La mission de l’Instance nationale de dialogue et de médiation ne sera pas de tout repos. Le groupe conduit par Karim Younès évolue dans un environnement, le moins qu’on puisse dire, est qu’il est hostile. Décrié par une partie de la scène politique qui «distille» des slogans qui l’ont descendu en flammes dans les marches du 23e et 24e vendredi, amoindri dans son action par l’attitude ferme de l’ANP sur la question des préalables, le panel n’a, pour ainsi dire, pas de marge de manœuvre et encore moins de période de grâce. Il n’a pas encore débuté ses consultations qu’il doit affronter l’opinion nationale sur les mesures d’apaisement.
Il ne les a pas obtenues. Ceci complique sa tâche, bien que dans le fond, le travail qu’il est censé accomplir ne souffre pas de mésentente, puisque sur la question du dialogue, à proprement parler, les approches d’une bonne majorité des acteurs politiques, de la présidence de l’Etat et de l’ANP se recoupent parfaitement. Il est en effet question de réunir les conditions juridiques, politiques et physiques d’une élection présidentielle transparente. Dans les discours des autorités civiles et militaires, comme dans les propos de nombreux leaders partisans, l’issue à la crise est identifiée. Il suffit d’enclencher le processus pour y parvenir. Ce qui a cloché en cours de route, ce sont les arrestations opérées par les services de sécurité, ainsi que l’incarcération de certaines personnalités, à l’image du moudjahid Lakdhar Bouregaâ. Une pomme de discorde qui semble empêcher le déclenchement du processus de sortie de crise. L’Armée refuse à tout ce beau monde le statut de prisonnier d’opinion et la classe politique voit dans la fermeté de l’armée, motif à douter de la sincérité des autorités. Entre l’une et les autres, il y a le panel qui devra, en principe, disposer de toutes les prérogatives, pour engager le pays sur la voie de la deuxième République. Toutes les prérogatives, à part la libération immédiate et par décision politique des détenus.
L’équation, ainsi posée, met Karim Younès devant un dilemme : s’accrocher au fond de sa mission et mettre les préalables entre parenthèses ou mettre en avant les mesures d’apaisement pour gagner en «crédibilité» auprès de l’opposition, avant d’entamer le vrai travail. Pour lever les contradictions, l’ancien président de l’APN a remis son tablier, sans remettre en cause le principe du dialogue. Sa démarche a été refusée par ses pairs. Il s’est rangé à leur décision de le maintenir. Pourquoi a-t-il agi de la sorte ? Il n’a, pourtant, rien à gagner à accepter le «verdict» de ses camarades. Il aurait facilement pu insister, communiquer un peu sur cet épisode et reprendre le cours de sa vie.
Les Algériens sont censés se poser cette question. La réponse de Karim Younès est à inscrire sur les pages de l’Histoire du pays. En revenant sur sa décision, il a dit savoir ce qu’il risquait. Les critiques acerbes, les attaques indignes, les insultes et le nom même de sa famille traîné dans la boue. Ce n’est pas un risque léger de se voir obligé de ne plus sortir dans la rue, d’infliger à sa propre famille un quotidien dur, très dur. Mais dans sa réponse, Karim Younès a mis l’intérêt de la nation au-dessus de tout. Etant le seul homme politique d’envergure dans le Panel, il savait ce qu’il en coûte d’entrer dans une bataille de cette nature. Et pour cause, quasiment désarmé par l’attitude des extrémismes dans la classe politique et par la fermeté de l’armée, le Panel part largement désavantagé.
Il va falloir trouver la force de persuasion, non pas dans l’environnement politique, mais dans sa propre conviction. Cela pour dire que l’arme de Karim Younès et les membres de l’Instance qui le secondent est leur patriotisme. Il faut qu’il soit à toute épreuve. Convaincre des dizaines d’hommes et de femmes de la pertinence d’une démarche unitaire et consensuelle dans un climat politique vicié et alourdi par les suspicions et les récupérations, n’est pas de tout repos. Il est clair qu’il n’existe aucun autre choix pour sortir de la crise.
