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Ghania Mouffok- Allocution à un patriarche en général

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  • Ghania Mouffok- Allocution à un patriarche en général

    Vous parlez depuis un pays ruiné. Un pays pénible à arpenter quand des femmes esseulées ramassent dans les poubelles des fruits pourris le jour du marché pour manger. Quand nous marchons dans les rues de ce pays, c’est par milliers que les mendiants nous harcèlent dans la lumière du jour et jusque dans nos cauchemars de la nuit qui tombe sur nos épaules épuisées.
    Vous parlez depuis un fauteuil en cuir rouge, harnaché comme un général en bataille, sur un char fleuri comme si vous célébriez les noces du mensonge et de l’oubli. On vous regarde, votre voix monte et descend, vous êtes en colère de parler tout seul, tel un patriarche capricieux. Nous, en bas, nous dansons pour convoquer les morts et les vivants à une autre fête, la vôtre nous ennuie et nous accable.
    Bientôt la terre va disparaître, engloutie par le feu et les pesticides pendant que vous, immodeste, vous parlez de vos ennemis, menaçant de tous les écrabouiller jusqu’à l’éternité. Vous prenez tout votre temps pour nous dire que le temps vous est compté, une casquette sur la tête en guise de couronne. Vous êtes général. Nous sommes algériens et algériennes.

    Dans l’ennui du crépuscule, vous nous faites la guerre, vous dites que nous sommes contaminés par la maladie et vous nous traitez comme des microbes, une pandémie de ‘issaba. Dans le secret de vos bureaux climatisés, les jambes écartées, vous ordonnez que vos soldats sortent les cartes d’état-major sous votre nez et vous faites des plans sur le sable, vous aurait dit Kateb Yacine.
    Muni d’un bâton rouge, vous désignez les nouvelles frontières pour circonscrire la pandémie : vous jetez des filets comme on ramasse les chiens errants contaminés avant de les jeter dans la galoufa, vous barricadez le ventre de la ville, ses tunnels, vous dessinez les chemins permis et ceux interdits, vous désignez les barrages et vous pourchassez même des drapeaux de crainte que le vent qui les porte ne ramène le mal jusque sous vos fenêtres.
    Vêtus de bottes, de casques, de masques, de boucliers et de bâtons, vous mobilisez une armée de décontaminateurs pour combattre le mal jusque dans les ruelles : si vous croisez un microbe même solitaire, écrasez le, écrabouillez lui les côtes et défoncez lui la mâchoire, empêchez le de marcher et de parler, c’est par là que passe la maladie et abandonnez le jusqu’à ce qu’il pourrisse et qu’importe son âge, son sexe et la langue de ses drapeaux.
    Vous nous balancez de tonnes d’eau sur le visage comme on éteignait le feu au temps du choléra, vous avez aussi en abondance quelques gaz toxiques quand l’eau ne parvient pas à nous empêcher de danser. Vous dressez des procès pour nous faire avouer que nous sommes porteurs du virus avant de nous enfermer, inquiet, dans des fosses septiques.
    Sous un microscope, vous avez constaté qu’en divisant les microbes vous pouviez, si ce n’est les neutraliser, au moins les empêcher de proliférer : Restez à la maison, évitez les lieux publics, les foules, le peuple, ne sortez pas, ne marchez pas, n’ entrez pas en contact avec les personnes malades, et si vous vous ennuyez, regardez- moi à la télévision, cela endort les résistances, les anesthésie.
    En vain. Notre maladie est une vieille souche, c’est une maladie étrange qui s’attrape bizarrement, en marchant. Cette maladie se transmet de proche en proche, par les yeux, par les bras et par les pieds, et curieusement plus on est nombreux à l’attraper et plus elle secrète de l’énergie, elle devient élixir de jouvence et elle fait mûrir, grandir les enfants, cette maladie est extrêmement contagieuse, c’est comme une drogue à laquelle on devient accro.

