Poursuivis par le tribunal militaire pour «complot contre l’Etat» : Mandat d’arrêt international contre Khaled Nezzar, son fils et Belhamdine
SALIMA TLEMCANI 07 AOÛT 2019 À 10 H 40 MIN 7844
Rebondissement dans l’enquête judiciaire menée par le tribunal militaire de Blida, sur l’affaire de «complot contre l’autorité de l’armée et de l’Etat», dans laquelle sont poursuivis Saïd Bouteflika, frère-conseiller du Président déchu, le général à la retraite Mohamed Mediene dit Toufik, ancien patron du défunt DRS (Département du renseignement et de la sécurité), le général à la retraite Bachir Tartag, coordinateur des services secrets, et Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs.
Entendus comme témoins, l’ancien ministre de la Défense, le général-major à la retraite Khaled Nezzar, son fils Lotfi, patron de la société de télécommunication SLC et Farid Belhamdine gérant de la Société algérienne de pharmacie ont fait l’objet d’un mandat d’arrêt international pour les mêmes chefs d’inculpation retenus contre les trois premiers accusés, à savoir «complot contre l’autorité de l’armée et de l’Etat».
Qu’en est-il au juste ? Selon des sources au fait du dossier, les mis en cause seraient poursuivis pour «une histoire de rencontre entre Saïd Bouteflika et Khaled Nezzar à la maison de Farid Belhamdine. Ce dernier aurait mis sa demeure à la disposition de ses deux amis qu’il aurait laissés seuls lors des discussions. Lotfi Nezzar aurait, quant à lui, accompagné son père jusqu’à la maison».
Personne ne connaît le contenu des discussions qui ont eu lieu lors de cette rencontre. Cependant, nos sources affirment que lors de son audition par le juge d’instruction, Saïd Bouteflika aurait «lourdement chargé Khaled Nezzar».
Convoqués pour une confrontation, Khaled Nezzar, son fils Lotfi et Farid Belhamdine étaient déjà à l’étranger. Dimanche dernier, le juge a décidé de lancer un mandat d’arrêt contre les trois mis en cause.
Joint (en Espagne) par téléphone, l’ancien chef d’état-major de l’ANP (1988-1990) et ministre de la Défense nationale (1990-1993) n’a pas montré de signe d’inquiétude : «L’affaire de Khaled Nezzar vous importe plus que celle du pays ? Ce qui est important ce n’est pas Khaled Nezzar, mais les jours sombres qui attendent le pays.» Face à notre insistance, il finit par nous dire : «Je vais m’exprimer par tweets pour que l’opinion publique soit informée de ce qui attend le pays.»
Quelque temps plus tard, Khaled Nezzar poste deux tweets. Dans le premier, il écrit : «S’attaquer politiquement à Gaïd Salah est pour lui une affaire politique. C’est ce que lui dicte le pois chiche qu’il a dans la tête.
Ce sont des jours sombres qu’il réserve à l’Algérie.» Le contenu du second est plus lourd : «La mafia politico-financière représentée par les Bouteflika et Gaïd Salah continue à agir. Le soi-disant motif de « conspiration et atteinte à l’ordre public » est dicté de sa prison par Saïd Bouteflika. Gaïd Salah aurait dû réfléchir avant d’agir. C’est la débâcle en la demeure.»
A priori, Khaled Nezzar savait que son témoignage sur sa rencontre avec Saïd Bouteflika allait susciter la fin de ce dernier et qu’à ce titre, sa réaction pouvait être foudroyante. Khaled Nezzar avait évoqué les intentions de Saïd Bouteflika d’aller vers l’état d’urgence ou d’exception, pour faire intervenir l’armée contre les manifestants qui occupaient la rue chaque vendredi, depuis le 22 février.
Et en cas de refus du chef d’état-major, il allait le limoger. Une telle déclaration était suffisante, à elle seule, pour accuser Saïd Bouteflika de «complot».
Khaled Nezzar s’attendait à une réaction de ce dernier et surtout d’un retour de manivelle du vice-ministre de la Défense nationale. Est-ce la raison pour laquelle il s’est réfugié en Espagne ? Probablement. Surtout que depuis des semaines, il ne cesse de publier des tweets virulents aussi bien à l’égard de Saïd Bouteflika que contre le chef d’état-major de l’ANP, l’accusant de «vouloir entraîner le pays vers l’irréparable».
Au-delà des circonstances dans lesquelles cette affaire est instruite par le tribunal militaire, il est important de s’interroger sur l’opportunité du lancement d’un mandat d’arrêt international, sachant qu’il émane d’une juridiction d’exception dont les décisions sont rarement reconnues comme motifs d’arrestation et encore moins d’extradition, d’autant qu’elles sont censées juger des faits exclusivement militaires et non politiques.
