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Contribution de Youcef Benzatat – Partez mon général, vous mettez le pays en danger !

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  • Contribution de Youcef Benzatat – Partez mon général, vous mettez le pays en danger !

    Ahmed Gaïd-Salah entendra-t-il raison ? PPAgency
    Par Youcef Benzatat – Partez mon général, le peuple que vous prétendez servir et protéger ne cesse de vous sommer de partir à la retraite, vous et les généraux vieillis au sommet de la hiérarchie de l’institution militaire, qui prenez en otages, par votre obstination et votre goût démesuré du pouvoir, le peuple, son pays et sa nation entière.

    Partez dans la dignité et l’esprit de responsabilité et laissez ce peuple, meurtri par tant d’années de mépris et de privation de ses libertés, de marginalisation et d’exclusion, prendre son destin, selon sa volonté et son entendement.

    N’entendez-vous pas, mon général, la clameur de millions de voix vous supplier de partir, vous et vos panels que vous tentez de brandir tels des épouvantails en espérant les étouffer ?

    On n’étouffe pas les voix d’un peuple qui surgissent en chœur de toutes les rues et places, Larbi-Ben-M’hidi, Didouche-Mourad, Maurice-Audin, de nos villes et villages qui portent encore les stigmates d’un combat commencé et jamais terminé.

    La soif du pouvoir et le sentiment de la toute-puissance vous aveuglent, mon général. Ils vous aveuglent à tel point que vous ne parvenez nullement à mesurer la détermination avec laquelle ce peuple s’est engagé à recouvrer ses libertés, toutes ses libertés, qu’aucune de vos ruses ne serait en mesure de l’en détourner.

    Je m’adresse à vous, mon général, dans cette forme de lettre ouverte en tant que simple citoyen, épris d’amour pour son peuple et de patriotisme pour son pays, comme l’aurait été tout autre citoyen épris d’amour pour ses compatriotes et de patriotisme pour son pays. Je m’adresse à vous en tant que chef du dernier rempart contre tous les périls qui pourraient menacer l’intégrité territoriale de notre pays, la souveraineté de notre nation, l’unité de notre peuple, l’exercice de sa volonté et sa souveraineté et la paix civile qui lui assure liberté et prospérité.

    Comme vous, qui ne cessez de proclamer que vous êtes disposé à soutenir la révolution que le peuple est en train d’accomplir, je souhaiterais, moi aussi que cette révolution, que notre peuple a entamée depuis le 22 février de cette année avec joie, pacifisme et un grand esprit patriotique, ne puisse être entravée dans sa trajectoire, jusqu’à l’aboutissement des objectifs qu’il s’était fixés afin de lui permettre d’éprouver un profond et permanent sentiment de dignité et de liberté.

    Mon général, si je m’adresse à vous dans cette lettre ouverte, c’est pour vous rappeler qu’entre vos proclamations et vos promesses chargées de bonnes intentions, de vouloir respecter la souveraineté du peuple et l’attitude que vous affichez envers ses choix, je relève une insurmontable contradiction qui résonne comme un mépris de plus contre sa volonté et son intelligence.

    Notamment lorsqu’il exige la restitution de sa souveraineté pour pouvoir accomplir par sa seule volonté le redressement de son Etat et de ses institutions, qui ont été malmenés de la pire des manières par ceux que vous appelez vous-même la «bande» ou, mieux encore, les «forces extraconstitutionnelles», vous vous dressez contre sa volonté en confiant à des panels confectionnés dans des coulisses extraconstitutionnelles d’organiser des présidentielles à court terme dont il n’a jamais voulu !

    On aimerait bien croire en votre bonne foi lorsque vous évoquez l’alibi de la crainte du vide constitutionnel et le devoir du strict respect de la Constitution. On y est, mon général ! Où est passée votre crainte et qu’avez-vous préconisé pour la surmonter ? Sommes-nous si stupides, à vos yeux, et dépourvus à ce point du minimum d’intelligence pour pouvoir discerner la contradiction de votre rhétorique ? Encore faudra-il que vous puissiez vous-même commencer par respecter le règlement de votre propre institution, qui fixe votre départ à la retraite bien avant les 82 ans sous lesquels vous croupissez, pour prétendre être éligible à la défense de la stricte application de la Constitution.

