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Georg Puchert, l’Allemand du FLN

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  • Georg Puchert, l’Allemand du FLN

    Les «Malgaches» restent, quarante-cinq ans après la dissolution du MALG, fidèles à tous ceux qui les ont aidés durant le combat révolutionnaire. Nous l’avons une nouvelle fois constaté jeudi matin à la salle Lakhdar Essaïhi à la Bibliothèque nationale.

    En présence des anciens qui ont fait la gloire du ministère de l’Armement et des Liaisons générales (MALG), une conférence-débat a été consacrée à Georg Puchert. Militant allemand de la première heure, il aura été, durant une période charnière, le fournisseur en armes de l’Armée de libération nationale.

    Au cours de son intervention, Daho Ould Kablia, président de l’association des anciens du MALG, a fait un tour d’horizon de toute la logistique qui consistait à fournir le maximum d’armes aux combattants du FLN.

    Par bateaux ou par route, tous les moyens étaient bons pour approvisionner une révolution qui était en passe de vaincre l’armada coloniale.

    Né en 1915 à Saint-Pétersbourg en Russie, Georg Puchert est issu d’une famille d’armateurs lettons. Après un passage dans l’armée allemande, il rejoint Tanger au Maroc pour y fonder Astramar, une société spécialisée dans la pêche. C’est dans cette ville qu’il sera contacté par les militants algériens afin qu’il les aide à se procurer l’armement nécessaire à la guerre.

    Ahmed Ben Bella et Mohamed Boudiaf étaient alors chargés de trouver les moyens les plus à même de réaliser cela. Consciente de l’apport considérable que pourrait apporter Georg Puchert au FLN, la France décide de prendre les devants et réactive sa machine cruelle de guerre et de renseignements, le SDECE. Elle proposera même à Puchert de collaborer avec elle, ce dernier refusera sèchement. C’est à partir de l’année 1957 que commencera l’immense contribution de l’Allemand du FLN.

    Deux bases importantes, l’une à Francfort, et l’autre à Bonn, abriteront les services de la logistique militaire. Pour cela, des hommes de valeur accompliront un travail considérable. Parmi eux, Abdelkader Yaïci appelé communément Nouasria. Présent hier à la conférence, il nous relatera son parcours palpitant au côté de Puchert. Dans un témoignage poignant, il racontera dans les détails l’opération française qui lui fera perdre ses deux poignets. L’assistance applaudira à tout rompre. Mais ce qui frappe dans le combat idéaliste et si précieux de Georg Puchert, ce sont bien la détermination et la résolution qui le caractérisaient dans sa lutte pour une révolution bien armée.

    Ni l’étroite coopération entre les renseignements français et israéliens ni les multiples sabotages dont faisaient l’objet ses navires n’avaient altéré son engagement pour la cause nationale. Approché à l’issue de la rencontre, Daho Ould Kablia, également ministre délégué chargé des collectivités locales, rassurait sur le caractère non lucratif du soutien de Puchert. «Il est même mort pauvre», nous révélera le ministre. Il poursuivra sa plaidoirie en affirmant qu’«il avait toujours souhaité vivre en Algérie et d’y être enterré».

    Assassiné à Francfort par l’organisation terroriste française la Main rouge, le 3 mars 1959, à l’aide d’une bombe placée sous sa voiture, il sera enterré dans la ville même.

    Sa dépouille ne regagnera l’Algérie que quarante-huit ans plus tard. Enterré dans le carré chrétien du cimetière El Alia depuis douze jours, il voit ainsi un de ses vœux se réaliser.

    La mort tragique de Georg Puchert sonnera le glas d’un engagement historique aux côtés d’une révolution qui l’était autant. Avant de mourir, Georg Puchert avait des rêves plein la tête. Il se voyait déjà vivre dans une Algérie indépendante, commander sa marine marchande et obtenir le passeport de la république naissante. Ces rêves n’ont pas été réalisés, mais l’indépendance, elle, n’aura pas été un mirage.

    Chacun d’entre nous devrait savoir aujourd’hui qu’un dénommé Georg Puchert a, par le passé, contribué, et de manière flamboyante, à arracher une souveraineté chèrement payée. Rien que pour cela, son souvenir devrait être mis sur le piédestal de notre reconnaissance, pour ne jamais en redescendre.

    Par La Tribune
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