Le hasard du calendrier fait parfois un grandiose clin d’oeil à l’histoire et participe à cette conjuration collective pacifique et joyeuse que les Algériens mènent contre un régime dont le bilan se résume, depuis longtemps déjà, à une terrible et outrageante destruction des valeurs.
Comme ce 5 juillet 2019 de l’indépendance, si spécial, si sublime, qui décide - encore un complot ourdi! - de tomber un vendredi, en ce jour férié où depuis vingt semaines, le peuple algérien occupe l’espace public, à Alger et dans toutes les villes du pays, pour exiger que l’Etat soit rendu à la nation; et pour remettre le pays résolument sur les rails de son histoire et de ses combats pour l’indépendance et aussi, et surtout, pour la liberté et la dignité de ses enfants.
D’un vendredi à l’autre, dans la bonne humeur et malgré les provocations d’un régime qui tente, une fois de plus, d’empêcher le mouvement de la société, les Algériens se réapproprient leurs grands symboles que le régime confisquait et vidait de leur vitalité et de leur sève dans des commémorations et des rencontres rituelles.
Nos héros ne sont plus désormais de simples noms de rues. On ressort leurs portraits pour dire ce qu’ils ont été et ce qu’ils ont voulu que l’on soit. Et c’est aussi émouvant que revitalisant. Les Algériens recréent du sens et libèrent une histoire transformée par le régime en une rente et un barrage qui obstruent l’espace de la nation aux citoyens.
Le 1er novembre, le 19 mars, le 8 mai ou le 5 juillet vont cesser d’être des dates où les représentants du régime se gargarisent de langue de bois en transformant le souvenir d’une histoire majestueuse en un rituel dénué de sens, expédié comme une corvée. Ces dates, les Algériens leurs donnent déjà un sens vivant, actuel, celui d’une histoire qui continue d’irriguer le présent et l’aide à penser l’avenir.
Le régime de l’Abdel-cadre
Les Algériens sont déjà au-delà d’un régime qui a sombré, dans tous ses compartiments, dans une adulation obscène de “l’Abdel-cadre”, un régime dont les tenants ont discouru jusqu’à la caricature la plus grotesque sur le “passage du flambeau aux jeunes” tout en s’y accrochant avec tous les moyens de la répression et de la manipulation.
Les Algériens, calmement et avec détermination, ne cèdent plus rien de leur histoire. Ils la reprennent, ils l’arrachent à ceux qui ont essayé de la confisquer. Et cette date du 5 juillet, survenu le 20ème vendredi de la révolution pacifique, ils l’ont reprise pleinement dans des marches grandioses. Ils n’ont pas permis à un régime failli et corrompu - El Harrach en est le témoin éloquent aujourd’hui- d’en faire une fois de plus un argument contre la souveraineté du peuple et pour entretenir l’exclusion des citoyens.
Le peuple algérien était dans la rue en ce vendredi de l’indépendance pour dire de manière résolue qu’il revendique la liberté et les libertés. Toutes les libertés. Qu’il revendique sa pleine souveraineté dans la désignation des gouvernants et le droit de les révoquer par des mécanismes institutionnels démocratiques. Et que c’est pour cela qu’il n’est pas pressé d’aller aux élections présidentielles que le régime veut imposer pour réinitialiser un système failli au prix d’une purge qui laisse cependant fécond le terreau de la corruption.
Le 22 février n’est pas un bug, c’est une révolution
Les Algériens l’ont encore dit ce vendredi, avec éclat, le 22 février n’était pas un “bug” que le système peut résoudre par un simple retour à des élections organisées par les hommes du cinquième mandat et par une administration qui a manipulé tous les scrutins. Le 22 février est une révolution en marche avec un but clair, accomplir la promesse de la révolution de novembre d’un Etat souverain, démocratique et social. Ils veulent sortir d’un système policier qui a empêché l’émergence du citoyen.
Le vendredi 20ème a été si puissant qu’il sera difficile au régime de continuer à essayer d’imposer des simulacres de solution et à fabriquer des diversions par les TV offshore du cinquième mandat et par les mouches électroniques qui tentent de provoquer des divisions au sein du peuple.
Le peuple algérien - oui, on peut désormais, sans hésiter, dire le peuple- veut la liberté, les libertés, la justice, la dignité et la pleine souveraineté. La seule chose à négocier désormais est comment organiser, dans la paix et au moindre coût, l’enterrement d’un régime qui est depuis longtemps une menace à la sécurité du pays et à l’avenir de la nation. Les Algériennes et les Algériens ne renonceront pas à leurs revendications . Il est fini le temps des parrains. C’est l’heure du peuple souverain !