L’Instance nationale de dialogue et de médiation devra réaliser une sorte de miracle. Mais lorsqu’on est prêt à subir toutes les épreuves pour l’intérêt du pays, tout devient possible, semble dire Karim Younès en son for intérieur.
Saïd BOUCETTA Saïd BOUCETTA
Il ne les a pas obtenues. Ceci complique sa tâche, bien que dans le fond, le travail qu’il est censé accomplir ne souffre pas de mésentente, puisque sur la question du dialogue, à proprement parler, les approches d’une bonne majorité des acteurs politiques, de la présidence de l’Etat et de l’ANP se recoupent parfaitement. Il est en effet question de réunir les conditions juridiques, politiques et physiques d’une élection présidentielle transparente. Dans les discours des autorités civiles et militaires, comme dans les propos de nombreux leaders partisans, l’issue à la crise est identifiée. Il suffit d’enclencher le processus pour y parvenir. Ce qui a cloché en cours de route, ce sont les arrestations opérées par les services de sécurité, ainsi que l’incarcération de certaines personnalités, à l’image du moudjahid Lakdhar Bouregaâ. Une pomme de discorde qui semble empêcher le déclenchement du processus de sortie de crise. L’Armée refuse à tout ce beau monde le statut de prisonnier d’opinion et la classe politique voit dans la fermeté de l’armée, motif à douter de la sincérité des autorités. Entre l’une et les autres, il y a le panel qui devra, en principe, disposer de toutes les prérogatives, pour engager le pays sur la voie de la deuxième République. Toutes les prérogatives, à part la libération immédiate et par décision politique des détenus.
L’équation, ainsi posée, met Karim Younès devant un dilemme : s’accrocher au fond de sa mission et mettre les préalables entre parenthèses ou mettre en avant les mesures d’apaisement pour gagner en «crédibilité» auprès de l’opposition, avant d’entamer le vrai travail. Pour lever les contradictions, l’ancien président de l’APN a remis son tablier, sans remettre en cause le principe du dialogue. Sa démarche a été refusée par ses pairs. Il s’est rangé à leur décision de le maintenir. Pourquoi a-t-il agi de la sorte ? Il n’a, pourtant, rien à gagner à accepter le «verdict» de ses camarades. Il aurait facilement pu insister, communiquer un peu sur cet épisode et reprendre le cours de sa vie.
Les Algériens sont censés se poser cette question. La réponse de Karim Younès est à inscrire sur les pages de l’Histoire du pays. En revenant sur sa décision, il a dit savoir ce qu’il risquait. Les critiques acerbes, les attaques indignes, les insultes et le nom même de sa famille traîné dans la boue. Ce n’est pas un risque léger de se voir obligé de ne plus sortir dans la rue, d’infliger à sa propre famille un quotidien dur, très dur. Mais dans sa réponse, Karim Younès a mis l’intérêt de la nation au-dessus de tout. Etant le seul homme politique d’envergure dans le Panel, il savait ce qu’il en coûte d’entrer dans une bataille de cette nature. Et pour cause, quasiment désarmé par l’attitude des extrémismes dans la classe politique et par la fermeté de l’armée, le Panel part largement désavantagé.
Il va falloir trouver la force de persuasion, non pas dans l’environnement politique, mais dans sa propre conviction. Cela pour dire que l’arme de Karim Younès et les membres de l’Instance qui le secondent est leur patriotisme. Il faut qu’il soit à toute épreuve. Convaincre des dizaines d’hommes et de femmes de la pertinence d’une démarche unitaire et consensuelle dans un climat politique vicié et alourdi par les suspicions et les récupérations, n’est pas de tout repos. Il est clair qu’il n’existe aucun autre choix pour sortir de la crise.
L’Instance nationale de dialogue et de médiation devra réaliser une sorte de miracle. Mais lorsqu’on est prêt à subir toutes les épreuves pour l’intérêt du pays, tout devient possible, semble dire Karim Younès en son for intérieur.
Saïd BOUCETTA Saïd BOUCETTA
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