Par Aylan B 25 juillet 2019
Le journal français L’Obs a publié ce jeudi 25 juillet une enquête sur les biens mal acquis de certains hommes politiques et oligarques algériens, titrée « Oligarchie sur Seine ». La ville de Neuilly revient souvent dans cette enquête, vu le prix exorbitant du mètre carré, à savoir 15 000 euros.
Les anciens ministres Mohamed Bedjaoui, Abdeslam Bouchouareb et Cherif Rahmani, l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal, l’ancien président de l’APN Amar Saadani, l’ancien chef du protocole de la présidence Mokhtar Reguieg figurent parmi les responsables algériens cités par l’enquête de L’Obs. Il y a aussi le sénateur Bachir Ould Zemirli et son gendre Ayoub Aissiou, propriétaire de la chaîne El Djazairia One.
Les concernés n’ont pas été très coopératifs avec la journaliste auteure de l’enquête, qui dit avoir consulté les cadastres, les services de publicité foncière et les registres de commerce pour les besoins de son enquête. Une longue liste est apparue, mais seulement certains peuvent être cités avec des documents démontrant les faits.
« En effet, des montages minutieux et des prête-noms impossibles à relier formellement aux bénéficiaires effectifs nous ont souvent empêchés d’aller au-delà du faisceau de présomption. Nous ne publions donc ici que la partie émergée de l’iceberg, les faits démontrés par des documents », précise d’emblée la journaliste.
Bouchouareb et Bedjaoui dans des appartements cossus
Même avec des documents, cela n’a pas été facile, puisque les concernés ne communiquent pas quand on arrive à les joindre. Comme Mohamed Bedjaoui, ex-diplomate, qui a acquis un appartement haut standing dans le quartier chic de Neuilly. Il devait recevoir L’Obs, mais a changé d’avis à la dernière minute. C’est un peu prévisible, quand on sait que Bedjaoui a acquis son grand appartement auprès d’une princesse saoudienne au prix de 3,45 millions d’euros.
C’est aussi le cas de l’ancien ministre de l’Industrie Abdeslam Bouchouareb, qui n’a répondu à aucun message sur son répondeur. Lui qui a acheté un luxueux appartement de 156 mètres carrés en bordure de Seine et face à Notre-Dame. C’est un bien qui lui aurait coûté, en 2006, la bagatelle de 1’180’000 euros, dont 580’000 euros payés comptant. Aujourd’hui, son appartement vaut entre 2,5 et 3 millions d’euros.
Les montages opaques et les SCI des oligarques algériens
Le mandat d’arrêt international émis en Algérie à l’encontre de Bouchouareb est toujours en vigueur. La justice algérienne le soupçonne d’avoir attribué des marchés publics contre des pots-de-vin, ou ce qu’on appelle dans les milieux politiques français des « rétrocommissions ». C’est l’affaire des Panama papers qui a révélé l’existence de sa société offshore basée au Panama. Y a-t-il un lien entre cette société et l’appartement en question ? La journaliste s’interroge. Bouchouareb ne répondra pas.
L’autre ancien ministre cité dans l’enquête n’est autre que Cherif Rahmani, également ancien gouverneur du Gouvernorat du Grand Alger (GGA). Son cas a révélé que pour rester discret, les prête-noms et les Sociétés civiles immobilières (SCI) ne sont pas suffisants. Des montages plus opaques sont nécessaires, mais dans le cas de Cherif Rahmani, sa rencontre mouvementée avec un anthropologue algérien lui a coûté cher.
Mokhtar Reguieg et 320’000 euros payés comptant
Hocine Djidel, un anthropologue, a mené sa propre enquête sur les biens de Cherif Rahmani et a révélé le pot aux roses. Il a découvert, par exemple, que l’ex-ministre a acquis un appartement de 84 mètres carrés au 2e étage d’un immeuble du XVIe arrondissement de Paris. Son prix : 878’000 euros, mais sa valeur aujourd’hui avoisine le million d’euros.
Djidel révélera le labyrinthe des SCI de ce personnage, dont la puissance était connue à l’époque. La première SCI a été créée en 1997 au nom de son chauffeur. Progressivement, toutes les SCI seront transmises d’un intermédiaire à un autre, jusqu’à arriver à l’épouse de l’ex-ministre, Zoubida Bentahar.
Même l’ancien chef du protocole de la présidence Mokhtar Reguieg n’a pas échappé à la vigilance de la journaliste. Chef du protocole de Abdelaziz Bouteflika pendant 14 ans, Mokhtar Reguieg a acheté un petit appartement au XIIe arrondissement de Paris. Il l’a acquis au nom d’une SCI au prix de 320’000 euros. Il l’a payé comptant, indique L’Obs en s’interrogeant sur l’origine de l’argent. Cependant, Reguieg est resté injoignable pour s’expliquer.