Saïd Djaafer
Journaliste
Les blogs du Huffington Post Algérie
Comme ce 5 juillet 2019 de l’indépendance, si spécial, si sublime, qui décide - encore un complot ourdi! - de tomber un vendredi, en ce jour férié où depuis vingt semaines, le peuple algérien occupe l’espace public, à Alger et dans toutes les villes du pays, pour exiger que l’Etat soit rendu à la nation; et pour remettre le pays résolument sur les rails de son histoire et de ses combats pour l’indépendance et aussi, et surtout, pour la liberté et la dignité de ses enfants.
D’un vendredi à l’autre, dans la bonne humeur et malgré les provocations d’un régime qui tente, une fois de plus, d’empêcher le mouvement de la société, les Algériens se réapproprient leurs grands symboles que le régime confisquait et vidait de leur vitalité et de leur sève dans des commémorations et des rencontres rituelles.
Nos héros ne sont plus désormais de simples noms de rues. On ressort leurs portraits pour dire ce qu’ils ont été et ce qu’ils ont voulu que l’on soit. Et c’est aussi émouvant que revitalisant. Les Algériens recréent du sens et libèrent une histoire transformée par le régime en une rente et un barrage qui obstruent l’espace de la nation aux citoyens.
Le 1er novembre, le 19 mars, le 8 mai ou le 5 juillet vont cesser d’être des dates où les représentants du régime se gargarisent de langue de bois en transformant le souvenir d’une histoire majestueuse en un rituel dénué de sens, expédié comme une corvée. Ces dates, les Algériens leurs donnent déjà un sens vivant, actuel, celui d’une histoire qui continue d’irriguer le présent et l’aide à penser l’avenir.
Le régime de l’Abdel-cadre
Les Algériens sont déjà au-delà d’un régime qui a sombré, dans tous ses compartiments, dans une adulation obscène de “l’Abdel-cadre”, un régime dont les tenants ont discouru jusqu’à la caricature la plus grotesque sur le “passage du flambeau aux jeunes” tout en s’y accrochant avec tous les moyens de la répression et de la manipulation.
Les Algériens, calmement et avec détermination, ne cèdent plus rien de leur histoire. Ils la reprennent, ils l’arrachent à ceux qui ont essayé de la confisquer. Et cette date du 5 juillet, survenu le 20ème vendredi de la révolution pacifique, ils l’ont reprise pleinement dans des marches grandioses. Ils n’ont pas permis à un régime failli et corrompu - El Harrach en est le témoin éloquent aujourd’hui- d’en faire une fois de plus un argument contre la souveraineté du peuple et pour entretenir l’exclusion des citoyens.
Le peuple algérien était dans la rue en ce vendredi de l’indépendance pour dire de manière résolue qu’il revendique la liberté et les libertés. Toutes les libertés. Qu’il revendique sa pleine souveraineté dans la désignation des gouvernants et le droit de les révoquer par des mécanismes institutionnels démocratiques. Et que c’est pour cela qu’il n’est pas pressé d’aller aux élections présidentielles que le régime veut imposer pour réinitialiser un système failli au prix d’une purge qui laisse cependant fécond le terreau de la corruption.
Le 22 février n’est pas un bug, c’est une révolution
Les Algériens l’ont encore dit ce vendredi, avec éclat, le 22 février n’était pas un “bug” que le système peut résoudre par un simple retour à des élections organisées par les hommes du cinquième mandat et par une administration qui a manipulé tous les scrutins. Le 22 février est une révolution en marche avec un but clair, accomplir la promesse de la révolution de novembre d’un Etat souverain, démocratique et social. Ils veulent sortir d’un système policier qui a empêché l’émergence du citoyen.
Le vendredi 20ème a été si puissant qu’il sera difficile au régime de continuer à essayer d’imposer des simulacres de solution et à fabriquer des diversions par les TV offshore du cinquième mandat et par les mouches électroniques qui tentent de provoquer des divisions au sein du peuple.
Le peuple algérien - oui, on peut désormais, sans hésiter, dire le peuple- veut la liberté, les libertés, la justice, la dignité et la pleine souveraineté. La seule chose à négocier désormais est comment organiser, dans la paix et au moindre coût, l’enterrement d’un régime qui est depuis longtemps une menace à la sécurité du pays et à l’avenir de la nation. Les Algériennes et les Algériens ne renonceront pas à leurs revendications . Il est fini le temps des parrains. C’est l’heure du peuple souverain !
Saïd Djaafer
Journaliste
Les blogs du Huffington Post Algérie
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