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Sondage : quelque chose de ce que pensent et veulent les Algériens

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  • Sondage : quelque chose de ce que pensent et veulent les Algériens

    Au-delà du fait qu'il révèle ce que les Algériens pensent d'Ahmed Gaïd Salah, de l'armée et de personnalités en vue, un sondage de la Brookings Institution lève le voile sur nombre des aspirations des Algériens.
    Depuis fevrier, les Algeriens manifestent chaque semaine. Leur appreciation des sujets qui les preoccupent est diverse.

    Depuis le mois de février, ils sont des milliers, chaque semaine, à arpenter les rues pour crier leur désir de changement. Le 2 avril, une de leur première revendication a été respectée : Abdelaziz Bouteflika, au pouvoir depuis près de vingt ans, a quitté le pouvoir. Quatre mois plus tard, que veulent désormais les manifestants algériens ? Qui, à leurs yeux, pourrait conduire la transition ? Et comment envisagent-ils la suite ? C'est pour répondre à ces questions que trois experts du think tank américain Brookings Institution ont publié un document inédit jusqu'ici : un sondage.

    La méthodologie
    Entre le 1er avril et le 1er juillet, les experts ont acheté des encarts publicitaires sur Facebook. Ils ont mis en ligne leur questionnaire. Pour trouver des sondés, Brookings a offert en échange des réponses un crédit téléphonique d'un montant de 100 dinars algériens – moins d'un dollar – à tout internaute vivant en Algérie et âgé de plus de 18 ans. Avec cette méthodologie, les experts sont conscients de ne toucher qu'une population connectée. « Nous ne prétendons pas que notre échantillon est représentatif à l'échelle nationale. Mais il représente en tout cas une population qui nous intéresse : les manifestants », peut-on lire dans le document. Le 1er juillet, les experts ont obtenu les réponses d'un panel de 9 000 personnes, dont plus de la moitié se sont qualifiées comme étant des manifestants. Précision : 1 700 d'entre eux sont issus de l'armée. L'occasion de mettre à plat les revendications de ces deux acteurs majeurs de la contestation en exergue.

    Manifestants et soldats dans le même camp
    Différents, les deux groupes s'accordent cependant sur plusieurs points, dont celui du changement. Pour les experts américains, « la majorité des sondés veulent une refonte complète du système politique ». Si, sans surprise, les manifestants confirment soutenir à presque 90 % la contestation, c'est également le cas chez une partie des militaires. « Au sein de l'armée, les rangs inférieurs soutiennent beaucoup les manifestations et leurs objectifs », notent les auteurs de l'étude. Ainsi, sur presque toutes les questions, « soldats et officiers subalternes rejoignent les manifestants. Les officiers supérieurs, en revanche, sont plus prudents et expriment leur scepticisme envers la démocratie et une voie révolutionnaire. » Une division au sein de l'armée qui, pour les experts, « a probablement empêché le général Ahmed Gaïd Salah, conscient de la situation, de réprimer jusqu'à présent le mouvement de protestation ».

    D'une seule et même voix, manifestants et soldats ont également soutenu le départ du président Bouteflika. Près de 95 % de sondés y étaient favorables. En revanche, 37 % seulement veulent conduire l'ex-chef d'État devant une cour de justice. « Même si Bouteflika a été une cible majeure des manifestations, celles-ci dénonçaient principalement son maintien au pouvoir et moins sa personne en tant que telle. Son état de santé a peut-être même suscité une certaine sympathie, supprimant ainsi une volonté d'emprisonnement », commentent les auteurs. Du côté de l'économie, l'avis est, là encore, unanime. Environ 70 % des manifestants, des soldats et des officiers subalternes considèrent la santé économique de l'Algérie comme « très mauvaise » et la corruption, « très élevée ». Logique, donc, d'exiger d'une même voix « le départ des 2Bs », le président par intérim Abdelkader Bensalah et le Premier ministre Noureddine Bedoui, et « la confiscation des biens des hommes d'affaires proches de Bouteflika ».

    Qui pour gouverner le pays ?
    Mais alors, une fois partie la garde de l'ancien chef d'État, qui pour la remplacer ? Pour le savoir, les experts de Brookings Insitution ont proposé huit noms aux sondés, une case « autre » et une « personne ». Ils ont en plus soumis une liste de vingt candidats et demandé aux internautes de leur attribuer des points de soutien, de 1 à 5. Les deux méthodes ont abouti aux mêmes résultats. Dans l'opposition, c'est Fares Mesdour, 45 ans, qui obtient le plus de voix. Près de 25 % des manifestants interrogés ont déclaré faire confiance à l'économiste actuellement en poste à l'université de Blida. Depuis quelques années, il est connu pour ses prises de position antirégime lors de ses interventions dans les médias. « Les hommes politiques affiliés aux partis d'opposition ne sont pas considérés comme crédibles par les manifestants », expliquent les auteurs. Des personnalités comme Karim Tabbou, de l'Union démocratique et sociale (UDS), Zoubida Assoul, présidente de l'Union pour le changement et le progrès (UCP), et Sofiane Djilali, présidente du parti Jil Jadid, « ne reçoivent que très peu de confiance des manifestants pour parler en leur nom ». Leur tort ? « Avoir pris part au processus politique mené par Bouteflika. »