    Au lieu de cela, vous continuez à vous accrocher encore à votre poste comme si l’institution militaire était une entreprise privée qui vous revient par un droit de succession. Alors que le peuple exige de vous tous, qui avez participé de près ou de loin à l’entretien et à la perpétuation de ce système responsable de toutes les dérives qu’avait subies notre nation, de partir et de lui restituer son Etat et ses institutions, ainsi que sa souveraineté dans son intégralité, pour pouvoir choisir souverainement ses représentants, vous ne cessez de faire appel à des complices de ces mêmes responsables de toutes les violations de la Constitution et de ses amendements arbitraires depuis fort longtemps, pour étouffer sa Révolution naissante.

    En tant qu’ancien moudjahid, il ne doit pas pourtant vous échapper le sens profond de ce que signifie le concept de révolution, pour l’avoir déjà éprouvé pendant votre combat libérateur contre le colonialisme ! Vous conviendrez avec moi que, par révolution, les peuples qui ont été privés de leur souveraineté, de leur dignité et de leur liberté entendent généralement la volonté de réaliser le passage d’un ordre ancien, qui est révolu, à un ordre nouveau qui doit advenir. Le peuple algérien se trouve justement en ce moment, après l’échec d’une expérience d’un demi-siècle d’indépendance, à un tournant majeur de son histoire où l’ordre ancien est devenu obsolète et doit laisser la place à un ordre nouveau qui correspond à ses besoins, à ses attentes, à ses ambitions et à ses rêves et désirs.

    Vous appartenez à cet ancien ordre, mon général ! Vous ne pouvez pas comprendre cela, comme vous ne pouvez pas aider le peuple dans sa révolution à se défaire de l’ordre auquel vous appartenez et qui vous a façonné et a façonné votre mode de penser et d’agir. Vous ne pouvez pas être son sauveur et le sauveur de sa révolution, comme vous le prétendez.

    Si vous voulez réellement briser cette fatalité et vous inscrire dans l’histoire comme un véritable sauveur de la nation, comme vous l’avez déjà fait une première fois, en l’arrachant des griffes du colonisateur pendant la glorieuse Révolution et d’éviter de subir l’humiliation et l’indignation, à l’image du Président déchu Abdelaziz Bouteflika, parti sans gloire et sans honneur, il est temps de vous mettre définitivement du côté du peuple et de l’histoire. Au lieu de vous adonner à des querelles stériles de personnes à personnes, de clans à clans, de bandes à bandes, sous forme de règlements de comptes par une justice sélective, vous devriez mesurer l’importance du rôle que vous pourrez jouer dans le dénouement de la crise que traverse notre nation à bon escient et accompagner le peuple à la réappropriation de sa souveraineté intégralement, pour ensuite partir à la retraite, vous et tous les membres à l’âge de la retraite de la chaîne de commandement de votre institution et laisser la place aux jeunes officiers pour reprendre le témoin, pour que vive le peuple libre et souverain parmi les peuples libres des grandes nations et pour que vive l’Algérie éternelle dans le respect et la considération.

    Sachez que, pour l’heure, vous représentez un dangereux obstacle devant ce noble espoir né de cette Révolution du 22 Février. D’autant que, par votre obstination, le peuple se radicalise et prône la désobéissance civile comme un moyen pour continuer le combat pour sa libération. Vous ne pouvez pas ignorer où cela peut nous mener et les conséquences tragiques que cela pourrait provoquer. Vous serez dans ce cas comptable devant l’histoire et vous porterez l’entière responsabilité à vos dépens. Partez, mon général avant qu’il ne soit trop tard car vous mettez le pays en danger et vous faites peser sur la nation la menace de sa disparition !

    Y. B.
    Dernière modification par nacer-eddine06, 04 août 2019, 06h21.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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