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Tokyo-Séoul : l’autre conflit commercial s’envenime

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  • Tokyo-Séoul : l’autre conflit commercial s’envenime

    Régis Arnaud



    La rencontre de la dernière chance entre les ministres des Affaires étrangères japonais et sud-coréen, jeudi, n’aura servi à rien.

    Vendredi, le Japon a mis à exécution sa menace et retiré la Corée du Sud de sa « liste blanche » de pays bénéficiant d’un traitement de faveur pour l’exportation d’environ 1 000 produits sensibles. Ceux-ci sont désormais soumis à licence, ce qui risque de ralentir l’approvisionnement de composants et matériaux clés pour l’industrie manufacturière sud-coréenne, bras armé d’un gigantesque secteur exportateur (la moitié du PIB) qui assure la croissance du pays. « La chaîne de production sud-coréenne est très dépendante des produits intermédiaires japonais, en particulier les composants électroniques et les produits chimiques », observe l’analyste Rajiv Biswas de HIS Markit.

    Boycott des JO ?
    Le ministre de l’Économie japonais Hiroshige Seko a présenté la mesure comme bénigne, plaçant la Corée du Sud sous le même statut, par exemple, que Taïwan. Mais Séoul a immédiatement réagi en retirant à son tour le Japon de sa liste de pays favoris. « Nous ne serons jamais vaincus à nouveau par le Japon. Nous pouvons le battre ! », a déclaré le président Moon, réveillant le spectre de la colonisation nipponne (1905-1945). Le chef de son parti parle déjà d’une « guerre économique totale » qu’il faut « gagner ».

    Dans le silence assourdissant des États-Unis de Donald Trump, d’ordinaire juge de paix entre les deux pays, ces derniers s’abandonnent à leurs vieux démons. En l’occurrence, la lancinante question des réparations du Japon pour les dommages infligés au peuple sud-coréen (travail forcé, prostitution…) pendant son occupation.

    Les opinions publiques des deux pays semblaient, jusqu’à récemment, s’apprécier davantage que les chancelleries. Les marques japonaises sont populaires en Corée du Sud. Et cette dernière a fourni l’an dernier un quart de ses touristes (7,5 millions de voyageurs) au Japon.

    Shin Okubo, le quartier coréen de Tokyo, ne désemplit pas, chaque week-end, de Japonais accros à culture pop sud-coréenne. Cela survivra-t-il à une telle crise politique ? « Combat “lose-lose” », résume le quotidien des affaires nippon Nikkei. « L’opinion publique en Corée du Sud semble pencher pour des mesures de rétorsion, comme un boycott des Jeux olympiques de Tokyo en 2020 », spécule Rajiv Biswas. « Un boycott ne pénaliserait que les athlètes, comme ceux de Moscou et de Los Angeles. Cela ne nous préoccupe pas encore », balaie un porte-parole de Tokyo 2020.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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