteflika, très proche pourtant des Emiratis auxquels il était redevable d’un exil doré, les équilibres entre les différents centres de pouvoir et l’effet d’inertie d’une diplomatie héritée de la guerre de libération, avaient empêché tout alignement sur les Saoudiens. Est-ce le signe extérieur de prémices d’une recomposition interne sur le modèle autoritaire émirati ?
L’influence émiratie en Algérie, peu connue du grand public et gérée avec opacité par les cercles du pouvoir en raison de ce qu’elle recèle d’accommodements douteux, est une des influences extérieures les plus importantes et les plus efficaces. Elle a été favorisée par Bouteflika qui a offert aux Emiratis une pénétration plus large dans les arcanes du pouvoir algérien où ils se sont constitués de solides relais. Elle s’exerce à l’intérieur même des rouages étatiques et des secteurs stratégiques comme l’armée
A suivre...
Malgré ce qu’elle peut nous « raconter » sur sa neutralité, l’armée est l’acteur central. Certains de ses acteurs, autour de Gaïd Salah, ont engagé une lutte en son sein et dans sa périphérie contre toute légitimité militaire concurrente. Parce que c’est le vrai et seul pouvoir. C'est ce qui explique l'arrestation du Commandant Bouregaa, du Général Benhadid et de Ali Ghediri.
Au moment où elle affirme combattre la corruption et défendre la sécurité nationale que peut nous dire l’armée sur ces deux questions en son sein ?
Qu’en penses l’Etat-Major, véritable détenteur du pouvoir ?
Pour ceux qui n’aiment pas les textes longs, ils peuvent aller directement au paragraphe « Les Emirats, main basse sur l’armement algérien »
Algérie, les dangereuses liaisons émiraties.
L’Algérie n’est certes pas le Soudan. Mais depuis qu’un même vent de liberté s’y est levé, les deux pays se trouvent projetés sur des trajectoires convergentes. Ils traversent surtout les mêmes zones de turbulence. Et butent sur le même écueil : le refus par l’autorité militaire d’une période de transition. Ce que les militaires soudanais viennent de retirer par la force des armes (leur engagement sur une période de transition dirigée par des personnalités indépendantes), c’est ce que l’Etat- Major algérien refuse de concéder depuis le début. Tous les deux veulent réduire le changement à la seule élection présidentielle, dans les délais les plus courts et avec le même système de pouvoir. Les deux pouvoirs militaires de fait convergent sur l’essentiel : garder le contrôle et changer pour que rien ne change.
L’axe Arabie saoudite-Egypte-Emirats qui, avec le soutien des puissances occidentales et de la Russie, s’est érigé en gendarme de l’ordre conservateur dans le monde arabe et agit pour imposer une restauration autoritaire, est aujourd’hui le principal obstacle à toute démocratisation dans cette région. Son action se fait depuis l’intérieur des systèmes où il actionne ses relais locaux, le plus souvent et préférentiellement militaires, comme il l’a fait avec Sissi en Egypte, Haftar en Libye et aujourd’hui avec les militaires soudanais qui viennent de plonger leur pays dans un bain de sang. Que peut-il en être en Algérie ?
L’Algérie Post Bouteflika, une réorientation sous pression saoudo-émiratie ?
Le pouvoir saoudien et l’axe qu’il anime a fait de la gestion du Hirak algérien et soudanais une de ses priorités et la stratégie intransigeante du tout répressif exprimée publiquement par mohamed Bensalmane pour y répondre est celle qui a finalement prévalu dans cet axe. La répression sanglante menée par les militaires soudanais, juste après le retour de leurs chefs des Emirats et de l’Arabie Saoudite dont ils ont reçu une substantielle aide de 3 milliards de dollars, confirme la stratégie saoudienne de répression des Hiraks, sa mise en pratique par le biais de relais locaux et l’existence chez les militaires de ces relais locaux réceptifs à ses pressions. Aussi la question se pose pour l’Algérie : quel est son degré de réceptivité aux pressions des Saoudiens et de leurs alliés émiratis et de quels relais locaux disposent ces derniers. La question est d’autant plus légitime si on met en parallèle d’une part le durcissement progressif de la répression des manifestations en Algérie, durcissement annoncé en fait dès leur début par le Chef d’Etat-Major revenu précipitamment d’une visite aux Emirats et qu’il met en œuvre progressivement, et de l’autre la rupture d’équilibre de la politique étrangère algérienne dans le golfe au profit de l’Arabie saoudite. Alors que l’Algérie veillait à ne pas s’embarquer dans la croisade de l’Arabie saoudite contre l’Iran avec lequel elle entretenait des rapports cordiaux et de nombreux projets de coopération, elle a adoubé le 30 mai à la conférence de la Ligue arabe où la représentait le chef de gouvernement contesté, un texte final, rédigé par l’Arabie saoudite, aux tons de guerre à l’Iran. Ce basculement est d’autant plus significatif que même du temps de Bouteflika, très proche pourtant des Emiratis auxquels il était redevable d’un exil doré, les équilibres entre les différents centres de pouvoir et l’effet d’inertie d’une diplomatie héritée de la guerre de libération, avaient empêché tout alignement sur les Saoudiens. Est-ce le signe extérieur de prémices d’une recomposition interne sur le modèle autoritaire émirati ?
L’influence émiratie en Algérie, peu connue du grand public et gérée avec opacité par les cercles du pouvoir en raison de ce qu’elle recèle d’accommodements douteux, est une des influences extérieures les plus importantes et les plus efficaces. Elle a été favorisée par Bouteflika qui a offert aux Emiratis une pénétration plus large dans les arcanes du pouvoir algérien où ils se sont constitués de solides relais. Elle s’exerce à l’intérieur même des rouages étatiques et des secteurs stratégiques comme l’armée
A suivre...
Commentaire