SALIMA TLEMCANI 07 AOÛT 2019 À 10 H 40 MIN 7844
Rebondissement dans l’enquête judiciaire menée par le tribunal militaire de Blida, sur l’affaire de «complot contre l’autorité de l’armée et de l’Etat», dans laquelle sont poursuivis Saïd Bouteflika, frère-conseiller du Président déchu, le général à la retraite Mohamed Mediene dit Toufik, ancien patron du défunt DRS (Département du renseignement et de la sécurité), le général à la retraite Bachir Tartag, coordinateur des services secrets, et Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs.
Entendus comme témoins, l’ancien ministre de la Défense, le général-major à la retraite Khaled Nezzar, son fils Lotfi, patron de la société de télécommunication SLC et Farid Belhamdine gérant de la Société algérienne de pharmacie ont fait l’objet d’un mandat d’arrêt international pour les mêmes chefs d’inculpation retenus contre les trois premiers accusés, à savoir «complot contre l’autorité de l’armée et de l’Etat».
Qu’en est-il au juste ? Selon des sources au fait du dossier, les mis en cause seraient poursuivis pour «une histoire de rencontre entre Saïd Bouteflika et Khaled Nezzar à la maison de Farid Belhamdine. Ce dernier aurait mis sa demeure à la disposition de ses deux amis qu’il aurait laissés seuls lors des discussions. Lotfi Nezzar aurait, quant à lui, accompagné son père jusqu’à la maison».
Personne ne connaît le contenu des discussions qui ont eu lieu lors de cette rencontre. Cependant, nos sources affirment que lors de son audition par le juge d’instruction, Saïd Bouteflika aurait «lourdement chargé Khaled Nezzar».
Convoqués pour une confrontation, Khaled Nezzar, son fils Lotfi et Farid Belhamdine étaient déjà à l’étranger. Dimanche dernier, le juge a décidé de lancer un mandat d’arrêt contre les trois mis en cause.
Joint (en Espagne) par téléphone, l’ancien chef d’état-major de l’ANP (1988-1990) et ministre de la Défense nationale (1990-1993) n’a pas montré de signe d’inquiétude : «L’affaire de Khaled Nezzar vous importe plus que celle du pays ? Ce qui est important ce n’est pas Khaled Nezzar, mais les jours sombres qui attendent le pays.» Face à notre insistance, il finit par nous dire : «Je vais m’exprimer par tweets pour que l’opinion publique soit informée de ce qui attend le pays.»
Quelque temps plus tard, Khaled Nezzar poste deux tweets. Dans le premier, il écrit : «S’attaquer politiquement à Gaïd Salah est pour lui une affaire politique. C’est ce que lui dicte le pois chiche qu’il a dans la tête.
Ce sont des jours sombres qu’il réserve à l’Algérie.» Le contenu du second est plus lourd : «La mafia politico-financière représentée par les Bouteflika et Gaïd Salah continue à agir. Le soi-disant motif de « conspiration et atteinte à l’ordre public » est dicté de sa prison par Saïd Bouteflika. Gaïd Salah aurait dû réfléchir avant d’agir. C’est la débâcle en la demeure.»
A priori, Khaled Nezzar savait que son témoignage sur sa rencontre avec Saïd Bouteflika allait susciter la fin de ce dernier et qu’à ce titre, sa réaction pouvait être foudroyante. Khaled Nezzar avait évoqué les intentions de Saïd Bouteflika d’aller vers l’état d’urgence ou d’exception, pour faire intervenir l’armée contre les manifestants qui occupaient la rue chaque vendredi, depuis le 22 février.
Et en cas de refus du chef d’état-major, il allait le limoger. Une telle déclaration était suffisante, à elle seule, pour accuser Saïd Bouteflika de «complot».
Khaled Nezzar s’attendait à une réaction de ce dernier et surtout d’un retour de manivelle du vice-ministre de la Défense nationale. Est-ce la raison pour laquelle il s’est réfugié en Espagne ? Probablement. Surtout que depuis des semaines, il ne cesse de publier des tweets virulents aussi bien à l’égard de Saïd Bouteflika que contre le chef d’état-major de l’ANP, l’accusant de «vouloir entraîner le pays vers l’irréparable».
Au-delà des circonstances dans lesquelles cette affaire est instruite par le tribunal militaire, il est important de s’interroger sur l’opportunité du lancement d’un mandat d’arrêt international, sachant qu’il émane d’une juridiction d’exception dont les décisions sont rarement reconnues comme motifs d’arrestation et encore moins d’extradition, d’autant qu’elles sont censées juger des faits exclusivement militaires et non politiques.
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