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Le Maroc et l'Irlande tournent enfin la page après plusieurs années de froids diplomatiques

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  • Le Maroc et l'Irlande tournent enfin la page après plusieurs années de froids diplomatiques

    Publié il y a 3 heures

    En 2020, la République d'Irlande ouvrira sa première ambassade au Maroc, annonçant le début d'un nouveau chapitre de ses relations avec le royaume. Après une période marquée par des hauts et des bas, notamment en ce qui concerne le conflit du Sahara occidental, les deux pays ont réussi à établir des partenariats dans plusieurs domaines, y compris le secteur de l'éducation.


    Bien que la République d'Irlande soit devenue membre des Nations unies en décembre 1955, il a fallu au pays européen plus de 30 ans avant d'envisager des relations officielles avec le Maroc. C’est en 1992 que le royaume décide d’ouvrir sa première et actuelle ambassade à Dublin, ouvrant ainsi la porte au commerce et aux partenariats avec le pays européen qui s’était séparé de la couronne britannique.

    Malgré cette étape plutôt positive, les relations entre Rabat et Dublin ont connu des hauts et des bas au cours des deux dernières décennies. C’est la question du Sahara occidental qui fut au cœur d’une première crise entre les deux pays. Ainsi, en septembre 2012, le Maroc a rappelé son ambassadeur en République d'Irlande, Anas Khales, en guise de protestation contre une réunion à laquelle participait le vice-chef du gouvernement et l’ancien chef du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz.

    Le conflit du Sahara occidental et les déplacements successifs du Polisario en Irlande

    Selon un article du journal irlandais The Independent, paru en novembre 2012, le vice-chef du gouvernement Eamon Gilmore avait «clairement indiqué lors de sa rencontre avec le président de la République sahraouie Mohamed Abdelaziz qu'il soutenait le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». À Dublin, Mohamed Abdelaziz avait également rencontré le président irlandais Michael D. Higgins et d'autres hauts fonctionnaires, narguant ainsi les officiels marocains.

    La décision de rappeler l’ambassadeur du Maroc à Dublin a été jugée «embarrassante» par une délégation irlandaise qui était, au même moment, en visite au Maroc. S'adressant au journal irlandais, un membre de la délégation avait confié : «Ce fut embarrassant d'arriver et d'apprendre que l'ambassadeur [du Maroc] avait été rappelé. Le gouvernement à Rabat n'était pas content.»

    Environ un mois plus tard, l'ambassadeur marocain rentre à Dublin et les efforts visant à modifier la position du pays de l’Europe de l’Ouest sur le Sahara occidental n'aboutissent pas vraiment. Pour enfoncer le clou, le ministère irlandais des Affaires étrangères avait même souligné que sa politique «visait depuis longtemps à rencontrer des représentants du peuple sahraoui et à soutenir un référendum sur l'avenir de la région». À l'époque, un porte-parole du département avait même déclaré aux médias que «le gouvernement marocain n'apprécie pas la position de l'Irlande sur le Sahara occidental».



    Une position qui a été même maintenue aux fils des années. D’ailleurs, en décembre 2018, l'actuel ministre des Affaires étrangères et du Commerce et vice-premier ministre, a exprimé une position similaire. Répondant à une question sur le statut du Sahara occidental et la position de l'Union européenne, Simon Coveney a indiqué devant le Parlement de son pays que l'Irlande reconnaît «la classification du Sahara occidental par les Nations unies en tant que territoire non autonome», tout comme le bloc européen.

    Toutefois, le vice-premier ministre a clairement indiqué que son pays «soutenait le droit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental», ajoutant que son pays «n'a pas d'opinion sur le résultat final de cette autodétermination, que ce soit l'indépendance, l'intégration, l'autonomie ou une autre solution, dans la mesure où cela est décidé dans le cadre d'un véritable exercice» de vote.

    Au cours du même mois, le Seanad Éireann, la Chambre haute de l'Irlande, a adopté un projet de loi interdisant «l'importation ou la vente de biens ou de services» issus de régions non autonomes. Et au grand dam du Maroc, certains sénateurs irlandais soutenant le projet de loi ont insisté sur le fait que «l'occupation du Sahara occidental par le Maroc relèverait de cette législation», comme le précise un article du journal Irish Times.