    Ben ça alors je suis un être humain.
    Au début, vous êtes normal, noué comme un vieux tronc en voie de nécrose, puis cela commence au niveau de la poitrine, c’est un vent qui la gonfle et qui dénoue votre respiration, elle devient ample mais au plus profond comme une âme qui se soulève, votre colonne vertébrale se redresse, et ce faisant elle parle à vos pieds, ils se font droits et ils bougent pas à pas, puis ils marchent, et en même temps les yeux s’ouvrent, en grand, ils voient du dedans, et c’est très étrange parce que vos yeux se mettent à parler par la langue qui se remplit d’un sang neuf, on ne sait d’où il vient, et figurez- vous que subitement elle chante pour des gens que vous ne connaissez même pas, alors qu’il ne vous serait jamais venu à l’idée de chanter un jour dans la rue, même la mémoire vous revient, une mémoire incroyable, jeune comme une vieille qui aurait avalé une bouteille de whisky, par inadvertance, bien entendu, et vous vous sentez léger, légère, au point de vous croire ivre ou même habité par quelques démons du plaisir, quel bien être, et vous vous rendez compte que là, à l’instant tout votre corps, comprenez bien, c’est là où se cache la maladie dont nous sommes atteints, se métamorphose, il se déploie et prend sa place sur la terre qui devient légère, d’une insoupçonnable légèreté et la conscience vous vient et vous vous dites ben ça alors, je suis un être humain. C’est celle- là notre maladie et elle s’appelle l’êtromonde, être au monde. Etre au monde c’est la liberté pour chacun de défaire le bouquet de fleurs qui est au centre de votre table, et de le réinventer comme s’il était à lui et donc à tout le monde.
    Machiavel dit, comment ne pas penser à Machiavel alors que si vieille j’écris ? il dit : « il y a deux manières de combattre : l’une avec des lois, l’autre par la force. La première est celle des hommes, la seconde celle des bêtes. »
    Vous avez choisi la seconde, même si je vous reconnais avec grâce et reconnaissance que, contrairement à vos prédécesseurs, vous n’en abusez pas, mais quand même, vos armes sont celles d’un roi lion combattant des bêtes dans la jungle. Et nous, en bas, on s’agite et on vous dit : mais tu ne peux pas être le roi de la jungle, regarde, on parle, on marche et on pleure et on rit. On veut enterrer nos morts parce qu’ils nous empêchent de dormir, ils sont trop lourds à porter, tu comprends, allah irham chouhada, allah yarhem el haraga, allah yarhem les cinq nouveaux nés au temps de la liberté qui ne nous fait pas peur, et les autres, les centaines de milliers que tu as prétendu libérer, elles sont où leurs tombes fleuries ? est-ce que tu connais un seul animal qui a besoin de creuser la terre pour enterrer ses morts avant de se remettre à marcher et penser que demain sera un autre jour ?
    Sorry sorry, vous n’êtes pas un lion etc, etc, et l’Algérie n’en peut plus de la jungle etc, etc, alors nous marchons, bien que, je l’avoue, nous nous surprenons, nous nous étonnons de ne pas savoir ce qui se trouve au tournant de l’histoire, mais nous savons quand nous la faisons, vainqueurs ou vaincus ce qui est important c’est le mouvement.
    Depuis des millénaires, de l’ère glaciaire à l’air irrespirable, les êtres humains marchent et ils marchent pour sortir de la jungle et au fur et à mesure, ils inventent des lois qu’ils écrivent et qu’ils font le serment de respecter, et quand ils ne les respectent pas ils s’entretuent comme des bêtes.
    A la fin, ils en sont arrivés à se convaincre que tous les hommes naissent libres et égaux en droits et ils l’ont écrit pour faire loi, droit, sanctuaire, tabou.
    Nous avons l’âge, vous comme moi, de savoir que de la parole à l’accomplissement, il y en a qui sont plus égaux et libres que d’autres, mais quand même c’est mieux que d’écrire : tous les généraux ont le droit de se prendre pour des lions, d’écraser les poux qui s’agitent sous leurs fenêtres par tous les moyens, de pourchasser les chiens qui se prennent pour des humains, de les capturer et de les envoyer à la fourrière d’ El Harrach jusqu’à ce qu’ils cessent d’aboyer, y compris par la mort lente, de décider qui a le droit de parler et qui a le devoir de se taire, qui a le droit de marcher et qui a le devoir de se coucher, de désigner ceux qui ont le droit de vivre avec des tables fleuries et ceux qui n’ont qu’à crever en mangeant les racines du désespoir, et que tous les généraux ont le droit de décréter que les morts sont morts et que les vivants n’ont qu’ à attendre leur tour. Sobhan Allah.
    Alors qui est le plus déraisonnable : Celui qui se prend pour le roi lion en sa jungle ou ceux qui pensent les yeux grands ouverts sur ce monde qui les tyrannise, qu’être humain n’est pas une maladie ?
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Patriarche capricieux ou impératrice d'un temps révolu... Sissi l'impératrice quoi...
    Othmane BENZAGHOU

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    • #3
      On s'eternise dans des marches plates et des discours creux !!!
      une pensée n’existe vraiment que si elle est comprise.

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      • #4
        Ce que dit cette journaliste du journal El Watan et portant le pseudo de Ghania Mouffok n est tout á fait faux , Cependant ce qui est etonnant de la part des journalistes de El Watan , portant les pseudonymes : Ghania Mouffouk , Salima Tlemcani , Amel Blidi . Pourquoi ces journalistes n avaient jamais au grand jamais critiqué durant ces 20 derniéres annés ce general appellé " Rab Dzair " qui a reussit en 25 ans á créer un état dans un état .

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        • #5
          Pourquoi ces journalistes n avaient jamais au grand jamais critiqué durant ces 20 derniéres annés ce general appellé " Rab Dzair " qui a reussit en 25 ans á créer un état dans un état .

          la peur a changé de camps pardi.oeilfermé


          peut être!.

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