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Crise de la presse : « El Watan vit une situation catastrophique »

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  • Crise de la presse : « El Watan vit une situation catastrophique »

    Après dix ans d’existence, El Watan Week-end cesse de paraître. « Étranglé financièrement, le journal ne peut plus supporter le coût lié à sa production », souligne la direction d’El Watan, dans un communiqué publié ce jeudi 18 juillet 2019.

    Selon Tayeb Belghiche, directeur de la publication d’El Watan, il existe d’autres raisons à l’arrêt de la parution. « La rotative tourne depuis des années sans arrêt. Elle tire le quotidien pendant six jours et l’hebdomadaire le jeudi soir. Les techniciens ne peuvent ni la nettoyer ni l’entretenir ni la réviser. Elle devait s’arrêter. De plus, les ventes d’El Watan Week-end ont chuté. Le tirage est fixé à 23.000 (il était à plus 80.000 lors du lancement du journal en 2009). Nous n’avions pas d’autres choix que d’arrêter la parution », précise-t-il dans une déclaration à TSA.

    Tayeb Belghiche tire la sonnette d’alarme : « El Watan vit une situation catastrophique. Nous avons zéro pubs. Nous sommes en train de vendre nos locaux à l’intérieur du pays pour pouvoir maintenir l’équilibre financier. Le départ de Bouteflika n’a rien changé ».

    Critique à l’égard de la politique de l’ex-président de la République depuis 1999, le quotidien El Watan a été privé de la publicité publique (Anep) depuis des années. Des annonceurs privés, soumis à de fortes pressions, le boudent également.

    Au début de la contestation populaire, en février 2019, le gouvernement avait promis de revoir la politique de la réclame publique à l’égard des médias. El Watan, et d’autres médias, n’ont rien vu venir.

    « Une belle aventure qui a duré dix ans »
    Selon Nassima Oulebsir, rédactrice en chef d’El Watan Week-end depuis 2016, les cinq journalistes de l’hebdomadaire vont rejoindre des rubriques du quotidien. Il s’agit d’elle-même, de Sofia Ouahib, Farouk Bouamama, Meziane Abane et Amina Semmar.

    « Nous rassurons nos fidèles lecteurs qu’ils vont retrouver nos signatures et nos travaux dans les différents espaces du quotidien. El Watan Week-end était une belle aventure qui a duré dix ans. Nous avons fait un travail professionnel en se distinguant dans le paysage médiatique algérien. Un travail d’équipe. Les échos auprès des lecteurs étaient toujours positifs. Nous revenions sur l’actualité autrement. Pour moi, il s’agissait d’une expérience particulière en tant que journaliste depuis 2009, puis en tant que rédactrice en chef depuis mai 2016. Nous étions bien appuyés par les bureaux régionaux et les correspondants », déclare Nassima Oulebsir.

    A son lancement, El Watan Week-end comptait une quinzaine de salariés entre journalistes, chroniqueurs, infographes et dessinateurs. Il a été lancé par Adlène Meddi et Mélanie Matarese, rédacteurs en chef, qui ont adopté un concept technique, rédactionnel et artistique particulier à l’hebdomadaire paraissant vendredi.

    Le journal s’est distingué notamment en 2011, lors du début des révoltes arabes, et en 2014, lors de la précampagne et la campagne pour la présidentielle en Algérie en s’appuyant sur les réseaux sociaux.

    « Contrairement à El Khabar, qui faisait de la continuité de l’actualité sept sur sept, El Watan Week-End, qui s’est offert une certaine liberté dans le traitement de l’information, mélangeait l’actualité au magazine », explique Nassima Oulebsir.

    Selon elle, El Watan Week-end ne recevait pas de publicité. « Tous les annonceurs refusent depuis des années d’accompagner l’édition du vendredi », souligne sur Facebook, Chérif Rezki, ancien directeur général d’El Khabar.

    Invendus à cause de la fermeture des kiosques le vendredi
    L’édition du vendredi d’El Khabar s’arrête aussi. Mais pas pour les mêmes raisons. « Avec l’arrêt d’El Watan Week-end, nous n’avons pas d’autres choix, car nous partageons les charges. Depuis le début du hirak (le 22 février 2019), beaucoup de kiosques à journaux ferment le vendredi. Donc, il n’était plus possible de distribuer correctement les exemplaires surtout dans les grandes villes comme Annaba, Constantine, Sétif, Alger, Oran et Tlemcen. Les invendus étaient importants surtout pour El Watan Week-End. Notre édition du vendredi n’est pas comme celle d’El Watan. Elle est assurée par la rédaction du quotidien, pas comme El Watan Week-End qui a sa propre équipe rédactionnelle autonome avec toutes ses charges », souligne Messaoud Dekkar, responsable d’El Khabar Week-End, dans une déclaration à TSA.

    Selon lui, El Khabar Week-End n’a pas subi de pertes sur le plan commercial. « Mais là, nous ne pouvons plus assurer seuls les charges de la distribution, d’où la décision d’arrêt », précise-t-il.

    tsa.
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