    C’est dans ce contexte qu'une autre délégation du Polisario s’est rendue, en mars dernier, à Dublin pour être reçue par le président irlandais en personne. «La réunion a été l'occasion pour la délégation de remettre au président irlandais, Michael D. Higgins, une lettre de Brahim Ghali», a écrit le Front Polisario par l'intermédiaire de son agence de presse.

    En Irlande, la délégation du Polisario s'est entretenue avec plusieurs hommes politiques irlandais et a réussi à se rendre au siège du ministère des Affaires étrangères irlandais.

    Rapprochement entre Rabat et Dublin

    Cette visite a, de nouveau, été un revers pour les relations diplomatiques entre Rabat et Dublin. Mais au lieu de rappeler son ambassadeur, comme en 2012, le Maroc a décidé d'aller de l'avant en adoptant une nouvelle stratégie.

    En juin 2019, une délégation marocaine composée d'élus du Sahara s'est rendue en Irlande, où elle a eu une série de réunions avec des responsables de ce pays. Quelques jours plus tard, c’est le président de la Chambre des représentants, Habib El Malki qui effectue un déplacement dans la capitale irlandaise. Il est reçu par le président Higgins au siège de la présidence irlandaise.



    Selon un communiqué publié par le portail de celle-ci, les deux responsables «ont eu un débat approfondi sur un large éventail de questions, notamment les relations de l'Irlande avec l'Afrique, les relations de l'UE avec le Maroc, les défis suggérés par la crise climatique et les exigences d'un développement durable».

    Peu de temps après le voyage d'El Malki en Irlande, une délégation de haut rang de la République irlandaise s'est rendue, de son côté, dans le royaume. Sous la conduite du président de la Chambre basse, Sean O Fearghail, la délégation a rencontré plusieurs responsables marocains, dont le chef du gouvernement Saâdeddine El Othmani, le ministre de la Justice Mohamed Aujjar et le président de la Chambre basse, Habib El Malki.

    La délégation irlandaise a apporté avec elle des projets prometteurs, notamment le projet d'ouvrir une ambassade d'Irlande au Maroc, où le pays est représenté actuellement par deux consulats honoraires.«Votre ambassade à Dublin milite pour l'ouverture d'une ambassade ici dans ce pays», a déclaré O Fearghail à la presse à Rabat.

    Le consulat honoraire d'Irlande à Agadir. / Ph. DRLe consulat honoraire d'Irlande à Agadir. / Ph. DR

    Lors de son séjour dans le royaume, le responsable a examiné les moyens de renforcer les relations diplomatiques avec le Maroc, les projets commerciaux bilatéraux potentiels et les questions d'intérêt commun, telles que la question migratoire.

    La question du Sahara occidental a été également au cœur de cette visite, la délégation ayant pu rencontrer des représentants du Conseil consultatif royal pour les affaires sahariennes (CORCAS). Elle a aussi été invitée à se rendre dans les provinces sahariennes du royaume pour rencontrer des représentants sahraouis.

    Outre la scène politique, le rapprochement entre Rabat et Dublin s'est également concentré sur le secteur de l'éducation. En ce mois de juillet, une délégation irlandaise de l'université de la ville de Dublin a signé un protocole d'accord avec l'université Cadi Ayyad de Marrakech, confie à ******** une source diplomatique.

    L'université Ibn Zohr d'Agadir a, elle aussi, signé un partenariat avec l’Université nationale d’Irlande de Galway pour développer des spécialités en zoologie et en écologie. Pour sa part, l’université irlandaise «participera au développement du premier musée d’histoire naturelle dans le sud du Maroc et à l’enseignement des cours d’écologie, tout en offrant des stages aux étudiants marocains», a annoncé l’institution.

    Au cours du même mois, l'Université Al Akhawayn à Ifrane a reçu une délégation du Trinity College Dublin «pour explorer les options permettant de développer la mobilité des étudiants et des professeurs et de partager des expériences mutuelles dans les programmes d'enseignement et dans les domaines de recherche», a écrit l'ambassade du Maroc en Irlande dans un Post Facebook.

    Les activités diplomatiques et culturelles menées par les deux pays devraient entrer dans une nouvelle phase avec l'ouverture de l'ambassade d'Irlande au Maroc.


    Ya biladi
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