Abdelmalek Sellal et Amar Saadani
D’autre part, l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal est brièvement cité dans l’enquête qui évoque une affaire connue depuis un certain temps. Et cela concerne l’appartement que sa fille étudiante aurait acquis sur les Champs-Élysées. Tout près de l’hôtel Claridge, précise-t-on. Histoire connue du public algérien, tout comme celle de l’ex-président de l’APN, Amar Saadani avec son appartement de luxe à Neuilly-sur-Seine.
L’on se rappelle que c’est cette histoire qui a coûté des points de suture à l’ex-candidat à la candidature aux élections présidentielles Rachid Nekkaz, agressé par des proches de Saadani. L’ex-secrétaire général du FLN aurait acquis cet appartement de 101 mètres carrés en 2009. Un quatre-pièces qu’il aurait payé 665’000 euros au nom d’une SCI, L’Olivier, dans laquelle il est associé à des membres de sa famille.
Ould Zemirli et Aissiou, deux oligarques algériens à Paris
Enfin, le sénateur Bachir Ould Zemirli, un milliardaire exerçant dans l’agroalimentaire, figure aussi parmi les oligarques cités par L’Obs. De même que son gendre Ayoub Aissiou, propriétaire de la chaîne El Djazaïria One. À eux deux, ils possèdent plusieurs SCI qui gèrent un hôtel et plusieurs appartements. Par exemple, l’appartement très haut standing acquis pour 3,4 millions d’euros en 2011 est un cinq-pièces situé dans le VIIe arrondissement. Autre exemple : Un appartement de 150 mètres carrés qu’ils ont acquis en 2014 pour le prix de 933’000 euros et qui coûterait aujourd’hui près de 2 millions d’euros.
Contacté par le L’Obs, Ayoub Aissiou ne donnera aucun détail sur les biens et leur financement. « Je n’ai rien à me reprocher, je suis résident en France et d’ailleurs, j’y suis locataire », a-t-il répondu. Pour les détails, il estime qu’il doit voir cela avec son avocat. Réagira-t-il à la publication de cet article en France ?
Le journal français L’Obs a publié ce jeudi 25 juillet une enquête sur les biens mal acquis de certains hommes politiques et oligarques algériens, titrée « Oligarchie sur Seine ». La ville de Neuilly revient souvent dans cette enquête, vu le prix exorbitant du mètre carré, à savoir 15 000 euros.
Les anciens ministres Mohamed Bedjaoui, Abdeslam Bouchouareb et Cherif Rahmani, l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal, l’ancien président de l’APN Amar Saadani, l’ancien chef du protocole de la présidence Mokhtar Reguieg figurent parmi les responsables algériens cités par l’enquête de L’Obs. Il y a aussi le sénateur Bachir Ould Zemirli et son gendre Ayoub Aissiou, propriétaire de la chaîne El Djazairia One.
Les concernés n’ont pas été très coopératifs avec la journaliste auteure de l’enquête, qui dit avoir consulté les cadastres, les services de publicité foncière et les registres de commerce pour les besoins de son enquête. Une longue liste est apparue, mais seulement certains peuvent être cités avec des documents démontrant les faits.
« En effet, des montages minutieux et des prête-noms impossibles à relier formellement aux bénéficiaires effectifs nous ont souvent empêchés d’aller au-delà du faisceau de présomption. Nous ne publions donc ici que la partie émergée de l’iceberg, les faits démontrés par des documents », précise d’emblée la journaliste.
Bouchouareb et Bedjaoui dans des appartements cossus
Même avec des documents, cela n’a pas été facile, puisque les concernés ne communiquent pas quand on arrive à les joindre. Comme Mohamed Bedjaoui, ex-diplomate, qui a acquis un appartement haut standing dans le quartier chic de Neuilly. Il devait recevoir L’Obs, mais a changé d’avis à la dernière minute. C’est un peu prévisible, quand on sait que Bedjaoui a acquis son grand appartement auprès d’une princesse saoudienne au prix de 3,45 millions d’euros.
C’est aussi le cas de l’ancien ministre de l’Industrie Abdeslam Bouchouareb, qui n’a répondu à aucun message sur son répondeur. Lui qui a acheté un luxueux appartement de 156 mètres carrés en bordure de Seine et face à Notre-Dame. C’est un bien qui lui aurait coûté, en 2006, la bagatelle de 1’180’000 euros, dont 580’000 euros payés comptant. Aujourd’hui, son appartement vaut entre 2,5 et 3 millions d’euros.