    Certains anciens politiques surnagent encore
    Quelques noms pourtant bien connus de la sphère politique algérienne ressortent du sondage. Liamine Zeroual (1994-1999) récolte, par exemple, le soutien de 36 % des manifestants sondés. L'ancien chef d'État n'a pas servi sous le régime de Bouteflika et, en tant que président, faisait partie des Dialoguistes, ce groupe qui préférait négocier avec les factions islamiques plutôt que de les éradiquer pendant la guerre civile des années 1990. Une attitude qui, d'après les spécialistes de Brookings, lui permet d'incarner le consensus. Et qui le rend apte à mener une transition. L'ex-ministre des Affaires étrangères Ahmed Taleb Ibrahimi et l'ancien premier ministre Ahmed Benbitour sont également cités par les sondés.

    Si ces hommes ont bien chacun à leur échelle dirigé le pays, « aucun ne fait partie de l'élite dirigeante des années 2000 », explique le rapport. « Ils ne sont pas vus comme des pièces maîtresses du régime Bouteflika. Ayant également la confiance des militaires, ils pourraient peut-être aider à guider la transition en tant que candidats du consensus. » Mais les experts préviennent : « Il est important de noter que, malgré leur popularité, aucun d'entre eux ne bénéficie de l'appui de la majorité des manifestants sondés. »

    Les islamistes peu emballants
    Grands absents du sondage, les islamistes. Pour les experts, « le caractère idéologique ne semble pas être un facteur déterminant en matière de soutien politique. Les figures centristes semblent être plus à même d'unir les divisions idéologiques ». En témoignent les réponses des sondés. Ali Belhadj, chef du Front islamique du salut (FIS), Abdallah Djaballah, chef du Front pour la justice et le développement (FJD), Abderrazak Makri, chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP) et Kamel Guemazi, dirigeant et ancien dirigeant de la FIS, n'ont reçu respectivement que de 1,2, 0,8, 0,7 et 0,5 points sur 5.

    Quid de l'armée et de Gaïd Salah ?
    Un chiffre surprenant concerne celui qui est considéré comme l'actuel homme du pays depuis la démission d'Abdelaziz Bouteflika, Ahmed Gaïd Salah. Seulement 24 % des sondés plaident pour sa destitution. « Ces dernières semaines, les manifestants ont appelé depuis la rue au renvoi du général, mais pour le moment, ces appels ne semblent pas bénéficier d'un soutien important, même parmi les manifestants », révèle l'étude. Il existe tout de même des divergences d'opinions au sein des sondés. Les manifestants sont environ trois fois plus favorables à son renvoi que les officiers supérieurs de l'armée, à 29 % contre 10 %.

    Il n'empêche, même si le chiffre reste faible chez les manifestants, « la relation armée-société civile sera l'obstacle majeur à une démocratisation ». Car c'est sur la place du corps militaire dans la société que naissent les principaux désaccords. Environ 45 à 50 % des militaires sont « d'accord ou fortement d'accord » pour que l'armée joue le rôle d'arbitre de la scène politique. Au contraire, des manifestants, à défaut de l'impliquer, préfèrent « lui accorder un droit de veto sur les décisions relatives à la sécurité nationale » et lui accorder de l'indulgence, en tant que « ministre de la Défense ayant une formation militaire ». Une place bien différente donc de celle que l'armée pourrait espérer. Depuis 1962, l'institution s'est souvent retrouvée au cœur de la vie politique.

    Pour que la démocratie réussisse, les deux camps devront surmonter leurs divisions. Et d'après le sondage, ils sont plutôt optimistes. Environ « 90 % des manifestants, des soldats et des officiers subalternes ont estimé probable ou très probable que la transition aboutirait à la démocratie ». La réflexion est la même pour 80 % des non-manifestants et des officiers supérieurs de l'armée. De quoi réaliser que, si le chantier démocratique est bel et bien engagé, il est loin d'avoir résolu toutes ses équations.

    Le Point
    Dernière modification par Chouan, 11 août 2019, 06h18.
    Toutes les fleurs de l'avenir sont dans les semences d'aujourd'hui.

  • #2
    C'est la preuve qu'il faut avancer, l'armée de base suivra, seul les officiers supérieurs seront contre!!!
    Il faut durcir le mouvement.
    Toutes les fleurs de l'avenir sont dans les semences d'aujourd'hui.

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