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La hogra, cette spécificité algérienne

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  • La hogra, cette spécificité algérienne

    La hogra, ce mot, ce vécu et ce drame qui ne dit rien aux non-Algériens, dans ma patrie, il anéantit les hommes et les femmes et pousse les jeunes à périr par les flammes et à traverser la mer à la rame pour sauver leurs âmes et pouvoir rêver du sésame.

    Ce mot qui nous a tout pris, c'est le mépris, l'indifférence, l'insolence, l'injustice, l'humiliation, l'abus de pouvoir… non, réellement, il n’a pas d’équivalent sémantique ni en français ni en d'autres parlers, il faut être citoyen de ma nation pour comprendre sa définition.

    Oui, il faut que tu sois algérien et que tu te sentes un vaurien devant les crétins qui lapident tes biens et que tu sois considéré comme un chien par ceux qui te méprisent, toi et les tiens et savoir que pour avoir tes droits et tes non-droits, il faut te courber devant ceux qui ont fait le choix d'applaudir le roi lorsqu'il piétine la constitution, les chartes et les lois. Il faut te taire devant les dignitaires qui violent ta terre, ta culture et ta mère et supporter tes frères qui les qualifient de visionnaires et porteurs de lumière.

    Pour comprendre "la hogra" il faut que tu sois méprisé comme un rat par celui qui se prend pour le divin Râ et mesurer tes pas lorsque tu marches même dans ton propre champ et censurer ce qui ne plaît pas dans ta poésie, tes écrits et tes chants. Il faut te voir te dicter les lois de la piété et te forcer à aller au paradis par celui qui te maudit, te prive de liberté et t'empêche même de penser.

    Afin de connaître le sens de ce mot fatal, il faut que la maladie fane tes pétales sur le lit d'une écurie, que l'on nomme hôpital au moment où les hommes du sérail se soignent dans les capitales occidentales et se confient à ce corps médical qu'ils nous qualifient de Kouffar.

    À la hogra pour t'initier, il faut te mettre dans un lycée ou une université de mon pays pour t'enseigner ce qui suit :

    Prier et ensevelir les morts,
    Te donner raison même si tu as tort
    Maudire les hommes phares et bannir les arts.
    Adorer les charlatans et abominer les savants
    Répudier la lucidité et épouser la stupidité
    Te faire croire dur comme fer que le céleste père te préfère dans l'au-delà et sur terre et que tu dois effacer de ce bas lieu les irréligieux au moment où tu vois les enfants de ceux qui ont fait ce choix sont envoyés loin de la terre mère pour s'enivrer de la lumière et de la paix des ces impies.
    La hogra, tu ne la comprendras que, lorsque tu comparaîtras devant un magistrat, qui ne te jugera pas en application des lois, mais selon ta position vis-à-vis du roi. Dans ce présidial, tu verras condamner l'affamé qui a volé d'une baguette une part et libérer le sanguinaire barbare et le voleur de milliards. Les sentences tomberont au nom du peuple et de la loi et tu constateras que le ridicule ne tuera ni le magistrat ni le malfrat.

    La hogra, tu ne peux la vivre corps et âme que, lorsque tu es face au gendarme, qui fera couler tes larmes comme celles d'une femme devant la terreur de son violeur qui souille son honneur. Et tu ne pourras pas l'oublier devant le policier qui te dira : vis-à-vis de la loi, c'est ton droit, mais devant moi, tu ne l'auras pas et si tu n'es pas content, va voir ceux qui me donnent le droit de faire ce que je veux de toi.

    Pour s'indigner, il faut que tu sois à l'étranger et que tu vois ta diplomatie ne jamais se soucier si tu es arbitrairement incarcéré ou tué et que ses légats ne sont là que pour te prouver qu'ils sont les gros bonnets et toi leur subordonné et tu dois te faire tout petit devant leur mépris et leur bureaucratie.

    Pour vivre la hogra qui coupe l'âme comme une lame, il faut être une de nos femmes et qu'un ignare type qui vend de la fripe te juge selon la longueur de ta jupe et te considère comme une minable dupe. Lorsque les hommes avec leur machisme te traitent de nanisme et d'objet d'érotisme et que tu es même la cause des séismes.

    Je suis désolé pour vous qui n'êtes pas de ma patrie de ne pas pu vous expliquer correctement cette spécificité de mon pays. Pour les miens, je n'ai pas besoin de vous faire un dessin, car vous êtes comme moi dans ce pétrin sans fin.

    Mais comment trouver solution à cette situation ?

    Si c'était une malédiction, on se serait mis à genoux devant Dieu pour solliciter sa bénédiction. Si c'était la faim et la misère, on aurait cultivé la terre et remué les pierres. Si c'était un envahisseur, on aurait vaincu la peur et affronté la mort, si c'était une maladie on l'aurait soigné à Genève, à Londres ou à Paris quelque soit le prix, mais mon ulcère c'est mon frère qui me met à terre, qui cuit ma chair avec du fer et qui me fait taire pour ne pas lui dire : j'en ai marre mon frère !

    Rachid Mouaci

  • #2
    Beau texte!!!
    Toutes les fleurs de l'avenir sont dans les semences d'aujourd'hui.

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    • #3
      Je suis désolé pour vous qui n'êtes pas de ma patrie de ne pas pu vous expliquer correctement cette spécificité de mon pays.
      Des fanfaronnades !
      Comme si l'Algérien était un extra terrestre, être contre le mépris et le joug est un sentiment que tout humain connait.
      Ca n'a rien de spécifique à l'Algérie.

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      • #4
        Comme si l'Algérien était un extra terrestre, être contre le mépris et le joug est un sentiment que tout humain connait.
        Ca n'a rien de spécifique à l'Algérie.
        Tout à fait Bachi.
        D'abord le terme "hogra" est utilisé dans tous les pays du Maghreb. Même si son sens varie selon le contexte, il exprime toujours une forme d'injustice.

        C'est complètement incorrect de considérer que la hogra est spécifiquement algérienne. Sinon, contre quoi se sont soulevés ces dernières années et se soulèvent, en restant dans le monde dit arabe: les Égyptiens, les Tunisiens, les Marocains, les Rifains, les Bahreinis chiites, les Yéménites, etc. ?
        "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

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        • #5
          Hogra

          Ce n'est pas tant le contexte qui serait spécifiquement algérien, mais il est vrai que le mot qui l'exprime -il est vrai maghrébin comme le fait remarquer BENAM- n'a pas d'équivalent exacte dans les langues européennes qu'on connais.

          En somme, l'idée qu'il exprime est un mélange d'injustice, d'oppression et d'abus de pouvoir de la part d'un puissant envers un plus faible, le tout teinté d'un certain mépris (ihtiqār). En arabe classique, l'équivalent le plus proche est dholm, plus large de sens que hogra qui se limite aux relations proprement humaines.
          "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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          • #6
            Si c'était un envahisseur, on aurait vaincu la peur et affronté la mort, si c'était une maladie on l'aurait soigné à Genève, à Londres ou à Paris quelque soit le prix, mais mon ulcère c'est mon frère qui me met à terre, qui cuit ma chair avec du fer et qui me fait taire pour ne pas lui dire : j'en ai marre mon frère !
            c'est un mal qui pourri notre société , si on arrive à le guérir définitivement , on aura une coupe du monde du pays le plus civilisé .
            Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre.
            (Paul Eluard)

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