Les montages opaques et les SCI des oligarques algériens
Le mandat d’arrêt international émis en Algérie à l’encontre de Bouchouareb est toujours en vigueur. La justice algérienne le soupçonne d’avoir attribué des marchés publics contre des pots-de-vin, ou ce qu’on appelle dans les milieux politiques français des « rétrocommissions ». C’est l’affaire des Panama papers qui a révélé l’existence de sa société offshore basée au Panama. Y a-t-il un lien entre cette société et l’appartement en question ? La journaliste s’interroge. Bouchouareb ne répondra pas.
L’autre ancien ministre cité dans l’enquête n’est autre que Cherif Rahmani, également ancien gouverneur du Gouvernorat du Grand Alger (GGA). Son cas a révélé que pour rester discret, les prête-noms et les Sociétés civiles immobilières (SCI) ne sont pas suffisants. Des montages plus opaques sont nécessaires, mais dans le cas de Cherif Rahmani, sa rencontre mouvementée avec un anthropologue algérien lui a coûté cher.
Mokhtar Reguieg et 320’000 euros payés comptant
Hocine Djidel, un anthropologue, a mené sa propre enquête sur les biens de Cherif Rahmani et a révélé le pot aux roses. Il a découvert, par exemple, que l’ex-ministre a acquis un appartement de 84 mètres carrés au 2e étage d’un immeuble du XVIe arrondissement de Paris. Son prix : 878’000 euros, mais sa valeur aujourd’hui avoisine le million d’euros.
Djidel révélera le labyrinthe des SCI de ce personnage, dont la puissance était connue à l’époque. La première SCI a été créée en 1997 au nom de son chauffeur. Progressivement, toutes les SCI seront transmises d’un intermédiaire à un autre, jusqu’à arriver à l’épouse de l’ex-ministre, Zoubida Bentahar.
Même l’ancien chef du protocole de la présidence Mokhtar Reguieg n’a pas échappé à la vigilance de la journaliste. Chef du protocole de Abdelaziz Bouteflika pendant 14 ans, Mokhtar Reguieg a acheté un petit appartement au XIIe arrondissement de Paris. Il l’a acquis au nom d’une SCI au prix de 320’000 euros. Il l’a payé comptant, indique L’Obs en s’interrogeant sur l’origine de l’argent. Cependant, Reguieg est resté injoignable pour s’expliquer.
Abdelmalek Sellal et Amar Saadani
D’autre part, l’ancien Premier ministre Abdelmalek Sellal est brièvement cité dans l’enquête qui évoque une affaire connue depuis un certain temps. Et cela concerne l’appartement que sa fille étudiante aurait acquis sur les Champs-Élysées. Tout près de l’hôtel Claridge, précise-t-on. Histoire connue du public algérien, tout comme celle de l’ex-président de l’APN, Amar Saadani avec son appartement de luxe à Neuilly-sur-Seine.
L’on se rappelle que c’est cette histoire qui a coûté des points de suture à l’ex-candidat à la candidature aux élections présidentielles Rachid Nekkaz, agressé par des proches de Saadani. L’ex-secrétaire général du FLN aurait acquis cet appartement de 101 mètres carrés en 2009. Un quatre-pièces qu’il aurait payé 665’000 euros au nom d’une SCI, L’Olivier, dans laquelle il est associé à des membres de sa famille.
Ould Zemirli et Aissiou, deux oligarques algériens à Paris
Enfin, le sénateur Bachir Ould Zemirli, un milliardaire exerçant dans l’agroalimentaire, figure aussi parmi les oligarques cités par L’Obs. De même que son gendre Ayoub Aissiou, propriétaire de la chaîne El Djazaïria One. À eux deux, ils possèdent plusieurs SCI qui gèrent un hôtel et plusieurs appartements. Par exemple, l’appartement très haut standing acquis pour 3,4 millions d’euros en 2011 est un cinq-pièces situé dans le VIIe arrondissement. Autre exemple : Un appartement de 150 mètres carrés qu’ils ont acquis en 2014 pour le prix de 933’000 euros et qui coûterait aujourd’hui près de 2 millions d’euros.
Contacté par le L’Obs, Ayoub Aissiou ne donnera aucun détail sur les biens et leur financement. « Je n’ai rien à me reprocher, je suis résident en France et d’ailleurs, j’y suis locataire », a-t-il répondu. Pour les détails, il estime qu’il doit voir cela avec son avocat. Réagira-t-il à la publication de cet article en France ?
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